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Eveil de L'Être

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Submitted By jo92
Words 1957
Pages 8
Eveil de l’être by Hajar El Hanafi
Cité de la réussite, la Sorbonne, les 8 et 9 décembre, thème : l’audace. Jacques Attali prend la parole. Assuré et calme, il nous confie sa vision de l’avenir. Quelle audace sera récompensée ? «L’audace d’être soi ». http://www.youtube.com/watch?v=hqOAqiIFva0 Etre soi, philosophie de vie Etre soi, matière de son dernier ouvrage, sonne parfaitement à mon oreille. Jamais un verbe passif n’a eu autant d’effets sur moi. Ce n’est pas une question de libertés individuelles ou de liberté d’action. Il s’agit de l’évidence même d’exister. Je pense donc je suis, Descartes. Je fais donc je suis, un ami qui expose ainsi l’existentialisme de Sartre. Ni l’une ni l’autre n’avaient su me convaincre. Je suis. Simple, dépouillé, puissant. J’adopte. Se connaître en est la première étape. Repérer les variables et les constantes d’un système est difficile, exprimer le système d’équations définissant son fonctionnement nécessite du travail et de l’instinct gagné par l’expérience. Lorsque ce système est soi, l’exercice est infiniment plus complexe. Les tests réalisés avec les chimpanzés et les bébés pour vérifier s’ils se reconnaissent dans le miroir m’ont toujours intriguée. Et nous alors, sommes-nous capables de nous reconnaître? La deuxième étape est l’expression de l’être unique dans son environnement. L’appel à être soi est une clameur pour devenir artiste de sa vie et artisan au sein de sa communauté. Les artistes, les entrepreneurs et les militants en sont des beaux exemples. Des Don Quijote traités de fous, aimés ou détestés, ils impactent le cours de nos vies avec ou sans notre consentement. Il est impossible de leur rester indifférent. Voilà qui peut nous encourager à partir en quête du soi.
Audace et insoumission
L’audace trouve son origine latine dans audacia de auderer signifiant oser. Larousse donne trois définitions. Hardiesse qui ne connait ni obstacle ni limite, courage. Péjoratif, Attitude de quelqu’un qui méprise les limites imposées par les convenances, impertinence, insolence. Acte qui viole les convenances, les règles. Avec notre esprit étriqué, recherchant l’équilibre même instable et dans une société toujours bienpensante qui s’accroche à ses acquis et vénère le statut quo, les trois audaces justement dosées sont nécessaires pour agir. A l’occasion d’un débat, Michael Goldman fondateur de MyMajorCompany, première plateforme de financement collaboratif des productions musicales, définissait l’audace comme insoumission. Il se rappelait sa famille, tous des insoumis. Larousse, insoumis : qui est révolté contre l’autorité de fait. L’audacieux est insoumis, l’insoumis a de l’audace. Ils ne sont pas synonyme car on parle de l’audace de faire, elle suppose une action de l’individu tandis que l’insoumission est contre un système et met en avant une indignation, un état sans contraindre à l’action. Il est juste de se demander si notre société récompense l’audace ou l’action qui s’en suit. Je prends les cas d’Edward Snowden et Julian Assange. Je rejoins leur combat pour la transparence des états et le respect de la vie privée des individus et je suis fervente défenseure de leurs méthodes et de leurs actions. Je me demande néanmoins si au fil du temps ces points ne passent pas au second plan et si je ne suis pas plus admirative du courage et de l’insoumission dont ils font preuve. Je les sens entiers et libres, des molécules gazeuses agitées qui tapent sur tous les murs en opposition aux liquides que nous sommes, prêts à nous adapter et à changer de forme à tout instant pourvu qu’il y ait un récipient pour nous contenir.
