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Brasilian Crisis 20th Century

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Submitted By pitl
Words 7382
Pages 30
LES CRISES BRESILIENNES AU 20EME SIECLE | GESTION FINANCIERE INTERNATIONALE |

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2012 – 2013

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 3 1. De la crise caféière à l’exubérance industrielle 4 1.1. La faiblesse brésilienne : la dépendance caféière au début du 20ème siècle 4 1.2. Une sortie de crise par la voie de l’industrialisation 6 2. Fin du « miracle économique » et succession de crises 9 2.1. Les origines de la crise de la dette des années 80 9 2.2. Crise de la dette : crise insoluble ? 10 2.2.1. Restructuration de la dette 10 2.2.2. Plans de stabilisation de l’inflation 11 2.2.3. Plan Baker et rééchelonnement de la dette 11 2.2.4. Plan Brady et réduction de la dette 12 2.2.5. Plan Real 12 2.3. Crise cambiaire 13 CONCLUSION 14 BIBLIOGRAPHIE 15

INTRODUCTION
« Le Brésil est un pays d’avenir qui va le rester longtemps »
G. Clemenceau (1841-1929)

Force est de constater que le sort jeté par le politicien français a été conjuré. En effet, durant les crises successives qui ont récemment frappé l’économie mondiale, le Brésil a fait partie du groupuscule de pays qui ont tiré une croissance mondiale en pleine convalescence. La force du Brésil ? C’est avant tout sa taille. Avec une superficie faisant 13 fois celle de la France (8 511 965 Km²) le Brésil se situe au 5ème rang mondial. Ce pays-continent possède près de 200 millions d’habitants. Ces ressources humaines constituent un atout majeur puisqu’elles fournissent une main d’œuvre abondante et des débouchés alléchants. D’ailleurs le Brésil est, parmi tous les pays de l’Amérique latine, le lieu de destination privilégié des investissements directs européens (66 milliards de dollars en 2011).
Le géant brésilien se démarque, de surcroît, par l’importance et la variété de ses ressources naturelles : fer, pétrole, or, aluminium, bois, pour ne citer qu’eux. Le pays dispose d’immenses terres cultivables et d’un climat propice pour une agriculture rayonnante (aucune zone complètement répulsive, aucun espace glacial ou désertique). La combinaison de ces ingrédients explique pourquoi le Brésil est devenu le principal pourvoyeur de ressources naturelles des autres pays émergents (la Chine notamment). De plus, le Brésil est devenu leader mondial dans la production de soja (une des denrées agricoles les plus demandées), 4ème exportateur mondial de matières premières agricoles. Mais, l’ancienne colonie portugaise n’est pas seulement le « grenier » du monde ; sa puissance est aussi et surtout industrielle. Le Brésil a su se doter d’un tissu industriel solide et diversifié. Si la plupart de ces entreprises ont essentiellement une activité locale, certaines ont un rayonnement international : Vale (2ème groupe minier mondial), Embraer (3ème de l’industrie aéronautique mondiale), Petrobas (4ème groupe pétrolier mondial), Brazil Telecom, etc.

En outre, la croissance est stimulée par une vaste classe moyenne qui comprenait 66 millions de personnes en 2003, 95 millions en 2009 et devrait atteindre 113 millions en 2014. Cette arme supplémentaire crée un marché interne dynamique qui manque cruellement à un pays comme la Chine. Ainsi, le pays semble relativement autonome puisque les importations et exportations ne représentent que 20% du PIB.
Au total, en 2011, le Brésil est devenu la 6ème puissance économique mondiale, le 2ème BRIC derrière la Chine. De fait, le Brésil a su tirer profit de ses avantages comparatifs pour s’imposer comme un acteur majeur sur l’échiquier économique mondial. Son potentiel et son dynamisme font fantasmer les pays occidentaux. Mais le spectre d’un passé tumultueux hante encore les mémoires. Au 20ème siècle, ce pays a été ébranlé par de nombreuses crises qui ont failli compromettre son développement.

