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Asexuality

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Submitted By maxam56
Words 7214
Pages 29
Sommaire Sommaire 1 Introduction 2 I. Le Coming-Out Asexuel 3 A. L’asexualité : Une quatrième identité sexuelle ? 3 B. Le développement de la communauté 4 C. L'expérience de Bogaert 5 D. Le forum ‘AVEN’ 6 1. Le rôle d'AVEN 6 2. Témoignages 6 3. Les autres blogs et forums 7 E. Les revendications des Asexuels 8 II. Le point de vue de la société 9 A. Les différentes explications de l’Asexualité 9 1. Les travaux de recherche 9 2. Les explications médicales de l’Asexualité 11 3. Autres hypothèses 13 B. L’asexualité dans la société 13 1. L’appréhension de l’asexualité 14 2. La vision des ‘sexuels’ sur les asexuels 14 Eléments de conclusion 15 Bibliographie 16 Webographie 17 Vidéographie & Liste audio 18 Table des annexes 19

Introduction

Asexualité.

Un terme rarement évoqué ou même connu en société.

Les ‘A’, comme ils se nomment eux-mêmes semblent être apparus il y a une dizaine d’années à peine. Les médias s’y intéressent de plus en plus mais semblent utiliser le terme ‘Asexuel’ dans un sens erroné.

En premier lieu, il convient donc de différencier l’Asexualité de l’abstinence et du célibat, qui sont des choix à plus ou moins long terme d‘absence d‘activité sexuelle et qui sont définis à partir de comportements, de la frigidité et de l’impuissance, qui sont liés à des incapacités biologiques et de l’asexué, personne dépourvue de sexe, et qui résulte donc d‘une incapacité physique.

Ces termes sont aujourd’hui très souvent utilisés, à tord donc, pour exprimé l’absence de désir sexuel, ou la présence d’un désir sexuel très faible, c’est-à-dire l’Asexualité. On remarquera que la finalité reste la même, ces personnes ne pratiquent pas ou peu l’acte sexuel mais les causes sont diverses.

La définition la plus souvent retenue de l’asexualité est celle d’un réseau d’entraide, AVEN (‘Asexual Visibility and Education Network’). L’asexualité est donc définie comme étant ‘l’état d’une personne (Asexuelle) qui ne ressent pas le besoin de s’engager dans une relation sexuelle avec une autre personne’.

Les asexuels ne se considèrent pas un plus comme un énième mouvement ‘No-Sex’, qui semble se développer exponentiellement, notamment aux Etats-Unis, et qui s’apparentent à des mouvements religieux, philosophiques, … prônant une chasteté assumée et désirée, comme la virginité préservée jusqu‘au mariage ou encore une sexualité dans un but exclusivement procréatif.

Les asexuels, eux, ne prêchent rien et désirent seulement se faire connaitre dans une société sexuelle où l’aveu de la non pratique du sexe est trop souvent vu comme une tare sociale.

Nous aborderons le thème de l’asexualité en deux points. Ainsi dans un premier temps nous allons évoquer le Coming-Out asexuel, leurs revendications, la création de la communauté. Puis, dans un second temps nous verrons les rapports que la communauté asexuelle entretient avec la société et le corps médical.

