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Sport Et Masculinité

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Submitted By fredalex007
Words 9822
Pages 40
CLIO. Histoire, femmes et sociétés
Numéro 23 (2006) Le genre du sport
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Jim McKay et Suzanne Laberge

Sport et masculinités
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Référence électronique Jim McKay et Suzanne Laberge, « Sport et masculinités », CLIO. Histoire, femmes et sociétés [En ligne], 23 | 2006, mis en ligne le 01 juin 2008. URL : http://clio.revues.org/index1908.html DOI : en cours d'attribution Éditeur : Presses universitaires du Mirail http://clio.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne à l'adresse suivante : http://clio.revues.org/index1908.html Document généré automatiquement le 14 avril 2009. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. Cet article a été téléchargé sur le portail Cairn (http://www.cairn.info).

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Jim McKay et Suzanne Laberge

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Pagination de l'édition papier : p. 239-267 « La bataille de Waterloo a été gagnée sur les terrains de jeu d’Eton. » (phrase attribuée au duc de Wellington, ancien élève du collège Eton) « Qu’est-ce qui contraint ces hommes à attaquer ? Pourquoi les hommes sont-ils si ébranlés par ce spectacle ? Pourquoi s’engagent-ils autant ? Qu’est-ce qui motive cette bagarre inutile ? Qu’est-ce que le sport ? » (Barthes 1961, traduction 1997) « L’adversaire ne s’est pas montré. Nous sommes sortis, nous avons exécuté notre premier jeu et ça a formidablement bien fonctionné. Nous avons marqué un touché. » (traduction d’un commentaire d’un pilote américain après avoir lancé une frappe aérienne sur Bagdad pendant la première guerre du Golfe) « Il est possible qu’aucune institution de la culture américaine n’ait influencé autant notre sens de la masculinité que le sport. » (Trujillo 1991 : 292) « J’ai réellement considéré le fait d’être capitaine de l’équipe australienne de cricket comme étant le véritable sommet de la réussite sportive, et presque celui de l’accomplissement humain en Australie. » (John Howard, premier ministre australien, cité dans Winkler 1997) Comme l’illustrent les citations ci-dessus, il existe un lien profond et durable entre les hommes, les masculinités et le sport. On se rappellera que le sport moderne a vu le jour dans les écoles de l’élite anglaise, comme Eton, vers le milieu du xixe siècle, lorsque les enseignants transformèrent les concours de football – passablement brutaux et chaotiques, en place depuis l’époque médiévale – en compétitions organisées pour discipliner les jeunes élèves turbulents1. Les bons vieux amis diplômés de ces collèges privilégiés fondèrent par la suite des clubs sportifs dans les universités, ainsi que la majorité des organisations sportives nationales. Le supposé potentiel « civilisateur » du sport fut peu à peu appliqué à de plus vastes contextes ; ainsi, on prôna les jeux d’équipe comme moyen pour former le caractère des mâles hétérosexuels bourgeois. Pendant la deuxième moitié du xixe siècle, cet ethos mâle, blanc, hétérosexuel, anglo-saxon et bourgeois – incarné par les gentilshommes qui pratiquaient le sport en amateur et uniquement pour le plaisir – commença à dominer dans tout l’Empire britannique et dans quasiment le monde entier2. Au cours de sa diffusion, le sport subit diverses transformations sous l’influence d’une variété de mouvements sociaux, d’idéologies et de réalités locales. On peut mentionner entre autres : le christianisme musclé ; l’eugénisme ; le racisme ; différents courants du fascisme et du marxisme-léninisme ; le darwinisme social ; le nationalisme ; les programmes d’éducation physique, de santé publique et d’hygiène parrainés par les gouvernements ; la myriade de ligues sportives religieuses, policières, militaires, de la jeunesse et d’immigrants ; et le romantisme néoclassique (incarné par la renaissance, sous l’égide de Pierre de Coubertin, des Jeux olympiques antiques à titre de festival international de la corporalité masculine et de la diplomatie). Au cours du xxe siècle, cette forme exclusive du sport devint, en apparence, plus démocratique tout en étant sapée par les processus conjoints de la commercialisation, de la marchandisation, de la mondialisation, de la bureaucratisation, de la professionnalisation et de la « gouvernementalisation »3. C’est alors que les classes ouvrières, les gens de couleur et les femmes eurent accès à certains sports. L’entrée des femmes dans ce domaine jusque-là entièrement masculin illustre le double mouvement d’endiguement et de résistance typique des luttes culturelles entre groupes dominants et groupes dominés4. D’un côté, la présence de femmes athlètes énergiques et
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robustes – en particulier dans des sports traditionnellement réservés aux hommes, tels que l’haltérophilie, la boxe, le culturisme, les arts martiaux, le rugby et le hockey sur glace – vient démontrer que les prouesses sportives ne sont pas « naturellement » masculines. De l’autre côté, la présence de corps féminins physiquement puissants constitue une menace pour les hommes, suscitant une « hystérie » masculine et des tentatives pour freiner les aspirations des femmes et leur résistance à l’exclusion que leur imposent les hommes. Ainsi, le sport demeure l’un des terrains majeurs pour la délimitation et l’élaboration des idéologies de la suprématie masculine5. À cet égard, il n’est pas étonnant de constater qu’il y a presque deux fois plus d’épreuves pour les hommes que pour les femmes aux Jeux olympiques d’été et que certaines nations, membres du Comité international olympique(CIO), interdisent aux femmes de participer aux Jeux. Le sport est également utilisé pour marquer la différence, non seulement entreles hommes et les femmes (« Tu joues comme une fille ! ») mais aussi entre les hommes (« Tu joues comme un pédé ! ») et entre les femmes (voir l’homophobie envers les athlètes que l’on « soupçonne » ou que l’on « sait » lesbiennes) ; le cas d’Amélie Mauresmo constitue un exemple éloquent du dernier point6. Dans le présent article, nous étudions le régime sexuel du sport en nous fondant sur des recherches récentes portant sur les hommes et les masculinités. Nous verrons que, malgré le caractère tenace des liens entre les hommes, les masculinités et le sport, il s’agit d’un contexte idéal pour « étudier par le haut » (studying up7) l’ordre hiérarchique de genre dans l’univers sportif.

