Frantz Fanon : « Les Damnés de la terre », Chapitre 1 : De la violence

Il est un martiniquais, vient du contexte colonial des Antilles. Contexte colonial pas encore effervescent, plutôt passif. Il est à l’origine d’une famille bourgeoise, il fait des études. Il va étudier la médecine en France et va devenir psychiatre. Contrairement à Memmi qui est écrivain, c’est un médecin donc il est plus en relation avec l’humain. Il va s’engager assez tôt dans des mouvements de résistance et prend des positions en public. Expulsé d’Algérie en 1956.

Quand Fanon a écrit son livre il était atteint de Leucémie donc il savait qu’il allait mourir. Ecrit dans une situation d’urgence. On peut voir une certaine authenticité dans son livre.

Dynamique de la violence

Quelles sont les formes de violence dont on parle :
Dans le contexte colonial comme tel
Violence comme résultat de la dynamique de violence à l’intérieur du contexte colonial qui vont exister au niveau international après

1- Violence coloniale brute : violence de front
2- violence contenue dans les corps, énergie psychique et agressive emmagasiné par les colonisés dirigées vers les colonisateurs. Une énergie contenue qui peut se manifester et qui doit se manifester pour avoir une santé psychique.
3- contre-violence exercée par le colonisé sur le colonisateur : va devenir une forme de résistance dans la lutte anticoloniale
4- violence atmosphérique : le contexte international où les lutes commencent à se mettre en place influence la manière dont les autres groupes vont penser à faire leur révolution. Une idée de la violence comme un moyen politique qui est dans l’air et qui va être repris par les insurgés dans d’autres contextes de révolution coloniale. Une culture globale de la révolution qui se met en place. Les masses se rendent compte que la violence peut marcher et l’utilisent. Elle va se redéfinir dans une 5e forme de violence :
5- Violence planétaire : concerne autant les pays colonisateurs que les pays colonisés ou décolonisés. Réalité de la violence comme un fait et comme possibilité. les pays occidentaux ont à prendre en considération dans la manière dont ils font leur politique l’existence possible de cette violence et l’Existence d’un tiers monde qui s’est donné les moyens de sa révolution qui sont des moyens violents. Violence partagée plus également que dans le cas de la colonisation.

Toutes ces formes de violence s’articulent dans un argument où Fanon va venir dire que la violence est l’outil nécessaire de la colonisation.

- Structure contenue de son argumentation (forme de son argumentation, l’argumentation comme telle et le processus de décolonisation) :

La forme du livre :
Structure assez narrative qui va finir par s’appuyer sur les évènements historiques. Il nous raconte l’histoire de son argument. On a un peu l’idée d’une progression. Il passe souvent d’une question à l’autre qui nous mène vers son point final. Il va partir du fait de la colonisation pour aller vers l’idée de la décolonisation en passant par les dimensions psycho-politique de la lutte de libération pour aller vers la décolonisation.

Colonisation -----------→ décolonisation

Argumentation : (3 parties)

Problème : libération nationale. Comment on peut faire la libéralisation nationale réussie ? il va la présenter comme un phénomène qui est violent en soi, il doit l’être parce qu’il est marqué d’antagonisme essentiels. Il va partir des faits objectifs du monde colonial, donc faire le portrait c’est quoi le monde colonial comme tel et pourquoi c’est une structure violente et pourquoi ça mène nécessairement à la violence.