I. Le Coming-Out Asexuel

A. L’asexualité : Une quatrième identité sexuelle ?
Les Asexuels se considèrent comme la quatrième identité sexuelle, après les hétérosexuels, bisexuels et homosexuels. Ainsi, être Asexuel ne signifie pas forcement pour autant de ne pas avoir de sentiment amoureux, seule la libido est très faible. Il existe, par conséquence, des Asexuels hétérosexuels, bisexuels et homosexuels. Mais il semble que parler de quatrième identité sexuelle ne soit pas justifié. Il existerait des sexuels et des asexuels, chacune de ces catégories se divisant elles mêmes en trois identités. Le terme asexuel semble donc être à mettre en parallèle avec le terme sexuel. Il y aurait donc les trois identités sexuelles, et au sein de chacune de ces identités, il y aurait une échelle de désir, allant de l’hypersexualité à l’asexualité.
Une historienne, Elizabeth Abbott a publié son Histoire universelle de la chasteté et du célibat et a reçu de multiples de lettre de la part de personne ne ressentant aucune indifférence au sexe. Quand elle a écrit dans la revue de cette université un article entièrement consacré à l'asexualité, les réactions ont été plus nombreuses encore. Une de ses étudiantes, Laura, lui a aussitôt envoyé par courriel le message suivant: ‘Je veux vous remercier de soutenir le fait que l'asexualité doit être considérée comme une orientation sexuelle valable, même si je n'en tire aucune ‘fierté’. Il est toutefois bon de se sentir reconnue’.
De plus, l'historienne croit aussi que le phénomène de l'asexualité ne devrait pas être considéré comme quelque chose d'anormale ou de marginale. ‘Je pense vraiment que certaines personnes naissent avec très peu ou pas du tout de désir sexuel. La plupart d'entre nous se situent au milieu. Si on considère que la sexualité peut se mesurer, il suffit de mettre l'hypersexualité à un pôle et l'asexualité à l'autre, tout simplement’. Car l'asexualité ne doit pas être confondue avec l'abstinence, le refus ou la peur de la sexualité.
Ensuite, la docteure Lori Brotto, une experte en sexualité à l'université de Vancouver, au Canada, se disait extrêmement sceptique concernant l'existence de l'Asexualité comme orientation sexuelle. Mais en 2007, en étudiant les membres de l'AVEN, elle a découvert non seulement un désir sexuel bas, mais également un désintérêt vis-à-vis de ce sujet, contrairement aux personnes ayant des dysfonctions sexuelles et qui cherchent un traitement pour les guérir.
Récemment, Dr. Brotto a projeté des films érotiques à une quarantaine de femmes parmi lesquelles, des asexuelles, des hétérosexuelles, des lesbiennes et des bisexuelles. Les réactions physiologiques mesurées lors de ces projections sont identiques chez toutes ces femmes, démontrant qu'il ne s'agit pas d'une dysfonction sexuelle, mais bien d'une question d'orientation sexuelle. Définir l'asexualité comme une identité sexuelle n'est pas encore tout à fait résolu. D'après le point de vue des chercheurs on ne peut pas encore l'évoquer avec certitude. Des recherches sont effectuées notamment à travers le forum d'AVEN.
B. Le développement de la communauté
La communauté asexuelle n’est elle-même pas à même de proposer une définition précise satisfaisant l’ensemble de celle-ci, celle proposée par le site AVEN restant tout de même générale. Les diverses définitions proposées par les asexuels en tant que personnes semblent être personnelles et ne satisfaire qu’une partie de la communauté. Les asexuels eux-mêmes le perçoivent : il n'y a que l'absence d'attirance sexuelle qu’ils aient en commun, les autres caractéristiques dépendent de l’expérience de chacun.
Ainsi, les expériences diverses et témoignages révèlent une multitude de définitions propres à chacun. Selon les individus, l’asexualité peut durer toute une vie ou apparaitre après une vie ‘sexuelle’. Certains asexuels disent ne jamais avoir eu ni de désir sexuel, ni de sentiments amoureux envers autrui.
L’évolution de notre société a conduit à une mode de communautarisme. Les communautés diverses se multiplient. Aujourd’hui, la différence conduit au regroupement. La communauté asexuelle, née tout d’abord sur Internet au début des années 2000, se calque sur le modèle de la communauté homosexuelle, créant ainsi des symboles asexuels.
La création et le développement d’une communauté peut-être également vécu comme une réponse à la société et à son besoin de classer, d’étiqueter les personnes et les comportements.
On remarque que l’on évoque la communauté asexuelle que depuis à peine une dizaine d’années. Mais les Asexuels auraient toujours existés, se fondant dans la norme en se mariant et en répondant au devoir conjugal (N.B. : Expression amusant la communauté, le terme devoir se référant à une contrainte imposée par la société) par obligation, ou encore en rejoignant les ordres. Cependant, cette communauté a été ignorée, a su s’adapter. Elle n’a donc pas été persécutée, à l’inverse des Homosexuels. Et pourtant les asexuels se rassemblent, pourquoi ? Pour le revendiquer, le faire entendre, le faire admettre.
La création et le développement de la communauté asexuelle a également comme objectif le partage des expériences et permet aux asexuels d’être visible au sein de la société dans l’optique d’aider les personnes qui n'ont pas conscience de ne pas être les seules sans désir sexuel.
La communauté asexuelle a décidé de se faire remarquer, en effet des asexuels ont participé à la Gay Pride de San Francisco en juin dernier. Ils mettent ainsi la société au défi d'accepter leur absence de désir sexuel.
Le principe de cette parade représente le sexe dans tout ces aspects, leur défi sera donc de montrer qu'ils existent dans se monde ou le sexe est omniprésent. Pour cela une dizaine de personnes vont défilées dans les rues de San Francisco. Ils étaient également présents lors du festival de rue Gay et Lesbien de Berlin. L’Allemagne semblerait être le pays européen le plus tolérant à l’idée de l’existence de l’asexualité.
Tous les asexuels militants ont pour objectif de faire connaitre l’asexualité au grand public afin que l'opinion selon laquelle les gens qui ne sont pas intéressés par le sexe souffrent de problèmes médicaux, psychologiques ou sont tout simplement anormaux se résorbe.
La présence d'asexuels à la Gay-Pride de San Francisco fut un test de vis-à-vis de la tolérance de la société en général. Accepter l'idée d'une sexualité entre personnes du même sexe est difficile pour certains. Accepter le mariage gay également. Demander l’acceptation de l’idée que la sexualité est une option, que l’on peut vivre heureux sans sexualité, sonnait comme un défi à la société.
Le monde fait qu'il est difficile pour les asexuels d'être reconnut. La communauté est comme aveugle du fait de l'absence de marqueurs culturels comme ceux mis en place par les gays, avec par exemple des codes vestimentaires ou des bars spécifiques.
C. L'expérience de Bogaert
En 2004, le Dr. Bogaert a trouvé que 44% des personnes exprimant une absence d’intérêt pour le sexe étaient mariées ou vivaient avec quelqu’un, ou l’avaient fait par le passé.
L'étude de Bogaert publiée en 2004 est le premier essai d'estimation du nombre d'asexuels dans la population. Sur un échantillon de plus de 18000 personnes interrogées, 1,05 % a répondu de façon affirmative à la question "Je n'ai jamais ressenti d'attirance sexuelle pour personne". Le chiffre est légèrement inférieur à celui des personnes se disant homosexuelles (1,11 %). Bien que non absolu, ce chiffre est un bon point de départ pour estimer le nombre d'asexuels dans le monde. D'après le chercheur, les raisons sont à la fois biologiques et psycho-sociales ou socioculturelles.

