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AUTRUI

INTRODUCTION

Autrui s’impose à nous dans notre vie la plus quotidienne, que ce soit sur le plan affectif, pratique, moral ou intellectuel. A tel point que le mot solitude se définit par autrui, et non l’inverse (comme l’erreur se définit à partir de la vérité, et le néant par l’être.)
A considérer la solitude, nous pouvons constater qu’il en existe deux sortes : - La solitude physique : qui se caractérise par l’absence physique de l’autre, mais qui en général est présent dans le moi par l’imagination. - La solitude de désolation : où là, malgré la présence d’autrui, le sujet se sent seul. La représentation de l’autre disparaît. Solitude bien plus terrible que la première !
Prenons deux exemples : Robinson Crusoë bien que seul, n’est pas désolé. Autrui est bel et bien présent en lui : par son dialogue intérieur avec Dieu, par l’attente espérée des Anglais, par la crainte des cannibales.
Quant au deuxième exemple, il s’agit de Rousseau à la recherche de la solitude. Il s’y plonge en fait, pour être ce qu’il ne paraissait pas au contact de la société, et cesser de paraître ce qu’il n’était pas au regard d’autrui. Cette solitude recherchée se définit par rapport à autrui.
La solitude n’est pas dans le donné naturel de l’homme.

Comme le dit Descartes « nous avons été enfants avant d’être des hommes », or l’enfant ne vit que s’il est nourri, langé, soigné par un autre. Autre, qu’au début il ne connaît pas, et d’ailleurs à ce moment, il ne se connaît pas comme étant lui-même.
Conscience, conscience de soi et conscience de l’autre vont de pair. Dans l’exemple du nourrisson, le premier objet de la conscience n’est-il pas cette mère, à qui il sourit ? Donc autrui ? (illustration qui servira d’appui à la théorie freudienne du complexe d’Œdipe.)

Un fait paraît acquis : la co-présence d’autrui à la conscience du sujet, qui sans lui n’est pas vraiment une conscience de soi. Comme si je n’étais que par un autre je : celui d’autrui.
Mais perçu par la conscience, cet autrui (même familial) apparaît comme extérieur au sujet, donc autre et différent du sujet. Cependant, il est en même temps le même puisqu’il est une autre conscience : il est le même, mais pas soi-même. Comment connaissons-nous autrui ?

I ] LA CONNAISSANCE D’AUTRUI

LA NOTION D’AUTRUI

Cette notion semble paraître paradoxale car autrui désigne l’autre, le différent, ce qui m’est étranger. Mais en même temps, autrui est un autre soi. Il est mon semblable qui n’est pas moi. Il est donc à la fois un autre que soi, et un autre soi. Autrui est selon Sartre un « moi qui n’est pas moi. » [T.9 – P.116] Ainsi quand nous sommes parvenus à passer par-dessus l’altérité accidentelle de l’individu autre, apparaît une similitude essentielle. Cette dernière explique certainement que l’homme par nature vive en société. Selon la célèbre formule d’Aristote, l’homme est un animal social. Il a donc besoin des autres. Mais dans quel sens ? L’homme a-t-il besoin d’autrui pour vivre ou pour partager son sentiment d’existence ? En effet, nos jugements, nos découvertes, nos émotions semblent n’avoir de valeurs que si d’autres les éprouvent ou les confirment. Quel rôle joue Autrui dans ma conscience ? [A.4] Dès lors n’y a t’il pas deux façons de méconnaître autrui : soit en ne reconnaissant pas le fait qu’il ne soit pas moi, soit tout au contraire en refusant de voir qu’il est un autre moi ? D’ailleurs n’est-ce pas la même chose ? Autrui apparaît comme une figure contradictoire et énigmatique : moi est confronté sans cesse à l’autre que moi, qui m’est étranger.

COMMENT CONNAISSONS-NOUS AUTRUI ?

1) Descartes

On accuse Descartes de ne pas s’être penché sur autrui. Bien au contraire, il est un des seuls philosophes modernes à avoir avancé une conception purement cognitive de l’Autre. Les philosophes du XIX° siècle en ont eu une approche dynamique.

a- Les conséquences du Cogito.

Le Cogito est la seule chose dont je ne puis douter pour Descartes. Seule, compte en 1er principe, l’existence de ma conscience. Sa réflexion entend prendre appui sur elle-même. La première certitude est la conscience de soi. Le sujet se découvre comme pensée pure, celle-ci se prend elle-même comme objet de réflexion. Donc autrui n’est pas ce qui est donné immédiatement en tant que sujet. En effet, la pensée s’appréhende en tant que retirée du monde. En niant ce qui l’entoure, Descartes nie autrui. De plus, Descartes affirme que la pensée n’est pas un corps et n’en dépend point. A cette pensée, il lui appartient de juger et non pas de voir (ce qui appartient au corps.) Aussi l’identification d’autrui repose sur le jugement et non sur la simple vue. Autrui est le fruit d’un jugement. Descartes prend l’exemple de personnes qu’il regarderait depuis sa fenêtre : le simple fait de les voir pourrait le conduire à voir en eux de simples automates. Ce qui s’impose à ses sens est tout aussi douteux que son propre corps (du moins quant à son existence théorique.) Retenons donc que pour Descartes, il n’y a pas de connaissance immédiate d’autrui.

b- Le solipsisme.

