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Economie

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Words 19368
Pages 78
1 Introduction

Marc MENOU
Juillet 2007

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

1

TABLE DES MATIERES
11 L'économie est une science fondamentale _________________________________________________ 4 111 Une préoccupation pratique essentielle ________________________________________________ 4 112 Une problématique théorique fondamentale ____________________________________________ 5 12 L'économie est mal acceptée et mal connue ________________________________________________ 7 121 La science économique est critiquée __________________________________________________ 7 122 La science économique est refusée __________________________________________________ 10 123 La science économique est mal connue _______________________________________________ 13 1231 Des apparences superficielles ______________________________________ 14 1232 Méconnaissance de l'économique ________________________________________________ 16 1233 L'erreur humaine _____________________________________________________________ 20 13 L’explication de ce paradoxe __________________________________________________________ 22 131 Le réel ________________________________________________________________________ 22 1311 La définition du réel __________________________________________________________ 23 1312 L'existence du réel____________________________________________________________ 24 1313 La création et l’évolution du réel ________________________________________________ 24 1314 Les caractéristiques du réel _____________________________________________________ 26 1316 le refus du réel_______________________________________________________________ 31 132 Les représentations_______________________________________________________________ 31 1321 Définition de la représentation __________________________________________________ 33 1322 Les différents types de représentations ____________________________________________ 34 1323 L’origine des représentations ___________________________________________________ 35 1322 Le contact se fait par les sens ___________________________________________________ 35 1323 L’idéologie influence les représentations sensibles __________________________________ 40 1324 Les caractéristiques des représentations ___________________________________________ 46 1325 Le rôle des représentations _____________________________________________________ 47 1326 Les représentations affectives sont propices à la manipulation _________________________ 48 1327 L’homme n’accède qu’à des représentations _______________________________________ 53 133 La nécessité de l’épistémologie _____________________________________________________ 53 1331 Il ne faut pas confondre réel et représentations______________________________________ 54 1332 La perte du réel ______________________________________________________________ 54 1333 La connaissance est naturelle ___________________________________________________ 55 1334 L'ignorance est socioculturelle __________________________________________________ 56 1335 Vérité______________________________________________________________________ 58 1336 Les valeurs _________________________________________________________________ 61 1344 Epistémologie et connaissance __________________________________________________ 62 14 Les conséquences du refus de l'économique_______________________________________________ 65 141 L'aggravation des problèmes économiques ____________________________________________ 65 142 le développement des crises sociales _________________________________________________ 68 143 le développement des crises individuelles _____________________________________________ 69 15 L'économie doit être approchée autrement ________________________________________________ 70 151 Les approches nouvelles __________________________________________________________ 71 152 Une approche plus fondamentale____________________________________________________ 73 16 Les difficultés d'une telle approche _____________________________________________________ 86 161 Les risques de critique ____________________________________________________________ 86 162 La difficulté d'apporter des preuves__________________________________________________ 94 La pluralité de croyances ___________________________________________________________ 96

INTRODUCTION

2

Pourquoi, encore, parler d'économie ? Simplement, et sans ménagement, parce que l'économie est la

science des sciences, et que personne n'en parle vraiment. Il va sans dire, qu'une telle assertion est de nature à soulever sarcasmes et railleries. Comment l'économie, si problématique, peut-elle se permettre une affirmation brute si osée ? Pourquoi une telle science, si présomptueuse, est-elle incapable de

résoudre les problèmes quotidiens ?

En réalité, les difficultés ne viennent que très partiellement de l'économique. C'est l'idée que l'on se fait de l'économique qui est source de problèmes et responsable de l'incapacité à les résoudre.

En effet, l'économique, tel qu'il est généralement considéré, n'est qu'une des représentations possibles, et non pas la réalité avec un grand "R". Cette représentation inadéquate résulte de plusieurs siècles de refus de l'économique.

L'économie est une science très importante, pourtant, elle est très majoritairement rejetée ou mal comprise, ce qui n'est pas sans graves conséquences. Il convient donc, de proposer une

nouvelle approche, malgré les difficultés que cela présente.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

3

11 L'économie est une science fondamentale

L'économie essentielles

est,

de

nos ce

jours, qui

l'objet n'est pas

de

préoccupations car sa

constantes,

étonnant,

problématique est fondamentale.

111 Une préoccupation pratique essentielle

Dans le monde, les rapports entre les pays du Nord et ceux du Sud, entachés par les famines, les épidémies, les dictatures, l'endettement, illustrés par cèdent les la préséance aux les rapports Est/Ouest les les

soulèvements, de

libérations, idéologies,

réunifications,

l'abandon

certaines

revendications ethniques.

Dans

notre

pays,

les

difficultés

sociales,

conséquentes

à

la

crise, ont porté l'économie sur le devant de la scène. Inflation, chômage, déficits, chute des cours agricoles, attaques contre le franc etc. sont, ou ont été, d'actualité.

Le personnel politique a, en général, été plutôt recruté parmi les économistes. Les médias ont consacré leur une aux questions économiques. L'enseignement de l'économie a été introduit, bien que timidement, dans les programmes de l'éducation nationale. Les artistes s'expriment largement sur leurs convictions économico-

INTRODUCTION

4

politiques. Les coiffeurs, eux-mêmes, ont changé de sujets de conversations.

L'économique est omniprésent. Partout, tout le temps, l'économie s'impose. Ainsi, chacun, dès que le réveil sonne le matin, fait de l'économie, peut-être sans le savoir, à l'instar de monsieur JOURDAIN, qui ignorait faire de la prose.

L'économique représente un grand espoir. La technicité associée à l'économie laisse envisager des solutions à la crise. La croyance dans la maîtrise de l'économie, par les experts, est renforcée par les réussites en ce domaine de tel homme (B. TAPIE)1, telle entreprise (IBM) ou tel pays (Japon).

112 Une problématique théorique fondamentale

L'objet

de

l'économique

est

fondamental,

du

moins

dans

une

perspective anthropocentrique. Car expliquer la vie économique, c'est expliquer la vie en général. Il n'est pas de domaine de la vie qui échappe à la connaissance et à l'action économique.

Toutes notions

les

disciplines

véhiculent les par

de

façon

sous-jacente

des

économiques, de

toutes

limites rapport

qu'elles à

connaissent La

proviennent

blocages

l'économique.

construction d'une science unique nécessite la reconnaissance de
1

Jadis !

