Synthèse n°2 :
La complexité des rapports entre mère et fille

Plan : I. Le rôle de la mère II. Les causes de la complexité de ces rapports III. La bonne entente de la mère et de la fille

Tout d’abord, nous pouvons dire que la mère et la fille sont reliées par un lien charnel inévitable. En effet, un enfant est tout de même le fruit de ses parents, ici nous nous attarderons uniquement sur la mère. Herb WATSON au travers de sa photographie « Beautiful mother and her adult daughter » traduit bien ce lien. La mère et la fille se ressemble énormément, ce qui montre très bien qu’elles sont toutes les deux liées par quelques chose. Caroline ELIACHEFF et Nathalie HEINICH dans leur essai nous explique très bien ce lien qui peut unir mère et fille. Au-delà d’entretenir des relations parentales, c’est-à-dire où la mère garde l’autorité sur la fille, elles en viennent à devenir des complices, à se faire des confidences, à se donner des conseils. Mais d’après les deux essayistes cette relation « amicale » doit être entretenue dans la limite du raisonnable, car à devenir trop « copines », la mère et la fille pourraient en avoir des retombées sur leurs vies sociales (surtout la fille pour qui tout reste à construire !). La mère ne doit pas s’éloigner de son rôle de mère, qui est tout d’abord d’éduquer sa fille. Farida dans son interview recueillit par Abdelmalek SAYAD, explique que « l’obsession de sa mère, c’est l’école », pour quelle mère n’est ce pas le but ultime que ses enfants réussissent leurs études ? Mais la mère doit également être un modèle social pour sa fille, si la mère ne marche pas dans le bon chemin, il est normal que la fille fasse de même. Ici la mère d’Agrippine semble être une femme très occupée par son emploi et est assez pantouflarde. En effet, elle travaille installée au fond de son fauteuil, tout en faisant des reproches à sa fille, qui ne fait que reproduire ce que sa mère fait. Claire BRETECHER cherche donc à montrer, au travers de sa planche de BD, que si la mère ne donne le bon exemple la fille ne peut pas faire mieux. Dans « Mères-filles, une relation à trois », les deux essayistes écrivent que la mère et la fille en viennent à « s’échanger les vêtements », ce qui est contraire à l’inculcation d’un modèle social. La mère ne doit pas s’inspirer du style vestimentaire de sa fille mais doit plutôt veiller à ce que ce style soit convenable.

Il en est donc de dire que la mère et la fille sont unies par un lien charnel, transmis à la naissance, mais que la mère doit tout de même veiller à son rôle d’éducation, de transmission de valeur et de modèle social. Mais nous pouvons constater que le non respect de ce rôle peut créer des conflits entre mères et filles. Cette complexité des rapports entre mère et fille peut tout d’abord être engendrée par l’absence d’une tiers personne, comme un père, qui aurait pour but d’apporter un équilibre dans cette relation. En effet, Abdelmalek SAYAD dans son ouvrage « L’émancipation », nous montre très bien que cette absence du père a causé beaucoup de tort à la relation entre la mère et la fille. Ici Farida était agressive avec tout le monde, plus particulièrement avec sa mère, plus sa mère s’énervée plus Farida redoublait d’efforts pour l’énerver encore plus. Au travers de son interview, la jeune femme explique ses excès de colère par le fait qu’elle ressentait un sentiment de haine envers son père, sentiment qu’elle ressent aujourd’hui encore. Dès lors que Farida eut quittée sa maison familiale, pour avoir son indépendance, tous ces conflits sont rentrés dans l’ordre. Ceci s’est fait au fur et à mesure, et grâce à l’aide de ses frères et sœurs, qui ont ici joués le rôle de la tiers personne. Quant à elles, Caroline ELIACHEFF et Nathalie HEINICH dans leur essai « Mères-filles, une relation à trois », complètent les propos recueillis dans l’ouvrage de Abdelmalek SAYAD. Comme nous le montre très bien le titre de l’essai, la relation mère-fille serait une relation incluant la mère, la fille et le père : une relation à trois. Selon les deux essayistes le père serait la seule personne capable d’empêcher « la confusion des identités » entre la mère et la fille. Ceci signifie que la mère doit garder une autorité envers sa fille et non pas se retrouver dans une relation amicale avec elle, en « se confiant mutuellement tout de leurs idées ou de leurs sentiments, à s’échanger leurs vêtements ». Elles rappellent également que cette tiers personne est ce qui peut « faire jouer l’impératif de différenciation » (dixit Pierre Legendre). Ce texte est parfaitement illustré par la photographie de Herb WATSON intitulée « Beautiful mother and her adult daughter » où nous pouvons très bien observer la parfaite fusion entre la mère et la fille. Il est quasiment impossible de différencier les deux femmes. Le photographe cherche ici à montrer que les mères veulent de plus en plus ressembler à leurs filles, ceci car elles ne veulent pas vieillir. Cette lutte contre le vieillissement peut mettre les jeunes femmes mal à l’aise et ainsi provoquer des conflits. Il en est de même dans la planche de BD « Agrippine prend vapeur » de Claire BRETECHER, où la mère ne cesse de faire des remarques à sa fille Agrippine, ce qui la met hors d’elle et effraye donc la mère. Là encore, avec la présence d’un père de tels conflits pourraient être évités.