D. Le forum ‘AVEN’
Internet joue un rôle primordial dans le développement de la communauté. Internet a permis de réunir de multiples asexuels à travers la création en 2001 du forum AVEN (Asexual Visibility and Education Network) par David Jay, âgé alors de 27 ans.
Ce réseau a pour objectif l’entraide des asexuels et se présente comme une fenêtre sur l’information sur l'asexualité. AVEN accueille la plus grande communauté d'asexuels en ligne dans le monde, ainsi qu'un grand nombre de ressources sur l'asexualité.
Le symbole d'Aven est un triangle inversé, représentant la place de l’asexualité dans la sexualité. Ce symbole a été adopté par la communauté asexuelle, tout comme le fut le ‘Rainbow flag’ par la communauté LGBT.
1. Le rôle d'AVEN
En plus du rôle d’entraide et d’information, AVEN permet aux chercheurs de faciliter leurs travaux, en mettant à leur disposition la plus grande communauté asexuelle au monde. Cet ‘accueil’ des chercheurs a pour objectif de permettre une recherche approfondie sur l'asexualité qui serait à-même d’établir ce comportement comme étant un comportement sexuel naturel et normal et ainsi de l'inclure dans les cours d'éducation sexuelle afin que la future génération asexuelle n’ait pas à souffrir de cette apparente anormalité et de la solitude et du mal-être pouvant en résulter.
Ce site est composé d'un espace de définition de l'asexualité et d'un forum, dans lequel toute personne peut poser des questions à des interlocuteurs afin de répondre à leurs doutes ou suggestions. Beaucoup de personnes ont besoin de s'identifier à travers plusieurs témoignages, pour se connaître.
Descendre dans le triangle obtenu signifie que l'attirance sexuelle est de plus en plus inexistante dans la vie d'un individu. Par conséquent, savoir "par qui ces personnes sont attirées ou pas" a de moins en moins de sens ; il y a de moins en moins de différences entre être homosexuel ou hétérosexuel, si bien que finalement, une autre appellation soit nécessaire : l'asexualité. D'où le symbole d'AVEN.
2. Témoignages
Le forum d'AVEN reflète la pluralité des comportements asexuels et des expériences de chacun grâce aux multiples témoignages. On peut remarquer que les personnes sont fidèles entre elles, certaines s'aident mutuellement afin de se connaître et pouvoir avancer dans la vie.
On peut trouver plus de 70 000 messages évoquant de multiples thèmes tel que
‘Pourquoi suis-je différent ?’, ‘Pourquoi mon corps réagit de cette façon ?’, ‘Est-ce un comportement normal ?’, ‘Est ce pour la vie ?’, ‘Est ce du a une maladie ?’, et cetera.
On y trouve des témoignages d'asexuels qui sont hétérosexuels, homosexuel ou bisexuels (Qui sen nomment eux même HomoAsexuel, HétéroAsexuel et biAsexuel) ce qui permet une approche globale de l’asexualité. Les chercheurs peuvent donc s'identifier à tout types de personnes, ce qui pourra permettre, à plus ou moins long terme de définir précisément ce qu’est l’asexualité. Les témoignages sont divers, tout comme les avis et les questions. Ainsi, certains témoignages nous démontrent que pour les asexuels il est bien plus intéressant de travailler de façon intense dans sa vie professionnel que de faire l'amour : ‘L’avantage du travail est que l'on est payé, se qui permet de se faire des petits plaisir contrairement au sexe’. Ou encore, qu’il est possible d’aimer un homme ou une femme, bien que l’attirance physique n’entre pas en jeux mais essentiellement des questions de morale et rationnelle, comme le partage d’une philosophie, d’une vision de la vie, de centres d’intérêts communs, …
3. Les autres blogs et forums
Le développement du site AVEN à facilité à certaines personnes l’acceptation de leur asexualité. Il en découle la création d’une multitude de blogs d’asexuels qui cherchent à faire découvrir leur sexualité et à développer leur communauté.
Certains forums se sont associés avec d’autres minorités sexuelles afin d’avoir un impact plus fort. Ainsi, certains forums portant sur l’hypersexualité ont fusionné avec des forums asexuels. Cela permet également de partager et d’échanger des opinions et des expériences. Certains forums LGBT ont également participé à ce regroupement.
L’objectif de ces blogs, en marge des forums asexuels, est avant tout de faire connaître et comprendre l'asexualité, encore trop méconnue et sujette à nombre de confusions.
Dans ces blogs se sont des asexuels qui s'expriment en racontant leurs histoires (laissant tout de même aux ‘sexuels’ le droit de participer aux discutions). Une femme asexuelle, qui publie son blog sous le pseudonyme de Gianni, explique qu’elle n’a, depuis la mort de son mari, plus aucune pratique sexuelle. Elle était déjà asexuelle avant leur rencontre, mais lui étant sexuel, elle faisait des concessions.
E. Les revendications des Asexuels
La communauté ne cesse de grandir, les médias leur permettent de s’exprimer et de se manifester au travers d’émissions afin que l’on les reconnaissent au même titre que les autres identités. Ils veulent que leur identité sexuelle soit reconnue par la société et la communauté scientifique .
‘Ce qui nous fait souffrir n'est pas l'absence de sexe, précise David Jay, puisqu'on ne ressent pas de manque physique. Le problème, c'est le regard des autres sur nous.’
Elizabeth Abbott ajoute: ‘C'est pourquoi beaucoup de femmes, en réalité asexuelles, pratiquent le sexe par pure convention sociale; par contre, pour les hommes, il est plus difficile de masquer une absence d'érection...»
En conséquence, les asexuels revendiquent plusieurs éléments : le droit à la différence, le droit d’être accepté tel qu'ils sont malgré de nombreux stéréotypes (Notamment de type sectaire, AVEN ayant été à ses début une communauté très fermée sur elle-même avec un avis tranché sur l’asexualité) et le droit d’être respecté dans une culture obsédée par le sexe.
Enfin, les membres d'AVEN ont un but concret : modifier le DSM-IV lors de sa prochaine révision en 2012 pour qu'il soit clairement affiché que l'asexualité n'est pas un "trouble du désir sexuel hypoactif".
Les asexuels assument totalement leurs choix par rapport a la question du sexe. Énormément de personnes évoquent que le sexe est une valeur très importante dans un couple, que sans sexe ont ne peut pas être heureux. De nombreux témoignages nous montrent le contraire.
‘Il y a de meilleurs moyens que le sexe pour créer des liens profonds. Et durables.’ Armistead Maupin

II. Le point de vue de la société

A. Les différentes explications de l’Asexualité

Les études, scientifiques ou non, n’ont commencé à apparaître il y a très peu de temps. Ce qui en ressort reste néanmoins assez flou et les avis qui en découlent sont divers et souvent diamétralement opposés.

1. Les travaux de recherche

L’étude menée par le docteur Anthony Bogaert en 2004 a porté à la connaissance du grand public ce ‘phénomène Asexuel’, en se basant sur une étude faite en 1994. Cette étude, faite sur 18 876 individus britanniques avait pour objectif la récolte d’informations sur les pratiques sexuelles afin d’étudier la propagation du virus du SIDA. Il apparait qu’un peu plus d’un pourcent de l’échantillon a répondu ‘n’avoir jamais ressentit d’attraction sexuelle pour qui que ce soit’ ce chiffre étant pour Anthony Bogaert probablement sous estimé du fait que 30% des personnes sollicitées aient refusé de participer à l’étude. Car selon lui, les personnes ayant une sexualité faible ou nulle sont moins enclines à répondre à un questionnaire portant sur la sexualité.

