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Words 4891
Pages 20
Cerna, Centre d’économie industrielle
Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris
60, boulevard Saint Michel
75272 Paris Cedex 06 – France
Tél. : 33 (1) 40 51 90 71 – Fax : 33 (1) 44 07 10 46 giraud@cerna.ensmp.fr – http://www.cerna.ensmp.fr
Mondialisation et dynamique des inégalités
Pierre-Noël Giraud
Communication au colloque annuel de l’Association Française de Sciences Politiques
Septembre 2002, Lille
Mondialisation et dynamique des inégalités P.N. Giraud
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Résumé
Le débat sur les inégalités et sur le rapport entre mondialisation et inégalités s’amplifie régulièrement avec la montée en puissance des mouvements « anti-mondialisation libérale ». L’article présente les faits tels qu’ils sont établis par les études récentes, et résume les termes principaux du débat.
Le débat sur les inégalités et sur le rapport entre mondialisation et inégalités, encore confidentiel au milieu des années 90, s’amplifie régulièrement depuis. Qu’entend-on par inégalités et peuton les mesurer de manière rigoureuse ? Les inégalités économiques sont-elles croissantes ? La mondialisation est-elle coupable de l’accroissement de certaines inégalités ? Lesquelles et par quels mécanismes ? Ou bien sont-ce les technologies de l’information ? Ou encore les modifications de l’organisation des entreprises et des marchés du travail ? Existe-t-il un lien entre inégalités et croissance ? L’inégalité, en particulier dans le Tiers Monde, entrave-t-elle le rattrapage et faut-il donc s’en soucier, ou suffit-il d’y combattre la pauvreté ? Ces questions font désormais l’objet de nombreuses études, empiriques et théoriques, qui permettent de clarifier quelque peu les termes d’un débat qui s’amplifie, en particulier avec la montée en puissance des mouvements « anti-mondialisation libérale »
1. Inégalités économiques, de quoi parle-t-on ?
On doit considérer trois types d’inégalités économiques : 1) Les inégalités entre pays, mesurées par les écarts entre indicateurs de niveaux de vie moyens On les appellera inégalités internationales. Elles différent significativement selon leur mode de calcul : les PIB par habitant sont-ils calculés aux taux de change de parité de pouvoir d’achat (PPA) ou aux taux de change courant ? Les données par pays sont elles pondérées ou pas par la population ? 2) Les inégalités internes à chaque pays. Elles sont généralement mesurées par les coefficient de Gini ou de
Theil1 de la distribution des revenus des ménages ou par des mesures plus simples telles l’écart entre les revenus moyens des 10 % les plus riches et des 10 % les plus pauvres dans le pays. 3)
L’inégalité « mondiale », où l’on considère la population mondiale comme un tout, et que l’on mesure de la même manière que l’inégalité interne à un pays. Ce dernier type d’inégalité est évidemment la résultante des deux premiers.
1 Ces deux outils de statistique descriptive mesurent « l’inégalité » d’une distribution, de revenus par exemple. Ils varient tous deux entre 0 et 100 ( ou entre 0 et 1, selon les présentations). O signifie une distribution uniforme ( égalité complète) et 100 la plus extrême inégalité.
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2. L’histoire longue des inégalités
Bourguignon et Morrisson (Bourguignon et Morrisson, 2001) se sont livrés à une compilation des données disponibles pour la période 1820-1992. Les données chiffrées sont résumées par le graphique 1.
Le résultat principal est que l’inégalité mondiale est presque exclusivement déterminée par l’inégalité internationale, période 1910-1950 mise à part. Elle croît rapidement entre 1820 et
1910, stagne entre 1910 et 1950 en raison d’une forte réduction des inégalités internes, reprend sa progression à partir de 1950, mais à un rythme moindre, car l’inégalité internationale croît moins vite qu’entre 1820 et 1910.
Cependant, la plupart des commentaires de ces résultats affirment que la mondialisation n’est pas la cause de la croissance des inégalités internationales et donc mondiales. C’est la différence de rythme du progrès technique qui le serait. Nous sommes donc renvoyé au vaste débat sur la raison de l’avance scientifique et technique prise par l’Europe et ses colonies de peuplement nord américaines à partir du 19ème siècle, et sur les causes de la diffusion ou de la non diffusion des premières révolutions industrielles. Sans naturellement reprendre ce débat, deux remarques s’imposent néanmoins.
Dans le rattrapage rapide de certains pays, par rapport aux pays européens leaders de la première révolution industrielle, comme dans la stagnation de nombreux autres, la mondialisation a joué un rôle incontestable. Rôle sans aucun doute positif pour l’Amérique du
Nord, qui a bénéficié d’investissements directs et financiers massifs et de transferts de technologie. Rôle négatif de l’expansion impérialiste qui a sans conteste bloqué le déploiement de capitalismes émergents en Chine, en Inde ou en Egypte, par exemple.
Ensuite, il est frappant de constater que la seule période où les inégalités internes diminuent, et fortement, la période 1910 1950, est une période de repli sur soi des économies nationales. Ce recul du processus de mondialisation entre les deux guerres est-il la cause de la réduction des inégalités internes ? Certainement pas, du moins directement. Mais on peut faire l’hypothèse qu’il l’a rendue possible en donnant aux Etats Nations des marges de manoeuvre, en particulier monétaires et fiscales, beaucoup plus grandes que lors de la phase d’intense mondialisation d’avant 1914. La « légalisation » de la classe ouvrière (reconnaissance des syndicats, premiers systèmes d’assurance sociale, etc.), consacrée par les « Unions sacrées » face à la guerre de 14, puis la crainte de la diffusion du bolchevisme, ont alors fait l’essentiel pour que les pays riches accouchent du modèle social démocrate qui dominera aussi l’après guerre. Ont-ils fait ainsi un choix entre croissance et égalité, comme l’affirment tous ceux qui présentent une image
