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Pages 24
Devoir 5D – Dossier de recherche

|Article 1 : « La fabrique du consommateur endetté » |
|Maxime Ouellet |
|Relations, no 745, p. 16-17, décembre 2010 |
|L’auteur, docteur en études politiques, enseigne à l’Université du Québec à Montréal. Sous l’impulsion de stratégies publicitaires |
|sophistiquées, le crédit à la consommation intègre les ménages surendettés à la dynamique d’un développement aveugle, tout en instituant un |
|rapport au monde particulier. |
|« Vous êtes plus riche que vous ne le pensez. » |
|Slogan publicitaire de la Banque Scotia, 2010 |
|« La dévalorisation du monde humain va de pair avec la mise en valeur du monde matériel. » |
|Karl Marx, Manuscrits de 1844 |
|Les banques et les compagnies émettrices de cartes de crédit ont abondamment recours à la rhétorique de la liberté et de l’émancipation pour|
|interpeller les consommateurs : « la liberté n’a pas d’âge », avance une publicité de Visa destinée aux étudiants. Mais dans les faits, ce |
|type de liberté ne consisterait-il pas en une forme insidieuse de domination ? Les salariés seraient désormais « libres » d’accumuler du |
|capital (par leurs placements), mais en même temps, contraints de convertir une partie de leurs revenus en survaleur (par le paiement des |
|intérêts de leur marge de crédit). En ce sens, le crédit s’appuie sur une idéologie qui se nourrit du désir de liberté et de libération des |
|individus, tout en les insérant dans un régime d’oppression fondé sur le calcul incessant de leurs stratégies de paiement (jongler avec des |
|emprunts pour payer le montant minimum de sa dette, par exemple). Cette idéologie s’arrime parfaitement à la représentation dominante |
|véhiculée par les économistes et les médias de masse, qui présente l’économie de marché comme un phénomène naturel et la production |
|illimitée d’une richesse « abstraite », l’argent, comme étant la finalité de toute société. |
|Du citoyen-consommateur… |
|Le crédit à la consommation, de même que la dynamique de surendettement qui lui est inhérente, ne sont pas des phénomènes « naturels » et |
|irréversibles. Ils résultent d’un processus essentiellement idéologique qui a permis de légitimer et de normaliser une conception |
|particulière de l’individu, celle du consommateur utile au « bon fonctionnement » du système capitaliste actuel. Rappelons que les |
|dirigeants industriels du XIXe siècle se sont transformés en « capitaines de la conscience » en cherchant à modifier les pratiques |
|quotidiennes des ouvriers pour en faire des consommateurs (Stuart Ewen, Consciences sous influence : publicité et genèse de la société de |
|consommation, Aubier Montaigne, 1983). L’envie de la dépense, la surconsommation et le pouvoir d’achat ont remplacé le souci de l’épargne, |
|constitutif de l’ancien esprit du capitalisme, afin de répondre aux nouvelles exigences de la production de masse du nouveau système. |
|Si la pratique de l’achat à crédit se généralise avec l’avènement de la société de consommation, l’endettement des particuliers demeurait |
|tout de même contraint politiquement. Une réglementation stricte de l’émission du crédit et l’adéquation entre les augmentations salariales |
|et la productivité économique propre au modèle fordiste limitaient le recours des ménages à l’endettement massif. Une partie importante de |
|l’endettement collectif reposait sur l’État. Or, cette situation générait une contradiction fondamentale : à un certain stade, l’exigence de|
|surconsommation ne peut plus répondre à la dynamique effrénée de surproduction – c’est la crise. |
|Des innovations dans les domaines de l’informatique et de l’ingénierie financière ont permis de calculer les risques liés à l’endettement |
|des individus et de les transformer en marchandises pouvant s’échanger sous la forme de produits financiers complexes. L’endettement |
|programmé des ménages – au même titre que l’obsolescence programmée des produits qui entraîne la surconsommation – est essentiel à la |
|logique d’accumulation financiarisée, et c’est pourquoi les entreprises usent de stratégies de marketing agressives pour normaliser et |
|généraliser l’utilisation des cartes de crédit. En offrant des points Air Miles, par exemple, lors de l’utilisation d’une carte, les |
|entreprises cherchent à encourager le recours au crédit pour la consommation quotidienne. Le but est simple : faire en sorte que les |
|consommateurs atteignent un niveau d’endettement qui ne leur permette plus de rembourser le montant total de leurs achats à la fin du mois. |
|Ils passent ainsi au statut dit du revolver, c’est-à-dire celui qui ne paie que le minimum sur son solde de crédit. Dans la même veine, |
|certaines cartes de crédit ciblent spécifiquement les voyageurs puisque les études de marketing montrent que c’est lors des déplacements que|