Les adversaires de Descartes l’ont accusé d’être solipsiste, ou d’avoir influencé ce mouvement qui ne croît qu’à sa propre existence, ou du moins qui prétend impossible l’atteinte d’une autre certitude que la sienne propre. Cette accusation est exagérée, d’abord parce qu’aucun philosophe n’a vraiment défendu une telle position, et ensuite parce que Descartes ne fait de son doute, qu’un doute méthodique, c’est à dire purement théorique et provisoire. Il faut cependant reconnaître que sa réflexion philosophique s’opère dans la solitude. Une psychologie basée sur l’introspection ne peut pas bien saisir cette séparation entre le moi et l’autre. Mais l’Autre n’est pas absent chez Descartes, puisqu’il en traite dès sa 3ème Méditation.

c- Le raisonnement par analogie

C’est surtout Malebranche, disciple de Descartes, qui va travailler la connaissance d’Autrui par l’analogie. Ainsi, c’est par l’exercice de l’intelligence, par un raisonnement que j’arrive à démontrer l’existence d’Autrui, à savoir qui il est ! [A.6] Si on ne peut accéder à la conscience de l’Autre et connaître ses pensées, je peux à partir de la connaissance que j’ai de mes propres états de conscience émettre des hypothèses sur ce qui se passe dans la conscience de l’Autre. L’Autre est connu à travers moi. Ex : Si j’aime le bien, le plaisir, si je hais le mal, la douleur, n’en est-il pas de même pour Autrui ? Puis-je vraiment connaître Autrui comme je me connais ? Connaître l’Autre à travers moi-même, n’est-ce pas nier le fait qu’il ne soit pas moi ? Une telle théorie n’est guère satisfaisante car finalement on ne connaît d’Autrui que des gestes, des attitudes, etc… De plus et surtout, l’analogie ne conduit qu’à des conclusions probables quand l’existence d’Autrui est certaine, et d’une certitude immédiate et originaire. En effet, je crois spontanément à l’existence de l’autre et d’un monde extérieur. L’expérience d’Autrui est d’abord une expérience vécue, c’est une attitude irréfléchie mais fondamentale de la personne (cf. l’exemple du nourrisson.) Comment donc connaître et comprendre Autrui ? Serait-ce par l’expérience ?

2) Critique de l’attitude cartésienne

En dépit de son principe du Cogito (que nous avons déjà critiqué dans le chapitre de la conscience), Descartes n’a pas vu que nous ne pouvions pas connaître Autrui comme nous nous connaissons. En effet, de nous-même nous avons une connaissance fort spéciale : même les sens les plus instructifs ne nous apprennent presque rien sur nous. Nous ne nous voyons pas comme les autres nous voient. Le sentiment de ce que sommes, nous vient du sens intime, fait des données de la conscience et de la cénesthésie. Or, la connaissance d’autrui s’effectue d’une manière fort différente. On ne peut le connaître par le sens intime ou la conscience, qui sont rigoureusement personnels et incommunicables directement : il m’est impossible d’avoir une vraie conscience des états affectifs de l’Autre. L’Autre est connu par les sens et principalement par la vue. Cette connaissance sensible permet même d’approcher le psychisme de l’autre (en prêtant attention à son visage, son comportement, etc…) Il arrive même que nous ayons des états de conscience d’un autre, une connaissance plus claire que lui-même. Tel peut-être le cas par exemple, si Autrui est plongé dans une passion ou dans l’illusion. Cependant nous ne percevons pas autrui que par les sens. La connaissance que nous en avons ne s’acquière pas comme la matière brute. Connaître Autrui est le propre de l’homme ici-bas, il ne partage pas cette faculté avec les autres vivants…

3) Une connaissance singulière.

L’homme est doué d’une conscience. Il s’en sert pour connaître les choses matérielles et plus encore pour connaître Autrui. Nous le savons, les sens externes nécessitent les sens internes pour interpréter les données reçues par les externes. Mais plus encore, la conscience chez l’homme travaille sur ces informations. Grâce à elle, nous atteignons l’Autre comme une personne. En effet, immédiatement la conscience dépasse les simples formes reçues par les sens, elle passe à ce qu’elles signifient : c’est un homme, une femme, un jeune, un vieux, un paysan, un ouvrier… Et en même temps je me situe par rapport à lui, déterminant ce qu’il est pour moi. Détermination qui impliquera comment je me comporterai par rapport à lui : ignorance, attention… Et pour peu que les rapports s’établissent et se prolongent, je verrai aussi ce qu’il est pour soi : ce qu’il éprouve et pense (en particulier de lui-même.) Nous le voyons, Autrui est connu de façon différente des les simples objets matériels, parce que ces derniers n’ont pas de pour soi et se réduisent à la réalité brute de l’en-soi. Ce genre de connaissance n’est possible qu’entre personnes. La connaissance par analogie méprise le fait que bien souvent nous connaissions Autrui d’une manière intuitive et immédiate. Dès lors que l’autre est connu, comment doit-on le considérer ?

II ] LES RAPPORTS AVEC AUTRUI

Les philosophes contemporains aiment à dire que le « thème d’autrui ne s’intègre pleinement dans le champ philosophique qu’avec Hegel au XIXe siècle » J. RUSS. Mais en réalité, la philosophie post-cartésienne s’intéresse moins à la connaissance d’Autrui qu’à ses rapports. D’ailleurs ses rapports sont surtout basés sur la reconnaissance, d’où un lien intrinsèque avec le conflit. Voilà une vision bien pessimiste qu’il nous faudra corriger.

A – LE CONFLIT

1) Hegel

Pour Hegel le fait premier de l’altérité n’est pas la solitude du cogito, mais le conflit de conscience. L’existence d’autrui m’est révélée de façon immédiate dans l’expérience du conflit

a- Autrui est nécessaire à la constitution de la conscience de soi Hegel part du principe suivant : sans autrui je ne suis rien, je n’existe pas. Car si je suis seul, le pouvoir de dire « je » n’a aucun sens. Dire « je », c’est reconnaître la singularité des autres, qu’il y a d’autres « je » que le mien et vis-à-vis desquels je vais devoir m’imposer. Je dépends donc de l’Autre dans mon être, car lorsque je dis « je », je veux être reconnu par l’autre comme une personne autonome, comme une conscience. Le problème est que la conscience de soi se forge et se forme à travers la négation d’Autrui. Ce rapport de force est obligatoire : Je dois me faire reconnaître (la reconnaissance chez Hegel est cet acte par lequel une conscience pose un Autre comme sujet autonome.) L’homme accède à la conscience de soi quand il est reconnu en tant que tel par l’autre, lequel est donc condition de la conscience de soi. Pour devenir vraie, la conscience de soi doit être reconnue comme conscience de soi par d’autres consciences. Je ne peux dire « je » et revendiquer ma liberté qu’une fois qu’autrui m’a reconnu comme une personne autonome et comme un être libre. On le voit clairement, le problème d’Autrui se pose moins en terme de connaissance que de reconnaissance ! La conscience de soi ne se pose qu’en s’opposant aux autres consciences.