Cette étude a mis en émois le quatrième pouvoir et en a résulté un intérêt croissant pour l’asexualité, tant dans le milieu scientifique qu’au sein du grand public.

Suite à la publication des travaux de Bogaert, des études, ou simples observations, sur les animaux ont été réalisées. Ainsi, il apparait qu’un nombre conséquent d’individus de la plupart des espèces animales n’ont pas, au cours de leur vie, de relations sexuelles. Par exemple, les abeilles, hormis la reine, n’ont aucune sexualité. Le pourcentage rats et gerbilles ne portant aucun intérêt pour la reproduction pourrait atteindre 12%, ce taux varierait en fonction du nombre d’individus et permettrait la régulation de la population. Une autre étude portant, elle, sur les moutons, et menée par le United States Sheep Experiment Station a fait apparaitre que deux à trois pourcent des béliers étudiés ne montraient, apparemment, aucun intérêt ni pour les mâles, ni pour les femelles. Ce qui semble correspondre aux chiffres constatés par Bogaert. Ces observations pourraient contribuer à l’explication de l’asexualité humaine, une asexualité innée et non acquise, ces constats tendant à démontrer que l’asexualité n’est, ni anormal, ni un phénomène sociétal ou sociologique mais bien un comportement naturel.

De plus, les animaux n’ont, pour la plupart, aucune sexualité en dehors des périodes de reproduction. Seules quelques espèces, dont les grands singes, ont une sexualité dite ‘récréative‘.

L’Asexualité, si l’on en parle que depuis peu de temps, est tout de même un phénomène connu depuis au moins la fin des années 1940. Ainsi, le père de la sexologie, Alfred Kinsey, créa une échelle pour mesurer l’intensité de l’attirance sexuelle, de 0 (Exclusivement hétérosexuel) à 6 (Exclusivement homosexuel). La bisexualité (3) apparaissant comme de type hétérosexuel et homosexuel et non comme une identité à part. Kinsey avait également connaissance d’un élément asexuel dans la population. Il créa, lors de la classification de ces résultats une catégorie ‘X’ représentant les sujets ‘sans contact ou réactions socioculturelles’ sans pour autant approfondir l’étude de cette catégorie.

Ainsi, il présenta en 1953 dans 'Sexual Behavior In The Human Female' (qui forment avec ‘Sexual Behavior In The Human Male’ (1948) le rapport Kinsey) cette catégorie comme celle ‘des personnes qui ne répondent pas de façon érotique à des stimuli hétérosexuels ou homosexuels, et qui n'ont pas ouvertement de rencontres physiques observables avec des individus de l'un ou l'autre sexe dans lesquelles il y a preuve d'une telle réponse’. La proportion de la population assignée à la catégorie ‘X’ était la suivante : les femmes célibataires représentaient 14% à 19%, les femmes mariées 1% à 3% et les femmes qui ont été mariées par le passé 5% à 8%. Les hommes célibataires, eux, représentaient 3% à 4%, les hommes mariés, un pourcentage nul et les hommes qui ont été mariés par le passé 1% à 2%.

L'institut Kinsley, localisé en Indiana et qui prône la recherche pluridisciplinaire et le savoir dans tous les domaines de la sexualité humaine, a financé une étude sur l’asexualité en 2007 et a trouvé que les individus qui se définissaient comme asexuels ‘montraient un désir sexuel (envers un partenaire) significativement plus faible, une capacité plus faible à l'excitation sexuelle, mais ne différaient pas des sexuels par leur niveau d'inhibition ou du désir de masturbation‘. L’étude n’a pas démontré de prédominance masculine ou féminine.

Dès 1979, l’asexualité apparait comme une hypothétique quatrième identité sexuelle lors d‘une étude publiée dans advances in the study of affect vol. 5. C’est Michael D. Storms, du département de psychologie de l’université du Kansas, qui en se basant uniquement sur les fantasmes et l’érotisme, alors que Kinsey y ajoutait le comportement sexuel, a soumis cette hypothèse.

Paula Nurius, en 1983 émet les résultats de son étude. Ainsi, en comparaison des personnes hétérosexuelles, homosexuelles ou bisexuelles, les asexuelles étaient plus enclines à avoir une faible estime de soi et à souffrir de dépression. La communauté asexuelle revendique cependant avoir une vie parfaitement équilibrée et heureuse.

Feud décrit un processus, la sublimation, qui est ‘la capacité d’échanger un but qui est à l’origine sexuel contre un autre qui n’est plus sexuel mais qui est psychiquement apparenté avec le premier’. C’est-à-dire le déplacement de la libido vers une activité intellectuelle. Cette approche freudienne que l’on pourrait appliquer à l’asexualité impliquerait donc que les asexuels aient une vision artistique et intellectuelle plus développée. La communauté asexuelle condamne la sublimation car n’a pas le sentiment de transposer leur désir sexuel, qui selon eux n’existe pas, cependant, il apparait tout de même dans de nombreux témoignages de personnes se déclarant asexuelles qu’il y a une forte tendance à se passionner pour leur travail.

Les psychanalystes abordent l’asexualité comme quelque chose relevant de l'ordre de l'inconscient, celle-ci n‘étant pas voulue, donc de l'ordre de la psychanalyse. Une psychanalyse serait donc à-même de ‘vaincre’ le comportement asexuel.

2. Les explications médicales de l’Asexualité

L’Asexualité est elle une maladie, un symptôme maladif ou encore les effets de maladies ? C’est la question posée par le tout corps médical.

De nombreuses explications médicales à l’asexualité existent. Les psychologues et psychiatres l’expliquent par un désir sexuel hypoactif, ou hyposexualité. Le DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual - Revision 4) énonce que le ‘désir sexuel hypoactif’ peut survenir dans l'adolescence, persister pendant la vie entière d'un individu et sera considéré comme un trouble s'il est cause de souffrance. Ce manuel est édité par l’Association Américaine de Psychiatrie mais ça valeur clinique est critiquée de la part des partisans d’une psychopathologie raisonnée. Même si la source du désir sexuel hypoactif reste inconnue, le DSM-IV n’envisage cette orientation que sous un angle pathologique.