1. De la crise caféière à l’exubérance industrielle 2.1. La faiblesse brésilienne : la dépendance caféière au début du 20ème siècle
Jusqu’aux années 30, le Brésil est une économie d’exportation primaire. L’économie brésilienne s’est, en effet, structurée autour d’une base agraire dirigée de l’étranger et produisant pour l’étranger. Le « commerce triangulaire » a rendu possible l'apport d'une main-d'œuvre condamnée à l'esclavage, venant d'Afrique ; les produits sont vendus à travers le monde, par l'intermédiaire des commerçants et financiers européens. Certes, la production industrielle se développe grâce aux afflux de capitaux américains et européens, mais, son développement n’en est encore qu’à ses balbutiements. Ainsi, c’est la production/exportation de matières premières agricoles qui a été l’unique source de devises pendant bien longtemps. En référence à David Ricardo et sa théorie des avantages comparatifs, le pays a dû choisir entre un nombre limité de produits demandés sur le marché international. Concrètement, on a pu observer des périodes successives où prédominait un type de bien en particulier. A titre d’exemple, le fort recul de la production mondiale de coton, causé en partie par les troubles de la guerre d’indépendance américaine, a permis au pays de multiplier par dix ses exportations de contons entre 1776 et 1783. De même, la production de cannes à sucre ne va cesser de se développer pour représenter près de 85% des exportations brésiliennes à la fin du 18ème siècle. C’est ce type de spécialisation et d’insertion au sein de l’économie mondiale qui a été choisi par le Brésil. L’indépendance n’a pas inversé cette tendance, bien au contraire, le 19ème siècle est marqué par un renforcement du secteur agricole. C’est la production de café qui va devenir progressivement la pierre angulaire de l’économie brésilienne ; le secteur caféier ne va cesser de se développer jusqu’en 1929.
En fait, le 19ème siècle et le début du 20ème siècle ont offert au pays une conjoncture propice à l’épanouissement de la culture du café (hausse des revenus par habitant dans les pays importateurs de denrées agricoles). Ensuite, l’offre brésilienne à su tirer profit de ses dotations en matières agricoles et des nombreux problèmes climatiques qui ont détruit des plantations de café dans certaines autres régions exportatrices (l’Asie en particulier). En outre, cette « ruée » vers le café est largement soutenue par l’Etat qui subventionne allègrement les producteurs. Ces conditions favorables ont donné la possibilité aux producteurs brésiliens d’avoir la main mise sur ce secteur très lucratif puisqu’ils contrôlaient ¾ de l’offre mondiale en 1920 (les USA étant le 1er pays importateur). Ces derniers ont donc réalisé des profits substantiels qui les encourageaient - bon gré mal gré - à réinvestir les fruits de leur travail dans la production caféière. En conséquence, l’offre de café évoluait indépendamment de la demande effective, mais plutôt en fonction de la population active sous-occupée et de la disponibilité des terres. Alors que la production ne cesse de s’accélérer, les exportations se stabilisent entre 1920 et 1928 malgré l’élévation des revenus réels dans les pays industrialisés. La spécificité du café réside notamment dans l’inélasticité de la demande par rapport à au prix. A cet égard, on ne peut espérer une hausse significative de la consommation suite à une baisse des prix et la prospérité ne modifie en rien la dynamique propre à la demande. Entre 1927 et 1929, les exportations parviennent tant bien que mal à résorber 2/3 de la quantité produite. Mais, les stocks commencent à s’accumuler. Alors que cette situation de surproduction laisse présager le pire, la crise boursière de Wall Street éclate le 24 octobre 1929 et plonge les pays du « Nord » dans une phase d’instabilité économique et financière inouïe.
Cette crise se traduit par des faillites en cascade, par une forte baisse du pouvoir d'achat en Europe et en Amérique (principaux importateurs de café) et par la contraction des marchés mondiaux. Les relations d’extrême dépendance entre pays producteurs et consommateurs font que la crise se diffuse également aux pays fournisseurs de matières premières. Le recul du commerce mondial provoque un effondrement général des prix (viande, du blé, du coton, de la laine, caoutchouc, minerais…) et ébranle le modèle économique brésilien. Le krach boursier a privé le pays d’une grande partie de ses débouchés alors que celui-ci se trouvait déjà en situation de surproduction (1,8 millions de tonnes produites contre 1,4 millions de tonnes consommées). L'Europe et les États-Unis, accablés par la dépression, réduisent leurs achats de café et s'entourent de barrières douanières. La conjugaison de ces éléments précipite la chute du cours du café qui est divisé par 2. L’impact est instantané sur une économie dont 70% des revenus reposent sur l’exportation de cette denrée alimentaire. Ainsi, les recettes d’exportation en devises s’effondrent de 60%. L’affaiblissement du pouvoir d’achat des exportations (pénurie de devises) provoque de facto une baisse des importations. Les devises ne rentrant plus, les brésiliens ne peuvent plus acheter à l’extérieur. Malgré le ralentissement des investissements dans le domaine caféier, les stocks s’accumulent et représentent plus de 10% du PIB en 1929.
Le gouvernement mené par Luis Washington dut alors prendre des mesures aussi draconiennes qu'audacieuses pour tenter d’enrayer la crise. Tout d’abord, il a allégé ses paiements extérieurs en suspendant le service de la dette contractée à raison de 60% au près du Royaume-Uni, 30% au près des Etats-Unis et 5% au auprès de la France. En outre, diverses dispositions pour défendre la balance des paiements ont été mises en œuvre (contrôle des changes, hausse des droits de douane…). L’idée était simple : soutenir le revenu national en défendant les intérêts des producteurs de café. Le gouvernement décide également de procéder à la rapide dévaluation de la monnaie afin de préserver les revenus du secteur exportateur de café. Cette baisse de la valeur de la monnaie était censée atténuer l’impact de la baisse du prix du café. En rendant les exportations plus compétitives, la dévaluation a également poussé les producteurs à augmenter leur offre. Mais la hausse de l’offre a conduit inexorablement à une nouvelle baisse des prix, poussant les pouvoirs en place à procéder à une nouvelle dévaluation. Ce processus de dévaluations incrémentales s’est poursuivi mais ne pouvait pas être éternel. En effet, comme l’ampleur de la baisse des prix était plus grande que celle de la dévaluation, le prix serait arrivé à un tel point que la production n’aurait pu se poursuivre. Le chemin emprunté n’était pas viable à long terme.