Origine et évolution de la recherche sur les hommes, les masculinités et le sport
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Jusque dans les années 1960, la plupart des recherches sur le sport, en sciences humaines et sociales, étaient descriptives, positivistes et ne tenaient pas compte du genre. Bien que des critiques féministes et marxistes soient apparues au cours des années 1970, les auteurs ne spécifiaient pas l’identité de genre lorsqu’il était question des hommes ; pourtant, l’histoire « officielle » du sport moderne n’en était pas moins en grande partie écrite par les hommes, pour les hommes et sur les hommes. Dans les années 1980, la théorie féministe critique provoqua un tournant dans la recherche, avec des chercheurs exposant comment le sport construit et renforce les relations de pouvoir selon le genre. La dernière décennie a vu s’accroître de façon exponentielle le volume des travaux ainsi que la diversité des approches théoriques et méthodologiques8. Tout comme les études sur le sport en général, la recherche sur les hommes et les masculinités s’inspire actuellement de nombreux domaines : la psychanalyse, les études sur les hommes, et celles sur les femmes, les études de genre, les études queer (gays et lesbiennes), les cultural studies, l’étude des médias, les études postcoloniales, l’anthropologie, l’histoire, la sociologie, le poststructuralisme, le postmodernisme, l’analyse textuelle, la sémiotique, les enquêtes, les entretiens et l’analyse du discours9. Malgré la diversité de cette gamme de disciplines, de théories et de méthodes, R. W. Connell est probablement celui qui a le plus marqué les recherches récentes. Ce sociologue australien prône une approche proféministe et une attitude positive envers l’homosexualité et les hommes dans les études sur les masculinités et les hommes. Du point de vue proféministe, les hommes et les femmes sont minés par ce qu’il appelle la « masculinité hégémonique »10 – c’est-àdire la forme culturellement idéalisée du caractère masculin qui met l’accent sur les liens existant entre la masculinité et la rudesse, l’esprit de compétition, la subordination des femmes et la marginalisation des gays. Selon Connell, la masculinité n’est pas une « structure de caractère appauvrie », comme certains critiques l’affirment, mais plutôt une « plénitude »11. Il soutient cependant que « cette caractéristique spécifique de la masculinité hégémonique est oppressive, car elle se fonde sur la subordination des femmes et la renforce ». En outre, selon cet auteur, le problème ne réside pas dans la masculinité en tant que telle, mais plutôt dans
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le fait qu’une façon très restrictive d’être un homme est prônée comme la façon dont tous les hommes devraient se comporter. Un autre trait distinctif de l’approche proféministe renvoie à l’engagement envers ce que Connell appelle « l’étude par le haut » (studying up) de l’ordre social de genre12; cela signifie que les hommes qui sont relativement privilégiés devraient utiliser leur position sociale afin d’examiner les inégalités de genre et de promouvoir l’équité. Cette position proféministe engendre des tensions évidentes : « Dans un ordre de genre où les hommes sont favorisés et les femmes, défavorisées, toute réforme structurelle majeure va, à première vue, à l’encontre des intérêts des hommes »13. Se pose alors la délicate question des raisons qui motiveraient les membres de n’importe quel groupe dominant à étudier leurs pouvoirs et privilèges. En outre, même des spécialistes masculins bien intentionnés peuvent être complices du fait qu’on accorde davantage de légitimité à leurs recherches qu’à celles des femmes, et ce, simplement parce que leurs recherches impliquent que des hommes étudient la vie des hommes. Le risque serait alors que les générations suivantes d’intellectuels ne lisent que les « canons » masculins, passant outre au travail des spécialistes féministes qui ont préparé le chemin aux études critiques sur le sport et le genre. Heureusement, les recherches récentes ont été marquées par des études complémentaires effectuées par des femmes féministes et des hommes proféministes, ainsi que par des collaborations entre féministes et proféministes. Bref, les études récentes sur les hommes et les masculinités dans le sport ont été alimentées de façon importante par le dialogue entre hommes et femmes – un échange qui augure bien pour l’avancement des connaissances et les interventions politiques. Voici maintenant un aperçu sélectif de quelques-unes de ces recherches que nous avons regroupées en cinq secteurs : les organisations sportives, les corps et le modèle de « puissance et performance » du sport, la violence, les médias et les défis et transgressions.