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

5

l'économique comme média fédérateur. L'examen des recherches de chaque discipline montre qu'elles reposent pratiquement toutes sur un petit est nombre de principes. La raison d'être de ces de la

principes

l'économique. est motivée par

L'accumulation les besoins

scientifique entraînés par

connaissances

résolution de problèmes économiques.

L'économique s'intéresse au plus près à la réalité. Elle cherche donc à se démarquer des constructions sociales. Car le social, synonyme de pouvoir, ne cherche qu'à s'opposer à la nature. Le pouvoir est anti-économique par construction.

L'épistémologie, philosophie de la science ou de la connaissance, donne toute sa valeur à l'économique. F. J. VARELA2 montre que les développements d'inverser récents la des de sciences de le la cognition de la

permettent

façon

concevoir

sens

recherche. L'activité de cognition ne consiste pas à percer les mystères d'un univers prédéfini. Elle est3 "le faire-émerger

créateur d'un monde".

On n'est donc pas attiré par quelque chose qui ne préexiste pas, on est poussé par une situation existante. En cela, la recherche n'est en aucun cas désintéressée.

2 3

connaître les sciences cognitives, Seuil, 1989. op. cité p. 112

INTRODUCTION

6

12

L'économie

est

mal

acceptée

et

mal

connue

Malgré son côté fondamental, la science économique est critiquée, refusée et ignorée.

121 La science économique est critiquée

Les économistes sont à la fois admirés et décriés. Admirés, les économistes passent pour des gens capables de

savants calculs, d'habiles tactiques, d'enrichissantes pratiques. Les économistes sont, d'ailleurs, souvent qualifiés de

distingués, ce qui, comme le montre la suite, est un pléonasme.

Mais, les économistes sont aussi contestés, non pour leur être, mais pour leur discipline. En effet, celle-ci passe pour asociale ou inhumaine quant au fond, et non exacte quant à la forme.

Asociale,

elle

est

considérée

comme

moyen

d'asservissement

politique. L'économique a, en effet, maille à partir avec le politique. Cela lui vaut d'être suspecté de parti pris. Comme le note S.C. KOLM4 : "L'accusation centrale ainsi adressée à la science économique (ou économie politique) est d'être, camouflée

4

philosophie de l'économie p. 37

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

7

en

science,

l'idéologie

d'un

système

socio-économique,

le

capitalisme ou bien le marché." Toute connaissance est, par ailleurs, une machine politique,

puisque toute information est, en soi, un potentiel de pouvoir.

Une

autre

critique

réside

dans

les

limites

du

domaine

de

l'économique. K. BOULDING5 écrit : "La faiblesse fondamentale de l'analyse de type économique appliquée à des systèmes sociaux essentiellement non économiques est précisément qu'elle néglige les aspects du comportement humain qui ne sont pas économiques, mais qui sont héroïques ou plus exactement créateur d'identité." L'économie apparaît inhumaine, désincarnée, froide et sans pitié. Mais plutôt que de vouloir faire rentrer la nature dans l'homme, il faudrait plutôt chercher à faire rentrer l'homme dans la

nature. Car, ce n'est pas l'homme qui a créé la nature. L'homme est, en revanche, un produit de la nature.

L'économie social. Le

est

souvent est

considérée

comme posé

antagoniste en termes

au de

champ plus

choix

généralement

d'économique ou plus de social.

Mais l'économiste est, de plus, victime de son association à l'argent avec lequel les individus entretiennent des rapports flous, sinon pathologiques. Les scandales (sang contaminé,

Furiani, football, etc.) sont considérés comme affaires de gros sous.
5

cité par J. ATTALI et M. GUILLAUME l'anti-économique p. 57

INTRODUCTION

8

Plus concrètement, l'économiste se voit reprocher la faillite de ses prévisions. En vertu de l'idéal, les agents ne comprennent pas qu'une prévision fausse est préférable à l'absence de

prévision et que les économistes ne sont pas, et ne se prétendent pas, des "madame soleil".

Quand ce ne sont pas les prévisions, ce sont alors les politiques qui ratent leurs objectifs.

Finalement, balbutiante,

l'économique car, les

semble

être

une et

science les

très

querelles

d'expert,

oppositions

doctrinales rendent l'économiste sujet à caution.

La critique est en partie fondée lorsque, l'économiste ne se détache pas de son conditionnement humain et social. S.C. KOLM6 remarque : "En conséquences, nombre d'économistes insèrent leur science dans une vision du monde comprenant des connaissances, des hypothèses sur l'homme et des positions morales. Ils s'y engagent émotivement et socialement, ce qui rend fort difficile le progrès de la connaissance puisque celui-ci a plus lieu par faits à explications possibles multiples ou par glissements de probabilités à interpréter que par infirmations catégoriques." Ceux qui ont une approche plus rationnelle se voient, en

revanche, reprocher un manque d'humanisme ou d'humanité.

6

op. cité p. 42

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

9

L'espoir placé dans l'économique est souvent déçu. Les miracles économiques ne sont pas légions et force est de reconnaître que les succès ponctuels ne sont pas généralisables. Tel homme, telle politique, telle recette n'aboutissent pas toujours aux effets escomptés.

L'économique est même source de problèmes. S.C. KOLM7 note : "Responsable moderne, de la texture est et de la structure de l'univers de ses

l'économique

aussi

cause

première

discordances et dissonances, de ses laideurs et de ses angoisses, de ses peines et de ses souffrances - anxiété du chômeur ou travail aliénant, misère des pauvretés vraies ou frustrations relatives, destruction de nature, de tissu social, de cultures, désagrégations des solidarités, désenchantement de l'univers,

mort des mythes et arraisonnements des rêves."

L'économique

n'est

donc

souvent

évoqué

que

pour

ses

aspects

négatifs, les crises et les problèmes (chômage, inflation, etc.). Le chômage sévit depuis de nombreuses années sans que les

politiques économiques poursuivies n'infléchissent la courbe de progression des demandes d'emplois (1968 : 400 000 chômeurs 1993 : plus de 3 000 000). Les économistes réalisent pourtant de sérieuses études. Mais rien ne semble y faire.

122 La science économique est refusée

7

op. cité p. 8

INTRODUCTION

10

De nombreuses approches de la réalité sont intéressantes, mais elles pêchent toutes par le manque de dimension économique. Il semble que l'économique soit tabou, sacré, qu'il fasse peur. A croire que l'économie sent le souffre, que l'économie est la science du diable.

Un article de A. GORZ, dans la revue PARTAGE, cite le dirigeant du PCI, A. BASSOLINO : "nous libérer de la domination de

l'économie sur la vie". Ce cri du cœur est très révélateur de l'état d'esprit général.