|les consommateurs sont les plus susceptibles de sur-dépenser au moyen de leur(s) carte(s) de crédit. Une autre pratique d’expansion du |
|crédit est celle des cartes affinitaires. Elles sont de deux types : les cartes « style de vie » (par exemple, la carte Allure de Mastercard|
|est destinée aux jeunes femmes instruites et actives) et les cartes « personnalité », qui profitent de l’industrie du divertissement en |
|promouvant certaines vedettes comme Elvis Presley ou Madonna. |
|Cette « démocratisation du crédit » légitime les inégalités de richesse dans les sociétés capitalistes avancées. Si elle permet aux |
|personnes défavorisées de bénéficier, en apparence, du même style de vie que les classes aisées, ce sont à elles qu’on impose généralement |
|une moins bonne cote de crédit et de forts taux d’intérêt – qui se trouvent à financer les bas taux d’intérêt dont jouissent les classes |
|moyenne et riche. |
|La carte de crédit prépayée lancée récemment par Visa, baptisée Rush Card, témoigne de la force d’attraction de la « promesse » |
|d’émancipation véhiculée par le système financier. Cette carte permet aux personnes exclues du crédit et aux ménages qui ne possèdent pas de|
|compte en banque de bénéficier des mêmes avantages, et surtout de la même image, que le reste de la population. Sa formule se résume ainsi :|
|« je n’ai plus les moyens de vivre à crédit, mais il est encore possible de donner l’impression aux autres que je peux le faire[1] ». Cette |
|forme de mimétisme montre la nature perverse du lien social que constitue le crédit dans le capitalisme contemporain : pour s’individualiser|
|et être reconnu comme membre à part entière de la société, il est nécessaire de se soumettre à la domination du fétichisme de la |
|marchandise. Comme le souligne Jean-Claude Michéa : « il est catégoriquement impératif de consommer à seule fin de montrer que l’on |
|consomme » (La double pensée. Retour sur la question libérale, Flammarion, 2008). |
|… à l’entrepreneur de lui-même |
|Même si la récente crise financière mondiale a révélé l’impasse de notre système économique, la structuration des rapports sociaux sur la |
|base du crédit a permis, et permet toujours, de maintenir de manière fictive la dynamique d’accumulation aveugle et illimitée à laquelle |
|nous sommes tous soumis. |
|Pour maintenir cette dynamique de financiarisation de la vie quotidienne, il est nécessaire de transférer la prise de risques – qui devrait,|
|en principe, relever des entreprises – vers les individus, en les incluant dans la valorisation du capital. C’est ce qu’ont eu pour |
|principale conséquence les innovations financières récentes (notamment la titrisation qui permet de transformer une dette telle une |
|hypothèque en un actif s’échangeant sur le marché), selon le rapport Global Financial Stability (2005) du Fonds monétaire international. Les|
|ménages et les individus sont de plus en plus les « amortisseurs des chocs » du système financier, comme en témoigne la crise des subprimes |
|aux États-Unis. |
|Ce transfert de risques s’effectue dans un contexte de politiques scandaleuses de socialisation des pertes et de privatisation des profits |
|qui ont été mises en place par nos gouvernements pour renflouer les coffres des banques à la suite de la crise. À l’heure actuelle, les |
|principales mesures pour sortir de cette impasse sont essentiellement apolitiques, en ce qu’elles visent les ménages et les individus |
|endettés. Ainsi, selon un rapport de l’OCDE, des campagnes d’éducation financière devraient permettre aux ménages de faire preuve d’un |
|comportement plus « rationnel » (La crise financière : réforme et stratégies de sortie, 2010). La solution serait donc que l’entrepreneur de|
|lui-même gère mieux ses dettes et actifs, qu’il s’adapte davantage à la « rationalité » économique dominante dont on perpétue ainsi la |
|domination sur l’ensemble de la société. Un des moyens pour réellement repolitiser l’économie serait, au contraire, de questionner le rôle |
|du crédit dans nos vies comme le faisaient les Associations coopératives d’économie familiale (ACEF), qui publiaient, en 1980, un document |
|intitulé Le crédit : instrument de domination aux mains des classes dirigeantes. |
|Le terme « crédit », il faut le rappeler, provient du mot latin credere, qui signifie croire. Notre économie financiarisée repose bien sur |
|une croyance dans la croissance illimitée rendue possible par le crédit. Celui-ci consiste en une gigantesque illusion collective qui est |
|orientée vers un « temps futurisé » complètement fictif. L’accumulation se maintient uniquement en s’appuyant sur un ancrage symbolique qui |
|repose sur le niveau de confiance produit par les institutions financières globales. La crise actuelle exprime ainsi une rupture du lien |