Les organisations sportives
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Connell soutient que les régimes sexuels (par exemple, la famille, l’éducation, le sport, l’armée, le travail, la religion) peuvent être analysés en fonction de quatre axes interdépendants : la main-d’œuvre (les mesures liées au travail), le pouvoir (les formes implicites et manifestes de coercition et de consentement physique et économique), l’investissement (les structures émotionnelles de la sexualité) et les symboles (les modèles de représentation). Il est possible de trouver ces quatre structures de genre dans presque toutes les organisations sportives. Par exemple, la vaste majorité de la centaine de membres du CIO et des présidents de plus de 170 comités nationaux olympiques sont des hommes ; en outre, les hommes représentent environ 80 % des entraîneurs nationaux et des directeurs administratifs dans la plupart des organisations sportives nationales14. Certaines organisations sportives refusent encore d’accepter des femmes à titre de membres à part entière. Chaque année, le club privé Augusta National Golf Club, dont les quelque 300 membres proviennent des milieux politiques et d’affaires américains, organise The Masters, l’une des plus prestigieuses manifestations sportives au monde. En 1990, cédant à la critique, le club a finalement admis son premier membre afro-américain. Cependant, il refuse toujours d’accepter les membres féminins, malgré les fortes protestations des groupes de femmes, des médias, des politiciens et des entreprises. Lorsque le président de l’Organisation nationale des femmesa fait pression sur les commanditaires de la télédiffusion de l’événement – à savoir Coca-Cola, General Motors et Citigroup – pour qu’ils retirent leur soutien au Masters 2003, le président de l’Augusta National Golf Club a réagi en annulant toute la publicité15. Les divisions de genre sont également évidentes dans la ségrégation verticale et horizontale des hommes et des femmes occupant des positions d’autorité ou des fonctions administratives de l’organisation sportive de base jusqu’au niveau professionnel. Les hommes travaillent généralement dans les secteurs « durs » (par exemple, finances, marketing, planification des
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politiques, dépistage de talents, sciences du sport, sports d’élite, sports olympiques et épreuves masculines) et les femmes, dans les domaines « mous » (par exemple, action positive, sports des jeunes, personnes handicapées, épreuves féminines, ressources humaines et relations publiques16). De plus, les femmes assument souvent des fonctions de soutien en tant que conductrices, cuisinières, blanchisseuses, secrétaires et meneuses de claque – tâches que les hommes exécutent rarement, surtout pour des sportives. Ainsi, les femmes facilitent les activités sportives des hommes au détriment de leur propre temps libre17.

Les corps et le modèle de « puissance et performance » du sport
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La plupart des organisations sportives se donnent pour mission de produire des corps qui correspondent à ce que Coakley appelle un modèle de « puissance et performance » du sport18, fondé sur l’utilisation de la force, de la vitesse et du pouvoir en vue de repousser ses limites et d’établir des records ; la mise en péril de son bien-être dans la quête du succès ; le traitement des adversaires comme des ennemis à dominer ; l’obéissance aux propriétaires, aux entraîneurs et aux administrateurs ; la vision du corps comme une machine. Si le sport représente un symbole vraisemblablement très convaincant de la masculinité hégémonique, c’est en partie parce qu’il incarne précisément l’apparente supériorité naturelle des hommes sur les femmes. Alors que la force physique a perdu beaucoup de son importance dans le maintien des idéologies de la supériorité masculine dans la plupart des institutions, la puissance brute proprement dite – que de nombreux sports exigent – demeure encore perçue comme une preuve matérielle et symbolique de l’ascendance biologique des hommes. Ainsi, les hommes peuvent prétendre que leurs performances sportives seront toujours plus rapides, plus hautes, plus longues et plus fortes que celles des femmes :
L’organisation institutionnelle du sport comporte des relations sociales clairement définies : la compétition et la hiérarchie entre les hommes, l’exclusion ou la domination des femmes. Ces relations sociales de genre sont concrétisées et symbolisées dans les performances physiques. Les grandes prouesses sportives des hommes sont donc devenues la preuve symbolique de [leur] supériorité et de [leur] droit à dominer19.

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Dans le cadre de ce modèle de « puissance et performance », les hommes ont été encouragés à prouver le bien-fondé de leur masculinité en traitant leur corps comme des machines et des armes. Les pratiques corporelles en vigueur dans les sports de combat sont probantes à cet égard. Ainsi, les boxeurs retirent du prestige et du pouvoir en sachant qu’ils font partie du petit nombre d’hommes qui incarnent précisément la masculinité hégémonique. Quatre années sont nécessaires pour produire un « amateur expérimenté », et trois ans supplémentaires pour former un professionnel compétent20. Dans le but de créer le capital pugilistique requis, les boxeurs doivent s’engager dans une routine ardue d’entraînement quotidien. Cette routine exténuante comprend du travail sur le ring, au sol ainsi que de la course21et l’adhésion à la « trinité du sacrifice pugilistique »22 : un régime nutritionnel strict, la limitation sévère de la vie sociale et familiale et l’interruption des rapports sexuels pendant une période prolongée avant les combats23. Les termes utilisés par Wacquant pour décrire la carrière d’un boxeur professionnel sont également révélateurs : « gladiateur des temps modernes », « guerrier du ring », « torture », « dévotion monastique » et « spartiate volontaire ». L’auteur mentionne que de telles pratiques physiques produisent finalement un corps qui est « à la fois une arme d’assaut et la cible à détruire », ainsi que « le centre d’une perpétuelle attention » dans un gymnase qui représente « une fabrique sociale visant à transformer les corps humains en quasimachines de combat »24. Ce système de pédagogie pugilistique constitue « un mécanisme

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quasi-panoptique qui, idéalement, soumet le boxeur à une surveillance permanente afin qu’il fasse l’accumulation maximale de capital corporel en vue du combat »25 .