Il faut se rendre à l'évidence d'un constat : l'a-économique et l'anti-économique dominent. Une introduction correcte à

l'économique passe donc par la remise en cause de l'a-économique et de l'anti-économique régnant. Comment un a priori négatif

pourrait-il permettre une approche correcte ?

L'a-économique,

avec

le

"a"

privatif,

c'est

la

négation

de

l'existence de l'économique. La dimension économique est refusée dans sa problématique, dans ces concepts. L'a-économique peut être partiel, dans la mesure où l'on réduit son domaine, ou être total, si l'on se comporte en niant les réalités. Les conceptions non économiques sont principalement les conceptions politiques et religieuses surtout, et philosophiques et scientifiques souvent. En bref, les conceptions émanant de pouvoirs. L'économique est un anti-pouvoir et vice-versa. Alors que l'économique vise au 11

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

réalisme, tout pouvoir écarte des réalités.

L'anti-économique, c'est le refus de la logique économique. La vie de l'homme est souvent considérée à en comme des pervertie par

l'économique. défavorables,

Celle-ci plutôt que

conduisant de se

conséquences il est

remettre

question,

préféré remettre en question la logique. C'est évidemment peine perdue. L'anti-économique conduit à une perte du sens, une perte de sens.

En l'absence de définition du réalisme, le seul choix qui est actuellement laissé à l'homme est situé entre la régression vers l'a-économique ou la progression dans l'anti-économique.

L'économique est nié, bafoué par tous, y compris par bon nombre d'économistes, qui, inconsciemment, "roulent" pour des forces qui les dépassent.

L'économique

est

souvent

restreint

à

ce

qui

est

matériel

ou

monétaire, à ce qui est marchand, bref à ce qui a un prix. Car, si tout ce qui a un prix explicite est bien sûr économique, tout, même ce qui n'est apparemment pas marchand, a également un prix implicite. Ce réductionnisme est à la base des présupposés qui faussent tous les raisonnements économiques. En effet, si l'économie correspond à l'ère marchande, cela sous entend qu'elle n'a réellement existé qu'à partir de l'avènement du capitalisme. Cela permet ensuite de 12

INTRODUCTION

n'analyser capitalisme regretter

le

fonctionnement ou son

économique opposition qui ne

qu'à

travers et

le de

marchand,

collectiviste, pas des

l'époque

précédente

souffrait

maux

économiques. L'économie pré-capitaliste était si réduite qu'elle ne posait pas de problème. Par projection, l'économie ne semblait pas exister aux temps préhistoriques. Ainsi, la pensée s'enferme dans un cercle vicieux.

Ce

réductionnisme

enferme,

de

plus,

l'économique

dans

une

problématique insoluble. Comment aboutir à une solution, lorsque celle-ci se trouve dans des domaines inaccessibles à l'économique et/ou seulement accessibles par des moyens qui lui sont interdits ? L'impuissance devant le chômage peut trouver là une source d'interrogation, oh combien, pertinente.

Ce réductionnisme est compréhensible de la part de personnes dont la "culture économique" s'est constituée sur le tas avec la

presse comme engrais. Mais cette limitation est aussi pratiquée dans l'enseignement de la science économique. Les définitions successives ont certes cherché à se rapprocher, avec succès, de la réalité, tout en conservant une retenue, afin de rendre l'économique acceptable. Cependant, si les connaissances théoriques actuelles comprennent l'essence de l'économie, toutes les conséquences pratiques n'en sont pas tirées.

123 La science économique est mal connue
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

13

Si le mot économique est sur toutes les lèvres, ou dans tous les écrits, crise oblige, il n'en est pas pour autant bien compris. Alors que l'économique joue un rôle fondamental, sa considération est des plus réduites.

Même si l'économique paraît responsable des divers maux, ce n'est pas sa négation qui est susceptible d'améliorer la situation, bien au contraire. Cela présente le seul avantage de placer

l'économie sur la sellette, malheureusement, comme bouc émissaire du malaise social. L'économie est en point de mire. Mais si l'économique semble, ainsi, avoir acquis droit de cité, tout en étant décriée, c'est que ses approches ne sont pas sans

reproches. Les principales critiques qu'il est possible de leur adresser sont qu'elles s'en tiennent, le plus souvent, à des apparences domaine. très superficielles et qu'elles en limitent le

1231 Des apparences superficielles

Beaucoup

de

personnes,

encouragées

par

leur

vécu

économique

quotidien, se sentent à même de parler d'économie. En effet, dès qu'elles se lèvent le matin, elles font déjà de l'économie. Mais, elles sont inconsciemment victimes de l'illusion de transparence. Nul ne songe à se substituer aux médecins, pourquoi serait-ce le cas pour les économistes ?

INTRODUCTION

14

La raison en est, peut-être, qu'un économique étroit, dans son incapacité à expliquer certains phénomènes, perd son droit de cité et la considération de sa spécialité. Peut-être aussi, car son évidente proximité ou parenté à la

politique confère à chacun une voix, comme son droit de vote.

Cependant, comme l'établit BACHELARD : "il ne saurait y avoir de vérités premières, il n'y a que des erreurs premières", et aussi : "Les intuitions sont très utiles, elles servent à être

détruites". Le vécu, le vu et l'entendu ne constituent qu'une partie de la réalité. L'expérience personnelle reste toujours partielle, relative et contradictoire.

Le

langage

quotidien

étale

l'imprécision

et

la

confusion

des

concepts économiques. Le revenu est confondu avec le salaire, le capital avec l'argent, l'investissement avec le placement ou la consommation de biens durables. Les mécanismes fondamentaux sont ignorés, tel le fameux

contresens sur les dépôts bancaires considérés comme source des prêts. Les loyers du centre ville sont justifiés élevés, à tort, du fait de la cherté des terrains. Les faits sont bafoués. Le Japon est considéré comme un pays exportateur, ceux qui travaillent beaucoup sont censés créer du chômage. Ainsi, le discours des individus témoigne d'une méconnaissance grave de "la chose économique". L'économique est pourtant "la chose" la plus fondamentale qui soit. 15

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

1232 Méconnaissance de l'économique

Les

représentations

véhiculées

par

les

discours

sont

souvent

imprécises, voire, complètement fausses. Deux causes expliquent cette méconnaissance de l'économique, l'ignorance originelle et, une mauvaise acquisition des connaissances économiques liée à l'intoxication conséquences. sociale. Cette méconnaissance est lourde de

12321 L'ignorance

L'ignorance,

en

effet,

est

une

donnée

originelle.