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Cerna 4 négative au plan économique, de cette période de fermeture des économies nationales ? Ce n’est nullement évident. La croissance annuelle moyenne des pays industrialisés (URSS comprise) entre 1920 et 1939 a été de 2 %, supérieure à celle de la phase de mondialisation d’avant 1914, même si elle est restée inférieure à celle de l’après guerre. On a tendance à surestimer la profondeur de la crise de 1929, en ne regardant que les Etats-Unis.
Mais venons en aux évolutions des inégalités économiques dans les dernières décennies et aux responsabilités de la mondialisation, de la révolution des technologies de l’information et d’autres causes dans ces évolutions.
3. Les évolutions des vingt dernières années
3.1 Les inégalités mondiales
Si l’on en croit Bourguignon et Morrisson, le constat est simple à formuler : les inégalités internationales s’accroissent, les inégalités internes aussi et donc les inégalités mondiales. Mais ce constat est, d’une part contesté, d’autre part trop général pour refléter la complexité réelle des évolutions. Les contestations sont fondées sur les difficultés de mesures, qui tiennent tant à la qualité des données qu’aux méthodes adoptées. On dispose donc de plusieurs évaluations. Certaines minimisant la croissance des inégalités mondiales, d’autres, telle celle de Milanovic (Milanovic,
2002) pour la période de 88-93, l’amplifiant. Mais l’essentiel est que ces évolutions générales résultent de tendances très contrastées, tant au niveau des inégalités internationales qu’internes.
3.2 Les inégalités internationales
Dans une étude sur l’évolution des inégalités internationales depuis les années soixante, réalisée sur un échantillon de 115 pays en pondérant les revenus par habitant par la population, Arne
Melchior (Melchior, 2001) trouve que l’inégalité internationale diminue depuis les années 60 si l’on calcule les revenus en utilisant les taux de change de PPA, mais augmentent avec les taux de change courant. Cela suppose que les taux de change courant des pays les plus pauvres se dégradent régulièrement par rapport aux taux PPA, un phénomène dont l’interprétation n’est pas aisée. Des calculs du CEPII (Bensidoun, Chevallier, Gaulier, 2001), utilisant les mêmes conventions soulignent que la réduction de l’inégalité internationale résulte largement de la forte croissance que connaît la Chine. En omettant la Chine, la baisse de l’inégalité internationale dans les décennies 80 et 90 se transforme en légère hausse.
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Un chiffre global en matière d’inégalités internationales est en vérité de peu d’intérêt, car il dépend très fortement de méthodes de calcul : choix du taux de change et de la pondération.
Selon les cas, les résultats diffèrent significativement, même si les tendances, elles, divergent moins. Ce qui est en revanche certain, c’est que certaines inégalités internationales s’accroissent, tandis que d’autres se réduisent. Ainsi le rapport entre le PIB/ha des 20 pays les plus riches et celui des 20 pays les plus pauvres est passé de 17 en 1960 à 37 en 1996. Mais en
1960, les 20 pays les plus pauvres ne représentaient que 5 % de la population mondiale. En revanche, durant les décennies 80 et 90, l’Asie est en rattrapage.
Croissance annuelle du PIB/ha Population 1999 en millions 80/90 90/99
Monde 0,9 0,5 5 975
Pays Riches 2,5 1,9 891
Europe de l’est et Asie centrale 1,5 -2,9 475
Moyen orient et Afrique du nord -1,1 0,8 290
Amérique latine -0,3 1,7 509
Afrique sub saharienne -1,2 -0,2 642
Asie de l’est et pacifique 6,4 6,1 1 837
Asie du sud 3,5 3,8 1 329
Source : Banque Mondiale, World Development Report. 200/2001. Calcul à partir des tableaux 3 et 11 de : Selected World
Development Indicators.
Il est donc incontestable, même en tenant compte des erreurs éventuelles de mesure, qu’en Asie un ensemble de pays comprenant 3,2 milliards d’individus, soit plus de la moitié de la population mondiale, est engagé depuis au moins 20 ans dans un processus de rattrapage des pays riches, mesuré par une croissance plus rapide de leur revenu par habitant moyen, ce dernier terme, « moyen », étant évidemment essentiel. En revanche, toujours selon le même critère, des continents entiers s’enfoncent, ce qui n’exclut pas qu’en leur sein, certains pays fassent mieux que d’autres. En particulier, la position de l’ensemble des Pays les Moins Avancés (PMA , selon la définition de la Banque Mondiale : pays à revenus inférieurs à 1000 $ PPA en 1965) s’est dégradée : leurs revenus par habitant ont cru moins vite que la moyenne mondiale dans les années 80 et 90. Pour beaucoup, ils ont même diminué, comme si ces pays étaient pris dans une
« trappe de pauvreté. »
Quelle est la responsabilité de la mondialisation dans ces évolutions ? Une étude de la Banque
Mondiale ( Banque mondiale 2001) souligne que 24 pays en développement qui ont renforcé leur intégration mondiale durant les deux dernières décennies ont connu une croissance plus vive que les pays moins intégrés. Mais cette corrélation n’est pas confirmée par des études plus systématiques (Rodriguez et Rodrick, 1999 ; Bensidoun, Gaulier et Unal-Kesenci, 2001) : sur l’ensemble des pays du Sud, on ne trouve pas de corrélation vraiment significative entre ouverture commerciale et croissance. La corrélation est en revanche forte entre investissement direct et croissance, mais quelle est la cause, et quel est l’effet ? Quoiqu’il en soit, l’approche
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Cerna 6 statistique, qui traite de la même façon l’Ouganda et la Chine, est ici d’un intérêt limité.
Il paraît peu contestable que pour les pays d’Asie en rattrapage, la mondialisation a été un facteur favorable, même en admettant que les facteurs structurels (taux d’alphabétisation, égalité initiale, taux d’épargne) et de politique économique interne sont très probablement essentiels.
L’ouverture commerciale tire en effet la croissance et attire les investissements directs, facteurs essentiels de transferts de technologie et de savoir faire. Les flux financiers ont complété une épargne nationale déjà élevée.