|social, une crise de confiance, qui prend place lorsque la médiation symbolique articulée par le fétichisme de l’argent cesse d’opérer sa |
|magie. Selon Glen Hodgson, économiste en chef du Conference Board, « l’attitude des médias aide à déterminer de quelle façon se sentent les |
|consommateurs […] Si [les médias] continuent à dire que le ciel nous tombe sur la tête, les gens pensent que le ciel leur tombe sur la |
|tête[2] ». |
|[pic] |
|[1] Fabien Deglise, « La fin de la carte de crédit ? », Le Devoir, 22 novembre 2008. |
|[2] « La crise ? C’est la faute aux médias ! », Le Devoir, 8 janvier 2009. |

(

|Article 2 : « L’endettement forme la jeunesse » |
|Julia Posca |
|Relations, no 745, p. 18-19, décembre 2010 |
|L’auteure, détentrice d’une maîtrise en sociologie à l’UQAM, est membre du Collectif d’analyse de la financiarisation du capitalisme avancé |
|(CAFCA) |
|Si l’endettement croissant des jeunes est le fruit d’une culture consumériste, il n’est pas juste d’en appeler à leur sens des |
|responsabilités et de la discipline budgétaire sans responsabiliser l’industrie financière qui le normalise, l’encourage et en profite. |
|« Avant les années 1960, le fait de recourir au crédit pour effectuer des achats ordinaires était un phénomène plutôt rare. L’opinion |
|publique y était défavorable, car le crédit à la consommation était associé à une mauvaise gestion des affaires personnelles. Aujourd’hui, |
|les choses ont bien changé. Le crédit à la consommation fait désormais partie du mode de vie des Québécois. On emprunte généralement sans |
|culpabiliser. […] Les gens apprécient mieux les avantages du crédit. […] Grâce au crédit, on n’est pas obligé de retarder la réalisation de |
|certains projets comme l’achat d’une voiture, par exemple. » Cette introduction au crédit à la consommation, extraite d’un manuel d’économie|
|pour les élèves de 5e secondaire, côtoyait une section sur les avantages de la planification budgétaire et une autre sur les dangers de |
|l’endettement. Le cours d’économie a été retiré du programme en 2009 – après que celui d’économie familiale ait été aboli à la fin des |
|années 1990. Et l’endettement chez les jeunes, lui, a depuis augmenté. |
|En octobre 2009, la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ) publiait les résultats d’une étude portant sur les |
|habitudes et les connaissances des jeunes en matière de crédit à la consommation. Ceux d’entre eux qui possèdent en moyenne 1,5 carte de |
|crédit ont admis, dans 75 % des cas, détenir une dette de moins de 1000 $. Cette donnée situe l’endettement moyen des jeunes de 18 à 29 ans |
|à 1700 $. À ce chiffre, il faut cependant ajouter les autres dettes contractées. Selon les données de Statistique Canada, les jeunes adultes|
|de moins de 35 ans cumulaient quant à eux une dette de 39,40 $ pour chaque tranche de 100 $ d’avoirs en 2005. De plus, on apprenait, dans |
|une étude de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada parue en août 2008, que six jeunes sur dix avaient contracté une |
|dette, majoritairement un prêt étudiant ou un solde sur une carte de crédit. De ce lot, 36 % ont affirmé que la somme de leurs dettes |
|dépassait 10 000 $ et 21 %, qu’elle était supérieure à 20 000 $. 37 % des jeunes admettaient ne pas avoir été en mesure de couvrir leurs |
|dépenses pendant au moins un mois de l’année (proportion qui monte à 56 % dans le cas des jeunes parents). |
|L’endettement, un problème individuel ? |
|Les organismes concernés concluent généralement que c’est le peu de connaissances en matière de consommation de produits financiers qui est |
|à la source de cet endettement élevé. Plusieurs comme l’Association des banquiers canadiens travaillent ainsi à rehausser le niveau de |
|« littératie financière ». La campagne « Dans la marge jusqu’au cou » de la CACQ vise, par exemple, à informer les jeunes sur les façons de |
|consommer de manière plus raisonnable, c’est-à-dire à la hauteur de leurs moyens. Les responsables de cette initiative suggèrent aussi que |
|si les jeunes sont endettés, c’est parce qu’ils ont tendance à surconsommer. Leur utilisation irréfléchie du crédit les conduirait à |
|l’endettement, voire au surendettement. Contre cette tendance, on leur adresse des messages qui tiennent lieu d’objectifs : « Me rebrancher |
|sur mes besoins réels », « Mieux me connaître comme consommateur ». En bref, on attribue la responsabilité du problème presque strictement |
|aux jeunes et, dans un deuxième temps, on cherche à faire d’eux de meilleurs consommateurs, mais de meilleurs emprunteurs aussi ! |
|Loin d’être un phénomène typiquement « jeune », l’augmentation de la dépendance envers le crédit peut être vue comme une conséquence de la |