Les

êtres

naissent ignorants et immatures, ignorants de leur environnement et inachevés, non distingués à l'intérieur d’eux-mêmes. Tout comme pour sous les âges, de les éléments de d'une population pour se

distribuent d'autres

forme

sorte

pyramide de cette

quantité peut

variables.

L'axe

vertical

pyramide

représenter, orienté vers le haut, soit le degré de connaissance, soit le degré de maturité. L'axe horizontal correspond à

l'effectif de chaque niveau. Les individus sont nombreux à la base, rares au sommet. Le nombre d'individus ignorants et

immatures est donc plus important que celui des autres. Ce qui permet à la masse de se justifier et de se conforter en se référant à l'ignorance et à l'immaturité du plus grand nombre.

INTRODUCTION

16

Il

est

à

remarquer

que

cette

ignorance

n'est

cependant

pas

uniquement spécifique à l'économique. Tous les domaines de la vie sont empreints de cette méconnaissance.

La réalité est pourtant en chacun et autour de chacun. Chacune de nos cellules renferme toute l'histoire de l'univers. Le cerveau a mémorisé l'ensemble des événements survenus depuis son origine. Seule la conscience celles de de fait la défaut. chimie, de la Aux de lois la de la biologie, de la

s'ajoutent psychologie,

physique, etc.

l'économie,

sociologie,

toutes

enchevêtrées dans l'environnement.

12322 L'intoxication sociale

A cette ignorance s'ajoute l'intoxication sociale. L'ignorance vient aussi du fait que ceux qui savent ont compris ce que le savoir apporte. Ils peuvent utiliser en partie leur savoir à éloigner les autres de la connaissance : critique

châtrante, flatterie du bon sens populaire, encouragement aux tendances régressives, au laisser-aller à la complaisance dans la situation présente, accentuation du côté agressif du progrès.

L'intoxication consiste à répandre de fausses connaissances ou croyances.

12323 Une mauvaise acquisition des connaissances

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

17

La mauvaise acquisition des connaissances provient de ce que ce n'est pas toujours la réalité qui est enseignée d'une part, et de l'autre, il y a des résistances à ce qui est réel.

L'homme s'attache en premier lieu aux problèmes les plus faciles, il augmente donc la proportion des plus difficiles. La science procède par la méthode essai/erreur, les hypothèses liées à des intuitions perceptives sont confrontées à la réalité. Mais la confirmation ou l'infirmation de l'hypothèse sont liées aux

instruments d'évaluation. De ce fait, certains éléments de savoir sont acceptés jusqu'à ce que des outils d'analyse plus fins

permettent de constater que la théorie n'était que grossièrement vraie ou que sa vérification bénéficiait d'un concours de

circonstances particulières.

Il existe ainsi des conditionnements anti-économiques, des malapprentissages et des dés-apprentissages. Beaucoup d'enseignements ou d'éducations nient l'économique ou ne la tolèrent que comme un mal nécessaire, prônant, en revanche, des valeurs plus nobles. Il en est ainsi à la base des discours moralistes et religieux.

L'enseignement de l'économie et de la gestion entrent en conflits avec les représentations préalables des enseignés. Cela suscite doutes, soupçons, incertitudes, incrédulités, insécurités, et 18

obstructions,

détachements,

détournements,

démotivations

INTRODUCTION

incompréhensions.

Dans d'autres cas, la parole véhicule des idéologies soumises à une finalité doctrinale, telles les idées politiques ou

syndicales.

La majorité des auteurs, après avoir établis des résultats des plus intéressant, propres à leur discipline, butent sur la

méconnaissance de ce qu'est vraiment l'économique. Leur final s'inspire donc d'une idéologie, qu'elle soit marxiste, judéochrétienne, etc. atteignant ainsi leur point d'incompétence selon le très fameux principe de PETER. Le seuil d'incompétence de PETER est atteint lorsque l'énergie économique étant épuisée, la part affective d'entretien prend le dessus.

Les médias, quant à eux, ne donnent qu'une vue partielle des événements, condamnant l'absurdité de la pollution, la primarité du racisme, le caractère inhumain de la dictature, les méfaits du productivisme, la sauvagerie de la guerre.

S.C. KOLM8 : "Une moitié est de l'idéologie, c'est-à-dire de la morale hypocrite et primitive. Une seconde moitié est des jeux de l'esprit, mathématique de second ordre décrivant des mondes

inexistants. Et une troisième moitié (existant car chaque étude peut être plusieurs choses à la fois) se caractérise par son incapacité à prévoir."
8

op. cit. p. 9

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

19

S.C. KOLM9 : "Mais cela laisse sur le pavé de l'utilité une très grande partie de la science économique actuelle, mort-née pour cause de préjugé, de mauvaise foi, d'irréalisme, de simplisme ou de lucidité, inapplicable par manque de dimension psychologique, philosophique, historique." sociologique, politique, anthropologique ou

1233 L'erreur humaine

Les lois d'évolution de l'univers permettent de cerner l'erreur humaine. L'erreur est de centrer, de projeter, de préserver, de séparer, de finaliser, de juger. La principale erreur de l'homme est de faire du centrisme, qu'il soit qualifié d'égocentrisme, d'anthropocentrisme,

d'ethnocentrisme etc. L'homme pratique l'anthropocentrisme, tant spatial que temporel. Du point de vue spatial, l'humain se prend pour le centre de l'univers et considère que l'univers est conçu pour lui, qu'il est au milieu d'un environnement pensé pour son usage. Temporellement, l'homme serait l'aboutissement, le point d'orgue de l'univers. Mais l'univers a existé avant lui, et existera après lui.

Cette
9

conception

est

une

conception

d'origine

religieuse.

op. cit. p. 9

INTRODUCTION

20

L'univers ne s'est pas arrêté d'évoluer une fois l'homme apparu, il est toujours en expansion, en évolution. En leur temps, les dinosaures auraient bien pu avoir la même impression, ils ont maintenant disparu.

Une fois placé au centre, il va chercher à reproduire autour de lui ce qu'il a en lui. C'est le défaut de projection. Les autres sont vus comme soi, ou comme on souhaiterait qu'ils soient. On ne voit autour de soi que ce que l'on a déjà en soi. Ces défauts sont développés tant sur le plan individuel que

social. Se centrer au niveau social, c'est considérer que la norme

sociale est le normal, l'absolu.

Il faut éviter les jugements de valeur. LAO-TSEU10 : "Si tu veux parvenir à la vérité tout entière, ne t'occupe pas du bien et du mal. Le conflit du bien et du mal est la maladie de l'esprit."