On peut trouver plusieurs autres interprétations au comportement asexuel. Un dérèglement hormonal (de type thyroïde), certaines tumeurs de l’hypophyse (l‘hypophyse contrôlant et permettant la sécrétion de plusieurs hormones sexuelles), le syndrome d’Asperger (Trouble du développement du spectre autiste), l’épilepsie, un trouble de la personnalité schizoïde, une puberté tardive ou encore une anorexie ou boulimie mentale.

Chez un sujet plutôt jeune, une puberté tardive, conduisant à la construction de la personnalité avant l'exploration de la sexualité, peut être la conséquence d'un niveau de développement psychologique encore incomplet, n'ayant pas permis au sujet d'avoir découvert l'ensemble des possibilités de sa sexualité.

L’anorexie ou la boulimie pourraient être soit la cause, soit la conséquence d’une asexualité. La conséquence car les pathologies alimentaires graves entrainent des nombreux troubles sexuels. Et la cause car, les réponses sexuelles et les habitudes alimentaires naissent d’une même fixation précoce, dite orale, de la personnalité. Les anorexiques et boulimiques auraient donc arrêté leur développement sexuel à la phase prégénitale, plus particulièrement au stade oral. Cependant, la boulimie, contrairement à l’anorexie, n’a pas toujours comme conséquence l’asexualité, il arrive qu’elle amène à une hypersexualité.

Une personnalité schizoïde serait également à même d’expliquer l’asexualité, particulièrement si, en plus de l’absence de désir sexuel, l’individu ne cherche pas à avoir de relations sentimentales. Le schizoïde vit renfermé sur lui-même et ne ressent pas le besoin d’avoir une vie sociale active, ses expressions émotionnelles sont également limitées.

Le syndrome d’Asperger et la personnalité schizoïde sont également recensés dans le DSM-IV.

Pour la psychologue Maryse Vaillant ‘tout le monde a une quantité de libido plus ou moins importante […] Elle peut être très faible, mais nous en avons tous une, y compris les asexuels’. Les asexuels eux-mêmes l’admettent, ils sont nombreux pratiquer l‘onanisme, mais sans plaisir ou pensées particulières, uniquement dans le but ‘d’évacuer les liquides’.

Le psychanalyste Ernest Jones défini l’aphanisis comme une altération menant à la perte du désir ou la crainte de la perte de celui-ci, expliquée par la peur de la castration.

Le sexologue suisse Dominique Chatton distingue trois ‘asexuels type’. Les schizoïdes, précédemment cités, ceux qui connaissent une excitation sexuelle ‘archaïque’ et ceux échangeant amour et tendresse sans ressentir le besoin d’une relation sexuelle. Certains asexuels connaitraient une excitation sexuelle archaïque (pression des organes génitaux essentiellement) qui n’appellerait pas à des relations. ‘Archaïque’ car c’est la forme d’excitation développée lors de la petite enfance. Cette partie de la population asexuelle aurais donc arrêté sont développement sexuel au stade le plus primaire de la sexualité humaine. Le troisième profil correspond a ce que l’on pourrait appeler les ‘Grands fusionnels’. Ils entretiennent une relation purement platonique où la sublimation joue un rôle prépondérant.

Toutes ces tentatives d’explication de l’Asexualité supposent que l’absence de désir sexuel est un comportement anormal.

Certains problèmes purement sexuels peuvent conduire à un dégout du partenaire et un refus de plaisir. Ainsi, chez la femme, la dyspareunie et l’anorgasmie peuvent conduire à l’asexualité par une perte de désir.

Il semble également que plusieurs personnes se soient découvertes asexuelles seulement après leurs premiers rapports ou après un accouchement, deux ‘étapes’ de la vie, ou se découvrent asexuelles après avoir vécut une vie sexuelle pendant plusieurs années. Ici, l’asexualité apparait après un évènement marquant, ce qui soutiendrait la thèse d’une asexualité pathologique.

On peut tout de même noter que la plupart des asexuels n’ont pas de carence hormonale. Leur taux d’hormones sexuelles sont, dans la majorité, équivalent à celui des personnes ‘sexuelles’. 3. Autres hypothèses

Les séquelles de sévices sexuels subis durant l’enfance ou durant l’âge adulte (Inceste, Viol, …) seraient également une cause probable à l‘asexualité. Ainsi, un sondage en cours sur le site AVEN montre que sur actuellement 92 votant, 27% déclarent avoir été abusés sexuellement. L’asexualité étant donc comprise comme une réponse psychologique à un évènement traumatisant. La cause de se traumatisme suscitant par conséquent un blocage physique et moral.

Au sein de l’archipel Nippon se développent les 草食男子 ‘soushokudanshi’, littéralement les ‘Hommes mangeurs d’herbe’ ou ‘Hommes Herbivores’. Ce terme a été utilisé pour la première fois en 2006 par la chroniqueuse spécialiste des tendances Maki Fukusawa et désigne une catégorie de la population, exclusivement masculine, qui est ‘sans ambition professionnelle, attentive à la mode, proche de leur mère, sans appétence sexuelle et assez près de leurs sous‘, selon ses critères.
Ce phénomène sociétaire semble trouver sa source en la crise économique de 1990. Le magazine Slate nous révèle que 42% des hommes japonais âgés de 23 à 34 ans se considèrent comme ‘herbivores’, certaines études portent même ce nombre à plus de 75%. La société nipponne craint ce phénomène car serait à-même de mettre en péril la natalité, déjà extrêmement faible, sur le territoire.

On peut également adopter une approche philosophique de l’asexualité. L’amour comme une notion analogique et non-univoque. L’amour porté à un père, une mère, une fratrie, un dieu, un conjoint, … n’est pas seulement une question de force, d’intensité ou de degré mais une question de nature. La sexualité ne nécessite pas forcement que la notion d’amour intervienne, alors pourquoi l’amour devrait-il inclure la sexualité ?
Comme le dit, Milan Kundera dans son livre Du rire et de l'oubli ‘le sexe n'est pas l'amour, ce n'est qu'un des territoires que l'amour s’approprie’.