Plusieurs questions se sont alors posées avec une certaine acuité : faut-il arrêter totalement la production de café ? Faut-il, au contraire, continuer la production quitte à la laisser pourrir ? Dans ce cas, qui financerait l’opération ? En d’autres mots, qui ferait les frais d’une cueillette sans valeur commerciale ? A l’évidence si aucune indemnisation n’est mise en place, ce sont bien les producteurs qui supporteraient la perte. Le gouvernement a alors inconsciemment mis en place politique de défense contra-cyclique d’inspiration keynésienne. Il a garanti un prix compensateur à toute la production de café. Il fallait à tout prix garantir aux producteurs des revenus suffisants pour alimenter la demande interne de biens de consommation. Avant la crise, le financement des stocks avait pour contrepartie la dette contractée à l’extérieur. C’était comme si les stocks étaient achetés par des firmes étrangères qui en auraient différé le transport. On peut assimiler ses opérations à des exportations. Pendant la crise, les perspectives de financement externes étaient ténues. Le pays se devait de financer les stocks par ses propres moyens. Cela s’est traduit par une hausse des dépenses fédérales malgré la crise. En achetant les excédents de café, les autorités publiques distribuaient des revenus supplémentaires. Elles ont injecté dans l’économie près de 1931 milliards de cruzeiros créant des velléités inflationnistes. L’Etat ne pouvait évidemment pas augmenter indéfiniment les stocks, d’autant que cette création de pouvoir d’achat s’affaiblissait à mesure que les réserves gouvernementales s’évaporaient.
Or, les stocks invendus pèsent sur le marché. Leur entretien est coûteux alors qu’ils n’ont aucune chance d’être vendus à une échéance raisonnable. En conséquence, la décision a été prise de les retirer du marché en les jetant à la mer ou en les utilisant comme substitut au charbon dans les locomotives. On estime à 80 millions de sacs la quantité de café brûlée entre 1929 et 1937. Cette pratique insolite a été à l’origine de la stabilisation du prix du café pendant toutes les années 30. Elle a permis de retrouver un équilibre entre l’offre et la demande à un niveau de prix moins faible. 2.2. Une sortie de crise par la voie de l’industrialisation
Les dispositifs mis en place ont permis, dans une certaine mesure, de compenser le choc exogène en le dispersant, l’empêchant ainsi de frapper de plein fouet le pays. Toutefois, la crise amène fatalement le Brésil à s’interroger sur la pérennité de son modèle économique. Les limites mises en lumière par le marasme économique mondial obligent impérativement à trouver une autre voie de développement et s’affranchir du modèle agro-exportateur. Alors qu’il est déjà éprouvé par la crise, le putsch orchestré par Getulio Vargas va acter la mort du gouvernement Washington. La présidence Vargas va être décisive pour la naissance du nouveau Brésil (« Estado nuevo »). En 1er lieu, elle marque une rupture dans l’organisation politique. L’oligarchie républicaine laisse sa place à un régime populiste, nationaliste et autoritaire. Sur le plan économique, la décision est prise de reléguer au 2nd plan le modèle classique d’économie dépendante. La mise en place d’un régime fondé sur l’industrialisation par substitution aux importations (ISI) amorce le processus l’industrialisation du pays. Il s'agit alors, selon l'expression de « Furtado », de créer une véritable demande interne. Dans cette optique, les importations n'ont plus pour finalité de satisfaire la consommation, mais d'alimenter, en matières premières, en biens intermédiaires, le processus d'industrialisation. Ce processus a pour but de stimuler la production intérieure au détriment de l’importation de produits. La logique change, on cherche désormais une croissance tournée vers l'intérieur. Autrement dit, vers la production pour le marché interne.
L’interventionnisme étatique a pour objet de faciliter le développement industriel. Cela se traduit notamment par des investissements industriels (infrastructures, firmes publiques…) et la mise en œuvre d’une politique extérieure protectionniste (tarifs douaniers accrus, taux de change contrôlé) réservant le marché interne aux industriels nationaux. Parallèlement la baisse de la demande dans les secteurs indirectement liés au café engendre le sous-emploi de la capacité productive. De plus, la disponibilité des fonds jadis réinvestis dans le secteur du café va faciliter le développement de l'industrie nationale naissante. En somme, le Brésil prend alors le chemin de l'industrialisation qui doit faire sombrer l’ancien modèle et permettre la réalisation des potentialités industrielles. La première étape du « déversement » est alors en marche.
Jusqu’en 1920, les importations européennes sont restées à un niveau élevé et retardent le développement industriel d’un Brésil encore obnubilé par le café. De ce fait, le secteur industriel représentait seulement 20 % du produit intérieur brut du pays. Les seules industries présentes étaient des industries de main-d'œuvre à faible productivité et à bas niveau technologique, répondant aux besoins physiologiques primaires (habillement, alimentaire…). L'ISI, au contraire, s’est développé dans des secteurs modernes à forte valeur ajoutée. Il s’agit alors de fournir des biens plus élaborés qui autrefois étaient importés. Elle s’est diversifiée dans la sidérurgie, la chimie, la métallurgie, les industries d’équipement électronique, le papier et les transports. Les industries traditionnelles (textile, alimentation, etc.) représentaient, en 1918, une valeur ajoutée 6 fois supérieures aux industries modernes, mais seulement 3 fois supérieure en 1939, 2 fois en 1949. En 1950, le rapport s'inverse, ce sont les industries modernes qui produisent 2 fois plus que les industries traditionnelles. Il s’est produit une extraordinaire expansion industrielle. Le secteur secondaire passe de 21% du PIB à 43% en l’espace de 6 ans. L’ISI va permettre d’augmenter considérablement le taux de croissance industriel (11,3 % entre 1933 et 1939 contre 2,8 % entre 1920 et 1929) et de réduire le poids des importations. Dans la même veine, la croissance des biens d’équipement a progressé de 55%, celle de la sidérurgie de 100%, celle de l’industrie mécanique de 125%, celle de la communication de 380%, celle des équipements de transport de 600%.
En 1950, les élections présidentielles se soldent par une nouvelle victoire de Getulio Vargas. Les opposants au gouvernement tentent de s’opposer à sa politique économique et sociale. Ils craignent qu’à terme, l’excès de protectionnisme ne plonge le pays dans la récession. Contre vents et marées, Vargas s’engage dans les voies de l’industrialisation et de la modernisation. Dans cette optique, il crée en 1953 la Banque Nationale pour le Développement Economique et instaure une planification économique plus poussée. Après son suicide en 1954, c’est Kubitschek qui est placé à la tête du pays avec pour ambitieux objectif de faire « progresser le Brésil de 50 ans en 5 ans ». Avec sa venue, la République du Brésil renoue avec la démocratie (« República Nova »). Il a également une vision modernisatrice qui se manifeste par le lancement de grands projets. Ainsi, la nouvelle capitale futuriste, Brasília, qui est inaugurée en 1960, devient la vitrine technologique du pays. L’Etat a également joué un rôle important, notamment en prenant un certain nombre de mesures qui ont eu un impact positif sur l’emploi (salaire minimum, congés payés…). Le développement des entreprises industrielles s’accélère. Certaines deviendront même des géants internationaux (Mendes Júnior dans le secteur du B.T.P., Petrobras dans le pétrole…). La croissance du pays reste forte jusqu’en 1970, près de 7% par an. Entre 1967 et 1970, le taux de croissance annuel moyen du secteur industriel est de 11%, celui de l’industrie manufacturière en particulier est de 14%. La consommation de biens manufacturés est servie à 90% par la production nationale.
Le brésil semblait avoir trouvé sa voie de développement. Mais, le processus d’ISI se heurte à des limites qui vont apparaitre au grand jour. Premièrement, on constate une industrialisation forte en intensité capitalistique qui engendre peu d'emplois. Entre 1954 et 1960 par exemple, la croissance industrielle est de plus de 10% par an. En revanche, l'emploi industriel quant à lui n'augmente que de 0,2 % par an. En fait, les entreprises ont plutot tendance à privilégier le facteur capital par rapport au facteur travail. On observe également une concentration très forte de l’industrie brésilienne. 50% des établissements industriels du pays, 2/3 des emplois, 3/4 de la création de richesses sont regroupés dans la région du Sudeste. En conséquence, la répartition des richesses au Brésil est l’une des plus inégales au monde. Le rapport entre le revenu moyen des 5 % les plus riches et celui des 20 % les plus pauvres était de 1 à 33 en 1970 à 1 à 60 en 1990, alors que dans la plupart des pays du « Nord » il est compris entre 1 et 5. Les aides dont bénéficies le capital le rendent plus intéressant aux yeux des entreprises que le facteur travail qui présente un coût plus élevé du fait des salaires minimums garantis notamment. De plus, la plupart des firmes industrielles fonctionnent en sous-régime. Par exemple, en 1964, l'industrie automobile brésilienne construisait seulement 200 000 voitures quand le seuil minimum de production - pour une seule firme européenne - était de 400 000 unités par an.
L’autre problème réside dans l’interventionnisme étatique qui a provoqué des comportements opportunistes. Ainsi, tout un corps d'incitations a été mis en œuvre, avec un appareil bureaucratique important pour les appliquer, qui se transforme en un système où les entreprises cherchent plus à obtenir des avantages auprès de l'État qu'à améliorer leur productivité et réduire leurs coûts. De plus, les exportations industrielles n'ont pas suivi l'évolution des autres variables économiques. En 1963, elles sont, en termes de volume, au même niveau qu'en 1948. Les exportations ont de surcroit gardé leur base rudimentaire constituée de matières agricoles primaires. Ceci engendre une pénurie croissante de devises. Le problème réside dans la protection vis-à-vis du commerce extérieure. Cette dernière implique des coûts plus élevés pour les firmes brésiliennes qui sont obligées d’importer des produits taxés. Or au fur et à mesure que l’industrialisation se développe, il fallait toujours importer plus de biens d'équipement et de services coûteux. En se refermant sur lui-même, à cette époque, le pays a occulté tous les bénéfices qu'il aurait pu tirer de ses avantages comparatifs contrairement aux pays asiatiques.
Avant même de s’achever, l’industrialisation épuise progressivement ses effets. Le PIB baisse 1.3% en 1963 et de 0,1 % en 1965, la stagnation s'installe. La conjugaison de ces facteurs explique pour partie le coup d'État militaire de 1964. Les militaires au pouvoir mettent en place ce qu'on a appelé le « modèle brésilien de croissance », à l'origine du « miracle économique » des années 1970. Ce modèle repose, en 1er lieu, sur l'idée que la perte de dynamisme vient des largesses du système précédent. Des mesures antisociales sont alors mises en place comme la réduction des salaires réels. Le 2ème volet consiste à réduire les barrières douanières qui compromettent la participation du pays au jeu de la mondialisation. Pour favoriser la compétitivité des produits manufacturés, on met fin à la surévaluation du taux de change en passant à un système de mini-dévaluations. On retrouve, avec cette stratégie, une croissance tournée vers l'extérieur qui a pour but de stimuler les firmes nationales en les exposant davantage à la concurrence externe. Le 3ème volet a trait à l’ouverture du pays aux capitaux étrangers. On assiste alors à un rush des IDE étrangers (anglais, américains, allemands, hollandais…). Mais l’hégémonie anglaise héritée de la colonisation est remplacée peu à peu par la domination américaine. De nombreuses entreprises brésiliennes – privées ou publiques – sont financées par crédits américains. L'État entreprend aussi une politique de grands travaux dans les infrastructures (barrage d'Itaipu), dans l'industrie (création de la firme Embraer en 1969). Les résultats sont immédiats : le Brésil est devenu quelques années un des principaux exportateurs industriels du monde émergent. L'agriculture se modernise parallèlement et le soja devient dans les années 70 un des premiers produits d'exportation. En somme, la croissance redémarre. Le pays enregistre alors des taux similaires à ceux de l'Asie (12 % par an, puis 7% malgré les chocs pétroliers). Mais, cette croissance admirable masque un certain nombre de distorsions. Elle se réalise au détriment d’un déficit croissant de la balance des paiements courants. En effet, on importe considérablement pour nourrir les besoins des entreprises ; le déficit est financé par l'endettement extérieur. De plus, la prégnance du capital étranger, dont la dégradation des termes de l’échange n’est qu’un aspect, est devenue un obstacle majeur. Du fait des rapatriements d’argents et des transferts de bénéfices (intérêts, dividendes…), les sorties de capitaux sont supérieures aux entrées réelles de capitaux. L’indépendance du géant Brésilien tend à se vider de sa substance. Qui plus est, les inégalités sociales et régionales se creusent, l’inflation menace l’économie… Au total, en 1980, le Brésil apparait à la fois comme étant un des pays les plus dynamiques, mais également, comme un des pays les plus endettés et le plus inégalitaire du monde.