Les relations qu’entretiennent mères et filles sont donc souvent conflictuelles, essentiellement dues à l’absence d’un père, mais il est constatable que ces conflits aboutissent en général à une bonne entente des deux femmes.

La relation d’entente entre la mère et la fille débute au moment où la fille quitte la maison, explique Farida dans le texte « L’émancipation » d’Abdelmalek SAYAD. La jeune femme explique que son départ du logement familial a été accepté « au fur et à mesure des changements qui se sont produits dans la famille ». En effet, la mère a accepté le départ de sa fille grâce à l’aide de ses autres enfants, qui lui ont fait comprendre que le mode d’éducation qu’elle avait mis en place avec leur père, n’était pas approuvé. Farida dit avec honte qu’elle avait, et a toujours, une haine envers son père, qu’elle répercutait contre sa mère. Aujourd’hui tout ceci est rentré dans l’ordre avec elle, essentiellement grâce à son déménagement mais également grâce à des efforts fait des deux cotés. Dans sa planche de BD, Claire BRETECHER illustre les propos tenus par Farida. « Agrippine prend vapeur » car sa mère ne cesse de lui reprocher le moindre de ses faits et gestes, ce qui finit par la mettre dans une colère effroyable, de là a effrayer la mère. A ce moment là, Agrippine dit ce qu’elle a sur le cœur et fait fondre en larmes sa mère. La jeune fille ne peut donc s’empêcher de consoler sa mère en la câlinant. L’illustratrice montre donc que les conflits entre mères et filles finissent toujours par s’arranger de sorte que les deux femmes soient en bons termes (…jusqu’à la prochaine querelle !). Il en est de la même constatation dans la photographie de Herb WATSON, où la mère et la fille apparaissent toutes deux avec un beau profil et un beau sourire, même si la fille peut ressentir une certaine gêne à cause de sa forte ressemblance avec sa mère. Le temps d’une photographie, elles mettent leurs conflits de coté.

Nous avons donc vu que la mère a un rôle bien défini envers sa fille, et le simple fait d’enfreindre celui-ci peut créer d’énormes troubles dans la relation de celles-ci. Afin d’éviter ces conflits, il est donc préférable qu’une tiers personne soit présente, tel le père, afin de « faire jouer l’impératif de différenciation ». Au-delà de ces conflits, nous avons pu voir qu’ils finissent, dans la plus part des cas, par s’arranger et générer une relation de bonne entente entre les deux femmes. Il est constatable qu’au fil des générations, les modes d’éducations des enfants changent et qu’il y a de moins en moins d’autorité de la part des enfants. Qu’en sera-t-il réellement si les parents laissent leurs enfants dicter les règles ?!