|financiarisation de l’économie qui, depuis la fin des années 1970, s’est faite au détriment des ménages de la classe moyenne, tous âges |
|confondus. Or, les jeunes ont peut-être un « rôle » plus important qu’il n’y paraît dans ce qu’il faut qualifier de système d’endettement, |
|système qui est le parfait corollaire de la montée fulgurante du pouvoir des acteurs financiers dans les sociétés capitalistes. |
|La discipline sociale de l’endettement |
|En 2007, l’Aide financière aux études montrait, dans son Enquête sur les conditions de vie des étudiants, que l’endettement total moyen des |
|bénéficiaires était de 9846 $, contre seulement 1985 $ pour les non-bénéficiaires (alors que le revenu brut moyen des répondants s’élevait à|
|11 895 $, soit environ trois fois moins que la moyenne du Québec). D’aucuns trouveront peut-être qu’il s’agit là d’un endettement |
|raisonnable. Pourtant, il faut reconnaître qu’en normalisant le recours au crédit, le système d’aide financière a par la même occasion rendu|
|légitime le clivage entre les étudiants aisés et les moins bien nantis. |
|Si l’on souhaite s’attaquer à l’endettement préoccupant des jeunes, il faut alors se questionner sur ce qui le rend acceptable aux yeux de |
|la majorité. Pour reprendre l’exemple des études post-secondaires, il n’est plus rare d’entendre qu’il y a un prix à l’éducation. |
|Conséquemment, c’est à celui ou celle qui choisit de s’éduquer que devrait revenir le fardeau de financer ses études. L’aide financière |
|permet ainsi à ceux qui n’en ont pas encore les moyens de se « procurer » rapidement l’éducation qu’ils désirent. C’est donc parce que l’on |
|est dans une « économie monétaire » selon laquelle la valeur de chaque chose s’exprime par son prix que le financement à crédit de |
|l’éducation passe pour une pratique normale. |
|On touche ici au fondement de la légitimité de l’endettement, qui réside dans ce qu’on pourrait appeler la culture consumériste. En |
|Occident, la consommation constitue une manière pour l’individu d’exprimer son identité et de se différencier de ses pairs. Ceci est |
|d’autant plus vrai pour les adolescents et les jeunes adultes, et ce, peu importe leur condition économique. Dans ces circonstances, il |
|semble normal pour les consommateurs de se procurer à crédit les biens et les loisirs qui les rapprocheront du statut social convoité. Cela |
|nous permet-il de saluer les avantages du crédit ? Tout porte plutôt à croire que cumulé à une utilisation abusive du crédit, ce désir de |
|reconnaissance sociale peut se transformer en un cocktail explosif. Dans son documentaire Maxed Out (titre qui signifie en français : qui a |
|atteint sa limite de crédit), le réalisateur James Scurlock s’est entretenu avec deux mères dont les enfants n’ont trouvé comme solution au |
|surendettement que de s’enlever la vie. Les deux avaient été sollicités par des institutions bancaires alors qu’ils entraient à peine au |
|collège et qu’ils étaient sans emploi. L’un deux posséda jusqu’à douze cartes de crédit. Il confessa à sa mère qu’il considérait sa vie |
|comme un échec. Certes, il s’agit là de cas extrêmes, mais qui révèlent de façon sordide la relation étroite entre l’estime de soi et la |
|réussite économique, de même que la fonction qui échoit à la consommation dans ce contexte. |
|Il ne fait pas de doute que les connaissances limitées des jeunes en matière de crédit (taux d’intérêt, échéances, concept du paiement |
|minimum, etc.) en font des proies faciles, et bien sûr des clients rentables pour les institutions financières. En outre, l’endettement est |
|souvent qualifié à raison de « spirale » parce qu’il est fréquent d’emprunter pour d’honorer une dette plus ancienne. En offrant du crédit |
|facile aux jeunes, on les entraîne dans cette spirale au détriment de leur santé financière et, on l’a vu, de leur santé tout court. Pour |
|garder la tête hors de l’eau, il faut donc financer son endettement. Le travail salarié, qui servait à soutenir la consommation, devient une|
|nécessité pour celui qui doit rembourser ses créanciers. En ce sens, l’endettement agit comme un puissant mécanisme de disciplinarisation, |
|d’autant plus efficace qu’il est mis en place et intériorisé à un jeune âge. Ceux qui ont dû s’endetter afin de financer leurs études |
|ressentent d’ailleurs rapidement le poids de cette discipline. |
|Certes, les jeunes pourraient être mieux instruits quant aux risques de l’endettement. À cet égard, réintroduire le cours d’économie dans |
|les écoles secondaires serait certainement un pas dans la bonne direction – plutôt que d’y organiser des ateliers de simulation boursière. |
|Mais ce ne serait qu’une manière de limiter les dégâts. S’attaquer au problème de l’endettement comme s’il était la conséquence d’un manque |