En revanche, que la mondialisation ait été un obstacle à la croissance d’autres pays du Sud paraît une thèse plus difficile à argumenter. Certains phénomènes ont cependant pu jouer un rôle négatif. Une ouverture trop rapide aux flux de capitaux mobiles, engendrant des crises de change aux effets récessifs profonds ( Amérique latine de façon récurrente, Asie du sud est en
1997). La subvention aux exportations agricoles des pays riches, qui détruisent les agricultures vivrières. Les accords TRIPS sur la propriété intellectuelle, qui entravent la production de médicaments génériques. Et surtout, pour la période la plus récente et pour l’avenir, la suppression, dans le cadre de l’OMC après l’Uruguay round, du « Traitement Spécial et
Différencié » pour les pays en développement, qui leur avait permis dans les années 69 et 70 de bénéficier de l’ouverture des pays riches tout en conservant certaines possibilités de protection de leurs industries naissantes. Mais, plutôt que de la mondialisation en soi, il ne s’agit là que de modalités particulières de la mondialisation actuelle, qui peuvent être modifiées, et qui sont d’ailleurs pour certaines à l’agenda de l’OMC depuis Doha.
En conclusion, il semble possible d’affirmer que la mondialisation est un facteur favorable au rattrapage des pays du Sud qui savent en tirer parti. Ceci suppose qu’ils disposent d’un Etat fort et légitime, qui maîtrise le processus d’ouverture et l’accompagne de politiques internes adaptées. Faute de quoi, le pays voit se développer une série de cercles vicieux qui l’enferment dans une trappe de pauvreté. Dans ce cas, non seulement la mondialisation n’engendre aucun processus automatique de sortie de cet état de crise, mais contribue sans doute à les y maintenir.
D’autre part, il existe à l’évidence un phénomène de file d’attente. L’ouverture et la taille des marchés des pays riches ainsi que les flux d’investissements directs qui en proviennent ne sont pas illimités. De plus, ces facteurs de croissance pour les pays émergents n’ont aucune raison d’être « équitablement » répartis. En témoigne la Chine qui se taille une part de lion dans ces deux domaines depuis vingt ans. Même avec de « bonnes » politiques nationales, les autres devront probablement attendre que les premiers pays émergents contribuent à leur tour à tirer leur propre croissance.
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3.3 Les inégalités internes
Elles posent des problèmes de qualité de données et de méthode qui rendent encore plus difficiles les comparaisons entre pays et le calcul des évolutions. Ces difficultés sont bien décrites dans un article récent de Atkinson et Bandolini (Atkinson et Bandolini, 2001) pour les pays de l’OCDE. Elles sont encore plus grandes pour les pays du Sud.
De manière générale, tant Bourguignon et Morrisson que Milanovic concluent à un accroissement d’ensemble des inégalités internes. Selon ce dernier, le coefficient de Theil pour les inégalités internes augmente de 19.4 à 22.4 entre 1988 et 1993: une croissance tres rapide.
Cependant, ici encore, les évolutions par pays sont contrastées, et l’analyse de ces différences est indispensable.
3.3.1 L’inégalité interne dans les pays du Sud
La situation dans ces pays est contrastée. Tout d’abord le degré d’inégalité interne, généralement supérieur à celui des pays de l’OCDE (mais pas de tous) varie beaucoup d’un pays à l’autre. Pour ne citer que des pays peuplés :
Indices de Gini (En général pour le milieu des années 90)
Chine 40 Brésil 59
Inde 38 Mexique 55
Indonésie 36 Nigéria 51
Bengladesh 34 Afrique du Sud 59
Source : Banque Mondiale, World Development Report. 2000/2001
A titre de comparaison, la même source donne 33 pour la France et 41 pour les Etats-Unis2.
Ensuite, les tendances de ces dernières années sont différentes. Ainsi, par exemple, deux pays situés dans le même environnement, le Brésil et le Mexique, ont connu des évolutions opposées.
Le Gini a diminué de 62 (record pour un grand pays) à 59 entre 1976 et 1996 au Brésil, tandis qu’il a augmenté au Mexique de 49 à 55 entre 1984 et 1994 (année de la dernière violente crise de change du peso).
L’Asie, dont on a vu la contribution décisive à la réduction des inégalités internationales, est aussi une zone où les inégalités internes se sont accrues dans certains pays. C’est particulièrement vrai en Chine, comme l’illustrent les mesures de Chen et Wang (Chen et Wang,
2001) : croissance rapide et réduction de la pauvreté absolue sont allées de pair avec la croissance des inégalités, tant dans les campagnes que dans les villes.
2 Selon le rapport du CAE cité ci après, les chiffres seraient : France : 29, Etats Unis : 45.
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Évolution de la pauvreté et des inégalités de revenus en Chine 1990-1999
1990 1999
Population vivant avec moins de 1 $ par jour en %
Campagnes 42,5 24,9
Villes 1 0,5
Chine 31,5 17,4
Indice de GINI
Campagnes 30 34
Villes 23 30
Chine 35 42
Source ; Chen et Wang, 2001.
Dans le cas de la Chine, le rôle de la mondialisation dans la croissance des inégalités internes paraît aussi peu contestable que son rôle, positif, dans le processus de rattrapage. Les bénéfices de l’ouverture et des réformes économiques qui vont de pair ont été inégalitairement répartis entre provinces chinoises et parmi les Chinois. Mais on peut considérer qu’il s’agit là très largement d’une question de politique intérieure. Elle résulte en partie de la volonté du gouvernement de procéder par expériences pilotes géographiquement localisées et par étapes.
Le gouvernement chinois conserve des moyens considérables de contrôler la montée des inégalités internes et pourrait les employer.
La même chose peut être dite de nombreux autres pays en rattrapage rapide. Spontanément, la mondialisation, tout en tirant la croissance, engendre des inégalités. Mais il revient au gouvernement de corriger ces évolutions spontanées. Il a même, à un certain stade, le plus grand intérêt à la faire s’il veut que la croissance du marché intérieur relaie la croissance tirée par les exportations. Les exemples de la Corée du Sud, de Taiwan ou de Singapour démontrent que cela est possible.