H.

LABORIT11

:

"Le

malheur

de

l'homme

c'est

d'attacher

de

l'importance à ce que les autres pensent de lui. Du jour où je l'ai compris, je me suis senti libéré."

L'économique l'affectif.

est

abordé

par

le

sensible,

l'émotionnel,

10 11

cité par R. JACCARD dans l'exil intérieur p. 25 mon oncle d'Amérique p. 28

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

21

Parler

d'erreur ce

de

connaissance la vérité.

suppose Or la

que

quelqu'un ne peut

puisse être

affirmer

qu'est

vérité

définitive. Le critère de majorité est peu efficace, les savants sont toujours peu nombreux. A un moment donné, ceux qui font autorité en la matière sont rarement d'accord entre eux.

Cependant, un certain nombre d'idées constituent une incohérence entre elles ou avec des faits.

13 L’explication de ce paradoxe

D’une part, l’économie est considérée comme fondamentale pour les uns, d’autre part elle est refusée par les autres. Cette situation paraît paradoxale. Il est donc nécessaire de trouver une explication qui justifie la position des uns et des autres. Le problème soulevé est inhérent à la condition humaine. L’objet de l’économie est le réel, mais l’humain est coupé du réel car il n’accède qu’à des représentations de celui-ci. Il convient donc de dépasser le stade de la connaissance pour passer à une méta-connaissance.

131 Le réel
Le réel constitue donc l'objet de la connaissance économique, comme quasiment celui de toutes les disciplines. En effet, le réel est l’enjeu de toute vie. Plusieurs questions se posent : Qu'est-ce que le réel ? Le réel existe-t-il ? Peut-on connaître le réel ? Quel est le poids

INTRODUCTION

22

respectif de l'idée et du réel ? Existe-t-il plusieurs réalités ? Lien entre réel et vérité ? Le réel est-il immuable ? D’où vient le réel ? A-t-on prise sur le réel ?

1311 La définition du réel

En première instance, le réel c’est la chose. En effet, le mot latin res, racine de réel, signifie la chose. Le réel serait donc l'ensemble des choses. Pour KANT, la réalité est "la chose en soi". Ce qui est

indépendamment de l’observateur. Le réel s'apparente donc à la substance, à l'existence. C'est ce qui est, par rapport à ce qui n'est pas, le néant. Le réel se conçoit donc, au départ, comme ce qui est visible, palpable, matériel, ce que les sens humains peuvent percevoir. Il est donc lié à la conscience. Cependant, l'imperfection des perceptions maintes fois démontrée, ainsi que celle des représentations du sens commun oblige à ne pas en rester là. Le réel, en particulier, ne se limitant pas au matériel, il faut trouver d'autres éléments d'approche. Les forces naturelles sont bien réelles. Le réel ne se réduit pas à ce qui est du domaine sensible, à ce qui se perçoit. De plus, sauf à nier l'apport de la psychanalyse et de l'analyse

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

23

institutionnelle, l'inconscient peut être aussi une réalité. Ainsi, le réel apparaît comme une existence qui ne peut être définie, qui ne peut être décrite. Puisque la représentation d'une chose n'est pas la chose. Les philosophes tels DESCARTES (Principes, I, x) ou SPINOZA (Ethique, I, définition 3) éprouvant cette difficulté en ont fait une notion première.(F. ALQUIE Universalis C19 p. 590) Selon J. LACAN le réel c'est l'impossible.

1312 L'existence du réel

Devant ces difficultés de définitions, beaucoup affirment que le réel n'existe pas. Les solipsistes, notamment, considèrent que la réalité n'est qu'illusion, que tout n'est que jugement subjectif. On peut douter de l'existence de la réalité, s'il y a plusieurs réalités. Par exemple, la dualité de nature de la lumière onde et corpuscule définition, jour, cette fait la penser réalité à une double qu'une. pour réalité. Ce sont une En les fait, modes par de n'est

représentation qui peuvent être pluriels. L'esprit dépassera un double approche proposer représentation unifiée. Pour les empiristes, le monde existe extérieur à nous, il

convient de l'objectiver. L'impossibilité de définition n'empêche pas le réel d'exister.

1313 La création et l’évolution du réel

INTRODUCTION

24

Il est cependant possible de tenter une proposition de définition complémentaire. Le réel c'est tout ce qui a été engendré par le BIG BANG, notamment l'espace et le temps, visible ou pas. Cette idée rejoint celle du "monde" de MERLEAU-PONTY. C'est ce qui semble résister aux désirs humains. C'est cette limite mal connue à laquelle tout un chacun se cogne. Découlant de la cause première, le réel, c'est ce que l'on ne peut modifier. Pourtant, les créations humaines deviennent à un moment donné des réalités. l’homme en l’artifice réalités. Les objets de l’univers peuvent se distinguer en deux classes : ceux qui acceptent l’évolution et la subissent se pliant au destin, à la nécessité et ceux qui refusent tout cela. Seul l’humain appartient à cette seconde classe. Mais comment la partie d’un tout pourrait diriger l’ensemble ? C’est un peu comme si, tout à coup, les calculateurs électroniques n’en faisaient plus qu’à leur tête. Il est clair que l’humain n’a pas choisi l’appartenance à cette classe, c’est l’évolution qui lui a imposé, le dotant de conscience. Le coût n’existe que pour l’humain, car seul l’humain s’est Dans se n’est

L’homme démarquant artificiel, du réel, les

l’auteur a créé

montre sont

comment dont devenues

une

réalité

qu’originel,

conséquences

arrogé le droit de s’affranchir, de juger l’évolution du réel et de tenter de la corriger.
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

25

A. COMTE-SPONVILLE dit qu’il y a des choses qui se votent et d’autres qui ne se votent pas. Le réel est donc ce qui est irréversible. L’économique ne se vote pas, le social se vote. Ainsi, la réalité est ce qui coûte quand on s'y oppose. Le coût est le prix à payer pour se distancer s’affranchir du réel. Il est cependant du réel possible a des de considérer que qui la modification cette

humaine

conséquences

corrigent

opposition, qui ne serait alors qu’un épiphénomène passager. Ou bien, l’humain et ses oppositions s’inscrivent dans la logique d’évolution arbitre. du réel. L’humain ne serait qu’un instrument qui accomplirait un dessein, malgré lui et sa conscience de libre-

1314 Les caractéristiques du réel

13141 Le réel est unique bien que diversifié.

Le

réel

semble

répondre

à la

une

logique

unique. sexuée

Bien produit

que de

la la une

croissance de la complexité se traduise par la multiplicité des formes. En diversité. particulier, Cette reproduction est souvent diversité considérée comme

« ruse » du réel pour maintenir la vie.
13142 Le réel est cohérent.