|d’éducation équivaut, tout compte fait, à un refus de remettre en question le modèle culturel dont dépend notre système économique. Car |
|distinguer le surendettement de l’endettement raisonnable, c’est aussi cautionner le besoin de consommer, peu importe la finalité de cette |
|consommation et les conditions qui la rendent possible. D’autre part, en blâmant les jeunes pour leur insouciance, on déresponsabilise |
|l’industrie financière, celle-là même qui a pourtant tout intérêt à ce que ses clients s’endettent. Ce qui apparaît cette fois-ci comme une |
|manière de consentir à ce qu’on pourrait qualifier de nouvelle norme de l’endettement. |
|Article 3 : « L’endettement des Canadiens inquiète » |
|Gérard Bérubé |
|Le Devoir, 14 septembre 2010 |
|Les ménages canadiens demeurent financièrement serrés. Leur endettement s’accroche près des sommets historiques mesurés lors de la dernière |
|récession, même si une légère détente a été observée au deuxième trimestre. |
|L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a donné le ton hier en revenant sur le niveau d’endettement des |
|Canadiens. Dans son étude économique sur le Canada, l’organisme a fait ressortir l’endettement élevé des ménages, « qui se trouve maintenant|
|proche du pic historique ». L’OCDE a rappelé que « les taux d’intérêt ayant baissé et le système financier continuant de bien fonctionner, |
|l’endettement des ménages s’est accru tout au long de la récession ». L’institution a mesuré, pour les Canadiens, un ratio dette/revenu |
|disponible record, autour de 1,48, et un léger recul du ratio d’endettement sous les 0,2. L’endettement des Canadiens se situe toutefois sur|
|la moyenne des pays de l’OCDE. |
|L’OCDE retient toutefois que les Canadiens ont profité des taux hypothécaires se situant à des seuils historiques, ce qui a eu pour effet de|
|pousser la valeur des propriétés à des niveaux trop élevés par rapport à leur revenu ou au prix des loyers. |
|Dans son bilan national, Statistique Canada faisait également ressortir un accroissement du passif des Canadiens. Plus précisément, l’agence|
|fédérale a noté une baisse de la valeur nette des ménages au deuxième trimestre de 2010, une première depuis les trois premiers mois de |
|2009. Elle s’explique essentiellement par un recul des marchés boursiers, l’indice baromètre de la Bourse de Toronto ayant perdu 6,2 % au |
|deuxième trimestre après avoir progressé à chacun des quatre trimestres précédents. |
|À cette baisse de l’actif est venue se greffer une hausse du passif, sous le coup d’un accroissement des crédits hypothécaire et à la |
|consommation. N’empêche, « l’endettement des ménages sur le marché du crédit en proportion de leur revenu personnel disponible a diminué |
|pour s’établir à 143,7 %, en baisse pour la première fois depuis le premier trimestre de 2006 ». Statistique Canada parle également d’un |
|recul du ratio du service de la dette, pour finalement expliquer le tout par l’augmentation de 3,6 % du revenu personnel disponible au |
|deuxième trimestre. |
|Ces données s’inscrivent dans l’ombre d’une préoccupation grandissante des Canadiens face à leur situation financière. Selon un sondage |
|réalisé par l’Association canadienne de la paie (ACP), « la majorité des travailleurs canadiens continuent de vivre d’un chèque de paie à |
|l’autre, et 59 % d’entre eux affirment qu’ils auraient de la difficulté à s’acquitter de leurs obligations financières si leur chèque de |
|paie leur était remis une semaine plus tard ». |
|Selon le groupe d’âge, les jeunes travailleurs ont plus de difficulté à s’acquitter de leurs obligations financières, 65 % des travailleurs |
|âgés de 18 à 34 ans affirmant que la situation serait très difficile, difficile, ou plus ou moins difficile s’ils manquaient même un seul |
|chèque de paie. Et par ménage, la situation se veut plus précaire pour les familles monoparentales, « 76 % d’entre elles affirmant qu’elles |
|auraient de la difficulté à s’acquitter de leurs obligations financières si leur paie était en retard (une augmentation de 4 % par rapport à|
|l’année dernière) », peut-on dans [sic] les résultats du sondage de l’ACP. |

(

|Article 4 : « Les consommateurs sont essoufflés » |
|Hélène Baril |
|La Presse, 15 juin 2011 |
|La dette totale des ménages canadiens atteint un record de tous les temps, et les consommateurs ont de moins en moins les moyens de |
|continuer à faire rouler l’économie. |
|Les ménages commencent à être essoufflés, constate Rock Lefevbre, auteur d’une étude sur l’endettement des Canadiens publiée hier par |
|l’Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada). |
|Au début de 2011, la dette totale des familles canadiennes atteignait 1 500 milliards de dollars. C’est 176 461 $ par famille de deux |
|adultes et deux enfants, un sommet sans précédent. |