Le lien complexe entre inégalité et croissance dans le Tiers Monde suscite d’ailleurs un nombre croissant de travaux théoriques et empiriques3 . Pour beaucoup d’entre eux, une trop forte inégalité interne est susceptible d’entraver la croissance. Les mécanismes envisagés sont divers.
Ils relèvent soit de l’économie politique : dans un système démocratique, une forte inégalité peut conduire à des transferts publics élevés qui réduiraient l’efficacité économique ; soit des imperfections des marchés du capital et de l’assurance : une forte inégalité empêche les plus pauvres d’avoir accès au crédit et à l’assurance et de déployer leur potentiel productif, tandis qu’elle désincite les plus riches (devenus de purs rentiers) à le faire ; soit de l’économie du crime et de la corruption, qui analyse leurs liens avec l’inégalité et leur coût social.
Il n’existe cependant pas, pour le moment, de vérification statistique incontestable de ce lien entre croissance et inégalités. Cependant des indices ( le tableau ci dessus montre que l’Asie, qui croit plus vite que l’Amérique latine et l’Afrique, est aussi plus égalitaire) et les modèles
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Cerna 9 théoriques incitent désormais à s’interroger sur l’objectif officiel actuel de la Banque Mondiale et de la plupart des agences de développement : réduire la pauvreté absolue. Est ce suffisant, même d’un strict point de vue économique ?
3.3.2 Les inégalités internes dans les pays riches
Evolutions contrastées au sein de ces pays également. Longtemps, la vision dominante fut que les mêmes causes produisaient une augmentation des inégalités salariales au sein des pays à marché du travail flexible (Etats-Unis, Grande Bretagne) et du chômage dans les autres (Europe continentale), et que la cause majeure était un progrès technique biaisé en défaveur du travail non qualifié. La mondialisation, réduite en l’occurrence à la concurrence commerciale des pays émergents, n’était créditée que de 10 à 30 % du phénomène, selon les études. Depuis, l’évolution des inégalités a été plus précisément quantifiée4, et le débat sur les causes s’est enrichi. Une des études récentes approfondies sur l’ensemble des pays de l’OCDE est celle de Förster et
Pellizzari (Förster et Pellizzari, 2000). Elle confirme la forte croissance des inégalités aux Etats
Unis, en Grande Bretagne et en Australie à partir de la fin des années 70. Cette tendance touche la plupart des autres pays à partir de la fin des années 80, à l’exception de la Grèce, du Canada et de la Finlande. Dans un grand nombre de pays, la croissance de l’inégalité est surtout due à la croissance plus rapide des hauts revenus (la tranche des 20 % les plus élevés). Mais le résultat le plus intéressant est sans doute que les inégalités des revenus marchands ont augmenté partout
(sauf en Irlande) et que ce sont donc les transferts qui expliquent les résultats plus contrastés que l’on constate au niveau des revenus disponibles.
Dans le cas de la France, on dispose d’une synthèse très complète avec le rapport récent du
CAE : « Inégalités Economiques » (CAE, 2001) tant pour ce qui est des évolutions récentes
(rapport Atkinson, Glaude, Olier) que depuis un siècle (rapport Piketty). Ce rapport donne également quelques éléments de comparaisons internationales, avec les Etats-Unis et la Grande
Bretagne en particulier.
Pour ce qui est des évolutions récentes, donc susceptibles d’être liées à la vague contemporaine de mondialisation, les principaux résultats sont les suivants : 1) L’inégalité des revenus individuels disponibles (après transferts) est aujourd’hui moindre que ce qu’elle était dans les années 60, l’essentiel de la réduction datant des années 70. 2) Elle a cependant commencé à croître dans les années 90. 3) Les transferts continuent à jouer un rôle correctif des évolutions de
3 On trouvera une introduction à ces travaux, avec références, dans Ferreira (2001).
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Cerna 10 marché très significatif. 4) Les inégalités de revenu disponible sont un indicateur insuffisant.
D’autres facteurs doivent être pris en compte : inégalité d’accès à l’emploi, précarisation des statuts salariaux, réduction de la mobilité salariale, si l’on veut rendre compte de la divergence entre des inégalités de revenus en progression récente et objectivement faible et le sentiment répandu, dont témoignent des enquêtes, d’une beaucoup plus forte croissance des inégalités.
4. Le débat sur les causes des inégalités internes dans les pays riches
Quant au débat sur les causes, qui se concentrait sur le rôle respectif des technologies de l’information et de la concurrence des pays à bas salaires, il s’est enrichi de la prise en compte d’autres dimensions de la mondialisation : la compétition entre pays riches et la globalisation financière, ainsi que de l’évolution de l’organisation des entreprises et de ses conséquences sur les marchés du travail. L’externalisation massive des activités non stratégiques, et le regroupement des activités stratégiques en centres de profits mis en concurrence financière interne, a conduit à des unités de taille plus petite et surtout plus homogènes en termes de qualification et de compétences (des « appariements sélectifs »), ce qui aurait favorisé les divergences salariales entre elles.
J’ai pour ma part toujours considéré qu’il s’agissait là d’un ensemble d’explications plus complémentaires que concurrentes, ou plus exactement de différents aspects d’un même phénomène. L’évolution technique et organisationnelle n’est nullement indépendante de la mise en compétition globale des entreprises. C’est même, à mon sens, cette compétition qui en est l’élément moteur. Donc, c’est la mondialisation, à condition d’en avoir une conception élargie : la mondialisation, c’est la compétition globale entre firmes et la mise en compétition par les firmes globales de l’ensemble des territoires, une conception qui inclut donc au premier chef la concurrence accrue entre pays riches.5