La violence
Les sports de contact sont l’un des quelques domaines de la vie publique dans lesquels la force et l’intimidation peuvent encore triompher, où les hommes qui aiment frapper peuvent encore s’amuser à le faire, et où d’autres vont célébrer leur robustesse et leur volonté à se sacrifier .
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Les corps produits par le modèle de « puissance et performance » du sport font partie de la triade de la violence des hommes envers eux-mêmes, envers d’autres hommes et envers les femmes et les enfants27. Le fait de considérer leur corps comme des machines et des armes suppose que, fréquemment, les hommes se soucient peu des effets délétères de leurs pratiques, ce qui les conduit à se surentraîner, à consommer des produits dopants, à supprimer la douleur mentale et physique et à participer à des compétitions alors qu’ils sont blessés, et ce, souvent à l’aide d’analgésiques28. La violence des hommes envers d’autres hommes se manifeste de maintes façons : l’aspect combatif omniprésent dans les compétitions, les rituels sadiques d’initiation des recrues dans plusieurs sports d’équipe, ainsi que la violence des supporters lors d’affrontements « spontanés » pendant les matchs et lors des rituels de violence des hooligans au football. À titre d’illustration, une jeune recrue a été sodomisée avec un manche de balai lors de l’initiation des joueurs de l’équipe de football (les Redmen) de l’Université McGill (Québec, Canada) ; suite à la plainte déposée par le jeune joueur de 18 ans, la saison des Redmen a été annulée29. On a porté une attention croissante à la violence des hommes dans le sport envers les femmes et les enfants à la suite d’une série de procès pour agression, viol et meurtre impliquant des athlètes américains de prestige, ainsi qu’à la suite d’accusations d’agression sexuelle portées contre des membres de clubs de football d’Australie et d’Angleterre, et de peines d’emprisonnement prononcées contre des entraîneurs pour la même raison. Selon Messner, l’agression sexuelle dans le sport ne peut pas s’expliquer par un seul facteur, mais plutôt par un ensemble de causes, telles que certaines activités visant à « resserrer les liens » au sein de certaines équipes sportives, la consommation d’alcool, l’incapacité des hommes à éprouver de l’empathie ainsi que les gratifications que les athlètes masculins retirent de leur participation, de leur complicité, ou de leur silence, relativement à des pratiques homophobes, misogynes et violentes30. Même si on le célèbre en tant qu’agent pédagogique ou « formateur de caractère », le sport peut engendrer l’obéissance aveugle aux figures d’autorité, bafouer l’autonomie personnelle et mener à l’excès de conformisme au regard des normes du groupe tant sur le terrain qu’à l’extérieur31. Bref, à l’instar de membres d’autres groupes masculins compétitifs très unis (unités militaires, bandes, fraternités étudiantes), les sportifs se comportent parfois de façon méprisante et violente envers les femmes, les enfants et les homosexuels32.

Les médias
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Il est possible de considérer le sport médiatisé comme l’une des plus importantes institutions sociales définissant les formes préférées et dépréciées de masculinité et de féminité ; le sport médiatisé initie les garçons et les hommes (et, par la même occasion, les filles et les femmes) à « l’art » de la masculinité canonique33. Ainsi, l’ensemble des causes de la violence des hommes, précédemment décrite, à la fois engendre et est engendrée par les « préceptes de virilité des sports » caractéristiques des médias de masse ; ces préceptes encouragent les hommes à prouver leur masculinité en prenant des risques, en se comportant violemment et en supportant la douleur et les blessures, ainsi qu’en dévalorisant les femmes et en les utilisant
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comme objets sexuels34. On décrit souvent les athlètes masculins comme des « young guns », « top guns » et des « hit men » qui participent à des « attaques éclair », à des « batailles » ou à des « fusillades » dans lesquelles ils « écrasent » et « expulsent » leurs adversaires en « allant au front ». L’exaltation de la violence des athlètes masculins dans les médias signifie également que, plutôt que de présenter les attaques, les blessures et les décès comme graves ou antisociaux, on les excuse, ou même on les glorifie, comme « faisant partie du jeu » ou comme « agissant comme un homme doit agir ». En outre, les médias participent à la disculpation d’athlètes masculins ayant commis des agressions sexuelles contre des femmes. Cette disculpation prend parfois la forme d’une condamnation de la victime, soit en attribuant le comportement violent des hommes à des forces personnelles et externes qu’ils ne sont pas, prétend-on, en mesure de maîtriser, soit en les dépeignant comme des cas aberrants et pathologiques, ou soit encore en les considérant eux-mêmes comme des victimes – ils seraient la proie de groupies qui consentent au sexe en groupe et ensuite déposent de fausses plaintes35. Les discours hégémonistes sur la masculinité sont également présents dans la façon dont les médias de masse représentent le corps des hommes. Le sport est l’un des rares domaines dans les médias de masse où le corps des hommes est montré plus souvent, et dans un éventail plus large d’activités, que celui des femmes36. Cependant, Morse observe également que, puisque le fait de regarder des objets constitue autant un privilège qu’un instrument de pouvoir, il existe une réticence profondément enracinée à faire des corps masculins (supposément hétérosexuels) un objet d’homoérotisme et de voyeurisme (le plaisir de regarder). Morse soutient que les médias minimisent les occasions où les athlètes masculins pourraient être observés de façon homoérotique ou voyeuriste ; pour ce faire, ils présentent leurs corps comme des objets scientifiques engagés dans le dépassement des limites de la performance humaine. L’image de l’homme en tant que machine supplante donc celle de l’homme exhibitionniste ; les athlètes masculins sont entourés d’une « aura scientifique » et servent à maintenir une « image fantasmatique de la perfection masculine ». L’image du corps sportif masculin de haut niveau, lequel est inlassablement étudié, examiné et célébré, n’est pas confinée au terrain de jeu. Le questionnement concernant le caractère éternel ou temporaire, universel ou spécifique, de la supériorité des hommes par rapport aux femmes n’est pas un aspect simplement technique des discours sportifs. Les assertions concernant la domination masculine sont véhiculées à travers des métaphores et des extrapolations qui proposent des homologies entre les « succès » quantifiables sur le terrain et à l’extérieur, intégrant ainsi des domaines comme les affaires, les sciences, les arts et les rapports spatiauxquotidiens entre les hommes et les femmes37. En revanche, l’utilisation du corps sportif féminin comme objet sexuel d’une façon semblable à celle de la pornographie douce – par la représentation essentiellement passive de la femme athlète et comme objet du regard masculin – est évidente dans des productions de type « pin up » ou de pornographie douce telles que l’édition spéciale sur les maillots de bain de l’hebdomadaire américain Sports Illustrated 38. On ne peut également passer sous silence l’industrie des boissons alcooliques, l’un des plus grands commanditaires du sport, dont les publicités représentent souvent des groupes d’hommes hétérosexuels consommant des boissons alcooliques et regardant des femmes dans des décors sexualisés. Nous allons voir plus loin que la commercialisation et la marchandisation croissantes du sport ont par ailleurs contribué à rendre plus complexes les relations entre les hommes, les masculinités et la sexualité.