2. Fin du « miracle économique » et succession de crises 3.3. Les origines de la crise de la dette des années 80
A la suite des difficultés connues par le pays durant les années 60 et aux différentes solutions mises en place pour les endiguer, le Brésil a vécu une période d’euphorie caractérisée par une reprise de la croissance et un relatif équilibre de la balance commerciale. Mais ce « miracle économique » va bientôt laisser place à une nouvelle période marquée par des crises à répétition.
En effet, le Brésil va très vite entrer dans une période de dépendance aux importations due à un appareil productif, faible et lacunaire, qui ne parvient pas à répondre à la demande interne issue de la forte croissance de la fin des années 60. Pour compenser ces lacunes, le pays est contraint d’augmenter le niveau de ses importations. Ainsi, le rythme des exportations n’arrive plus à suivre celui des importations, et ces dernières vont doubler entre 1973 et 1974. La balance commerciale présentera un déficit de 4,7 G$ en 1974. Parallèlement, un événement international va venir un peu plus aggraver la situation dans laquelle se trouve le pays. Pour pouvoir répondre la demande interne et alimenter les besoins des entreprises, la facture énergétique du Brésil explose au début des années 70. Ainsi, la crise pétrolière de 1974 et l’augmentation du prix du pétrole qui l’accompagne vont fortement alourdir un déficit commercial déjà à un niveau historique. Pour résorber ce déficit et relancer l’activité industrielle, l’Etat brésilien va lancer en septembre 1974 un nouveau « Plan National de Développement ». Ce programme définit toute une série d'objectifs dont l’essentiel va concerner la restructuration de l'appareil productif. Le gouvernement souhaite réduire sa dépendance externe en modernisant ses grands secteurs stratégiques en favorisant notamment l’investissement dans les secteurs des biens intermédiaires et d'équipements. Ainsi, pour préserver une croissance et une demande interne toujours aussi forte que durant ses années d’euphorie, le gouvernement décide de financer ces grands travaux par le recours à l’endettement externe auprès de banques étrangères. A cette époque, les capitaux étrangers sont disponibles en masse à des taux relativement bas. Le Brésil a pu en profiter du fait d’une a croissance qui laissait présager de sa capacité à faire face à ses engagements. Malgré le déficit de sa balance commerciale et une récession mondiale (résultant des ajustements des pays occidentaux au choc pétrolier), le Brésil parvient à maintenir un taux de croissance relativement élevé. Entre 1974 et 1980, le taux de croissance annuel moyen du PIB réel a atteint 6,9%. Dans le même temps, la dette extérieure brute explose entre 1973 et 1978. Celle-ci passe de 12,5 G$ (15,7% du PIB), à 43,5 G$ (20,2% du PIB). Le déficit du compte courant a augmenté de 1,7 G$ en 1973 à 12,8 G$ en 1980, ce qui laissa libre cours à la dévaluation de la monnaie.
Parallèlement, les autorités de l’époque procèdent à un relèvement des taux d’intérêt internes qui vont contraindre les entreprises à privilégier l’endettement externe. Les entreprises, ne disposant pas devises étrangères, déposent leurs remboursements auprès de la banque centrale brésilienne afin que celle-ci les transmette à la banque étrangère créditrice. Mais au lieu de simplement jouer son rôle d’intermédiaire, la banque centrale se substitue aux entreprises et devient le débiteur de leurs dettes. L’Etat va assumer, à partir de 1977 le risque de change et l’on va assister à un processus d’étatisation de la dette privée extérieure. Par ailleurs, la politique de stimulation de l’endettement externe menée par le gouvernement se traduit par un afflux de ressources externes qu’il doit capter à un coût élevé égal à celui des emprunts nationaux et dont la conséquence directe est une aggravation de la dette publique interne qui devient plus lourde à gérer. Egalement, le relèvement des taux d’intérêt va affaiblir certains secteurs comme l’agriculture qu’il faut soutenir par des subventions. Ces subventions directement financées par la Banque centrale par l’émission de titres publics sont un facteur supplémentaire qui concourt à l’augmentation de la dette intérieure. Ainsi, lorsqu’à la fin des années 1970 la réserve fédérale américaine met en place des mesures de lutte contre l’inflation notamment par l’augmentation de son taux directeur (et par extension des taux d’intérêt), couplée à une seconde crise pétrolière, source de récession mondiale, le Brésil, à l’instar de ses voisins, s’engouffre dans une crise de l’endettement. La situation se dégrade au niveau international, l’accès aux prêts devient plus difficile et s’accompagne d’une augmentation du coût d’emprunt. Malgré cet état de fait, le Brésil va continuer à s’endetter, portant sa dette à 58 G$ en 1980 alors qu’elle n’était que de 17,2 G$ en 1974. Pour combler son déficit public, l’Etat fait marcher la planche à billets de façon inconsidérée et émet des titres sur le marché interne à des taux particulièrement élevés, siphonnant les liquidités disponibles dont auraient besoin les entreprises pour financer leurs investissements. Ce mécanisme induit beaucoup d’inflation et pèse lourdement sur la hausse des taux d’intérêt, se répercutant in fine sur la croissance du déficit public.