Le réel n’est pas fixe, il évolue, il a une histoire. Le réel suit sa logique indépendamment de la représentation que l’on en a.

INTRODUCTION

26

13143 Le réel est abstrait

La chose comprend le matériel et l’immatériel, du moins dans notre système de représentations. Mais la chose ne se limite pas au matériel. La physique quantique a montré l’absence de différence entre le matériel et l’immatériel, qui sont de même nature. Cela fait partie de la petitesse humaine que de vouloir analyser (séparer) (DESCARTES) pour maîtriser. Le langage courant laisse supposer que la chose est concrète. La chose n'est pas matérielle par opposition à l'immatériel. La dualité, entre matériel et immatériel, mise en évidence par la mécanique quantique vient le rappeler. Les particules de matières comme celle du bois par exemple peuvent se représenter de la même façon que les photons qui représentent la lumière. Le terme de chose comprend ici aussi bien les objets inanimés que le vivant. De plus en plus, le réel est considéré comme totalement abstrait. Il serait un espace d'énergies structurées. Cf. P. DACO Cela expliquerait la difficulté de sa définition. Il est plus facile de définir le concret que l’abstrait. Le concret ne concerne, paradoxalement, que les représentations qui sont, par définition immatérielles. Ce sont les organes des sens qui construisent dans le cerveau une image qui paraît alors concrète. Entre les individus, se trouve le vide, l’obscurité et le

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

27

silence. penser.

Contrairement

à

ce

que

les

représentations

laissent

Les téléphones portables permettent d’illustrer cette assertion. Ce qui se passe entre les individus peut être comparé à ce qui se passe entre deux antennes de GSM (téléphones portables). Seuls des trains d’ondes La relient lumière des les tout qui individus comme le ainsi son que et les rien un tous les objets sont réels. les les autres

informations sensibles appartiennent au domaine vibratoire. Ce organes en sens transforment Ainsi, qu’à vibrations n’existe individu. abstraites que chaque impressions concrètes.

concrètement en dehors des capteurs sensitifs. C’est pour cela représentation n’appartient Autrement dit, il existe autant de représentations qu’il y a de cerveaux. Ce sont les organes des sens qui concrétisent le réel abstrait. T. HOBBES remarque que les qualités sensibles ne sont pas les propriétés des choses, mais des modifications du sujet affecté. Le réel n’est donc qu’un champ de vibrations. C’est cette

abstraction qui fait dire à certains qu’il n’existe pas. Il est loisible de comprendre que considérer que le réel est la chose, écarte de la compréhension, puisque la chose renvoie au matériel alors que le réel est immatériel.
13144 Le réel est déséquilibré

Le

réel

est

déséquilibré

car

le

réel

est

en

mouvement,

en

évolution. Or, l’évolution suit sa trajectoire, faisant peu de cas de ce qui n’est pas compris dans ce schéma d’évolution, ou ce qui suit une évolution différente. Le réel est cruel et injuste.

INTRODUCTION

28

Le réel est paradoxal car il est à la fois vital et à la fois mortel. Ce côté paradoxal est source de sentiments et d’émotions.

13145 Le réel est vital

La chose est importante, car l'homme en est, et en dépend. Le réel est vital. Comme le dit Woody Allen : "le réel ça

n'existe pas, mais c'est le seul endroit où on peut s'acheter un steack frite". L'humoriste souligne ainsi, involontairement sans doute, un élément essentiel, c'est que finalement le réel, pour l'homme, c'est ce qui fait "ventre", c'est ce qui fait vivre. Si le réel tue, il n’y a pas de vie possible en dehors du réel.
13146 Le réel est inaccessible à l’homme.

Il convient d'établir une distinction entre ce qui est du domaine de la chose et ce qui est du domaine de l'image. Le réel se caractérise connaissance par par des des faits, des données, mais dont qui ne l'humain sont prend des informations que

représentations. Il apparaît que l’homme est écarté du réel en raison de sa

nature. En ce sens que l’homme ne peut en considérer que sa représentation. Ainsi apparaît un des éléments de la tristesse de la condition humaine. L’homme, partie du réel, participant du réel, vivant du réel en est coupé.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

29

1315 les faits

L'économique est une réalité, c'est-à-dire un ensemble de faits. Le fait est soit un phénomène naturel, soit une action, soit un événement. Le fait n'est tel que s'il est posé par un jugement de réalité, il s'oppose à ce qui n'est que possible, imaginaire ou illusoire. Le fait est réel dans deux sens : réel parce que vrai, d'abord, il existe ; réel parce qu'objet matériel ensuite. Les faits, a par fait leur dire existence, à LENINE s'imposent que les aux humains. sont Cette têtus, rigueur faits

incontournables. Cela signifie qu'il est impossible de tricher avec le réel, il finit toujours par s'imposer. Car tout ce qui s'oppose au réel à un coût, et épuise donc les ressources. Nier la réalité ne peut donc durer qu'un certain laps de temps. Un bâton de craie est un corps pesant. Du fait de l'attraction terrestre sa position de repos est au plus près du sol. Il est possible de nier cette réalité en tenant le bout de craie à bout de bras. Mais combien de temps ? La fatigue, la consommation d'énergie fait baisser les bras. La craie finira par se retrouver à sa position d'équilibre. Il est possible, d'user du pouvoir pour faire prendre le relais à d'autres et maintenir le bâtonnet en l'air, mais jusqu'à épuisement des autres. S'opposer au réel pour un homme consomme un surcroît d'oxygène et conduit donc à la disparition de celui qui s'oppose. Il est donc difficile de s'affranchir des faits, vain de les ignorer. Les faits sont soit objectaux, soit relationnels, et donc immatériels. Pour l'homme, il existe trois types de faits : environnemental, individuel ou social. Mais, les faits, dont il est question ici,

INTRODUCTION

30

semblent

avoir

une

origine

naturelle

ou

supérieure,

certains

faits sont aussi le résultat d'actions des humains. Une théorie élaborée par l'homme, par exemple, devient un fait. L'homme produit donc des faits. Le résultat de ces actes, mais aussi la relation entre le motif et l'acte, ainsi que la relation entre l'acte et l'environnement constituent des faits. Ces faits sont soit individuels, soit sociaux. Pour ce qui est des conséquences, le fait est social car il se produit dans un espace social. Il modifie, en effet, les valorisations économiques des individus et des groupes.