|C’est en Colombie-Britannique que les ménages sont les plus endettés, en raison surtout du prix élevé des maisons. Le Québec est au |
|cinquième rang, une place confortable et relativement constante d’une année à l’autre, selon Rock Lefevbre. |
|Des hypothèques lourdes |
|Les ménages québécois supportent toutefois des hypothèques de plus en plus lourdes, indique l’étude. Les Québécois consacrent actuellement |
|6 % de leur revenu disponible à payer leur hypothèque, comparativement à 9 % en Colombie-Britannique. |
|Les emprunts contractés pour acheter une maison sont généralement considérés comme une bonne dette, par opposition à ceux qui servent à la |
|consommation courante, qui sont de la mauvaise dette. |
|« Ce n’est pas toujours vrai, souligne le porte-parole des CGA. S’endetter pour acheter une maison n’est pas une bonne décision pour tout le|
|monde. Plusieurs se mettent à risque parce qu’ils ne considèrent pas tous les coûts associés à la propriété comme les taxes et les |
|assurances et l’entretien. » |
|Les deux tiers des dettes des ménages canadiens sont contractés pour une hypothèque, et le dernier tiers pour la consommation courante. |
|Cette proportion varie peu, selon les CGA, qui décortiquent le niveau d’endettement des Canadiens depuis 2007. |
|Les dettes de consommation augmentent toutefois à un rythme plus rapide que les dettes qui servent à accroître le patrimoine, comme les |
|hypothèques. |
|Récemment toutefois, le rythme d’augmentation des dépenses de consommation a commencé à ralentir. Ce n’est pas nécessairement une bonne |
|nouvelle, selon les CGA. |
|Ça indique que les gens commencent à atteindre leurs limites et qu’ils ne pourront plus continuer à soutenir la croissance économique, selon|
|Rock Lefevbre. |
|« On s’est trop fiés sur le consommateur. Il est temps que d’autres moteurs, comme les augmentations de productivité et l’entrepreneuriat, |
|prennent la relève », estime-t-il. |

|À risque |
|La dette des Canadiens s’accroît plus vite que leurs revenus, indique aussi l’étude rendue publique hier. C’est particulièrement vrai pour |
|les familles monoparentales et les ménages à faibles revenus, souligne Rock Lefebvre. |
|Par exemple, les familles monoparentales sont la seule catégorie de ménages dont l’endettement croît avec l’âge. |
|Comme ce n’est qu’une question de temps avant que les taux d’intérêt augmentent, la situation de ces ménages sera de plus en plus précaire. |
|Autre constatation préoccupante : de plus en plus de Canadiens arrivent à la retraite avec des dettes. Un tiers des ménages retraités ont |
|une dette de 60 000 $ et 17 % d'entre eux ont une dette de 100 000 $ ou plus. |
|« Quand on travaille, 60 000 $ ne nous semblent pas une grosse dette, mais, à la retraite, il faut commencer à penser que ce sont nos |
|enfants qui pourraient hériter de cette dette », note l’auteur de l'étude. |

(

|Article 5 : « Génération pognon » |
|Isabelle Grégoire |
|L’actualité, vol. 33, No 4, p. 20, 15 septembre 2008 |
|Trois cégépiens sur quatre travaillent tout en étudiant. Du jamais-vu. Y sacrifions-nous une génération ? Oui, dit le sociologue québécois |
|Jacques Roy dans un essai détonnant à paraître cet automne. |
|C’est une évolution radicale qui est passée presque inaperçue. Depuis le milieu des années 1970, le nombre de cégépiens qui travaillent tout|
|en étudiant à plein temps a quadruplé (il a grimpé de 17 % à 72 %), et ceux-ci accordent désormais plus de temps à leur emploi (17 heures |
|par semaine en moyenne) qu’à l’étude à la maison (12 heures). Au total, les jeunes boulonnent donc aujourd’hui 50 heures par semaine. Et |
|dorment de moins en moins. Cet emploi du temps surchargé préoccupe le sociologue Jacques Roy. Lui-même professeur au cégep de Sainte-Foy, à |
|Québec, il analyse depuis 2001 l’influence des facteurs sociaux sur la réussite scolaire des cégépiens de leurs systèmes de valeurs à la |
|qualité des liens avec leurs parents en passant par leurs conditions socioéconomiques. Auteur principal (avec Josée Bouchard et Marie-Anne |
|Turcotte) d’une vaste étude sur la conciliation travail-études au collégial, déposée en juin au ministère de l’Éducation, du Loisir et du |
|Sport, Jacques Roy publiera également cet automne un essai sur le sujet, intitulé Entre la classe et les Mcjobs : Portrait d’une génération |
|de cégépiens et de leurs valeurs (Presses de l’Université Laval). |
|Selon le sociologue, une réflexion collective doit s’engager d’urgence tant du côté du réseau collégial que des parents, des employeurs et |
|des cégépiens pour revenir à un meilleur équilibre. La société québécoise est en contradiction avec elle-même, souligne Jacques Roy. « Alors|
|qu’elle mise sur la réussite scolaire du plus grand nombre, elle fait preuve d’un grand laxisme en ce qui concerne le travail rémunéré des |
|étudiants, qui peut pourtant compromettre leur succès. » |