3.4. Crise de la dette : crise insoluble ?
Au début des années 80, la dette devient abyssale et les capacités de remboursements du pays s’essoufflent. Dans le but de trouver une porte de sortie à cette crise, le pays est contraint de mettre en œuvre divers programmes dont les résultats ne seront pas forcement salvateurs. 3.5.1. Restructuration de la dette En 1982, lorsque le Mexique annonce qu’il ne peut plus payer sa dette, ce qui n’était qu’un problème national va se propager dans d’autres pays et se transformer en crise financière internationale. Parmi ces pays figurait le Brésil, qui voit l’accès aux prêts bancaires externes limité voire inaccessible et le sens des flux financiers s’inverser. C’est à cette période que la dette extérieure qui n’était qu’une difficulté pour le pays va se transformer en crise. Le montant des intérêts en partance du Brésil est plus élevé que le montant des capitaux entrants provoquant un déséquilibre de la balance des paiements. Celle-ci est tellement déséquilibrée que le besoin d’une aide extérieure se fait ressentir. Face à l’urgence de la situation le gouvernement est contraint de demander l’aide du FMI. Le FMI va donc intervenir pour restructurer la dette brésilienne qui est avant tout un problème lié à sa balance des paiements. L’intervention du FMI consistera à rétablir de la croissance afin de mobiliser des ressources qui permettront d’honorer les engagements du pays et de rééquilibrer la balance des paiements. L’intervention du FMI se fera en deux temps. Dans un premier temps, elle octroie une facilitée de paiement de 466 millions de DTS sur 12 mois qui va permettre au Brésil d’honorer ses engagements les plus exigibles pour l’année 1982. Et dans un second temps, en février 1983, le FMI octroie une nouvelle ligne de crédit de 4,2 milliards de DTS en contrepartie d’une réduction des dépenses publiques visant à rééquilibrer la balance des paiements. Cependant, le pays n’a pas été capable de mener la politique adéquate afin de réduire ses dépenses publiques. Résultat, le FMI décide de différer l’octroi de cette ligne de crédit. 3.5.2. Plans de stabilisation de l’inflation La dette est passée d’environ 40 G$ en 1979 à 100 G$ en 1984. Le régime militaire en place depuis 1964 laisse sa place, en 1985, à un gouvernement démocratique présidé par Tancredo Neves. Ce gouvernement arrive au pouvoir dans un contexte de forte inflation qui va le contraindre à mettre en place des mesures de stabilisation. C’est à ce titre que le plan cruzado est instauré en 1986. Ce programme consiste en un blocage général des prix, un ajustement suivi d’un blocage des salaires indexés sur l’inflation, en l’introduction d’une nouvelle monnaie, le cruzado (1cruzado = 1000 cruzeiros) et le gel des taux de change. A son lancement, ce plan semble porter ses fruits puisque l’inflation mensuelle est ramenée à 1%, le pouvoir d’achat s’accroit et créée une véritable frénésie de consommation. Mais très vite l’offre et la demande sont déphasées, le gel des prix qui devait être temporaire conduit à la pénurie d’un nombre croissant de produits et à la création d’un marché « noir ». Le gouvernement se retrouve confronté à l’obligation d’autoriser une augmentation de prix qui vient limiter l’intérêt de cette mesure. En fin d’année 1986, des problèmes de remboursement de la dette externe appariassent une nouvelle fois. La balance commerciale excédentaire qui, à partir de 1983, lui permettait de résoudre ce problème chute de 12,5 milliards (en 1985) à 8,3 milliards de dollars. Le gouvernement met un terme aux renégociations de sa dette extérieure et décrète, début 1987, un moratoire sur le service de sa dette extérieure. D’autres programmes (plan Bresser, plan Verão…) seront mis en œuvres, mais en vain.
En termes d’endettement, ces plans n’y changeront rien puisque en fin d’année 1986, des problèmes de remboursement de la dette externe apparaissent une nouvelle fois. La balance commerciale excédentaire qui, à partir de 1983, lui permettait de résoudre ce problème chute de 12,5 G$ (en 1985) à 8,3 G$. Le gouvernement met un terme aux renégociations de sa dette extérieure et décrète, début 1987, un moratoire d’une durée de trois mois sur le service de sa dette extérieure. Face à de minces réserves qui mettent le pays dans une position de négociation périlleuse et à des menaces de représailles de la part de ses créanciers, ce moratoire sera finalement levé.