1316 le refus du réel

Le fait que l’homme soit écarté du réel ajouté au fait que le réel ne soit pas toujours acceptable, notamment lorsqu’il est mortel, conduisent les humains à refuser le réel. L’épisode de la caverne de PLATON l’illustre. C’est le refus du réel qui justifie la construction des

représentations.

132 Les représentations

Il

existe

deux La

mondes, question

celui qui

du se

réel pose est

et

celui de

des leur

représentations. relation.

celle

Indépendance ou correspondance peuvent être directement écartées. Il s’agit donc d’un rapport plus ou moins lâche. Les individus ne comprennent pas suffisamment à quel point cette inadéquation est importante.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

31

Sur

un

même

territoire,

et

à

une

même

époque,

cohabitent

physiquement des individus qui ne vivent pas ensemble dans le même monde, car ils habitent des espaces virtuels de

représentations très différents.

Le

film,

les

visiteurs,

n’en

donne

qu’une

illustration

caricaturale. La vie courante généralise cela. La majorité des chefs d’entreprise qui se doivent d’anticiper le XXI e, voire le XXII e siècle, ne vivent pas dans le même monde que la plupart des syndicalistes ou des salariés dont les

représentations d’inspiration marxiste datent du XIX e siècle. Les diverses populations immigrées, déracinées de sociétés

traditionnelles et pauvres, ne vivent pas non plus le même monde que les autochtones des pays développés, tellement les structures sociales, psychiques, culturelles et économiques sont éloignées. Les hommes politiques et les gouvernés n’ont visiblement pas les mêmes préoccupations.

C’est comme si sur un même terrain de sport, certains jouaient au football, d’autres au base-ball et d’autres à la saoule. Parfois, il y a des complicités, parfois des télescopages et souvent de l’indifférence et de l’incompréhension.

Les représentations font sens, ainsi tout le monde n’attribue pas, aux mêmes faits, les mêmes significations. Incompréhensions, conflits, violences en découlent tout naturellement. Le contrat social ne dit pas autre chose. Si les hommes veulent vivrent 32

INTRODUCTION

ensemble en bonne intelligence, il faut qu’ils se plient aux mêmes chacun lois. (ou Or, dans une société a atomisée élaboré et sa schizophrénique propre loi, ces

chaque

sous-groupe)

propres valeurs et ses propres sens. C’est ce qui correspond à la dénonciation, par les uns, de la perte du lien social. L’idée d’une pensée unique fautive n’est qu’une apparence verbalisée qui cache, en en prenant l’opposé, la réalité de la situation. Les mouvements sociaux dans actuels le ne sont forts que des rassemblements que seuls de des

ressentiments,

fond,

différents,

« mots valises » permettent de fédérer.

Le Talmud : Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes.

1321 Définition de la représentation

Selon

A.

BAILLY, Une

Les

représentations est : « une

en

géographie, sociale in ou

Encyclopédie de géographie, A. BAILLY et Alii, Economica, 1992, p.371-385 représentation création individuelle de schémas pertinents du réel dans le cadre d’une idéologie ; elle consiste, soit à évoquer des objets en leur absence, soit, lorsqu’elle double la perception en leur présence, à compléter la connaissance perceptive en se référant à d’autres objets non naturellement perçus. » Ainsi le monde est interprété par des images simples qui aident à comprendre et à agir.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

33

Pour E. MORIN, le monde des idées constitue la noosphère. Ce monde est un système vivant qui s’auto-génère en se complexifiant. cf. MONOD le hasard et la nécessité D’un autre côté les représentations se matérialisent par des

états physico-chimiques du cerveau. Une représentation est une tentative de mise en relation entre un fait réel, perçu et un concept simplifié immatériel. Une représentation est rend une le image réel intelligible du à l'homme. Mais La les

représentation

intelligible

réel.

représentations sont des images trompeuses du réel. Il en découle deux risques, une simplification abusive, ou une trop grande différence entre l'abstrait et le concret. Lorsqu'un grand nombre de faits doit être embrassé, il faut

aboutir à une abstraction. Une abstraction perd de la substance, elle est caricaturale. Le degré d'abstraction est difficile à choisir. P. VALERY : "ce qui est simple est faux, ce qui ne l'est pas est inutilisable". S'il n'est pas possible de tricher avec les faits, en revanche, Il est possible de le faire avec la représentation du réel. Et ce, de façon consciente ou pas.

1322 Les différents types de représentations

Le terme de représentations ne correspond pas toujours au même objet. Ici, le terme de représentation est pris dans un sens très

INTRODUCTION

34

général. Il correspond à tout ce qui réside dans les cerveaux humains. Cela s’applique donc en vrac : au vécu, à l’expérience, à la mémoire, familial, sociales, culture, au à aux aux sens la commun, rumeur, à aux aux préjugés, croyances, aux au aux aux aux mythe, au roman à à la à la représentations fantasmes, concepts, mentales,

opinions, théories aux

l’idéologie, aux notions,

scientifiques,

images

l’imagination,

schèmes,

pensée, aux idées etc. Les représentations mentales sont parfois matérialisées par des signes, des discours, des œuvres d’art, etc. Certaines que cela ? représentations sont volontairement irréelles : la

poésie, le délire, l’imagination. Mais sont-elles si irréelles

1323 L’origine des représentations

Selon E. MORIN : « les idées naissent dans les esprits humains dans des conditions culturelles, sociales et historiques données. » Sciences Humaines, Hors Série n° 21, Juin/Juillet 1998. P. 6 Les représentations découlent des perceptions et de

représentations idéologiques.