Une homosexualité inavouée peut également être une cause d’asexualité. Si l’individu vit mal la découverte de son homosexualité et n’est pas capable d’assumer son orientation sexuelle ou vit dans un milieu où celle-ci est rejetée, il est possible qu’il préfère opter pour un aveu public d'asexualité.

B. L’asexualité dans la société

1. L’appréhension de l’asexualité

La société a un jugement très négatif sur l’asexualité, parfois même sans pour autant connaitre son existence. Dans une société du tout sexuel, les asexuels peinent à trouver leur place. Ils ne mettent pas en cause la société, la vue ou l’évocation de sexe ne les dérange pas outre mesure, mais il est difficile pour eux de faire comprendre leur orientation à leur entourage.
Au cours de nos diverses recherches sur le Web, nous avons constaté un certain mépris des ‘sexuels’ vis-à-vis des asexuels. L’asexualité dérange. Cette société du tout sexuel se sent menacé. Cette revendication de totale absence de désir semble déranger, l’Asexualité est probablement une des plus grandes peurs de la société ’sexuelle’. Le fait de revendiquer, assumer une absence de libido dans nos société peut sembler méprisable aux yeux de certains, car est incompréhensible pour les ‘sexuels’.

L’asexualité est, paradoxalement, très représentée en société, notamment en littérature. Ainsi, de nombreux personnages de fiction peuvent être catégorisés comme asexuels.

De même, il semblerait que de nombreux personnages aient été asexuels, comme Isaac Newton, Steven Patrick Morrissey, Gandhi, Sigmund Freud, John Ruskin, Greta Garbo, … mais cela n’a pas de fondement réel et statut sur des suspicions uniquement. 2. La vision des ‘sexuels’ sur les asexuels

Les asexuels sont soumis à de nombreuses réactions vis-à-vis de leur asexualité. Ils ont recensé les nombreuses réparties populaires à leur asexualité.

‘Tu n’as pas trouvé la bonne personne’ est probablement la plus commune et celle que les asexuels réfutent le plus vivement. Ainsi, certains asexuels vivent en couple, heureux, parfois depuis plusieurs années sans pour autant que le sexe n’intervienne. Ainsi, une part non négligeable d'asexuels ressentent une attirance amoureuse pour d'autres personnes (asexuelles ou non), et connaissent une intimité sentimentale pouvant être passionnelle, mais sans ressentir le besoin de couronner cette intimité d'un contact sexuel.

‘Encore une mode venue des Etats-Unis’ est aisément réfutable. La première étude ayant bénéficié d’un éclairage médiatique (Bogaert) ayant été faite sur des sujets anglais avant même la création d’une communauté asexuelle.

‘C’est une réaction à la société du tout sexuel’. Les asexuels ne sont pas incommodés à la seule évocation de la sexualité. Ils ne se considèrent nullement comme prudes, ils comprennent les ‘sexuels’ et demandent simplement la réciprocité de ce sentiment.

Eléments de conclusion

L’activité sexuelle des sociétés contemporaine diminue. C’est une constatation unanime des sexologues et des scientifiques. Le ‘phénomène asexuel’ pourrait donc être ressentit comme un reflet du comportement sexuel de l’ensemble de la société.

Les recherches scientifiques ne sont pas assez avancées pour pouvoir trouver une explication unanime à l’asexualité. Et les différentes théories et tentatives d’explication ne sont pas a un point suffisamment avancées et appuyées pour permettre celle-ci.

L’asexualité innée ou acquise ? Les points abordés précédemment font plutôt pencher la balance vers une asexualité acquise ou maladive mais certains de ces points restent tout de même à approfondir.

L’asexualité reste donc un sujet de débats et de polémique. Mais la croissance de la communauté sera peut-être à même de changer l’opinion publique qui, étant pour la majorité ‘sexuelle’, ne semble pour l’instant pas comprendre le ‘Phénomène asexuel’.

Bibliographie

* Fontaine, D. (2006) : No Sex last year [La vie sans sexe], Paris, Arte Editions, Bruits, 156-160.

* Hirigoyen, M.-F. (2007) : Les nouvelles solitudes, Paris, Editions La Découverte, 179-184.

Webographie

* Site AVEN France : www.asexuality.org/fr/ * Dossier sur les troubles de la sexualité : www.boulimie.com/fr/actualites/dossiers/les-troubles-de-la-sexualite.html

* www.freud-lacan.com/articles/article.php?url_article=jchassaing290208&p=y

* www.sfms.fr/prod/system/main/index.asp?page=/prod/data/curiosite/asexuels.asp

* www.sfscsexo.com/publi/puz3016.htm

* agraffitti.free.fr

* mesangebleue.hautetfort.com/

* nosexe.canalblog.com/

* asexualite.blogspot.com

* giannilea.canalblog.com
Vidéographie & Liste audio

* Emission ‘7 à voir’ – France 3 – Diffusée le 27 septembre 2009.
Lien : programmes.france3.fr/7-a-voir/ ?id_article=122

* Emission ‘ça se discute’ – France 2 – Diffusée le 16 avril 2008.
Lien : nosexe.canalblog.com/archives/p10-10.html
Note : Vidéo en sept parties.

* Emission ‘Lahaie, l’amour et vous’ – RMC – Diffusée le 17 septembre 2009
Lien : www.rmc.fr/podcast/podcast.php?id=51&start=80

* Débat – Radio France Internationale – Diffusé le 28 mai 2008
Lien : www.rfi.fr/radiofr/editions/083/edition_121_20080528.asp
Table des annexes

Annexe I 20 Annexe II 20 Annexe III 21 Annexe IV 21 Annexe V 22 Annexe VI 23 Annexe VII 24

Annexe I

Première ‘manifestation’ asexuelle lors de la Gay-Pride de San-Francisco le 28 juin 2009.
Vers une A-Pride?

