Intelligence Economique,

Fiche de lecture

Gé né ralité : L’ouvrage

Le titre : Extension du domaine de la manipulation, de l’entreprise à la vie privée L’auteur : Michela Marzano Date de parution : Le nombre de page : L’éditeur : La collection :

Biographie de l’auteur :

Michela Marzano

Philosophe et chercheuse, Maria Michela Marzano intègre l'Ecole normale supérieure de Pise et suit les cours de philosophie analytique et bioéthique de l'université La Sapienza à Rome, avant de soutenir sa thèse sur le statut du corps humain en 1998. En 1998, elle soutient sa thèse à l’E.N.S sur le statut du corps humain qui la conduira progressivement à s’intéresser à ses champs de recherches actuels. Elle arrive en France en 1999, où elle intègre le CNRS en 2000. Depuis 2010, Michela Marzano est Professeur de philosophie à l'Université Paris Descartes. Elle travaille dans le domaine de la philosophie morale, politique et s’intéresse en particulier à la place qu’occupe aujourd’hui l’être humain, en tant qu’être charnel et édite son premier ouvrage, 'Penser le corps', chez PUF. L’analyse de la fragilité de la condition humaine représente pour elle le point de départ de ses recherches et de ses réflexions philosophiques.
Page | 2

Fiche de lecture

Résumé général de l’ouvrage

Michela Marzano nous fait une analyse du discours du management contemporain. Elle s’intéresse plus précisément, au domaine de la « manipulation » exercée par ce discours sur les salariés. Plusieurs concepts sont abordés dans cet ouvrage, ou l’auteur tente d’expliquer les problèmes qui découlent de ce discours et y découvrir ce qui se cache derrière les termes soutenu tels que la quête d’un épanouissement personnel par le travail, le développement de soi par l’excellence.

Chapitre 1 : Rappel de l’histoire du management
L’auteur nous fait un rappel des différentes idéologies managériales au travers de divers courants en passant en revue les différents inspirateurs comme Adam Smith, Taylor, Ford, Toyota etc. Il aborde également les ressources humaines et leur gestion en montrant l’intégration de la dimension humaine au sein de l’entreprise, le durcissement des méthodes de management l’évolution des conditions d’encadrement des travailleurs. Le travail est présenté comme source d’épanouissement personnel, de liberté. Pour contrôler les attitudes de leurs salariés les entreprises produisent des discours qui présentent l’engagement dans le travail comme une manière de s’accomplir dans le monde de façon autonome. Progressivement, les salaries ce laissent convaincre par ce discours en se sacrifiant en vue réaliser leur propre réussite.

Chapitre 2 : Les paradoxes du nouveau management
Dans ce chapitre l’auteur recense les différents paradoxes du nouveau management. Ce nouveau management s’articule autour d’une idée majeur : l’entreprise ‘new look’ qui prétend assumer l’épanouissement de ses salaries, ainsi que leur santé morale en
Page | 3

établissant des rapports de confiance plutôt que des contraintes. L’entreprise affirme apporter un certain bonheur aux salariés. Cependant plusieurs paradoxes sont soulevés remettant en cause ces affirmations en montrant la manipulation opérée au travers du discours utilisé. L’entreprise met tout en œuvre pour vider de sens la responsabilité, la liberté, et l’épanouissement, l’autonomie qu’elle exalte. Le paradoxe se situe entre le discours établit par l’entreprise et la situation réel perçue. Le discours tenu par le nouveau management instrumentalise la rhétorique de l’autonomie dans le but de tromper le salariés ‘ en leur faisant miroiter l’espérance de devenir les acteurs de leur vie’. On peut parler de manipulation à proprement dit car l’entreprise exige l’excellence de son personnel pour maximiser ses profits, atteindre ses objectifs, en faisant croire à un semblant de liberté en poussant les salaries à adhérer à leur propre asservissement.

Chapitre 3 : La querelle des valeurs : é thique des affaires ou business de l’é thique
L’auteur fait une analyse minutieuse de la charte éthique de certaine entreprise. Ces entreprises cherchant à moraliser le monde du travail, en se basant sur des concepts de responsabilité sociale ou de croissance durable en utilisant des notions de confiance ou d’intégrité pour être en phase avec les aspirations des citoyens. L’entreprise devient l’exemple à suivre se mettant à l’abri de toute critique et devenant même un modèle porteur de valeurs et de normes c’est-à-dire en imposant à tous leur vision de l’éthique et du bien. L’analyse par l’auteur de la charte éthique de certaines entreprises tel Danone par exemple, montre que l’employé est présenté comme un objet dont il faut chercher à préserver les qualités malgré l’utilisation qu’on en fait. Danone fait passer l’idée que les aspirations individuelles de ses salariés ne peuvent que coïncider avec le profit de l’entreprise. Une des idées clés de ce nouveau management est de chercher à imposer une culture d’entreprise aux salariés. Ce sont là les stratégies élémentaires de la manipulation. Se basant sur quatre axes à savoir, l’employabilité, la performance managériale, la communication, et la RSE, l’auteur déstructure le mythe fondé sur la charte éthique de
Page | 4

certaines entreprises actuelle telle que l’Oréal, Danone…, se représentant comme ‘ des entreprises citoyenne exemplaire’. L’auteur démontre au travers de son analyse que ces axes ne sont pas le miroir des valeurs qu’elles prétendent véhiculées. Au travers du concept du storytelling, l’auteur démontre que la parole est instrumentalisée pour servir les objectifs de l’entreprise et non pas pour permettre un véritable échange entre partenaires.