La dette du Brésil vis-à-vis de l’extérieur s’élève fin 1987 à 121,2 G$ dont 13,7 sont exigibles à court terme et 107,5 à moyen et long terme. Le paiement des intérêts approche 4% du PIB

3.5.3. Plan Baker et rééchelonnement de la dette
Le Brésil face aux difficultés croissantes engendrées par le service de sa dette va entrer en négociation avec ses créanciers dans le but de rééchelonner sa dette. De la sorte, en septembre 1988, le Brésil conclut, avec ses banques créancières sous l’égide du FMI, un accord de rééchelonnement de sa dette, dans la lignée du plan Baker, dont les principaux points sont: * L’échange d’une partie de la dette contre des bons d’émissions dont la maturité est de 25 ans au taux de 6%; * Un rééchelonnement, sur vingt ans, de la dette dont l’échéance est comprise entre janvier 1987 et décembre 1993 ; * Un montant de 5,2 G$ pour le paiement des intérêts restés impayés ; * Le maintien d’une ligne de crédit commercial à court terme.

Malgré tout les efforts déployés pour convenir de cet accord, il s’avérera que le Brésil ne fut pas en mesure d’assurer le paiement des intérêts de la dette en début d’année 1989. Là encore, comme en 1983, le gouvernement n’est pas parvenu à mettre en œuvre une politique d’ajustement structurelle (réduction des dépenses sociales, privatisations, baisse des dépenses publiques…). Cet accord n’a fait, au final, qu’alourdir et repousser le service de la dette.