b- La lutte des consciences de soi opposées Pour Hegel, la loi de la vie humaine c’est le conflit dont la fin est l’asservissement de la conscience d’Autrui : toute conscience poursuit la mort de l’Autre (pas physiquement, mais dialectiquement.) Cette mort est l’asservissement de l’Autre qui devient alors « serviteur », son autonomie et sa liberté sont détruites. Celui qui a gagné, le « maître » fonde sa liberté sur l’esclavage d’Autrui : l’esclave lui sert alors de témoin et de miroir dans lequel il contemple sa conscience. Le maître préfère la liberté à la vie, quand le serviteur a préféré la vie. [A.3] C’est donc inévitable, quand une conscience en rencontre une autre, c’est le conflit ; car par cette lutte passe la reconnaissance. Mais il est à noter que le conflit prend fin quand le serviteur s’est soumis. [A.8]

c- Questions sur la position hégélienne Pourquoi, Hegel a-t-il une vision si pessimiste de nos rapports avec autrui ? Parce qu’il ne voit pas l’ambivalence consécutive que nous entretenons avec autrui. Dans le domaine affectif, est ambivalente une disposition impliquant deux états d’âmes diamétralement opposés, principalement amour et haine. Quelques sincères que puissent être les sentiments et les intentions dans les rapports le plus pleinement humain, les partenaires restent des hommes, des êtres imparfaits ; aussi voit-on reparaître des visées égoïstes, que le plus généreux dévouement ne parvient pas à dissimuler !

2) Sartre

a- Le Regard d’Autrui Il reprend la théorie de Hegel dans son livre L’Etre et le Néant. Il travaille le conflit humain tel que nous le vivons à travers le corps et le regard. Ce conflit décrit par Hegel, nous dit Sartre prend un sens existentiel très concret : ce qui exprime le mieux ma dépendance par rapport à l’autre, c’est l’agression du regard d’autrui. Le regard de l’autre me dépouille de moi-même, dès lors il me met en danger car je ne suis plus sujet mais objet, le regard de l’autre me « dessujétise » [A.1]. Par le regard d’Autrui, je ne suis plus le maître, j’appartiens au monde des choses. Regarder Autrui serait donc exercer un pouvoir sur lui ? Comment s’en sortir ? En constituant l’autre comme objet ! En entrant dans une sorte de duel. Le conflit est le fondement constitutif de toute relation à Autrui.

b- Autrui médiateur entre moi et moi-même C’est dans le Je pense que je peux m’atteindre en face de l’autre, car cet Autre est aussi certain pour nous que nous-même. L’homme est un être pour autrui. En effet, l’autre est la condition et le moyen de ma propre reconnaissance. Ainsi l’Autre est le médiateur indispensable entre moi et moi-même : je me connais à travers le regard qu’autrui pose sur moi. Tel est l’exemple de la honte qui est le fait d’être tel qu’on est vu par Autrui. [A.2] Ainsi autrui passe par le regard qui à la fois : o me constitue comme objet o est l’intermédiaire indispensable par lequel j’existe.

c- Questions sur la théorie sartrienne Finalement, on a tout lieu de s’interroger quant à savoir si la conception sartrienne n’est pas de l’ordre de l’orgueil ou de la vanité ? Tout intéressé qu’il soit dans ses démarches à l’égard des personnes, le vaniteux en fait grand cas, puisqu’il est si préoccupé des jugements portés sur lui. Le vaniteux demande à être accueilli, il ne voit pas dans l’autre une personne, i.e un être ayant sa fin propre à réaliser, mais seulement un moyen de réaliser ses fins à lui et en lui. Il y a donc à l’égard d’autrui un intérêt. La vanité n’est pas le refus de l’autre, mais elle est une dégénérescence. Il n’en est pas de même pour l’orgueilleux qui, dans la mesure même où son orgueil est exempt de vanité, n’accorde aucune valeur à l’opinion des autres et concentre son estime sur sa propre personne. Un orgueil absolu impliquerait une fermeture absolue à l’autre.

B – LES DIFFERENTES SORTES DE RAPPORT

C’est le langage qui est l’instrument essentiel des rapports avec autrui.

1) Les rapports interindividuels

Ils n’ont lieu qu’entre personnes, mais qui traitent entre elles d’un point de vue pratique ou utilitaire, et non comme dans les rapports interpersonnels (en tant que personnes ayant toutes leur moi propre en même temps qu’une destinée commune.) [T.5-P.260]