|Pour améliorer la situation, le sociologue propose plusieurs pistes de solutions. Les parents doivent soutenir davantage leurs jeunes à la |
|fois financièrement et moralement. Les entreprises doivent mettre la pédale douce en ce qui a trait aux heures de travail qu’elles demandent|
|aux étudiants. Et par-dessus tout, le réseau de l’éducation doit faire contrepoids au discours ambiant, axé sur la consommation. « Quand les|
|cégeps permettent aux étudiants d’adapter leur horaire de cours en fonction des besoins de leur employeur, ça revient à leur dire que |
|l’économie marchande prime le savoir. Au contraire, il faut répéter aux cégépiens que leur première job, c’est d’étudier ! » |
|Les cégépiens sont devenus accros du boulot ; faut-il s’en inquiéter ? |
|– En soi, le travail rémunéré n’est pas un ennemi de la réussite scolaire. À faible dose, il peut être un facteur d’engagement envers les |
|études et permettre aux étudiants d’acquérir des aptitudes complémentaires à ce qu’ils apprennent au cégep. Mais à partir de 20 à 25 heures |
|de travail par semaine, ceux-ci risquent de devenir fatigués, démotivés et de ne plus pouvoir faire face à leurs obligations scolaires. |
|Actuellement, les cégépiens travaillent en moyenne 17 heures par semaine, alors qu’ils n’en consacrent que 12 à l’étude à la maison. En |
|ajoutant les cours, cela donne des semaines de 50 heures. Résultat : ils courent comme des poules sans tête et ne dorment plus que 7 heures |
|et 15 minutes par nuit, au lieu de 8 heures, comme il y a 20 ans. La plupart des Québécois croient les cégépiens paresseux, alors qu’on a |
|plutôt affaire à des workaholics. |
|Comment cela joue-t-il sur leur santé et leur rendement scolaire ? |
|– Même si la majorité des cégépiens se disent bien dans leur peau et contents de travailler, le stress fait partie intégrante de leur |
|quotidien. Ils sont continuellement pressés par le temps, parce qu’ils ont du mal à concilier le travail et les études. Le risque de |
|décrochage dans ces conditions touche environ un étudiant sur dix. |
|Plus globalement, cela représente-t-il des risques pour la société québécoise ? |
|– Oui, parce qu’on est en totale contradiction avec nos aspirations collectives en faveur de la réussite scolaire. La plus belle |
|illustration en est la période des fêtes de fin d’année. Pendant les deux premières semaines de décembre, les magasins recrutent massivement|
|des étudiants et demandent à ceux qu’ils emploient déjà de faire du « 9 à 9 », payé à taux majoré de moitié. Alors que ceux-ci sont dans une|
|période cruciale d’examens et de remise de travaux. Si on voulait éliminer les étudiants qui sont déjà à risque, on ne trouverait pas de |
|meilleure solution ! |
|C’est le triomphe de la société de consommation sur celle du savoir. |
|Le Québec est pourtant dans la moyenne au pays pour le travail des 15-24 ans. |
|– Oui, mais je déplore qu’au Québec il n’y ait aucun discours qui fasse contrepoids à cette culture anglo-saxonne du travail. En Belgique, |
|par exemple, l’horaire des cours est organisé de façon telle que les jeunes ne peuvent pas travailler. L’État et les familles les |
|soutiennent. Il faut cesser de considérer le travail des jeunes comme une fatalité. |
|Pourquoi travaillent-ils autant ? |
|– Parce qu’ils désirent être autonomes financièrement... et ne pas avoir à discutailler avec leurs parents lorsqu’ils veulent s’acheter |
|quelque chose. Par ailleurs, les cégépiens adhèrent à l’idéologie productiviste nord-américaine sans la contester ; ils ne sont distincts ni|
|des autres Canadiens ni des Américains. Et puis, ces emplois, ils les apprécient. Beaucoup estiment que leur boulot contribue à leur |
|développement personnel – sens des responsabilités, communication avec le public, organisation... – tout en leur procurant un lieu de |
|socialisation. |
|La multiplication des emplois atypiques favorise également l’embauche des étudiants, la majorité d’entre eux occupant un petit boulot à |
|temps partiel, sans protection syndicale, au salaire minimum, dans le secteur des ventes et de la restauration. Des « Mcjobs » ! |
|Les cégépiens souhaitent être autonomes ; pourtant, les « Tanguy » sont plus nombreux qu’il y a 30 ans... |
|– Il est vrai que la majorité d'entre eux (70 %) habitent chez leurs parents. Mais pour ceux qui vivent en appartement, il s’agit de survie.|
|Un cégépien sur cinq travaille pour des raisons de subsistance. Dans leur cas, les prêts et bourses ne peuvent pas répondre à certains |
|besoins de base, en particulier pour ceux qui viennent des régions. D’autant que l’aide financière du ministère de l’Éducation est réduite |
|en fonction des revenus tirés du travail, une pénalité que beaucoup d’étudiants trouvent injuste. |
|Quant aux autres, c’est surtout pour s’offrir un certain luxe : cellulaire, voiture, voyages... ? |