Les défis et les transgressions
Comme tous les construits idéologiques, la masculinité est constamment menacée – elle ne peut jamais s’endormir sur ses lauriers… [Elle] doit être perpétuellement réaffirmée, reconquise. Cette nécessité permanente de reproduire la masculinité est l’une des raisons sous-jacentes de la

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popularité de l’exposition fréquente de la performance masculine […]. La masculinité doit, dans le patriarcat, être en mesure de faire face à toute situation ; elle devient moins une construction d’homme que de surhomme39.
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Le portrait tracé par Fiske n’est pas encourageant pour les spécialistes et les activistes progressistes. Malgré toute la rhétorique populaire sur le « nouvel homme », très peu d’entre eux semblent présents dans le sport contemporain. Néanmoins, il serait trompeur d’affirmer que la masculinité hégémonique est monolithique, irréductible et incontestée. Fiske reconnaît également que « la cuirasse » de la masculinité hégémonique contient de nombreuses « fissures » et qu’elle doit continuellement se défendre contre diverses attaques. Selon Connell « l’autorité des hommes n’est pas uniformément répandue dans toutes les sphères de la vie sociale »40. Ainsi, l’hégémonie masculine fait constamment face à l’opposition de ce que Connell appelle les masculinités et les femmes « subordonnées », « marginalisées » et « de protestation ». Elle est ausssi minée, quoique de façon inégale, par la marchandisation et la mondialisation. De crainte de paraître unilatéralement négatifs, nous examinerons maintenant certains processus qui ont brouillé les masculinités sportives traditionnelles, bien que de façon contradictoire, et nous conclurons en proposant certaines perspectives de recherche qui pourraient augmenter le potentiel émancipatoire de « l’étude par le haut » du régime sexuel du sport.

La marchandisation et la culture de consommation
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Les corps humains sont devenus un lieu de plus en plus visible des besoins et des désirs personnels dans le contexte du capitalisme de consommation. Dans la culture de consommation, nos corps intérieurs et extérieurs sont « unis » avec « l’objectif principal de l’entretien du corps intérieur par la mise en valeur de l’apparence du corps extérieur ». Le corps a donc été reconfiguré comme « …un véhicule de plaisir et d’extériorisation […] plus le corps réel se rapproche des images idéalisées de jeunesse, de santé, de bonne condition physique et de beauté, plus la valeur d’échange sera élevée »41. Featherstone soutient que la confluence de la culture de consommation et du narcissisme a produit « une nouvelle conception de soi […], le “soi performant” […] [qui] met davantage l’accent sur l’apparence, l’étalage et la gestion des impressions que l’on peut dégager »42. L’infiltration de la culture de consommation dans le sport a eu des effets inégaux sur les hommes et les masculinités. D’une part, elle marchandise le corps des hommes de diverses origines ethniques et raciales, tout en dépolitisant les « menaces » que représentent les hommes non blancs43. D’autre part, étant donné que le sport fait maintenant partie intégrante de l’industrie mondiale du spectacle, l’athlète est obligé en tant que célébrité de gérer son apparence et ses émotions de façon à ce qu’elles soient conformes aux diktats marchands des entreprises commanditaires et des consommateurs44. À titre d’exemple, lorsque David Beckham — capitaine d’une équipe britannique de football et idole de la mode mondialement reconnu — accompagne son épouse – une vedette du pop – à une cérémonie en étant vêtu d’un sarong, on applaudit le « métrosexuel » par excellence qui fournit une solution de rechange à la masculinité traditionnelle45. Au cours d’un entretien en profondeur avec un athlète australien, qui représente vraisemblablement l’incarnation de la masculinité hégémonique, Connell a observé une profonde contradiction dans « l’articulation du soi et du corps » : le corps est investi d’une accréditation sociale narcissique à titre d’objet visant l’amélioration et le succès professionnels, mais ce narcissisme est instable et ne peut jamais être satisfait46. Les propos de l’athlète indiquaient qu’il était en constant besoin d’autosurveillance et de renouveau concernant son corps marchandisé, et ce, afin de demeurer compétitif et donc négociable pour les commanditaires. Le cas du nageur Ian Thorpe, acclamé comme le plus grand
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olympien australien, est aussi éloquent ; reconnu comme célébrité mondiale de la mode, il fait de la publicité pour sa gamme de sous-vêtements et cultive délibérément un personnage sexuellement ambigu :
Le tourbillon social de Thorpe est documenté quotidiennement dans la presse… Il adore la vodka et le café, il jardine et partage son coiffeur avec [l’actrice] Nicole Kidman. Il conduit une Audi, porte des perles, une montre Omega et des vêtements Armani ; il change de couleur de cheveux aussi souvent que de sous-vêtements griffés […] Thorpe s’est certainement servi de sa popularité pour en tirer des profits financiers et il constitue le rêve des spécialistes du marketing, comme en fait foi le nombre imposant de ses commanditaires47.
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Les corps sportifs sont ainsi produits dans des conditions socio-politiques qui à la fois renforcent les structures de pouvoir existantes et s’y opposent, contrecarrant ainsi la stabilité et la cohérence des identités de genre. Il est donc possible d’envisager le corps des athlètes masculins comme un terrain où les relations de pouvoir sont affirmées, testées et contestées sur divers plans.