a- Caractère général Ces relations s’établissent indépendamment de la considération des personnes (l’écolier avec ses camarades, des gens dans un train, etc…) Ces rapports quand ils sont bons sont dits « de bon voisinage » voire de « camaraderie » ; mais s’ils sont mauvais ils engendrent la suspicion, la malveillance voire la hargne. En effet, souvent dans les débuts, chacun se tient sur la défensive –sans que cela soit de l’hostilité. L’individu avec lequel je me trouve en rapport est alors considéré comme un gêneur ou un indésirable : il occupe la place que je voudrais, il m’oblige à attendre ou même il manœuvre pour me devancer, sa présence elle-même est de trop, car il me regarde ou peut me regarder, et cela seul me gêne. C’est là un pur rapport de situation (où s’est arrêté Hegel et Sartre.) Mais c’est de ce rapport de pure situation, que peut naître des rapports interpersonnels. Car sans doute avec le temps, cette méfiance se dissipe, mais les bons rapports qui s’établissent en restent souvent, au niveau de l’intérêt que l’on manifeste aux personnes simplement connues. Il arrive toutefois qu’un intérêt spécial surgisse chez l’un des partenaires, puis, en réponse, chez l’autre. Cette transformation peut-être très rapide, voire instantanée : un regard peut suffire à assurer une compréhension et sympathie mutuelle. Mais à contrario, elle peut-être fort lente, et attendre le prétexte d’une occasion particulière. Mais peu importe : ce qui est intéressant de retenir, c’est que dès ce moment, on voit dans l’autre plus que le simple autre : c’est lui, avec sa personnalité propre qui m’intéresse pour lui-même, et dont je veux le bien (ami au sens aristotélicien et générique.) Nous ne pouvons pas dire trop de mal de ces relations banales où autrui est d’abord considéré comme une chose : c’est par-là que s’amorcent bien des relations de personne à personne. Mais on ne peut s’en tenir à des rapports interindividuels : c’est méconnaître la personne. C’est l’exclure du nombre de ses semblables et s’attribuer une nature supérieure à la sienne. Il n’est pas vrai que nous traitions autrui que comme une chose, et ce pour toujours. Mais n’est-ce pas vraiment le cas aujourd’hui ?

b- Considérations sur les rapports interdividuels d’aujourd’hui. • Les rapports économiques En effet, il apparaît que les rapports qui existent aujourd’hui soient des rapports purement économiques. Or dans cette conception, l’autre n’est qu’une machine, un capital. Il est réduit au rang de chose ou de moyen. En cela, la critique de Marx semble intéressante quand il s’attaque au libéralisme économique. Pour être plus précis, dans ces rapports économiques, l’autre n’est pas tant considéré comme un moyen, mais plutôt comme une fin, puisqu’il est un capital. • Les rapports médiatiques Le XXe siècle semble avoir énormément développé les échanges d’informations et la communication des consciences. Mais la quantité pléthorique des messages véhiculés par les médias est loin d’être un remède à la solitude et peut accompagner une raréfaction des échanges vrais entre les personnes. Certes, les médias annulent les distances, mais ne pervertissent-ils pas la communication ? Le trop de communication n’est-elle pas une « incommunication » ? Cela semble vrai si la communication est à sens unique, une sorte de communication verticale. Le récepteur n’intervient pas, ne répond pas ou artificiellement. • La menace de l’anonymat Si autrui est omniprésent, ne ravit-il pas mon intimité ? Noyé dans autrui, ne risque-t-on pas de plonger dans l’anonymat ? Ainsi, cette masse d’autrui, par sa force attractive semble me conduire à penser, parler comme elle, me faisant perdre toute personnalité, toute liberté ? D’ailleurs, ne côtoyons-nous pas de simples autres, et non plus un véritable autrui.

2) Les rapports interpersonnels

Ce terme désigne les rapports des personnes dont chacun a de l’autre la connaissance immédiate, et se connaissant, se trouvent en sympathie mutuelle. Ces rapports se réalisent pleinement et de façon durable dans l’amitié et dans l’amour.

a- Les rapports occasionnels. Des personnes ne se connaissant pas ou peu, peuvent à la faveur du hasard, comme instantanément, établir des rapports interpersonnels dont la plupart n’ont pas de suite, mais qui parfois accrochent deux consciences pour longtemps. • La rencontre. La rencontre dont il est question ici, n’est pas le simple croisement de deux trajectoires, tel deux personnes se croisant dans la rue. Il semble d’ailleurs que dans ce cas, on n’ait pas conscience que l’autre est une personne c’est à dire une autre conscience. En fait, il y a rencontre quand le lien s’établit : autrui est considéré comme un autre moi. Prenons cet exemple de Gabriel Marcel dans Le Mystère de l’être : « Si je demande mon chemin à un inconnu dans la rue, je m’adresse à lui à la seconde personne, mais il n’en fait pas moins fonction de poteau indicateur. Toutefois, même dans ce cas limite, une nuance d’intersubjectivité authentique peut s’introduire par la vertu magique de l’intonation et du regard. Si je me suis perdu, si je suis en retard, je puis avoir l’impression fugace mais irrésistible que je m’adresse à un frère désireux de me venir en aide. Nous sommes ici sur le seuil de l’intersubjectivité. »

• Le dialogue. La rencontre se prolonge en dialogue, à moins qu’elle ne se perde dans la conversation (à distinguer du dialogue.) Le vrai dialogue prolonge l’ouverture à l’autre. Quel est le but du dialogue ? Il semble que l’intérêt du dialogue soit plus dans la personne de l’Autre, que dans ce qu’il dit. Car par le dialogue nous cherchons à nous connaître, à nous comprendre. Ainsi, si le dialogue porte sur des points controversés, il ne sera pas bloqué : car autrui en est le fondement. On cherchera donc à dépasser l’opposition pour comprendre autrui. Si maintenant le dialogue ne porte que sur ce qui est dit, l’autre n’est pas regardé en tant que tel. Certes, il ne faut pas rejeter le contenu du dialogue. On aime naturellement confronter sa pensée avec celle des autres (il d’ailleurs intéressant de remarquer que les premières grandes œuvres philosophiques étaient composées sous formes de dialogues.) Mais dialoguer c’est faire une discussion avec autrui. C’est la rencontre avec la pensée, la conscience d’autrui.