Annexe II

Représentation de la vision de la sexualité selon A. Kinsey

Annexe III

0 | Exclusivement hétérosexuel(le) | 1 | Prédominance hétérosexuelle, expérience homosexuelle | 2 | Prédominance hétérosexuelle, occasionnellement homosexuel(le) | 3 | Bisexuel sans préférence | 4 | Prédominance homosexuelle, expérience hétérosexuelle | 5 | Prédominance homosexuelle, occasionnellement hétérosexuel(le) | 6 | Exclusivement homosexuel(le) | X | Asexuel(le) |

Représentation du modèle d’Alfred Kinsey

Annexe IV

Représentation du modèle de Michael D. Storms

Annexe V
Au Japon, les « herbivores » enterrent la vogue des mâles virils et dominateurs

Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) LE MONDE Le 25 septembre 2009

Yoshinori - qui souhaite garder l’anonymat - se déplace à Tokyo sur un de ces vélos en vogue dans la capitale japonaise, guidon droit et étroit, cadre fin, épuré. Yoshinori est un jeune homme à la mode. Grand, mince, 27 ans, il travaille pour une télévision commerciale comme assistant réalisateur de programmes de nuit. Il y a quelques mois, une amie l’a qualifiée de « Soshoku danshi », littéralement « garçon herbivore ». Il ne l’a pas mal pris, n’a même pas été surpris. « Au fond, je m’en moque », ajoute-t-il.
Le terme « herbivore » a été imaginé en 2006 par la chroniqueuse spécialiste des tendances Maki Fukusawa, pour qualifier les nouveaux comportements masculins. La pléthore de publications qui ont suivi, dont un livre de Megumi Ushikubo, présidente de la société d’études marketing Infinity, a fait du vocable un véritable phénomène médiatique et permis d’en affiner la définition.
Mme Ushikubo définit les « herbivores » comme des jeunes sans ambition professionnelle, attentifs à la mode, proches de leur mère, sans appétence sexuelle et assez près de leurs sous. L’essayiste Toko Shirakawa, spécialisée dans les relations hommes-femmes, ajoute qu’« ils ne draguent pas, fuient les filles sexy, n’aiment pas les discussions. Dans le même temps, ils n’hésitent pas à faire la cuisine et à participer aux tâches ménagères ».
Sans correspondre à tous les critères, Yoshinori se reconnaît dans cette définition. Il vit chez ses parents, n’a pas de copine. « J’en ai eu avant », précise-t-il. Aujourd’hui, il estime qu’entretenir une relation, c’est « mendokusai », « embêtant ». Une amie à lui - mignonne - l’admet : « Je l’invite parfois à dîner chez moi. Mais je sais qu’il ne se passera rien. Il n’est pas du tout dans la séduction. »
Le bruit fait autour des « herbivores » a pu faire craindre l’émergence d’un énième cliché sur le Japon. Mais non, plusieurs études laissent penser que le phénomène est plus profond, voire durable. Pour Megumi Ushikubo, plus de la moitié des hommes entre 20 et 34 ans appartiendraient à cette catégorie.
Selon un sondage réalisé, en mars, auprès de 500 hommes entre 20 et 40 ans par la compagnie d’assurances Lifenet Seimei, 75,6 % d’entre eux se perçoivent plutôt comme « herbivores ». Et 64 % des 1 264 jeunes diplômés interrogés en mai par la société Mitsubishi UFJ Research & Consulting donnaient la même réponse. Yoshinori acquiesce : « Plus de la moitié de mes amis sont herbivores. »
Pour expliquer cette évolution, Megumi Ushikubo évoque des aspects économiques. Les jeunes arrivés sur le marché du travail depuis la crise des années 1990 peinent à trouver un emploi stable et à toucher un salaire décent. D’où une attitude résignée à l’égard du monde du travail. La mode serait pour eux le moyen de se distinguer et de se mettre en valeur. Le développement d’Internet leur permettrait d’assouvir, sans contrainte, leurs pulsions sexuelles. Mme Ushikubo fait d’ailleurs observer que les ventes de préservatifs baissent au Japon depuis 1999, l’année du début de la révolution Internet.
Yoshinori évoque lui la réforme de l’enseignement de 1984, qui a débouché sur la mise en place de l’« éducation sans pression ». « Depuis, il n’y a plus de notion d’effort ou de discipline. » Certains experts évoquent les conséquences d’une vie dans une société pacifiée, sans violence.
« Les hommes n’ont plus à se comporter comme des mâles virils et dominateurs », estime Masahiro Morioka, de l’université d’Osaka, dans un ouvrage sur les « herbivores ». Il observe que cette vogue n’est pas nouvelle dans l’Archipel. Pendant la période - pacifique - d’Edo (1603-1868), il y avait des garçons élevés comme des filles. Il cite les onagata, acteurs chargés des rôles de femmes dans le théâtre kabuki, et évoque certains shunga - gravures à caractère pornographique du temps d’Edo - qui mettaient en scène des hommes parfois difficiles à distinguer des femmes.
Maki Fukusawa parle elle aussi d’« un retour à une norme ancienne ». Selon elle, les hommes ont pu se comporter comme des carnivores après la guerre et pendant la période de forte croissance pour s’affirmer face aux Occidentaux. Mais, juge-t-elle, « la littérature d’autrefois décrit des hommes aux comportements similaires aux »herbivores« d’aujourd’hui ».
Finalement, le professeur Morioka voit dans le phénomène un signe de tolérance et de meilleure acceptation des fragilités masculines. Les femmes, elles, auraient tendance à regretter leur passivité actuelle. Quant au gouvernement, il pourrait y voir un nouvel obstacle à son désir de relancer la natalité.

Annexe VI

Interview d’une asexuelle.
Q. As-tu une attirance pour les hommes/les femmes/les deux ?
R. J’ai toujours su que j’avais une attirance pour les hommes mais, celle-ci n’était pas physique, c’était leur manière de penser et de faire les choses qui m’attirait, leur côté rationnel, leur vision de la vie. En affaires par exemple, ils savent exactement ce qu’ils veulent et ne passent pas leur temps à hésiter et à réfléchir pour un oui ou pour un non. Avec un homme, un « non » veut toujours dire non, ce n’est jamais un « oui » sous-entendu. Ils sont directs et, c’est ce qui me plaît chez les hommes. Je n’ai jamais ressenti d’attirance à l’égard des femmes.