Allosexuer (queering) la masculinité hégémonique
J’aime porter des vêtements féminins, car ça me plaît et ça fait ressortir mon côté féminin, et non parce que ça vend des livres. J’aime aller dans les bars gais et fréquenter des ALLOSEXUELS (QUEERS), des TRAVESTIS et des TRANSSEXUELS parce que je les trouve beaucoup plus intéressants que les mecs casse-couilles que je rencontre dans les vestiaires et sur les terrains de basket. J’aime me teindre les cheveux, poser nu et exhiber mes tatouages parce que c’est une façon d’exprimer ma liberté et mon individualité. Je vis ma vie avec abandon et transparence, car je n’ai pas peur de laisser les gens voir qui je suis. » « J’AI DÉJÀ EMBRASSÉ DES HOMMES, et j’ai plusieurs fois fantasmé sur des hommes. Mais, est-ce que j’ai déjà taillé une pipe à un mec ? Est-ce qu’un homme m’en a déjà taillé une ? Est-ce que j’ai déjà eu une relation anale avec un mec ? PAS ENCORE. Les plaisirs du SEXE occupent cinquante pour cent de la vie en NBA. Les autres cinquante pour cent, c’est le FRIC. Peut-être que, MENTALEMENT, je suis bisexuel .
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Ces commentaires soigneusement orchestrés par l’ancien basketteur professionnel afroaméricain Dennis Rodman � un archétype d’« homme viril » � illustrent certaines contradictions découlant de la marchandisation et de la commercialisation croissantes des athlètes masculins ainsi que de l’influence de la culture allosexuelle dans le sport49. Rodman s’habille publiquement en femme, affiche des cheveux multicolores, de nombreux tatouages et percings, et exprime des commentaires scabreux à des journalistes à l’affût de célébrités. Ian Roberts, autrefois l’un des plus rudes joueurs de rugby d’Australie, déclare fièrement son homosexualité, à l’instar du Samoan-Hawaïen Esera Tuaolo, ancien joueur professionnel de football américain, ainsi que de nombreux médaillés olympiques comme le plongeur américain Greg Louganis et le nageur canadien Mark Tewksbury. Bien qu’il soit important de ne pas généraliser abusivement ces nouvelles pratiques (ou de croire que le sport a cessé d’être un domaine extrêmement homophobe), elles indiquent néanmoins que même le sport d’élite n’est plus exclusivement réservé aux hommes blancs hétérosexuels ; nous faisons bien sûr ici allusion au régime sexuel qui prévalait dans les terrains de jeu hétérosexistes entièrement blancs de la Grande-Bretagne victorienne.

Les hommes non-blancs
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Un autre défi potentiel que doit relever la masculinité hégémonique provient du fait que beaucoup d’athlètes masculins de haut calibre dans le monde ne sont pas blancs. Ce
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phénomène pose des problèmes au maintien de la masculinité hégémonique, car, dans les sociétés occidentales, cette dernière a été intimement associée à la notion de suprématie de l’homme blanc50. Le sport peut donc fournir aux hommes des minorités une occasion de désavouer l’héritage de l’impérialisme et du colonialisme qui les ont relégués au statut de ceux que l’on désigne « les autres ». Même Le Pen et ses partisans se sont trouvés confrontés à la victoire de l’équipe française « multiraciale » lors de la Coupe du monde de 199851. Toutefois, le double mouvement d’endiguement et de résistance mentionné en début d’article relativement aux femmes dans le sport s’applique également aux gens des minorités. Ainsi, les athlètes noirs « victorieux » sont rapidement « reclassés ». Ce fut le cas du Canadien d’origine jamaïcaine Ben Johnson lorsqu’il pulvérisa un record mondial et remporta l’or au 100m des Jeux olympiques de Séoul en 1988. Sur le coup, il fut reconnu comme un héros national au Canada. Mais à la suite de sa disqualification pour usage de substances destinées à accroître la performance, les médias ont rapidement reconfiguré son identité nationale et raciale. Un caricaturiste a représenté cette transformation progressive de l’identité de Johnson en trois dessins : « un Canadien remporte une médaille d’or », « un Jamaïcain-Canadien est accusé d’usage de stéroïdes » et « un Jamaïcain est dépouillé de sa médaille d’or »52. Lorsque les médias célèbrent les hommes sportifs noirs, ils renforcent souvent par la même occasion les mythes sur leur présumée caractéristique animale, leurs avantages génétiques et leurs prouesses sexuelles. Les médias représentent également les athlètes noirs (hommes et femmes) avec un discours imprégné de « racisme éclairé » (enlightened racism) qui fournit des stéréotypes non menaçants et sécurisants au public blanc53. Les athlètes noirs sont également la cible de diffamation raciale à la fois de la part des adversaires et des spectateurs54. En outre, malgré leur prestige sur le terrain, les hommes noirs sont encore subordonnés aux blancs qui possèdent, dirigent et gèrent le sport. Certains chercheurs affirment même que la surreprésentation d’hommes noirs dans certains sports renforce en fait le racisme en suggérant une relation entre le caractère proprement physique et la couleur55, créant ainsi une sorte de « piège à sportifs » (jock trap)56. Comme l’a bien montré Wacquant, la boxe illustre cette dynamique paradoxale en permettant aux hommes noirs d’obtenir honneurs et respect, tout en reproduisant la masculinité hégémonique, l’inégalité des classes et le racisme au sein d’une classe exploitée composée majoritairement d’hommes noirs. En résumé, les réalisations des hommes sportifs issus des minorités peuvent bouleverser la masculinité hégémonique, tout en réaffirmant les représentations stéréotypées véhiculées par le discours dominant.