b- L’intersubjectivité Il convient ici de traiter cette conception assez récente (issue de la phénoménologie), selon laquelle, il existe un « tissu » de relations réciproques des consciences (communauté parfois conflictuelle des sujets.) Ma propre existence en tant qu’homme implique une existence réciproque de l’un pour l’autre : quand je m’interroge sur l’autre, je constate que l’autre s’interroge aussi sur moi. Si j’appréhende l’autre comme un autre que moi, l’autre aussi m’appréhende comme un autre que lui : C’est l’intersubjectivité (i.e l’appréhension mutuelle des hommes.) [A.7] Pour bien comprendre cette notion, il faut se souvenir que pour Hegel, en se saisissant soi-même, on saisit autrui : l’autre est indispensable à mon existence. Par le cogito, le je pense, nous nous atteignons nous-même en face de l’autre. C’est le monde de l’intersubjectivité, ce monde où les consciences sont plurielles. Nous sommes soudés aux autres et à leur présence. La relation à autrui se développant selon les deux modes complémentaires et contradictoires de l’agressivité et de la sympathie. Lutte et amour sont des relations, des réactions face à autrui ; alors qu’avec l’ignorance, il n’y a plus de relation : autrui a disparu. L’intersubjectivité se confond avec la communication des consciences. [T.6-P.517]

c- Aimer. Voilà un mot bien galvaudé aujourd’hui, qui n’a plus beaucoup de sens. Autrui sera dit aimé, pour lui-même, sans quoi il est ravalé au rang des choses. Il convient de distinguer l’amour oblatif (où l’autre est aimé en tant que tel, pour lui-même), de l’amour captatif (voire possessif) qui n’est pas désintéressé : dans ce dernier cas, nous aimons l’autre pour les avantages qu’il nous procure, en fait, c’est toujours soi-même que l’on aime à travers lui. Aussi, le véritable amour est-il la recherche du bien de l’être aimé, et non pas son plaisir personnel, ni même le seul plaisir d’être aimé. L’amitié est un sentiment réciproque. [ Sur ce point cf. le résumé personnel de l’extrait de l’Ethique à Eudème. ]

3) Les rapports sociaux

Ces rapports sont ceux que nous avons avec les gens qui nous entourent.

a- leur caractère Ils se placent sous le signe du devoir, et non sous celui de l’affection. En effet, nous avons à faire à des inconnus, à des gens dont nous ne voyons que l’extérieur, ou à l’égard desquels nous restons indifférents. Il n’empêche que naturellement nous avons conscience que nous devons nous comporter correctement à leur égard : une sorte de sentiment d’obligation morale. Sentiment ? C’est-à-dire que ce devoir est à la fois senti et connu intellectuellement. Il découle du fait qu’on a reconnu en lui un être de même nature que moi : une personne. Comme si, affirme Lévinas, le visage d’autrui suscitait de lui-même le respect ! Le visage d’autrui serait-il un signe du sacré ? [T.1-P.510]

b- Leur fondement

Le fondement de ce rapport est donc le respect. Respecter l’autre c’est le considérer comme un « tu », pas comme un « on », et encore moins comme un « nous ». Respecter l’autre, serait-ce s’effacer soi-même ? Il est intéressant de considérer la notion de respect chez Kant, pour qui, c’est s’interdire d’employer autrui comme un moyen au service de ses fins. Le respect, c’est donc s’incliner devant ce qui en autrui, est proprement humain. Or pour Kant, ce qui est proprement humain, c’est le fait d’être capable, comme tout être raisonnable, de suivre la loi ! [A.5 + T.17-P.291] Nous allons voir que le respect est composé de la politesse et de la tolérance.

• La politesse Au sens propre, est poli l’objet ne présentant pas d’aspérités (qui pourraient accrocher, et blesser.) Ainsi, la politesse –étant employée au sens figuré- consiste à se comporter de manière à ne pas blesser, mais à être agréable. On peut distinguer la politesse conventionnelle qui sans être suffisante, ne doit pas être négligée. Elle doit s ‘accompagner de la politesse naturelle qui est une attention à être agréable aux autres. « Les amitiés de politesse, où la forme sauve le fond, sont un précieux modèle pour l’amour, qui se corrompt, au contraire, par un mépris de la forme. » Alain, Les idées et les âges. Ai-je donc une responsabilité face à l’autre qui me regarde ? • La tolérance Bien que galvaudé aujourd’hui –au point de ne plus savoir ce qu’elle est-, elle est nécessaire dans les rapports interindividuels, et de fait elle pénètre le domaine politique, puisque c’est surtout à propos des devoirs de l’Etat à l’égard des individus et des communautés particulières qu’il faille en parler. Qu’est-elle ? C’est une disposition d’esprit ou une règle de conduite consistant à laisser à chacun la liberté d’exprimer ses opinions, alors qu’on ne les partage pas. Ainsi, ce n’est pas le respect de l’opinion d’autrui puisque ces opinions sont désapprouvées. On en accepte l’expression comme un pis-aller. Elle pose cependant un problème moral : la vérité seule ayant des droits, quel peut-être le fondement de la tolérance ? Comment la justifier rationnellement ? Une réponse fondée sur le scepticisme et la neutralité n’est guère satisfaisant. Non plus la liberté. La réponse réside plus sur la notion de prudence.

Pour conclure :

Autrui est toujours présent en nous : l’homme est un animal social ! L’homme a obligatoirement des sentiments. Et dans ces sentiments même les plus ordinaires, autrui est posé. Toute la vie affective (réelle ou imaginaire) se réfère à autrui. Amour, haine, désir, lassitude, etc… présuppose autrui. L’existence la plus quotidienne nous met en contact avec l’autre, car l’autre a cette caractéristique qu’il partage avec moi une façon d’être. Conflit ou amitié, là n’est pas vraiment la question : car autrui est toujours là.

FICHE TECHNIQUE

1) Définitions :

* L’amour : N°6 * Autrui : N°14 * L’individu : N°63 * La personne : N°87 * L’intersubjectivité : Tissu de relations existentielles créé par la communication qui s’opère entre les consciences individuelles dans un climat de réciprocité. * La cénesthésie : Ensemble des impressions sensorielles diffuses (mais susceptibles de se préciser) dues aux fonctions végétatives et essentiellement internes. Elles jouent un rôle prépondérant dans le sentiment que chacun a de son propre corps.