Le rapport du CAE souligne la persistance, au sein des pays riches, de modèles différents en matière de transferts et d’organisation des marchés du travail, qui expliquent en grande partie les évolutions internes contrastées de pays a priori soumis au même processus. Il indique en particulier que la forte croissance des inégalités de revenus en Grande-Bretagne entre 1977 et
1990 (le coefficient de Gini du revenu disponible passe de 28 à 40) n’est que pour moitié due aux évolutions de marché et pour l’autre à la baisse des transferts sociaux redistributifs.
4 Voir les références et des citations des travaux sur l’OCDE dans Atkinson et Bandolini (2001).
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Réciproquement le Canada, membre de l’ALENA et dont le marché du travail fonctionne de manière très proche de celui des Etats-Unis, ne connaît d’accroissement de l’inégalité des revenus disponibles, en raison d’une correction des inégalités de marché croissantes par des transferts. Quant au fonctionnement des marchés du travail, il est évident que, puisque les productivités individuelles sont impossibles à mesurer avec précision, il y a place pour des « conventions » salariales. Dans certaines limites fixées par les marchés, ces conventions reflètent les préférences collectives pour une plus ou moins grande égalité.
On est donc conduit, s’agissant des pays riches, aux mêmes types de conclusion qu’à propos des pays du Sud. La mondialisation, saisie dans toutes ses dimensions, engendre certainement des tendances inégalitaires internes. Mais les Etats disposent toujours de moyens pour les atténuer, en fonction des préférences nationales, et sans que cela n’implique de choix dramatiques entre égalité et croissance.
5. Conclusion
Dans le débat sur les inégalités, certains chiffres, il est vrai très impressionnants, sont volontiers lancés comme des cris d’alarme. Citons en quelque uns, tirés de la conclusion de l’article de
Milanovic :
« Les 1 % les plus riches ont un revenu égal à celui des 57 % les plus pauvres. En d’autres termes, moins de 50 millions de riches reçoivent autant que 2,7 milliards de pauvres. »
« Le rapport entre les revenus moyens des 5 % les plus riches et des 5 % les plus pauvres a cru de 78 à 114 entre 1988 et 1993. »
Il s’agit de chiffres concernant l’inégalité mondiale. On a compris qu’ils reflètent des évolutions des inégalités internationales et internes en vérité assez complexes et différenciées. Or sur ces dernières, il est possible d’agir, si l’on pense que la croissance de certaines inégalité pose problème, non seulement sur le plan éthique, mais même au plan économique. Beaucoup commencent à en être convaincus, au lieu de considérer, selon un critère de justice inspiré de
Rawls, que le seul objectif devrait être d’améliorer le sort des plus pauvres, donc de combattre la pauvreté absolue.
5 Sur ces questions voir Guesnerie, Cohen, Giraud (1997), Giraud (1996) et Giraud (2001).
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S’agissant des inégalités internes, les politiques étatiques restent primordiales, et il est faux d’affirmer que la mondialisation a privé les Etats de tout moyen d’action en ce domaine. Les évolutions contrastées de pays soumis au même environnement extérieur, tant au Nord qu’au
Sud, en témoignent.
S’agissant des pays les plus pauvres et qui ne parviennent pas à devenir des pays « émergents », c’est-à-dire engagés dans un rattrapage des pays riches, il est tout aussi clair que des politiques spécifiques s’imposent aussi au plan international. On devrait tout d’abord cesser de les pousser à une ouverture trop rapide aux capitaux extérieurs (hors investissements directs et prêts souverains de longue durée) dont le caractère déstabilisant est démontré. On devrait réintroduire, dans le cadre de l’OMC, des mécanismes de « Traitement Spécial et Différencié » qui leur permettraient de bénéficier de l’ouverture des autres pays, tout en maîtrisant la leur. Il faut enfin accroître considérablement l’aide publique au développement de ces pays, en la concentrant sur les biens et services essentiels moteurs du développement : éducation, santé et services publics de base, ainsi que sur la construction d’administrations compétentes et intègres, car il n’est pas de développement sans interventions étatiques appropriées, soutenues et légitimes. Sous ces conditions, la mondialisation, processus inéluctable, pourra être « maîtrisée » et ses effets inégalitaires significativement réduits.
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Graphique 1 : Les inégalités depuis 1820 selon Bourguignon et Morrisson
Source : Bourguignon, F. and C. Morrisson. "The size distribution of income among world citizens: 1820-1990". DELTA.
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...Cork Institute of Technology Bachelor of Business (Honours) in Information Systems – Award (NFQ – Level 8) Summer 2007 International Business (Time: 3 Hours) Instructions Answer: Section A: Answer all question one on case study Section B: Answer three (3) from five (5) questions. % of marks allocated for this exam: 70 Do not write, draw or underline in red. Examiners: Ms. C. O’Reilly Mr. L. Elwood Section A: Case study - John Higgins Answer all Question 1 Leonard Prescott, vice president and general manager of Weaver-Yamazaki Pharmaceutical of Japan believed that John Higgins, his executive assistant, was loosing effectiveness in representing the U.S parent company because of an extraordinary identification with the Japanese culture. The parent company, Weaver Pharmaceutical, had extensive international operations and was one of the largest U.S. drug firms. Its competitive position depended heavily on research and development (R&D). Sales activity in Japan started in the early 1930s, when Yamazaki Pharmaceutical, a major producer of drugs and chemicals in Japan, began distributing Weaver’s products. World War II disrupted sales, but Weaver resumed exporting to Japan in 1948 and subsequently captured substantial market share. To prepare for increasingly keen competition from Japanese producers, Weaver and Yamazaki established in 1954 a jointly owned and operated manufacturing subsidiary to produce part of Weaver’s product line. Through the combined effort of both parent...