Des solutions de rechange au modèle de « puissance et performance »
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Bien que le modèle de « puissance et performance » du sport soit culturellement dominant, la population pratique du sport à divers niveaux et pour une variété de raisons. Coakley note que la plupart des gens s’inscrivent en fait davantage dans un modèle de « plaisir et participation » qui met l’accent sur une adaptation de la pratique en fonction des habilités physiques personnelles ; la maximisation du bien-être ; les relations démocratiques entre les athlètes, les entraîneurs et les administrateurs ; les liens holistiques entre l’esprit, le corps, les gens et le contexte ; et le soutien et souci mutuels entre les participants57. Ce modèle est davantage manifeste dans les ligues de jeunes, les programmes d’éducation physique, les programmes de loisirs communautaires, les Mastersports, les groupes de revendication de femmes sportives, les groupes antiracistes, les mouvements de sports aborigènes ainsi que les organisations sportives qui visent les minorités sexuelles et sont dirigées par elles. Lors des IVe Jeux gays, à New York, des milliers de personnes venant du monde entier ont participé à 30 épreuves différentes. En plus de renforcer la solidarité
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et de réfuter les mythes homophobes sur les athlètes, les Jeux gais ont remporté un vif succès car ils se fondent sur l’inclusion plutôt que sur l’exclusion et ils valorisent davantage le fait de participer que de gagner. En fournissant un terrain d’expression aux nouvelles permutations de genre dans le sport, les Jeux gays constituent une solution de rechange aux pratiques machistes, âgistes, homophobes, racistes et corporatistes qui imprègnent le sport traditionnel58. En dépit de leur marginalité et du fait qu’elles sont exposées à la cooptation59, de telles solutions de rechange peuvent fournir un point de départ en vue d’accroître les pratiques sportives égalitaires et prosociales et en vue d’encourager une éthique du soin60. La plupart des recherches menées au cours des années 1990 ont mis l’accent sur les aspects négatifs du sport tant chez les hommes que chez les femmes, tels la misogynie, le racisme, l’homophobie, les abus sexuels et le harcèlement, la douleur, les blessures et la « conformité masculine au groupe ». Bien que ces questions revêtent encore une importance capitale, il faut reconnaître que la plupart de ces travaux ciblaient les sports de haut niveau. Les études récentes suggèrent que des contextes moins hiérarchiques, moins corporatistes et moins étatisés sont en mesure de fournir des relations et des identités de genre plus égalitaires61. La plupart des recherches des années 1990 ont également souligné les formes « appauvries » de la masculinité hégémonique construites dans et par le sport, tandis que les nouveaux travaux suggèrent que certains contextes peuvent faciliter les rapports entre les hommes62.

Quelques perspectives de recherche
Une abondance de preuves montrent que les représentations culturelles de la masculinité et les modes de vie actuels des hommes varient radicalement entre les cultures. Ce qui est masculin dans le désert central d’Australie est différent de ce qui l’est à New York, et les deux sont différents de ce qui est masculin dans les Eastern Highlands de la Papouasie–Nouvelle-Guinée. Les définitions de la masculinité changent au cours de l’histoire et elles sont différentes au sein de chaque culture à chaque période dans le temps .
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Nous aimerions conclure en signalant certaines perspectives de recherche, émergeantes et sous-étudiées, qui fournissent d’autres possibilités « d’étudier par le haut » le régime sexuel du sport. La plupart des recherches que nous avons mentionnées mettent à juste titre l’accent sur les hiérarchies fondamentales de genre qui persistent encore dans la sphère sportive. Toutefois, cette approche simplifie parfois à l’excès et universalise les relations et les identités de genre. Bien que ces études ont apporté des connaissances de grande valeur sur les hommes et les masculinités à de nombreux microniveaux64, Connell estime qu’il est crucial de mettre en évidence les relations entre les situations locales et les processus mondiaux. Par exemple, alors que Nike présente dans ses publicités des images de femmes et d’hommes sportifs de couleur originaires des pays capitalistes industrialisés, il n’en continue pas moins d’exploiter les femmes et les enfants de couleur qui peinent dans ses ateliers de misère dans les pays en développement65. Bien qu’il existe un nombre croissant de recherches sur les hommes de couleur (surtout au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis), il est nécessaire de mener davantage de recherches sur des hommes d’autres horizons ethniques et raciaux issus de nations non occidentales66. Il existe peu de recherches sur les hommes vieillissants et les hommes handicapés, possiblement parce que les images qu’ils évoquent constituent l’antithèse de la masculinité hégémonique67. Il est également nécessaire d’effectuer des recherches plus approfondies sur les multiples croisements d’inégalités entre l’âge, la génération, les handicaps, la race, l’ethnicité, la classe sociale et les sexualités68. Il nous semble en outre nécessaire d’entreprendre de nouvelles recherches sur les pratiques pédagogiques qui motiveront les athlètes, les étudiants et les pratiquants masculins à mettre en place des solutions de rechange à la masculinité hégémonique dans le sport (The Mentors in Violence Prevention Program ; Tough Guise)69. Dans tous ces projets, il est crucial que les
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Sport et masculinités