2) Citations :

• « L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. » Sartre, L’existentialisme est un humanisme, 1946.

• « Personne n’est mon semblable, ma chair n’est pas leur chair, ni ma pensée leur pensée. » Max Stirner, L’Unique et sa propriété, 1845.

• « Je pourrais posséder toute la connaissance et comprendre tous les secrets, je pourrais avoir toute la foi nécessaire pour déplacer des montagnes, mais si je n’ai pas d’amour, je ne suis rien. » St. Paul. Ep. Aux Cor.

• « Avec ton ami, tu dois aborder tous les sujets. Mais le premier sujet de tes réflexions, ce doit être ton ami lui-même. » Sénèque, Lettres à Lucilius, Ier siècle.

• « L’enfer, c’est les autres. » Sartre, Huis-clos.

• « La pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l’activité de l’amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce. » Rousseau, Sur l’origine de l’inégalité, 1755.

3) Table d’orientation :

Personne

Passion Droit/Justice

Désir Autrui Devoir

Société Liberté

Pouvoir

4) Devoir

• En une ou deux pages, résumer le texte d’Aristote sur l’amitié • Poser au propre le questionnement et la problématique des sujets suivants : - La sympathie permet-elle de connaître autrui ? - Respecter l’autre, est-ce respecter en lui la personne humaine ? - La présence d’autrui nous évite-t-elle la solitude ? - L’amitié est-elle une forme privilégiée de la connaissance d’autrui ? - Puis-je me mettre à la place d’autrui ?

Bonus : Ne désire-t-on que ce qui a du prix pour autrui ?

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Bench Press

...The Bench Press The bench press is the most popular lift in the gym, but how do you do it properly? It can be broken down into three steps; the setup, the un-rack and decent, and the press and lockout. The most critical part of the bench press comes before you even touch the bar, the setup. First you lay on the bench aligning your eyes straight up and down with the bar. This sets you close enough to the bar for a proper un-rack, yet far enough from the rack to clear it when you do the exercise. Once aligned with the bar, you want to make sure your head, upper back and butt are firmly planted on the bench while you keep your feel planted on the floor. Next, you grip the bar. You will want to put your index finger about two inches outside shoulder width. This is just a general rule but will need to be adjusted slightly to make sure when the bar is touching your chest that your forearms are perpendicular to the bar. After the setup comes the un-rack and decent portion of the exercise. After you get your grip, you will want to try and bend the bar in half while trying to pull it apart. What this does is activate all the muscles in your back to give you a nice stable platform to press from. Next, take a deep breath and un-rack the bar. Once the bar settles over your chest and you have total control, you can start your decent. During the decent your back should be pulling the bar down, not your chest trying to push it away. Once the bar comes to rest on your chest...

Words: 499 - Pages: 2

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The Bench

...Essay on Richard Rive's "The Bench" Richard Rive was born in District Six in Cape Town. " The Bench" is taken from his short story collection, "Advance, Retreat " influenced by events during the Defiance of Unjust Laws Campaign from 1952 to 1953. The story starts with an exert from a speech that is held in Cape Town, South Africa. It is clearly part of a demonstration against the apartheid system. A large black man with a rolling voice says," It is up to everyone of us to challenge the right of any law which wilfully condemns any person to an inferior position." The lecture is held outdoors, most of the crowd being coloured. The main character in the story, Karlie, a black man, follows every word the speaker says. He doesn't quite understand the full meaning of them, but realises that they are true words. The speaker tells Karlie that he has certain rights. The picture of himself living like a white man frightens him, but at the same time fascinates him. All he has ever been taught is that God made the white man white, the coloured man brown and the black man black and that they must know their place. The people on the platform behave as if there were no difference in colour. It makes sense, but still only in a vague way. All the time Karlie is comparing what is happening on the platform to his own situation back home. There, people of different colour could never offer each other a cigarette as a white woman does to a black man, up on the stage. The idea makes...

Words: 726 - Pages: 3

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The Bench

...but in reality, the apartheid system wanted to make the blacks “disappear” from the white South Africa, but still have them as cheap labor reserve. Apartheid is a big problem, but who decides what people are worth? Is it not their actions, rather than their skin tone that should determine this? In the short story “the Bench” we meet a colored man named Karlie. Karlie is at a demonstration in Cape Town, South Africa, where he listened to speeches about how blacks have just as many rights as white. A specific speaker captures Karlies attention. A white woman in a blue dress is against the apartheid system and all the racial segregation. Her and the other speakers makes Karlie think a lot about if the speakers are right or wrong. Karlie is from a village in the country-side of South Africa where he works as a farmer, therefore is all these new impressions so confusing. After hearing the speeches Karlie walks to the railway station. On his way to the station, Karlie thinks about the speakers words, and when he comes to the station he sees a bench. The bench was colored white, like it was only white people that could sit on it. Karlie decides to sit on the bench, because shouldn’t he? He has all the right to sit there. Suddenly a white man start yelling at Karlie, that he couldn’t sit there because he was black. It ends up with the white man calling the police, because Karlie wouldn’t move. And a big drama begins. But the woman in the blue dress turns up and stands up for Karlie...

Words: 735 - Pages: 3

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The Bench

...The Bench I love basketball and I'm starting to love football more and more every year. Recently, I realized that there's one universal principle that applies to every sport. No one likes to sit on the bench. I played basketball when I was growing up. In middle school, I was one of the starting five. Pretty cool. I always knew I would be in the game. But my confidence took a blow the summer before I started high school. Suddenly, I had to try out for the team. For most of the try-outs and scrimmages, I had to sit on the bench. Not a good feeling. When you're on the bench you feel powerless. There you are, watching a game. Steps away from the excitement and action. Yet, there's nothing you can do but sit there and wait on your turn. Hope that your name will be called soon. It's frustrating. You know you can make a difference. You know you have something to add to the team. That you've too worked hard to acquire the skills you have just to sit on a stupid bench. Kinda like life, huh? Patience is a must in this game of life. Sacrifice and reward can sometimes be distant relatives. Maybe you have been in the game for awhile and suddenly, you're called out to sit on the sidelines. Maybe you've been sitting for some time now. Waiting on that prayer to be answered. Waiting on those words, "You're hired." Be encouraged. Good things really do come to those who wait. And sitting on the bench doesn't mean you're any less qualified or deserving. It means you just have to wait a...