Chapitre 4 : Du bon usage du management : de la manipulation perverse au suicide
Dans ce chapitre est abordé les conséquences des politiques managériales modernes, en commençant par leur plus triste et brutale illustration : le suicide de salariés. En effet, l’auteur soulève dans ce chapitre un problème actuel mais qui perçu comme tabou dans notre société contemporaine. Le lieu du travail devenant une valeur symbolique pour mettre fin à ses jours, traduit la profonde souffrance vécue par le salarie. Plusieurs facteurs tels le stress, le manque de dialogue, la concurrence entre salaries, le harcèlement moral permet d’expliquer ce déséquilibre, ce mal-aitre. L’entreprise inculque aux salaries de dépasser leur limites physique et psychique, au nom de l’épanouissement personnel, accepter d’être responsable autrement dit, assumer tous les risques (ce qui normalement est du ressort de l’entreprise). La nouvelle rhétorique managériale contemporaine s’appuie sur la crise de sens qui envahit le monde du travail, par exemple pour être un leader ou devenir un chef, il ne faut pas hésiter à instrumentaliser les autres (persuader autrui à agir selon ses souhaits) au nom du profit et du pouvoir. L’auteur constate également un fait marquant, celui de la vie professionnel qui empiète de plus en plus sur la vie privée. Il arrive parfois que l’individu cherche sa place dans le monde uniquement au travers de son activité sans se laisser ni le temps ni l’énergie d’exister ailleurs, comme si le travail permettait à celui de restituer une image de sa véritable personnalité. Le temps de présence du le lieu de travail accompagne les salaries même dans leur foyer. La distinction entre ces deux sphères est quasi-inexistante on peut donc à proprement parler d’une invasion de la sphère privée par la sphère professionnel. Le

Page | 5

risque de cette relation quasi-fusionnelle est que en cas de faute commise ou problèmes le salarié peut ressentir vide de sens de sa vie

Chapitre 5 : L’extension du domaine du management
L’auteur fait un rappel des principaux thèmes abordés dans les chapitres précédents à savoir la rhétorique du discours managériale comme recette à l’épanouissement personnel, qui est devenu une obsession de l’individu contemporain. Apprendre à gérer contrôler maitriser sa vie, développer une attitude positive ‘ être un winner’ qui ne se laisse pas abattre par l’adversité, être capable de s’imposer aux autres. Une quête personnelle orientée sur le souci de l’apparence, mais aussi de l’estime de soi.

Le dernier chapitre, le sixiè me en occurrence, s’attaque au coaching
L’accent est mis sur les 4 fonctions majeures de l’animateur celui de dynamiser, réguler, clarifier et détendre » afin de « convaincre, expliquer, faire adhérer, responsabiliser ». Voilà sans doute d’où vient sa franche aversion pour les techniques contemporaines de management Le but de l’entreprise est de gagner de l’argent et de réussir économiquement. Cette réussite est le garant du paiement des salaires qui sont versés. Le discours managérial de l’entreprise veut sans aucun doute mobiliser les salariés, les faire adhérer à ses objectifs, notamment de rentabilité. De là à y voir une volonté d’asservissement et de mise en ‘esclavage’, de manipulation, avec par trois fois une référence au nazisme.

Page | 6

Jugement Personnel
Dans son livre, Michela Marzano, fait une critique très engagée des méthodes de managements des entreprises contemporaine. On retrouve tout de l’on l’analyse énormément de références empirique, mais aussi des exemples actuelles, ce qui témoignent de la richesse de l’ouvrage mais aussi donnant la possibilité d’effectuer des comparaisons, d’analyser l’évolution et les grands changements qui se sont opérés. Cela nous permettant de voir de manière globale évolution du management, le changement de paradigme, fondé sur de nouvelles exigences. Concernant les différents concepts abordés dans le livre, en ce qui concerne la Charte éthique des entreprises. Je pense et soutiens le fait qu'une entreprise n'a pas à édicter de charte éthique car il existe des lois nationales et internationales qui régulent la société et son rapport avec l'autre ou l'environnement. Il est primordial que ces lois soient respectées scrupuleusement par les entreprises. Mais surtout ces lois ne doivent pas être réécrites ou interprétées au sein de ces chartes éthiques. Selon moi le danger réside dans le fait que ces entreprises peuvent les édicter à leurs guises, et manipuler les travailleurs en présentant ces chartes comme de véritables valeurs morales du monde du travail. Alors que comme nous le savons tous, leur objectifs premier est de maximiser le profit, d’être le plus rentable possible. D’où le paradoxe : Comment une entreprise peut-elle prétendre véhiculer des valeurs de moralité alors que son objectif principal est de maximiser les profits ? Ne seraitce pas une manière détournée qu’elles(les entreprises) ont trouvé pour manipuler leur ressources humaine afin d’atteindre leur objectifs ? Pour moi, l'entreprise doit se recentrer sur son activité et cesser de vouloir se donner des ambitions hors de son champ d'activité.

Page | 7