Q. Quand t’es-tu considérée comme asexuelle ? Ce fut une « révélation » ou bien tu t’es toujours sentie comme ça ?
R. Depuis toujours, sans vraiment en connaître la nature. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais senti d’intérêt, aimé, voir ou entendre parler des choses du sexe. Rien ne m’excite sexuellement. Pourtant, j’ai joué le jeu pendant des années, croyant que l’idée
« d’aimer la chose » me viendrait avec le temps, mais cela ne s’est jamais produit. Je me suis longtemps crue anormale à cause de cela. Dans un monde hypersexué, je ne me suis jamais vraiment sentie à ma place. Ma révélation est venue en juillet 2006. Sur un forum internet que je fréquente à l’occasion, une participante avait écrit, avoir visionné la veille, une émission de télé dont le sujet était : « L’asexualité ». Cette femme décrivait ce qu’elle en avait retenu et c’est en lisant ses propos que je me suis reconnue. J’ai alors compris que je n’étais pas la seule à vivre ce phénomène. Quel soulagement ce fut pour moi! Après des décennies de questionnement, je pouvais enfin sortir de mon placard. Moi qui avais toujours cru que j’étais anormale, on me confirmait le contraire, je n’étais plus seule et il y avait d’autres personnes sur cette planète qui vivaient exactement la même chose que moi.

Q. Pourquoi n’es-tu pas intéressée par le sexe ? Est-ce depuis toujours ? Ou bien tu en as assez, ça ne t’intéresse plus ?
R. Je n’en ai aucune idée, le sexe ne m’intéresse pas, c’est tout. D’aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été comme cela. Je n’ai jamais été victime d’attouchements ou d’agression sexuelle pendant mon enfance. J’ai été éduquée comme la majorité des jeunes de mon temps. Le sexe faisait partie de la vie de chacun, mais je me demandais pourquoi. Chez-moi, mes parents ne parlaient pas vraiment de sexualité, c’était un sujet tabou, mais je lisais certaines revues, des articles sur le sujet ou encore, j’en entendais parler, soit à la télé ou à la radio. J’écoutais aussi mes amies raconter les aventures qu’elles avaient avec leur copain et ça me déroutait totalement. Oh ! J’ai bien eu, moi aussi, quelques tentatives de sexualité avec des hommes, et, pendant près de 20 ans avec mon mari qui est devenu un « ex », en grande partie parce que j’étais asexuelle. Tout ce que je retiens de ce mariage, ce sont, un homme extrêmement patient et mes deux belles filles, qui sont devenues des adultes maintenant et qui ont une sexualité épanouie. Elles sont actives sexuellement, mais ne me jugent pas. Il y a une chose que je sais, c’est que j’ai toujours détesté ce que vous appelez faire l’amour. Bien sûr, j’ai aussi eu des orgasmes, mais je trouvais cela tellement ridicule. Je me souviens clairement m’être dit à plusieurs reprises dans ma tête : « Non mais ! Tout ce temps perdu, toutes ces heures passées à se toucher, à s’embrasser et à se caresser pour en arriver à cette stupidité-là !»

Q. Quel message voudrais-tu faire passer pour mieux comprendre l’asexualité ?
R. J’aimerais parler aux jeunes parce qu’eux, ils ont cette chance de se découvrir tôt dans la vie. Plus nous en parlerons, plus les jeunes sauront se reconnaître et, mieux ils comprendront que l’asexualité existe au même titre que l’hétérosexualité, l’homosexualité ou la bisexualité. Ils se questionneront peut-être un peu moins sur, qui ils sont vraiment. Ils vivront moins dans l’ombre et plus à l’aise, même si ce ne sera pas tous les jours facile, car il y aura toujours des gens bornés qui ne voudront rien comprendre. Par contre, ils seront mieux équipés pour répondre aux questions. Du moins c’est ma perception. Ils sauront dès le départ qu’ils ne sont pas des extraterrestres parce qu’ils sont différents des autres. S’ils savent se reconnaître asexuels dès leur plus jeune âge, ils n’auront pas à vivre de conflit dans leur tête. Ils resteront qui ils sont et n’essaieront pas de se positionner pendant une longue période de leur vie. Ils s’accepteront dès le départ et feront valoir leur droit d’exister et de vivre normalement comme n’importe quel autre être humain. Ils croiront en leur potentiel et s’accepteront, plutôt que de dépenser leur énergie à devenir la personne qu’ils ne seront jamais, tout cela pour tenter de plaire aux autres ou d’épater la galerie.
Personnellement, aujourd’hui, je suis heureuse. Depuis que je sais que je suis comme vous, un être humain à part entière, un peu différente, mais tellement pareille ! www.vincentabry.com/le-forum-des-asexuels-6 Annexe VII

--------------------------------------------
[ 2 ]. Cf. Annexe I
[ 3 ]. Cf. Couverture
[ 4 ]. ‘Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered people’
[ 5 ]. Annexe VII
[ 6 ]. Annexe V
[ 7 ]. Voir Annexe II
[ 8 ]. Voir Annexe III
[ 9 ]. Voir Annexe IV
[ 10 ]. Voir Annexe V

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Research Paper

...Joann E. Buenavente Submitted to Prof. Fabian Avila I. Introduction Homosexuality Homosexuality is romantic or sexual attraction or behavior between members of the same sex or gender. As an orientation, homosexuality refers to "an enduring pattern of or disposition to experience sexual, affectionate, or romantic attractions" primarily or exclusively to people of the same sex; "it also refers to an individual's sense of personal and social identity based on those attractions, behaviors expressing them, and membership in a community of others who share them." Homosexuality is one of the three main categories of sexual orientation, along with bisexuality and heterosexuality, within the heterosexual-homosexual continuum (with asexuality sometimes considered a fourth). Scientific and medical understanding is that sexual orientation is not a choice, but rather a complex interplay of biological and environmental factors,[1][3] especially with regard to early uterine environment. While there are those who still hold the view that homosexual activity is "unnatural" or "dysfunctional", research has shown that homosexuality is an example of natural variation in human sexuality and is not in and of itself a source of negative psychological effects. Prejudice and discrimination against homosexual and bisexual people, however, have been shown to cause psychological harm. The most common terms for homosexual people are lesbian for females and gay for males, though gay is also...

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