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35 Messner et Stevens 2002. 36 Morse 1983, 37 Wenner 1998. 38 Davis 1997. 39 Fiske 1986 : 262. 40 Connell. 41 Featherstone 1991 : 170-177, citation : 171. 42 Featherstone 1991 : 187. 43 Cole et Andrews 2001 ; Carrington, 2001 ; Carrington et Macdonald 2001 ; McDonald et Andrews, 2001 ; McKay, 2005. 44 Andrews et Jackson 2001 ; Jackson et Andrews 2005 ; Miller 2001. 45 Cashmore 2002 ; Simpson 2002 ; Whannel 2001. 46 Connell 1990b. 47 Jeffery 2005 : 29. 48 Rodman 1997 (typographie du texte original). 49 Dunbar 2000 ; Lafrance et Rail 2001 ; Miller 2001. 50 Rowe et coll. 2000. 51 Dauncey et Hare 2000. 52 Jackson 1998. 53 McKay 2005. 54 Carrington 2001. 55 Fleming 2001. 56 Hoberman 1997. 57 Coakley 2004 : 98-100. 58 Elling et coll. 2003. 59 Jones et LeBlanc 2005 ; Markwell et Rowe 2003 ; Pronger 2000. 60 Burstyn 1999 ; Markula 2004 ; Sabo 2005 ; Van Ingen 2004. 61 Wheaton et Tomlinson 1998 ; Thorpe 2005. 62 De Garis 2000 ; Klein 2000. 63 Connell 1992 : 34. 64 Connell 2000 et 2003. 65 McKay 2005. 66 Archetti 1999 et 2001 ; Bale 2001 ; Beckles 2001 ; Chung 2003 ; Corrigan 2001 ; Hirai 2001; Hokowhitu 2003 ; Klein 2000 ; McClancy 1996 ; McGuire et coll. 2001. 67 Boyle et McKay 1995 ; Duncan et Aycock 2005. 68 Dworkin et Wachs 2000 ; Laberge et Albert 2000. 69 Burstyn 1999; McKay 2002 ; Messner et Stevens 2002. Pour citer cet article
Référence électronique Jim McKay et Suzanne Laberge, « Sport et masculinités », CLIO. Histoire, femmes et sociétés [En ligne], 23 | 2006, mis en ligne le 01 juin 2008. URL : http://clio.revues.org/index1908.html

À propos de l'auteur
Jim McKay Jim McKAY est professeur de sociologie à l'École des sciences sociales à The University of Queensland; il enseigne des cours sur le genre et la culture populaire. Il a été éditeur du périodique International Review for the Sociology of Sport. Ses livres les plus récents sont : Managing Gender: Affirmative Action and Organizational Power in Australian, Canadian, and New Zealand Sport (1997, Albany, State University of New York Press) ; Men, Masculinities, and Sport, en collaboration avec Michael Messner et Donald Sabo (1999, Thousand Oaks, CA, Sage Pub.) ; et Globalization and Sport. Playing the World, en collaboration avec Toby Miller, Geoffrey Lawrence et David Rowe (2001, Thousand Oaks, CA Sage Pub.).

CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 23 | 2006

Sport et masculinités

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Droits d'auteur Propriété intellectuelle Résumé / Abstract

Cet article examine le régime sexuel du sport en se fondant sur des recherches récentes portant sur les hommes et les masculinités. Malgré le caractère tenace des liens entre les hommes, les masculinités et le sport, nous croyons que le sport constitue un contexte idéal pour « étudier par le haut », comme le propose Connell (1990), l'ordre hiérarchique de genre. Cinq secteurs de recherche sont abordés : les organisations sportives, les corps et le modèle de « puissance et performance » du sport, la violence, les médias, et les défis et transgressions. Nous concluons en présentant diverses avenues de recherche pour « étudier par le haut » l'ordre hiérarchique de genre en sport, i.e. comment les hommes qui sont relativement privilégiés devraient utiliser leur position sociale pour examiner les inégalités de genre et promouvoir l'équité en sport. Mots clés : corps, masculinités, régime sexuel, organisations sportives, masculinité hégémonique, violence, médias, racisme, transgression, queer

This paper examine the gender regime of sport with reference to recent research on men and masculinities. Despite the resilient nature of the links among men, masculinities, and sport, we argue that it represent an ideal context for ‘studying up' (as coined by Connelll 1990) the gender order. Five research areas are explored: sport organisations, bodies and the 'power and performance' model of sport, violence, medias, and challenges and transgressions. In conclusion, we consider some possibilities for future research for 'studying up' the gender order in sport, i.e. how relatively privileged men should use their positions to investigate gender inequalities and promote gender justice in sport. Licence portant sur le document : Propriété intellectuelle

CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 23 | 2006

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