1- organisation du monde colonial : monde qui est compartimenté. Colonie coupée en deux (colonisateur/colonisé). Elle s’exerce dans une atmosphère de soumission. Pourquoi il y a toujours la menace de la violence ? parce qu’il y a une administration coloniale (militaire, police, etc.) la possibilité des colonisateurs d’exercer une pression violente réelle sur les colonisés. L’idée du dualisme. Fanon va dire que c’est une logique aristétoritienne (aristocratie), l’idée d’exclusion réciproque. Il va se servir de la pensée occidentale pour expliquer le phénomène. L’idée que cette dichotomie est associée autour de la race qui va elle-même servir à des fins d’exploitation. La race délimite aussi les classes de possesseurs et de dépossédés.
On répond à ce monde par une rationalité –->

2- rationalité du révolutionnaire colonisé (cette rationalité dépend du monde colonial) : comment il va répondre ? par une violence exercée à l’encontre du colonisateur. Il va s’exprimer comme affirmation d’une originalité absolue, qui va s’articuler à un refus des valeurs et de la culture blanche qui lui est proposé. Deuxième aspect de cette rationalité : vérité n’est pas celui de l’intellectuel mais celui de l’intérêt des masses. Le désir des masses cest de prendre la place du colonisateur, pourquoi ? parce que c’est lui qui possède tout. L’intérêt et le besoin des masses c’est deux choses : la terre et le pain. Cette rationalité va venir expliquer pk on considère la violence comme outil de décolonisation. Ce quon veut cest se réapproprier le plus vite possible ce que lon considère quon a été désapproprié. Des besoins de bases qui vont eux-même s’exprimer de manière violence et émotionnelle. Donc cest la rationalité qui est mise en place dans le mouvement qui va appeler la formation de la violence. Troisième point de cette rationalité : quelque chose qui est contenu dans les corps. L’état de tension dont Fanon parle. D’abord l’outil d’auto description qui passe finalement dans cette violence corporelle là, mais c’est aussi l’outil qui va mener à la révolte contre le colonisateur. Ce qui faut retenir c’est l’idée que c’est une force active, l’iodée de pulsion d’énergie du corps c’est quelque chose qui pousse à l’action. Ce sont ces aspects qui vont amener le mouvement révolutionnaire comme un mouvement de renversement que ce l’on peu appeler le mensonge colonial, la violence plus ou moins cachée.

3- Inhibiteur de la violence : bloquent la possibilité de la lutte pour sortir de l’état du monde colonial.

D’abord ce qui appartient au peuple colonisé comme tel : la religion, les luttes tribales, etc. des choses qui réussissent à canaliser l’énergie négative. fanon parle d’un mensonge économique : un mouvement de libération, ce sont toutes des choses qui économiquement servent à l’individu à se débarrasser de son agressivité. Fonction économique dans le sens où ça permet à l’humain de rester sain. Permet d’exprimer ce que l’on ne peut exprimer autrement : haine, pulsion, etc. là où c’est un mensonge : ça sert à se cacher à soi-même le fait du colonialisme. Le premier qui fait en sorte qu’on reste dans le régime colonial c’était celui mentionné juste la.

Deuxième chose : séparation des deux classes : masses et intellectuels (esclaves affranchie, ceux qui sont dans la position de compromis ou de dialogue). Pourquoi est-ce que les intellectuels nationaux restent dans ce dialogue ? correspond à leur intérêt de classe, leur culture de classe, il vont chercher du pouvoir de manière électoraliste en entrant dans le système du colonisateur.

Troisième inhibiteur de la violence : métropole à tendance à ajuster ses pratiques coloniales en fonction des changements qui se mettent en place dans la colonie. Il va mettre de l’avant l’idée de la non-violence, idée occidentale, prônée par la métropole du moment ou la violence commence à se faire sentir le moindrement dans la colonie. Du moment que la violence se faire sentir tout d’un coup l’idée de la non-violence apparaît. Pour Fanon l’idée de la non-violence est hypocrite parce que c’est le système qui est violent à la base et qui sert économiquement les intérêts de la métropole.

Les transformations du monde colonial pour aller vers l’indépendance :
Quelle est la dynamique mais surtout comment ça peut se faire. Quand la libéralisation nationale peut-elle arriver ? c’est là où son argument commence à être plus historique, faire appel à des révolutions.