Words: 1873 - Pages: 8

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International Business

...Section A: 1) What is international business? What are the primary reasons that companies engage in international business? Answer: International business is a term used to collectively describe all commercial transactions private, governmental, sales, investments, exports and imports in and out of the country to any other country around the world. 1- To diversify sources of sales and supplies. 2- To acquire resources. 3- To minimize competitive risk. 4- To expand sales. 2) In a short essay, identify and explain three competitive factors that influence international businesses. Answer: Consumers know about and want foreign goods and services, governments are removing international business restrictions, Competition has become more global. Section B: 1) What is the difference between a monochronic and polychronic culture? How do such cultural differences affect business practices for international firms? Answer: Monochronic cultures like to do just one thing at a time. They value a certain orderliness and sense of there being an appropriate time and place for everything. They do not value interruptions. They like to concentrate on the job at hand and take time commitments very seriously. Polychronic cultures like to do multiple things at the same time. A manager's office in a polychronic culture typically has an open door, a ringing phone and a meeting all going on at the same time.  2) What is the difference between a polycentric, ethnocentric...

Words: 350 - Pages: 2

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International Business

...------------------------------------------------- Tips For Finding an International Business Internship Posted by Olga at Going Global on September 15, 2009 Choosing an international business degree with the hopes of landing an international career after graduation is no longer a surefire action plan for students. With the current economic climate, being proactive before graduating and doing an international business internship is the best course of action. The only drawback is that a majority of internships abroad fall out of the private sector. No to fear. Business students are armed with all the necessary tools to get a business internship abroad. Here are some tools and tips to add to your search: Photo by geishaboy500; creative commons license. 1. Identify large multi-national corporations that have their headquarters or subsidiaries abroad. Find the companies that are best suited to build your work experience. Use resources like Wikipedia and Google to identify these corporations. Large names like, Sony, L’Oreal, Unilever, Shell, etc all have offices in multiple countries. Start by identifying those larger names and work through their website for internship possibilities. 2. Investigate opportunities with Consulate Offices abroad. The Consulate Office functions just as any other business would with the exception that they are representing a country rather than any business in particular. Start by checking the State Department website. Depending on the country...

Words: 856 - Pages: 4

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International Business Syllabus

...Syllabus International Business 1 (IB-1) 2012-2013 1-IBMS 1. INTRODUCTION This International Business (IB-1) course is designed to provide students with a basic understanding of the international business environment. In order to be successful, IBMS Students need to familiarize themselves with the basic concepts and definitions of today’s competitive business world. Students must become aware of the major actors and forces that help shape the international business context. The course covers a variety of topics, which include the theoretical foundations of global trade and investment, the political environment, foreign direct investment and market entry, international business strategy and operations. The course is structured around lectures and workshops. Students are expected to attend all lectures and workshops. In the lectures, students will learn about the field of international business. In the workshops, students are expected to present and discuss international business cases. These business cases provide helpful examples and insights towards an understanding of the International Business theory taught in lecture classes. Students are encouraged to contribute to meaningful discussions, develop the ability to defend their position and apply knowledge to “real life” situations based on the cases presented in class. Attendance IB-1 is not a spectator sport. Attendance and contribution accounts for 10%...

Words: 835 - Pages: 4

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International Business

...As mentioned by the International business times that the trade between Us and Egypt has been growing over the years it peaked it 2010 to become 9 billion dollars but in 2011 due to current events in Egypt it dropped a slight drop to be 8.28 billion dollars in goods were being exchanged. Khush Choksy, executive director of the U.S. Egypt-Business Council at the U.S. Chamber of Commerce said that businesses did close in the revolution days for a while just to insure safety of the employees, some other companies send away some of its workers whom were of less importance to the organization but not one American company in Egypt faced any harm to their offices or property and all businesses where back on track with not more than two weeks. In 2012 representatives of more than 50 major American companies traveled to Cairo to improve business relations and have a better private sector partnerships, among the companies that made the trip were PepsiCo Inc. , which employed about 12,000 people in Egypt in 2012; Xerox Corporation, whose subsidiary Xerox Egypt has operated a manufacturing facility since 1975; and Apache Corporation, a hydrocarbon firm whose annual investments in Egypt total about $1 billion. These companies were not affected during the revolution as a result of their sizes and scope they had a better chance in surviving unlike small businesses who depend on sales within the country for their cash flow example Vaughan. “The foreign entities that are OK are the ones that...