Words: 910 - Pages: 4

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The Bench

...The Bench Through history of human life, it is often displayed how the black people have been oppressed several times. The apartheid system was no exception. Between 1948 and 1994 South Africa was based on racial segregation which basically meant that blacks were denied their rights that are theirs by birth. Richard Rive, a black man living in South Africa under apartheid, wrote in 1963 a short story called “The Bench” which is about a young boy challenging the superior white people, in his own way. The short story deals with a 3rd person limited omniscient narrator. By doing so it makes us as readers connect with the victim, who is Karlie. Karlie is from a village in the country-side of South Africa, but the story takes place in Cape Town. The fact that the story takes place in Cape Town plays a big role in the way the reader understands the text. Karlie is obvious very surprised about this whole episode the grounds in his ignorance towards a big city life. He has been living in a small city, working for whites, all his life and he does not know of anything beyond this closed society. Out there he would never have experienced such a public rally, and he would never have dreamt of seeing a white person offer a black person a cigarette. When he enters Cape Town, it is as if he enters a whole new world. He feels like he becomes a part of a closed society “On the platform were many speakers, both white and black, and they were behaving as if there were no differences of color...

Words: 1155 - Pages: 5

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The Bench

...When Reality TV gets too real 1. Text 2, summary In the text “ ” We get information about . We get information about the bad behaviors and assorted crimes that has been going on in different Reality TVs. Some on the big crimes that are being showed in the episodes are alcohol, drunk driving, and under- age drinking, which also includes dangerous working conditions for children. Even though all of this might cause some harms in their afterlife, such a disregard, suicide and disturbance, it does not seems to be that important for the companies. They place more emphasis on the ratings and to catch people’s attention so they can get more viewers. But one of the problematic issues in the text is about the producers’ responsibility of the crimes and if they have the right to require intervention. teksten "Når Reality TV bliver for real". Vi får information om de dårlige adfærd og diverse forbrydelser, som har stået på i forskellige Reality-TV. Nogle på de store forbrydelser, der bliver viste i episoder er alkohol, spirituskørsel, og mindreåriges alkoholmisbrug, som også omfatter farlige arbejdsforhold for børn. Selvom alt dette kan medføre, at nogle skader i deres efterliv, sådan en ligegyldighed, selvmord og forstyrrelser, er det ikke ser ud til at være så vigtigt for virksomhederne. De lægger mere vægt på de ratings og til at fange folks opmærksomhed, så de kan få flere seere. Men en af ​​de problematiske spørgsmål i teksten...

Words: 1431 - Pages: 6

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English

...The man The man with the hat sat exactly opposite to the empty bench, leaning with his hands on his cane and stared right through me. He smelled of vinegar. Only just a little bit, but then caught myself this sour smell like an ominous, biting shaft. I ignored it, as best they could, but it astounded me. After a few minutes, a single black fly sat on the label of his greasy jacket. A short time later, there were already two. They ran up to him and crawled into his face, but he did not seem to notice. More flies were added, crawled over his nose, his cheeks, his lips, but he showed no reaction. It was not long, and they crept into his nostrils, in his eye and in his ears. They crawled out purely and again and showed it in no hurry. They inspected it really thoroughly, and he let it happen impassively. After some time had gathered two dozen flies on him, they now crawled into his sleeves and into the gaps between the neck and shirt collar. Walker came along the road and went between us through. They took no notice of him. As it dawned, the number of flies had grown to several hundred. I stood up and went home. When I again the next day I approached my place on the bench, hit me in the smell of vinegar from afar contrary. The man in the hat was already sitting opposite on the bench. The flies had almost completely taken possession of him. They ran all over him around, sometimes flew in small groups and then sat down again. He just sat there and looked like the day before indifferent...

Words: 669 - Pages: 3

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Management

...Please find below our quote for the proposed cabinetry modifications to the above address. Gym Room: Three options presented for ensuring smooth operation of sliding doors to allow for correct alignment with solid wall: 1) Alignment of sliding doors – two employees one full day labour: $1,550.00 2) Re-making and fitting of running track using existing doors and track mechanisms: $4,500.00 3) Remaking the existing door and replacement of running mechanisms entirely including removal of existing cabinetry: $7,450.00 Issue with panel and door alignment due to compression by desk in situ: • Cutting edge of existing door to suit: $345.00 Entry room: Issue one quoted is the correct placement and alignment of wall-mounted cabinetry: 1) To re-align cabinet it must be dis-assembled in order to redo the wall fixings and provide correct alignment – two employees one full day labour & travel: $1,550.00 2) If extra brackets are required an additional $500.00 will be added Issue two in entry room is the cabinet with miss-aligned shelving – included in our quote are the following items: • One new cupboard unit as per site measurement re-using existing veneered panelling – includes new polish • Two employees for two hours labour – should this not suffice extra labour will be charged Our price including delivery, fitting & GST: $1,500.00 Laundry: Included in our quote are the following items: • Eight ‘G’ grip handles to...