Processus de réorientation de la violence :
Premières phases transformation serait un processus de réorientation de la violence : inverser les choses : réorienter la violence pour quelle parte du colonisés vers le colonisateur. Première chose à prendre en compte est le point de vue des masses. La seule force de révolution possible est la prise de conscience des masses. Du moment que les masses se rendent compte que la violence est le seul moyen possible de la décolonisation. Contrairement à la classe d’intellectuels qui n’a pas nécessairement la possibilité de voir d’elle même la nécessité de la violence. La masse est celle qui n’a rien à perdre et tout à gagner, pas d’intérêts à défendre auprès du colonisateur. C’est la classe des dépossédés.

Deuxième phase : transformation de l’intérêt du colonisateur dans sa relation avec le territoire, l’espace. la colonie devient un marché plutôt qu’un simple lieu d’appropriation. Intérêts économiques. Fanon explique par le fait que lorsque la colonie devient un marché pour la métropole celle-ci ne peut plus exercer une violence totale, elle doit avoir un rapport plutôt positif. On ne peut pas les détruire parce que ça ne serait pas rentable. Ce pourquoi c’est une force de transformation pour Fanon, c’est que les masses vont se rendre compte que l’écrasement militaire n’est plus possible. La crainte de la violence absolue, l’atmosphère de soumission commence à disparaître, la métropole ne peut pas nous atteindre complètement. La possibilité de la violence va apparaître dans l’esprit de la masse.

Troisième forme : Les élites. Ils sont les intermédiaires entre la métropole et la masse. Du moment où la masse commence à s’insurger ils ont à contrôler les relations avec la métropole mais aussi les relations avec la masse. Une manière de contrôle ce mouvement va être de ramener les idées de nations. En mettant de l’avant cette idée, ça va être repris par le peuple qui va se mettre à rêver d’une nation qui va promouvoir cette idée de nationalisme. Du moment où le peuple prend conscience de la nécessité de la violence, ça va s’articuler à une plus grande résistance sur le terrain contre toutes les formes de pression, contre la répression.

*** questionnement : Inter changer les phases 1 et 2 ci-haut. Quel est le moment déclencheur de la prise de conscience de la masse ?

Donc violence planétaire : tout le monde exerce la violence et tout le monde subi la violence alors que ce n’était pas le cas de la violence coloniale.

Donc au final, la violence va devenir le cadre de référence pour tout le monde. Insurgés : ont l’avantage d’avoir déjà accepté la violence comme un point de vue moral, un outil de survie, ça leur donne une force qui est le désir d’exercer cette violence. Ont également l’avantage de savoir que le système est fondé sur une violence fondamentale.

L’idée de révolution violente est une idée plutôt positive parce qu’elle permet la transformation du contexte colonial.

Conclusion :
• La violence est toujours le fait du peuple et non des élites. L’énergie pour faire cette violence est vraiment celle du peuple.
• Seule la violence assumée comme pratique peut amener la décolonisation : d’une part, la violence est nécessaire pour la décolonisation, mais c’est aussi la pratique active de cette violence dans des luttes qui rendra la décolonisation possible.
• Pourquoi elle est nécessaire ? parce qu’elle s’oppose à la violence pure et inégale du contexte colonial.
• En s’assumant au quotidien, elle devient presqu’une pratique de vie, la morale du révolutionnaire, une acceptation de la violence.
• Les effets positifs de la violence : pour les peuples, à travers la révolution, la violence permet la formation d’une unité et d’une conscience nationale qui va permettre la libéralisation, transformer l’atmosphère de soumission. Pour les individus : la violence est positive parce qu’elle désintoxique, elle va venir régler le complexe d’infériorité du colonisé par rapport au colonisateur en permettant de comprendre qu’ils sont capable d’agir et d’avoir une valeur positive dans le monde. Va aussi mettre fin au aptitude d’autodestruction entre les individus.
• Cet exercice de la violence permet aussi l’abolition des hiérarchies sociales dans le contexte colonial. Distinction entre les masses.

Question qui se poserait :
• S’il est vrai qu’on ne peut échapper à cette dynamique de la violence, est-ce que l’on peut tout de même se poser la question à savoir d’où est-ce qu’elle vient ?