Aux origines de l’audace
Il faut pour déclencher cette audace une énergie potentielle et une force initiale importantes. La force initiale trouve sa source dans la dernière oppression exercée par l’environnement, la famille, la société, la religion, l’état… Elle lui sera proportionnelle et dirigera le mouvement de l’être car tout d’un coup, les seules réponses possibles sont l’expression du soi ou sinon la mort lente, le passage à l’état liquide. Lorsque nous aimons la vie à sa juste valeur, la dernière alternative n’en est pas une, autant devenir son propre héros Goethéen et abréger ses souffrances. L’énergie potentielle quant à elle prend la forme d’un ego surdimensionné, juste assez pour disparaître par la suite au profit de l’énergie cinétique. Cet ego se construit facilement au contact de parents forts qui donnent l’exemple et ont une croyance infinie dans notre potentiel. Michael Goldman avoue : « Ma mère m’a pris pour Dieu de ma naissance à maintenant». Il y a quelques semaines, je discutais avec un collègue de travail père de trois enfants. Et voilà qu’il lâche un malheureux « Ma fille ne fera pas d’études longues, je le sais. ». Mes questions sur ses passions trouveront comme unique réponse la défaite totale d’un père. Son âge : onze ans. Je ne pouvais plus me contenir. Je soutenais qu’il devait l’écouter et l’encourager à lui parler car selon lui c’est la seule chose qu’elle sait faire. Par la suite, il pouvait élever le niveau et lui raconter des histoires même si elles l’ennuient. Combien de fois mon père en essayant de me conter la vie, s’est retrouvé devant une fille ignorante croyant tout connaître et feignant de tout comprendre. Jamais, jamais, il n’a renoncé. Il avait confiance en moi. Aujourd’hui, tout me revient. Avoir foi en son enfant c’est avoir foi en l’avenir. Tout le monde n’ayant pas cette chance, il arrive souvent que cette énergie soit puisée dans les malheurs semés sur le chemin de la vie et le dépassement de soi qui forgent notre caractère quand ils ne le tuent pas. Notre ego se construit finalement au travers des deux expériences, il faut simplement se souvenir que son seul devenir est sa destruction. http://www.youtube.com/watch?v=xORFMZQVw28
Altruisme et égoïsme
L’audace d’être soi n’est pas une ode à l’égocentrisme. Il s’agit de se recentrer comme le ferait un moine hindouiste pour mieux se connecter au cosmos. Cette quête est à mis chemin entre l’altruisme et l’égoïsme, entre soi et le reste. L’altruisme revient à avoir un souci désintéressé et bienveillant du bien d’autrui. L’égoïsme est une priorisation de son intérêt associé à un mépris marqué pour l’intérêt des autres. Première hypothèse : ce sont deux concepts opposés Adam Smith dans son ouvrage La Richesse Des Nations écrit : Ce n’est que dans la vue d’un profit qu’un homme emploie son capital. Il tâchera toujours d’employer son capital dans le genre d’activité dont le produit lui permettra d’espérer gagner le plus d’argent. (…) A la vérité, son intention en général n’est pas en cela de servir l’intérêt public, et il ne sait même pas jusqu’à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l’industrie nationale à celui de l’industrie étrangère, il ne pense qu’à se donner personnellement une plus grande sûreté ; Et en dirigeant cette industrie de manière que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu’à son propre gain ; en cela, il est conduit par une main invisible, à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. Selon Smith, la nature de l’homme est l’égoïsme. Il imagine les conséquences du libéralisme économique avec cette hypothèse de départ. L’état de Smith était un état cannibale, veillant sur les entrées et les sorties des marchandises. Lorsque les entrées concernent des ressources rares sur son territoire mais abondantes ailleurs, de façon caricaturale mais pas totalement fausse, la colonisation des terres, l’appropriation des ressources, l’esclavagisme et la mise sous tutelle des autochtones étaient les réponses naturelles. L’objectif de l’état étant de se renforcer et de protéger son