Words: 872 - Pages: 4

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A Simple Exchange of Niceties

...Even though it could damage the child. She’s has a fascination about benches “they make you feel if people matters”. She has a favorite bench, which she’s referring to as her own bench. She’s not happy to share the bench with others. If there is someone else already there, she just continue walking. When she’s sitting on her bench, is she usually not in the mood for small-talking or chid-chad. Her nan has been dead for 10 years. She got pregnant after a one night stand with a guy called Damien. However Damien where not interested to have a child “with a whore like her - his words”. She has been in prison for three months. In the park she meets a person who shares the same interest in the bench. However the difference between the both of them, are that the protagonist isn’t interested in a child and the other woman is eager for a child. The child is a girl. She’s a waitress at a restaurant. When the protagonist tells her mother that she’s with child. The mother becomes very emotional which is surprising after the description by the protagonist. The mother even starts to send money every month. The protagonist choose to have the baby, where she names the baby Summer. For a number of times she looked for the lady at the bench, but no lady where to be found. If she had been there, she could have done something wonderful for her. However her bench continued being empty. ijefijefijefijeifjeifjiejfiejfijefijefijeifjeifjiejfiejfijei...

Words: 290 - Pages: 2

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Law Aqa

...Visit to young offenders’ institution * Visit to probation service facility * After completion can start to sit in court * New magistrate then develops in role * After a year receives consolidation training * Normally for two days equivalent * Includes training on law procedures and skills * Best way to learn is from experience in court * All new magistrates given a mentor - especially trained magistrates * In first year have at least 6 sessions with mentor * After 2 years opportunities to specialize * Youth court or Family Proceedings Court * Can undertake training to become chairman of bench * Also new legislation training or sentencing policy * Materials include: Adult Bench Book, Family Bench Book, Youth Bench Book...

Words: 394 - Pages: 2

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Basic Ideas to 40 Mark Essay

...How effective are back bench MP's? The idea that back bencher MP's are'nt effective has been widely debated. A back bencher MP is an Member of Parliament that doesn't have any status in the cabinet office but still can speak freely in Parliament. One reason that back bench MP's are effective is the power of Select Committees. Due to the 2010 reforms, back bencher's were able to be elected as a select committee chairman which enabled them to feel responsible and have status. It also gave them oppotunity to hold government to account. Now select comitties hold high reputation for scrutinizing government as their efforts have been widely recognised. An example of this is in 2012 George Osborne put forward a 'Pasty - Tax' in his annual budget. This would mean taxing all hot baked goods. The Treasury Select Comittie, led by Andrew Tyrie, scrutinised this tax and becasue of that, George Osborne scrapped the inital plan, which shows the effectivness of back bench MP's/ However one reason that select comitties are not effective for backbench MP's is that they do not hold any presitgious powers. Thy=ey cannot dismiss any ministers and they also cannot defy their whip given to them. So because currently 361 conservative MP's there is a higher chance that a Conservative MP will be chairman of a select comittie, therefore there will be less scrutinsing as an MP cannot defy the whip. Another reason back bench MP's are effective is the legasitive function of Parliament. This function...

Words: 469 - Pages: 2

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Nacho Ormaechea

...Nacho Ormaechea Background of the photographer: Nacho Ormaechea is an Artist and Spanish Graphic Designer who’s been working in Paris since 2001. He explores the narrative of his subjects and himself through a digital composite of photography and graphic montage. He mixes the principles of both fields to drive his camera. Every piece is a new concept as the unknown individual reflects a new message to Nacho. It is all a bit of technique and improvisation. It is all a little of today and a lot of yesterday. He has collaborated with several cultural organizations and important French and foreign institutions. He says: ‘My days, and I guess some of yours too, are full of overflowing information invading my computer: clients mails, briefs, social-networking and too much visual material meant to "nourish our inspiration". Sometimes we feel we just need to stop, take a deep breath and think. Looking for creative freedom without specifications or deadlines or budgets, only a strong desire to create  for the need to express. Each picture comes from a feeling, an idea that aims at provoking a reaction within the spectator's mind.  This reaction is likely to be different from my own, nourishing itself from different backgrounds and personal stories.  My characters, anonymous people from the street, are mirrors reflecting my state of mind as well as yours.’ Exhibitions (In Paris) Académie des Beaux-arts, Paris - Ambassade de Colombie - Paris, Ambassade d’Espagne - Paris - Ambassade...

Words: 905 - Pages: 4

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Miss Brill

...Mansfield tell us, “Only two people shared her “special” seat a fine old man in a velvet coat, his hands clasped over a huge carved walking- stick, and a big old woman, sitting upright, with a roll of knitting on her embroidered apron.” (72). She refers to a special seat in the park where she always sits to observe every detail, every move that people does, pretending that is part of the play. When Miss Brill was in the park she said she felt as if she and everyone else were all part of a “play”. She also likes to listen in on the conversations or arguments of others. One literary scholar Peltier Robert related that “It is at this moment of epiphany, when she feels a connection to the world that a young couple arrives and sits on the bench. Miss Brill casts them immediately as the hero and heroine of her drama.” (Peltier, PAR.13). Miss Brill likes to believe that her life is joyful and comforting; however when she is insulted by a...

Words: 722 - Pages: 3

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Descriptive Essay

...Walter Winnard Professor Storm ENGL101 September 20, 2015 Tranquil Oasis in the Heart of a Villa Tuscany Villa is a treat to the eye and imagining what could have taken place here is mesmerizing. Were those who lived in this villa inspired by the environment around them? Did they find it scenic and alluring, or did those qualities manifest themselves over time? Reflecting on what this villa has been through is fascinating and compelling. Observing what the author's intentions were is nothing short of intriguing. Could the sizable color contrast illustrated in this picture be more than just arbitrary hues? Was it the photographer endeavoring to elucidate philosophical ideas? The design of the structure is impressive and absorbing. On the first floor, the villa has columns and a hallway, and then on the right side of the first floor there is a wall. On the second floor, the villa has columns above the first floor wall, and a wall above the first floor columns. The first and second floors compliment each other despite being opposites in architectural design. It is truly an exceptional scene, with a touch of warmth and wonder. The picture displays a robust villa with tangible beauty and serenity. The cameraman does an incredible job of capturing a scene which is prepossessing, despite the villa's age and its notable wear. The photo only exhibits a small portion of the villa, since it is moderately close up. Focusing on the first floor, there is a doorway with a few rays of...

Words: 823 - Pages: 4