Words: 460 - Pages: 2

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Explain the International Business Environment in Which a Selected Business Operates.

...Unit 12 Assignment 1 P1 - Explain the international business environment in which a selected business operates. The business that I have chosen to produce a report on how they could expend their business internationally is my own business, Impossible Project. Impossible Project is a fashion brand based in the UK. We design and produce our own brand of high-end designer clothing and are just selling in the UK at the moment. It is a relatively small business at the moment, however we have the capacity in terms of finance and scale to start looking at trading internationally. The country Impossible Project has targeted to start of their international journey is China. I have chosen to use China for a variety of reasons; one being it is a BRIC country. “BRIC is an acronym for the economies of Brazil, Russia, India and China combined. The general consensus is that the term was first prominently used in a Goldman Sachs report from 2003, which speculated that by 2050 these four economies would be wealthier than most of the current major economic powers.” - http://www.investopedia.com/terms/b/bric.asp Political * Being a communist country means Chinese consumers feel forced into supporting Chinese brands as a pose to UK brands. | Economical * According to the latest government figures, growth picked up to 7.9% in the final three months of 2012, from 7.4% in the previous quarter * China is a BRIC country and will soon be one of the leading economic powers | ...

Words: 441 - Pages: 2

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International Business

...A) The name of the company is Apple. The reasons of choosing this company to explore its experience using the concepts of International Business are as follow: Global pattern of trade * Apple is the global company in the retail industry. 43,000 of Apple employees in the United States to work in the 30,000 Apple stores. Apple retail store employees to do more than the average wage of employees, and provides money for universities, as well as a gym membership, 401K plans, health care plans, product discounts and lower prices for the purchase of shares. * Apple has 453 retail stores (such as in March 2015) in 16 countries and 39 countries in the online store. Each store is designed to meet the requirements of the position and the regulatory authorities. Apple has received numerous architectural awards for its store design, especially its location on Fifth Avenue in midtown Manhattan on. Competitive advantage * Before the company advertised its products are being made, the late 90s of the last century the United States; however, as a result of the outsourcing plan in 2000, almost all of the manufacturing process is now abroad. According to a report the New York Times, Apple insiders "that huge overseas factories, as well as flexible, diligent and industrial skills of foreign workers have to make more than their American counterparts that" Made in USA "is no longer a viable Alternatively, for most Apple products. " * The company's production, procurement and logistics...

Words: 1506 - Pages: 7

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...International Business ( Semester 2, 2014) * Topic 1: Context * Globalization: There is no agreed or consistent definition for globalization but the key features including: * Everything and everyone equal * Intensive and rapid flows cross border flows (eg product, finance) * Not just economic but social, culture also. * Implication for nation states (countries)- a loss on power for the countries on politically as well as economically. * “ Globalization is about growing mobility across frontiers- mobility of goods and commodities, mobility of information and communications products and services, and mobility of people” ( Robins 2000). * Globalization has become a leading concept in doing business during last few decades, there are various aspects of globalization that influencing in doing business such as Competition, exchange of technology, knowledge/information transfer. * Competition: there is increase in competition. It can relate to product, service cost, price, target market, technological adaptation, quick response, quick production by companies. Company needs to focus on production with less cost to sell cheaper in order to increase its market share. On the other hand, customers also have a large multitude of choices in the markets and it affects their behavior: they want to acquire goods and services quickly and in more efficient way than before with high expectation in quality and low prices. * Exchange of...

Words: 12315 - Pages: 50

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...Task 1. International Business is basically covers all commercial transactions (private and governmental, sales, investment, logistics and transportation) and it usually takes place in more than one region, countries and nations that go past political limits. A private company may take part in such transaction for profit or even government undertake them for profit and political reasons. It refers to all activities which involve a cross border transaction of goods, services and resources between two or more nations. There’s also transaction of economic resources and it includes capital, skills, people, etc. for international production of physical goods and even services such as finance, banking, insurance, construction, etc. Examples of companies that operate internationally are Royal Dutch Shell, McDonalds, Subways, General Motors, Ford Motor Company, Samsung, LG, Sony, ExxonMobil and BP. These are all well-known MNCs and it includes fast food companies such as McDonald's and Subways, vehicle manufacturers such as General Motors, Ford Motor Company and Toyota, consumer electronics companies like Samsung, LG and Sony, and energy companies such as ExxonMobil, Shell and BP. Most of the largest corporations operate in multiple national markets. 2. Nike, Inc. is an American multinational corporation and it sells footwear, apparel, equipment, accessories and services. It was founded on January 25th, 1964 as Blue Ribbon Sports by Bill Powerman and Phil Knight and officially...

Words: 509 - Pages: 3

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International Business

...expand and franchise there. With faster communication, transportation and financial flows, the world is rapidly shrinking. International trade is booming. Imports of goods and services now account for 24% of gross domestic product worldwide. However, sometimes corporations fail to understand the culture of countries that they target as marketing opportunities, therefore not being able to market their brand successfully. Culture is defined simply as the learned distinctive way of life of a society. Each country has its own traditions, cultural norms and taboos. When designing global marketing strategies, companies must understand how culture affects consumer reactions in each of its international markets. In turn, they must also understand how their strategies affect culture. In the global marketplace, extension of products and services into foreign markets often faces unanticipated cross-cultural challenges involving consumer cultural behavior. For example: in Japan, “Diet Coke” was renamed “Coke Light” after the firm learned that the word “diet” carried an embarrassing connotation. A “blunder” is a careless mistake usually caused by a person’s ignorance, poor judgment or confusion. International marketing blunders represent avoidable mistakes made by companies in foreign markets. Many types of blunders result from ignorance of culture. If international marketers are misinformed about the cultural characteristics of a foreign market they may stumble into blunders. A simple cultural...