|– Deux mythes faussent la réalité. Ce n’est pas vrai que les étudiants sont au bout du rouleau sur le plan financier même si les |
|associations étudiantes jouent parfois la carte du misérabilisme. Mais c’est tout aussi faux de dire qu’ils sont « gras dur » au point |
|d’avoir tous une voiture. La réalité se trouve entre les deux. Les cégépiens veulent participer à la société de consommation et travaillent |
|pour augmenter leur confort et leur qualité de vie pendant leur parcours scolaire. Mais ils ont des moyens limités. Leur endettement ne |
|cesse d’ailleurs de progresser. |
|Les garçons, plus à risque en ce qui concerne le décrochage, pâtissent-ils plus que les filles du fait de travailler ? |
|– Ils ont tendance à être plus téméraires : ils sont plus nombreux à travailler 25 heures et plus par semaine et à accepter de le faire de |
|nuit, deux facteurs contre-indiqués pour la réussite scolaire. Leur motivation aussi n’est pas toujours la même. Les filles vont davantage |
|sur le marché du travail pour acquérir de l’expérience et développer leur sens des responsabilités. Chez les garçons, l’accès à la |
|consommation et au divertissement est une source de motivation plus importante. |
|Que faire pour rendre la vie des uns et des autres plus équilibrée ? |
|– D’abord, il faut que les cégeps se réveillent ! Chacun, dans son milieu respectif, devrait sensibiliser les employeurs à l’importance de |
|la réussite scolaire des étudiants qu’ils embauchent. Et négocier des ententes avec eux pour établir des conditions minimales de travail, |
|par exemple décider qu’aucun étudiant ne fera plus de 15 heures par semaine. Parce que les jeunes ne sont pas assez forts pour dire non à |
|l’employeur qui leur demande de travailler plus. De telles initiatives commencent à apparaître dans certaines régions, mais ça demeure très |
|timide. Il ne faut cependant pas sous-estimer les difficultés : les employeurs des étudiants sont dispersés dans de petites structures, ce |
|qui rend la |
| |
|concertation plus difficile. Par ailleurs, le potentiel de collaboration entre les employeurs et les cégeps peut varier selon les milieux : |
|la réalité est très différente selon qu’on soit à Saguenay ou à Montréal. |
|Les cégeps devraient également se demander s’il est judicieux de permettre aux étudiants d’adapter leur horaire de cours en fonction des |
|besoins de leur employeur. Accepter ça revient à dire aux étudiants que l’économie marchande prime le savoir. Alors qu’au contraire il faut |
|leur répéter que leur première job, c’est d’étudier ! Si les établissements d’enseignement ne tiennent pas ce discours, qui le fera ? |
|L’État devrait-il également intervenir ? |
|– L’État devrait établir les règles du jeu pour civiliser cette jungle-là. Quitte à imposer des amendes aux employeurs récalcitrants. Il |
|faudrait également encourager les entreprises à imaginer des moyens pour favoriser la conciliation travail-études. Certains commencent à |
|s’attaquer au problème comme la chaîne de magasins Rona (voir l’encadré ci-contre), mais c’est encore rare. |
|Et les parents dans tout ça ? |
|– Nos travaux montrent que leur soutien moral et financier a une incidence réelle sur la persévérance et la réussite des étudiants. Mais la |
|plupart des parents de cégépiens l’ignorent ! Ils s’imaginent que ça se fait tout seul, qu’ils n’ont plus à intervenir. Chaque jour, |
|pourtant, au Québec, des étudiants ratent leurs cours parce qu’ils travaillent trop et gèrent mal leur emploi du temps ; ils consacrent plus|
|d’heures au travail qu’aux études. J’en vois régulièrement qui arrivent en classe épuisés, démotivés, parce qu’ils sont dans une perpétuelle|
|course contre la montre. Et rédigent leurs travaux durant la nuit, faute de temps. Pourquoi leurs parents n’interviennent-ils pas ? Ils |
|devraient être plus attentifs aux signes de fatigue, de lassitude, de dépression chez leurs jeunes. Ça nous aiderait énormément ! |
|Il faut revenir à un équilibre et à un certain encadrement pour que le temps consacré aux études soit plus important. Sans tomber dans |
|l’excès inverse comme en France, par exemple, où les étudiants se sentent étouffés par leurs parents, les Québécois devraient soutenir |
|davantage leurs enfants. Trop souvent, ils ont peu de contacts avec eux ou considèrent que les jeunes doivent se débrouiller comme jadis ils|
|l’ont fait eux-mêmes... Alors que plus de solidarité intergénérationnelle serait la bienvenue ! |
|Le réseau collégial a également un rôle à jouer pour rejoindre les parents. À quelques exceptions près, les cégeps n’ont pas vraiment |
|réfléchi à la manière de leur faire mettre la main à la pâte. Ils se privent ainsi d’une force extraordinaire. |

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