Notes sur l’absolutisme

I- L’absolutisme absolu de Hobbes

Absolutisme moderne car il est absolument absolu alors que l’absolutisme prémoderne comme chez Jean Bodin est plutôt libéral, de plus c’est la légitimité par le bas que promeut Hobbes qui rend cet absolutisme moderne. Les deux raisons se regroupent, car en légitimant par le haut on limite le pouvoir, ceux qui fondent un absolutisme par le haut relativisent celui-ci. Si Dieu légitime le pouvoir du roi, le roi a pour limite les règles divines, il peut tout faire sauf transgresser les lois divines (Bodin) et les lois de la nature. Alors que l’absolutisme de Hobbes est absolument absolu, rien ne vient le limiter ou l’encadrer. Bien sûr chez Bodin il faudrait l’existence de quelqu’un capable de définir les lois auxquelles le roi doit obéir et de sanctionner celui-ci (le pape et l’excommunication) ; ici seul le pape peut déposer le roi en l’excommuniant.
La formule de l’absolutisme au sens d’une absoluité complète se trouve dans la France de Louis XIV. « Nous déclarons en conséquence que les rois et souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique par l’ordre de Dieu dans les choses temporelles, qu’ils ne peuvent être déposés ni directement ni indirectement par l’autorité des chefs de l’Eglise, que leurs sujet ne peuvent être dispensés de la soumission ou de l’obéissance qu’ils leurs doivent ou absouts du serment de fidélité » (Administration de Louis XIV ou le roi lui-même). Opposition à la doctrine du Vatican (Boniface VIII) qui défend l’idée de la souveraineté universelle du pape : « les deux glaives », un glaive temporel et un glaive spirituel. Dans cette doctrine le pape dispose des deux glaives, il a le pouvoir spirituel et confie le pouvoir temporel au roi qui peut donc être déposé s’il est hérétique ou incompétent. La réaction est très vive en France, Philippe le Bel déclare le pape hérétique en se dotant d’un clergé national à la botte du roi. Le clergé n’est pas nécessairement fidèle à l’Eglise étant donné que de nombreux membres du clergé ont des obligations temporelles (vassalité, serments, etc.) ce qui permet aux souverains d’exercer indirectement le pouvoir spirituel et directement le pouvoir temporel (inverse des deux glaives).
La théorie dualiste affirme que les pouvoirs spirituels et temporels sont exercés par deux institutions différentes (pape et rois, les deux glaives ne sont pas dans une seule main) et c’est de là que la monarchie de droit divin prend son origine. Hobbes veut réunir les deux glaives (tout comme le fait Luther quand il dit « Sola Scriptura » et « seule la foi sauve »). Pour défendre la théorie dualiste on montre l’antériorité de l’existence de la royauté sur la papauté, le Christ s’est soumis à la loi même à un roi qui le persécuté (soumission passive).
Ce texte de Louis XIV montre une émancipation à l’égard du pape et de l’empire, pas de soumission à un empereur.
L’absolutisme confère au roi la possibilité de légiférer ce qui est une idée absente au Moyen-âge, du Vème au XIIème siècle les seigneurs ne se pensent pas comme législateurs, l’Eglise légifère bien plus que les seigneurs car ils ont juré fidélité aux coutumes établies. Lorsque le pouvoir légifère à partir de lui-même (selon son bon plaisir) et non en respectant les coutumes, il y a absolutisme.
« Ainsi voyons-nous à la fin des édits et ordonnances ces mots : car tel est notre plaisir. Pour faire entendre que les lois du prince souverain même lorsqu’elles sont fondées et bonne et vive raison ne dépendent néanmoins que de sa pure et franche volonté ». (Bodin – La République) Si la coutume n’a pas son mot à dire, c’est parce que le peuple ne compte pas, c’est ce que pense Hobbes, il n’existe pas de législation implicite à laquelle le souverain devrait obéir, car il n’y a que des individus distincts en guerre les uns contre les autres, il n’y a pas de corps ni de coutume exerçant un pouvoir sur le roi. Rien ne limite le pouvoir du souverain, celui-ci est complètement libre et c’est nous qui avons donné la puissance à ce tiers dans notre intérêt.
A partir de 50 av. JC l’empereur César cesse d’être un égal pour devenir un Dieu, à l’image d’Alexandre qui devient plus qu’un homme.

II- L’absolutisme et la modernité

Le pouvoir pour se limiter doit se diviser en lui-même, le libéralisme est donc surtout une doctrine de la division du pouvoir ce que refuse l’absolutisme. L’idée que le pouvoir est absolu signifie qu’il n’existe aucune limite. Il ne faut pas confondre monarchisme et absolutisme, le souverain/représentant peut être une assemblée, on peut penser un absolutisme démocratique (Rousseau). « Seul le pouvoir peut limiter le pouvoir » (Montesquieu).
On peut dire que la modernité au sens d’une souveraineté du peuple est préparée par l’absolutisme. L’absolutisme naît en même temps que le sentiment national puisque le sentiment national se développe contre l’idée d’empire de sorte que tous les états qui se constituent comme des états absolus se posent dans leur souveraineté et indépendance face à l’empire.