3.5.4. Plan Brady et réduction de la dette
A la suite de l’échec de l’accord de rééchelonnement de septembre 1988, le pays entreprend de nouvelles négociations dans l’espoir de la conclusion d’un plan Brady. Pour être éligible au plan Brady, le Brésil a du signer un accord de confirmation prévoyant un plan de libéralisation de son économie mais également un accord de restructuration de sa dette extérieure avec ses créanciers.
En janvier 1992, le Brésil annonce avoir signé une série d’accords dans le cadre de ce plan : * le FMI lui accorde 2,1 G$ sur 19 mois dans le cadre de l’accord de confirmation. * Il obtient du Club de Paris un refinancement à hauteur de 11 G$ sur une période de 14 ans. * Les banques créancières du Club de Londres lui accordent une réduction de 35% de sa dette * Le remboursement de la plus grande partie de sa dette par l’émission de bons du Trésor spéciaux garantis par le Trésor américain (zero-coupon bonds), comme l’a fait le Mexique avant lui. Le 15 avril 1994, le Brésil émet donc 43,5 G$ de nouveaux titres portant sur 49 G$ de dettes soit une réduction de 5,5 G$.

3.5.5. Plan Real
Face à l’échec des divers programmes (plan Cruzado, Bresser, Collor…) mis en place par les gouvernements successifs pour stabiliser l’inflation et équilibrer le déficit publique, le ministre des finances, Fernando Henrique Cardoso, conduit la mise en œuvre d’un ultime programme : le plan Real. Celui-ci est annoncé dans un contexte où l’inflation est à plus de 1000 % et où les déficits publics sont financés par des émissions monétaires.

Ce programme s’articulait autour de trois aspects : 1. Fiscal : Baisse des dépenses publiques et hausse des revenus (hausse de l’impôt sur le revenu, privatisations…); 2. Monétaire : Instauration d’une nouvelle monnaie ancrée sur le dollar américain : 1 Real = 1 $US. 3. Commercial : Libéralisation du commerce afin d’accroître la concurrence (baisse des tarifs douaniers et des barrières à l’entrée…)

Ce plan va permettre de réduire drastiquement l’inflation : d’un rythme annuel moyen de 4922 % avant la réforme, elle passe à 28 % dans l’année qui suit. La croissance est également au rendez-vous puisqu’elle reprend de la vigueur et les réserves monétaires du Brésil se reconstituent. Ce succès est rendu possible par des réformes institutionnelles profondes à l’instar de la privatisation de centaines d’entreprises publiques ou bien encore l’autonomie accordée à la banque centrale.
Mais cette lutte contre l’inflation va se faire au prix d’une surévaluation du réal par rapport au dollar, ce qui pénalise fortement les exportations du pays et déséquilibre la balance commerciale. Enfin, Pour attirer les capitaux étrangers, le gouvernement va procéder à un relèvement des taux d’intérêts.

Dette externe / PIB
Source : Banque Centrale du Brésil 3.5. Crise cambiaire Au milieu de l’année 98, le Brésil est handicapé par une situation budgétaire fragile. Ses dépenses publiques dépassaient ses recettes et sa dette intérieure atteignait 40% du PIB et était essentiellement à court terme.

A la fin de l’année 98, la crise russe va venir déstabiliser le Brésil. L’effondrement du rouble en 1998 a été suivi le mois suivant par une chute brutale de 50 % de la bourse brésilienne alors que les liens entre les deux pays sont faibles. Malgré le succès reconnu du plan réal, la crise qui s’annonce aura raison de lui.

La crise russe a provoqué un véritablement vent de panique de la part des investisseurs sur le réel potentiel des pays émergents, en particulier le Brésil. la défiance des investisseurs internationaux va être à l’origine d’une fuite des capitaux et la monnaie brésilienne, comme celles de ses voisins d’Amérique latine, subit des attaques spéculatives. Ces attaques n’ont pu êtres stoppées que grâce à une diminution des réserves de change (qui passent de 70 G$ en juillet 98 à 41,9 G$ en octobre 98) et à une hausse du taux directeur (pour retenir et attirer les capitaux). La hausse des taux d’intérêt a eu pour effet d’alourdir la dette interne et d’accroître le déficit public (par l’augmentation des intérêts sur la dette). La confiance n’étant pas revenue, les sorties de capitaux se sont poursuivies.

Pour maintenir le régime de change, le gouvernement annonce un programme prévoyant des économies de 84 G$ qui va permettre de ramener le déficit budgétaire de 8% à 4,5% du PIB. Ce plan devait être accompagné d’un accord avec le FMI faisant bénéficier au Brésil d’un soutien financier de 41,5 G$. Ces deux annonces n’ont pas été suffisantes pour contrer de nouvelles attaques spéculatives contre sa monnaie et rétablir la confiance des investisseurs en raison d’une lenteur dans le processus d’approbation du plan par le Congrès.

Au milieu de l’année 1998, le Brésil est handicapé par une situation budgétaire fragile. Ses dépenses publiques dépassaient ses recettes. Le niveau de sa dette, estimée à 250 G$ fin 1998, n’était pas inquiétant au regard du PIB (40% du PIB) et était essentiellement détenue par les résidents. Le problème de la dette brésilienne n’était pas tant son exigibilité mais plutôt ses conditions de refinancement. Celle-ci était surtout composée d’emprunts à taux variables avec des maturités courtes. De plus le pays devait faire face à d’importantes échéances au premier trimestre 1999. C’est à ce moment que la confiance des marchés va être ébranlée par la posture de plusieurs Etats qui laissaient supposer qu’ils n’honoreront pas leurs engagements, l’Etat du Minas Gérais annonçant même un moratoire sur sa dette.