peuple, il était donc légitime qu’il craigne qu’une économie libérale lui nuise. Smith assure la raison de la crainte. Non, l’individu ne travaillera pas à la réalisation de l’objectif étatique. Il agit uniquement pour ses intérêts propres. Il est égoïste. Seulement, Smith oppose à la crainte, le principe d’économie de marché. Le citoyen marchand et producteur satisfait des clients de la société. Il ne les appauvrira pas car il a besoin de leur porte-monnaie et ne volera pas leurs ressources. Il y a deux égoïsmes qui donneront naissance à un altruisme bénéficiant à l’état. Je m’arrêterai là et vous encourage à regarder le deuxième épisode de la série Capitalisme sur Arte. Y sont expliquées les limites d’une telle réflexion et les conséquences sur l’économie actuelle. Le résultat d’Adam Smith que je veux souligner ici est que l’égoïsme permet l’altruisme. Une cause à effet qui marque aujourd’hui notre rapport au monde et à l’autre. Deuxième hypothèse : l’égoïsme implique l’altruisme. https://www.youtube.com/watch?v=yvYGFPHEpZw Depuis deux ans, j’entends les murmures d’une autre approche. Elle n’est pas nouvelle mais elle reprend vie en cette période de crise commencée en 2009 parce que la génération millenium est plus à même de l’écouter. Jacques Attali reprend la parole : « La meilleure façon d’être intelligemment égoïste est d’être altruiste». Veiller à l’utilité de son action pour la société. Essayer ensuite d’en faire son gagne-pain. Qu’est-ce qui est inutile ? Le divertissement ? La vente de produits de beauté ? La production de confiserie ? L’industrie pornographique ? Je suis incapable de choisir et de décider ce qui est utile pour l’autre. Penser le bien de l’autre serait l’infantiliser et lui imposer ma conception de l’existence et mes propres besoins. Il est le seul capable d’exprimer son besoin. Je peux alors décider d’y répondre. Peut-être que je ne le ferai que si j’y trouve un intérêt parce que j’estimerai ses demandes peu utiles? Je l’y aiderai alors moyennant échange me permettant de réaliser ce qui me semble important. Ne serait-ce pas revenir au principe de Smith ? Ensuite, nous pouvons nous interroger sur l’identité de cette société. Le groupe d’ami ? La communauté cliente ? Le peuple du pays habité ? Le peuple du pays de naissance ? L’humanité ? Ce sont deux interrogations qui me font douter de ce nouveau paradigme. A moins que la définition de l’altruisme ne soit pas la bonne. Un ami m’a présenté son système de valeurs, liberté, respect et amour d’autrui. Je dirai que ce système de valeurs définit mieux l’altruisme. Mes actions doivent laisser l’espace nécessaire à l’expression libre de l’autre et si possible y contribuer. Les nouvelles plateformes de partage en sont selon moi le meilleur exemple, Twitter, Facebook, WordPress… Elles accordent du crédit aux individus inscrits et leur laissent un champ libre d’actions. Il est d’abord collaborateur avant d’être utilisateur et seulement après client. Troisième hypothèse : l’altruisme implique l’égoïsme. Trois hypothèses et je pense que la vérité est à mi-chemin entre les trois. A chaque fois que nous en posons une nous découvrons une part de cette vérité. Oui parce que la vérité est unique mais sa recherche est variée. Mon père me rappelle toujours que l’atome sphérique est une hypothèse qui nous rapproche de la réalité de la matière et nous permet des applications sur le réel. Seulement, l’atome pyramidal n’est pas plus faux, tout dépend ce que l’on recherche à démontrer. Il en est de même pour le rapport à l’autre qui définit d’abord le rapport à soi.
Ensemble, être soi
Cité de la Réussite ou Cité de l’Eveil, j’y suis allée pour rencontrer les PDG du CAC 40, je m’y suis finalement rencontrée. Se chercher, se trouver, réaliser son coming out et enfin soutenir les autres de la façon la moins intrusive qui soit dans leur aventure personnelle. Comme le chante Vanessa Paradis et Benjamin Biolay, Pas besoin de permis pour être le héros de sa vie. https://www.youtube.com/watch?v=qItD0n-NiB0

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