Words: 1513 - Pages: 7

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...Petro Danyliv Professor Kathy Bowen Principles of Management Due April 2, 2014 International Business Nowadays international business and globalization became very popular and gained much more importance for each and every business company. Based on the quality research and the detailed analysis, this paper would come with the conclusion to show the advantages of globalization and also how globalization and international business can be a big factor in developing world’s economy. Term of globalization can represent and mean a lot of different things, but mainly globalization/international business are known for their flows of trade, finances and factors of production across the border, and transportation with effective communications set up. Globalization is responsible to make our world a “global village”. Globalization can develop strong international bonds not just between specific groups of countries but across a wide global network in which factors of production and also finished goods can move freely. The era of globalization in which we are living now came to existence not only because of Internet, but also because of changes in the institutional environment. Today globalization is a very popular and acceptable term. Globalization is a continuous and constant debate that society should face. The nature of globalization is somewhat specific and therefore understanding the meaning of it is crucial, so any praise or critics of globalization is purely justified...

Words: 918 - Pages: 4

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...PART 1 GLOBAL BUSINESS ENVIRONMENT CHAPTER ONE Globalization Learning Objectives After studying this chapter, you should be able to 1. Describe the process of globalization and how it affects markets and production. 2. Identify the two forces causing globalization to increase. 3. Summarize the evidence for each main argument in the globalization debate. 4. Identify the types of companies that participate in international business. 5. Describe the global business environment and identify its four main elements. A LOOK AT THIS CHAPTER This chapter defines the scope of international business and introduces us to some of its most important topics. We begin by presenting globalization—describing its influence on markets and production and the forces behind its growth. Each main argument in the debate over globalization is also analyzed in detail. We then identify the key players in international business today. This chapter closes with a model that depicts international business as occurring within an integrated global business environment. A LOOK AHEAD Part 2, encompassing Chapters 2, 3, and 4, introduces us to different national business environments. Chapter 2 describes important cultural differences among nations. Chapter 3 examines different political and legal systems. And Chapter 4 presents the world’s various economic systems and issues surrounding economic development. 24 Emirates’ Global Impact DUBAI, United Arab Emirates—The...

Words: 18644 - Pages: 75

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...Kaydeon Burnett Professor Jim McCarty December 14, 2015 Final Paper “International Business is any commercial transaction that crosses the border of two or more nations.” This class of international business has truly been a great deal of help to me in pursuing my degree in Business Management. When I first enrolled in this class I was a bit skeptical about how I would learn such a potentially difficult subject without being in a classroom, however I truly learned a lot. With an international business it has various key learning concepts including entry to new markets, trade and foreign direct investments, politics, economics and environmental variables of culture. Each of these concepts carries a different definition as well as the same intent. Globalization by definition means a “trend toward greater economic, cultural, political, and technological independence among national institutions and economies.” (p 7) Within globalization it is very important that the particular company that plans to expand beyond the borders of their home office must understand that going global is not just looking at the global aspext and not taking the time to properly invest money, time, and strategy. For example when Apple began to go global they took the time that was necessary to properly strategize on how to get their product from beyond the four walls of the Apple brand. Globalization has good parts as well as bad parts. The good part about globalization is that the particular...

Words: 803 - Pages: 4

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International Business

...International trade is the exchange of capital, goods, and services across international borders or territories.[1] In most countries, such trade represents a significant share of gross domestic product (GDP). While international trade has been present throughout much of history (see Silk Road, Amber Road), its economic, social, and political importance has been on the rise in recent centuries. Industrialization, advanced transportation, globalization, multinational corporations, and outsourcing are all having a major impact on the international trade system. Increasing international trade is crucial to the continuance of globalization. Without international trade, nations would be limited to the goods and services produced within their own borders. International trade is, in principle, not different from domestic trade as the motivation and the behavior of parties involved in a trade do not change fundamentally regardless of whether trade is across a border or not. The main difference is that international trade is typically more costly than domestic trade. The reason is that a border typically imposes additional costs such as tariffs, time costs due to border delays and costs associated with country differences such as language, the legal system or culture. Another difference between domestic and international trade is that factors of production such as capital and labor are typically more mobile within a country than across countries. Thus international trade is mostly restricted...

Words: 4951 - Pages: 20

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...Germany, 1948 by Rudolf Dassler. The major products covered almost all sport items, such as sport shoes, wears, and other sports equipment. The brand PUMA is the leader of football shoes. Puma is Olympic sponsors and partner of World formula championship tournament. Today the group has more than 9,500 employees and distributes its products more than 120 countries. Group holds three major sport brands, which are PUMA, COBRA, and Tretorn in sport industry market.(Puma, 2013). Business process outsourcing (BPO) is the key issue of today’s multinational corporation (MNC), which is considered as high chance to find out more opportunities and reduce cost. The main advantage of Business process outsourcing is that, which makes firms more flexibility, in one hand, which can help MNCs to reduce the fixed cost, as transferring into variable cost. In another hand, BPO is considered to be a good way to focus on firm’s core competencies. In addition, this process also may increase the speed of business processes. Based on these factors, BPO may help MNCs grow faster without the huge capital requested. At the same time, this process also brings limitations for MNCs, such as the higher risk level, which could be caused by both privately or structure of firm. Risks and treats of outsourcing must therefore be managed, to achieve any benefits. 2.0 Investment Market Analysis Vietnam is viewed as a viable alternative to China for foreign (particularly U.S. and European) companies seeking...

Words: 3407 - Pages: 14