Parallèlement les attaques contre le réal continuent et les entrées en capitaux s’amenuisaient. Ces événements vont contraindre le gouvernement d’abandonner sa politique d’ancrage du real au dollar et accroitre un peu plus la défiance des marchés en janvier 1999. Un mois plus tard, la monnaie brésilienne s’échangeait à 2,15 réais pour 1 dollar alors qu’elle s’échangeait 1,20 pour 1 dollar en début d’année. La fuite des capitaux continua et s’est même accélérée pour atteindre 1 G$ par jour. De surcroit, la prime de risque du pays n’a fait qu’augmenter entre 1999 et 2002. C’est dans ce contexte que le FMI, souhaitant éviter le risque systémique en Amérique latine, décide d’intervenir malgré sa réticence à s’immiscer dans l’économie brésilienne. Son intervention consistera en un prêt de 30 G$. En contrepartie, le Brésil devait s’engager à réduire ses dépenses

A la suite de cette annonce le taux change passe de plus de 3,6 réais pour 1 dollar à moins de 3 réais pour 1 dollar. Mais, la baisse du réal reprend très vite pour atteindre 4 réals pour 1 dollar fin 2002. La banque centrale se retrouva contrainte de relever ses taux directeurs et d’abaisser le plancher de ses réserves en devises de 20 à 10 milliards, réduisant ainsi le risque d’une crise de change. La situation se stabilisera progressivement au cours des années 2000 avec l’arrivé de Lula au pouvoir.
CONCLUSION
En définitive, depuis la découverte du pays par les Portugais au 16ème siècle jusqu'à la « grande dépression » de 1929, l’Etat brésilien a fondé sa richesse sur l’exportation de matières premières agricoles à destination des pays du « Nord ». Pendant plusieurs décennies, C’est le café qui a alimenté la croissance du pays. C’est justement cette dépendance viscérale qui est à l’origine de la crise brésilienne des années 30. En désorganisant les courants commerciaux, cette crise va mettre un terme au modèle originel et donner l’élan décisif à l’industrie. Le visage économique du Brésil change radicalement suite à la crise de 1929. Mais cette expansion précoce n’est pas sans conséquences. La machine finit par s’enrayer. En 1980, le Brésil apparait à la fois comme étant un des pays les plus dynamiques, mais également, comme un des pays les plus endettés et le plus inégalitaire du monde.
Les conditions d’endettement très favorables sur le marché au cours des années 70 se sont brutalement révélées être un piège pour le Brésil. En repoussant systématiquement les décisions structurelles, qui devaient permettre au pays de retrouver un équilibre dans ses comptes publiques, les gouvernements qui se sont succédés à tour de rôle à la tête du pays ont privilégié des politiques court-termistes et opportunistes qui n’ont eu de cesse d’aggraver le fardeau de son endettement. Néanmoins, la crise de change de 1999 a eu raison de son entêtement et le pays s’est finalement résigné à mettre en œuvre des politiques libérales afin de sortir d’une période de crises qui n’a eu de cesse d’ébranler la confiance des investisseurs étrangers.

BIBLIOGRAPHIE

REVUES
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PEDRO-PABLO KUCZYNSKI– L'Amérique latine et la crise de la dette – Revue d'économie financière. N°15, 1990 – pp. 171-178.
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LIVRES
OCTAVIO BARDO, ERIC TAÏEB – Economie et sociétés brésiliennes – 1991
LUIZ CARLOS BRESSER-PEREIRA – Crise économique et réforme de l'État au Brésil – Pour une nouvelle interprétation de l'Amérique latine – Éd. De La Maison Des Sciences De L'homme - 2002
LAURENT CARROUE, DIDIER COLLET, CLAUDE RUIZ – Les Amériques – Editions Bréal – 2007
JEAN-MARIE LE PAGE – Crises financières internationales et risque systémique – Edition De Boeck – 2003
DOMINIQUE PLIHON – Les désordres de la finance – Encyclopedia universalis – 2004
PIERRE SALAMA – L’Amérique latine dans la crise – Nathan – 1991

SITES INTERNET http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/bresil http://www.imf.org/external/french/ http://www.planet-expert.com/fr/pays/bresil/investissement-direct-etranger-ide --------------------------------------------
[ 1 ]. 1http://www.planet-expert.com/fr/pays/bresil/investissement-direct-etranger-ide
[ 2 ]. Source : Fondation Getulio Vargas
[ 3 ]. Sources FMI, Ambassade de France
[ 4 ]. Le montant des investissements est passé de 2.3 millions en 1927 à 300 000 en 1929
[ 5 ]. Estimée à 237.5 millions (soit 2.3% de son PIB).
[ 6 ]. Le montant des réserves métalliques était de 31 100 000 livres en septembre 1929 contre 0 en 1930.
[ 7 ]. Modèle de développement qui consiste à produire, dans un pays, afin de répondre à une demande interne, un produit industriel jusque la importé.
[ 8 ]. D’après l’expression d’Alfred Sauvy
[ 9 ]. Le rapport importation/ production nationale passe de 16 % à 5,4 % entre 1947 et 1964.
[ 10 ]. Le Brésil est passé de 8% de produits manufacturés dans ses exportations en 1965 à 58% 20 ans plus tard.
[ 11 ]. Le DTS (droits de tirage spéciaux) est un actif de réserve international, créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Sa valeur est basée sur un panier de quatre grandes devises. Les DTS peuvent être échangés contre des devises librement utilisables. (FMI)
[ 12 ]. Ancienne monnaie
[ 13 ]. Ecart entre le rendement de la dette du pays et celui des bons du Trésor américain.

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