1322 Le contact se fait par les sens

13221 les sens et la perception

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

35

L’individu ne peut appréhender son environnement que par ses cinq sens. Chacun constitue une ouverture sur son environnement. Par ses sens, l’individu « ingère » l’information dont il a besoin pour établir sa relation à son milieu. La perception dépend de plusieurs facteurs. En premier lieu, il semble évident que la perception dépend de la nature du stimulus extérieur, de la chose perçue, et des récepteurs sensoriels qui permettent de percevoir. Mais, des études ont permis d’impliquer aussi les expériences passées et le vécu actuel. Les attentes, les émotions, la motivation, les jugements, la culture, l’imagination, les fantasmes etc. en un mot les représentations agissent sur les perceptions. Témoin d’un accident E. MORIN note : « j’ai, du coup, compris que ma perception avait été immédiatement ordonnée en fonction d’une apparente rationalité : le petit ayant été renversé, c’était le gros qui avait renversé le petit, donc lui était entré dedans. J’étais sûr d’avoir bien vu, mais, quelques instants après, la preuve matérielle infirmait ma vision. »

Pour

sortir

du

vingtième siècle, Nathan, 1981.
Achille WEINBERG, Sciences Humaines n° 49, avril 1995. p.18 :

« Ainsi la perception opère comme un filtre qui transforme les données du monde extérieur.» Trois courants traversent la philosophie : Le réalisme, le

subjectivisme et la phénoménologie. Le réalisme se confond avec le sens commun, la perception

correspond au réel. Le subjectivisme considère qu’il est impossible d’affirmer que le réel soit conforme aux impressions.
INTRODUCTION

36

La phénoménologie se base sur la relation entre le sujet et l’objet, percevoir c’est donner du sens au réel. Pour E. HUSSERL, un phénomène ne correspond pas à l’objet mais à un état de conscience vécu.

13222 Les sens sont peu fiables

133221 Les sens sont manipulables Or le sensible est manipulable et comme en en témoignent l’œil. notamment Voici un

magie,

illusionnisme

peinture

trompe

exemple d’illusion d’optique :

Les organes des sens sont peu fiables. Nombreux sont ceux qui jouent sur les illusions. Ainsi la perception, moyen privilégié de la connaissance, peut être faussée. Les sens peuvent trahir la personne. 132222 Les sens sont limités Les organes des sens sont limités. La vue ne permet de voir au maximum que trois dimensions d’un objet. Elle ne perçoit pas dans certaines situations (nuit, brouillard).

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L’oreille n’est pas sensible aux ultrasons à la différence des chiens. Le réel, dans son ensemble, n’est donc pas totalement accessible par les sens. Mais tout ce qui n’est pas sensible, n’est pas pour autant réel. Il y a des dangers à s’intéresser à l’invisible et à

l’inconscient, car si rien ne peut être prouvé, tout peut être aussi bien vrai que faux. H. LABORIT p. 14 : "Nos organes des sens ont une structure qui n'est sensible qu'à certaines formes d'énergie, ce qui limite considérablement notre connaissance directe du monde extérieur et a nécessité l'invention d'instruments de détection et de mesure permettant de remplacer nos sens." 132223 Les sens sont orientés Certaines images peuvent être déchiffrées de deux façons. Des exemples sont célèbres : le vase ou le visage, le portrait d’une jeune ou d’une vieille femme. Les perceptions sont tributaires des structures mentales, des a priori être subjectifs et des valorisations souvent inconscientes. ses désirs ou La ses perception est donc toute relative. Il faut vider son ego pour neutre. L'individu projette représentations sur ses perceptions des faits. La perception directe d'objet, telle que les images télévisées d'événements immédiats, renforce les préjugés sous-jacents sans démonstration.

INTRODUCTION

38

132224 La vue est privilégiée Il n’est pas rare d’entendre que l’on ne croit que ce que l’on voit. Les disciples de Saint Thomas sont légions. Mais pousser les gens à ne croire que ce qu'ils voient, permet de leur cacher des choses. Lorsque quelqu’un ne comprend pas on lui propose de faire un dessin. 132225 l’essentiel est invisible et inconnu A l’image de l’iceberg, l’essentiel est invisible, caché. Dans toutes les disciplines, l’invisible est primordial et reste inconnu. En astrophysique, grand, par mais exemple, trous restent noirs, H. matière REEVES noire, ne énergie noire sont des concepts qui éclairent la compréhension de l’infiniment ignorés. avoue connaître que 10 % de l’univers. Les faits sont particuliers, opaques et chaotiques. Le réel a plus de dimensions que ce que l'humain peut percevoir. Certains faits ne sont pas perçus. Les éléments sont

perceptibles, les relations qui les lient le sont moins. On ne peut percevoir les relations qu’à travers leur manifestation. Si deux individus sont visibles, on ne perçoit leur lien affectif que s’il s’embrasse, par exemple. Comment percevoir ce qui est inconnu ? On ne perçoit donc que ce que l'on a déjà au moins imaginé.

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39

132226 conscience et inconscience Il y a deux modes d'analyse, le mode événementiel et le mode inconscient, symbolique. La plupart des personnes ne raisonnent que sur le plan de l'événement, donnée immédiate. Mais si l'événement est un fait, il n'apporte rien à la compréhension du comportement. L’essentiel des motivations sont inconscientes si l’on en croit la psychanalyse.

1323 L’idéologie influence les représentations sensibles

Mais les imperfections des organes des sens ne sont pas les seuls éléments à fausser la représentation. La représentation dépend aussi de l’idéologie. Les chercheurs en sciences cognitives ont montré que sur les 100 % d’une image mentale, seuls 20 % transitent par les organes de la vue, le reste vient d’informations déjà contenues dans le cerveau. 80 % correspondent donc à des informations mémorisées antérieurement, l’idéologie. L’idéologie précédant depuis la sa correspond perception naissance. donc que Les à le toutes cerveau a les représentations et accumulé des engendrent

stocké

représentations

représentations. L’idéologie est, ici, un concept large qui ne doit pas être réduit à des systèmes de pensée particuliers tels l’idéologie libérale, ou marxiste ou judéo-chrétienne etc. L’idéologie conditionne l’image. Elle donne à voir, elle rend

INTRODUCTION

40

aveugle. L’idéologie ferme au réel autant qu’elle ouvre sur le réel. Cela explique que, placé devant un même phénomène, tout le monde ne se le représente pas de la même façon. L’idéologie prive. Ce qui crève les yeux pour les uns est

invisible pour les autres. Cette idée est difficile à recevoir tant on confond réel et représentation. De même, tout individu cliniquement normal, ayant 10 dixième à chaque œil, ne peut comprendre qu’il est aveugle pour certaines choses. A. TOMATIS, pourtant, dit bien qu’il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre. Le cerveau possède une sorte d’équaliseur, comme sur les chaînes Hi-Fi, auxquelles que l’échec qui permet scolaire d’éliminer restera peut telles sourd. du ou Il fait telles explique qu’un fréquences notamment, l’individu

résulter

enfant qui entretient des relations difficile avec son père peut ne plus entendre les fréquences graves ce qui le rend sourd aux enseignements perceptions. Ces une infirmités famille partielles ne pas peuvent se donc être compte inconsciemment de relations des hommes. Il en va de même des autres

volontaire. Cela permet de comprendre pourquoi dans certain cas, peut rendre incestueuses, ou d’état de grossesse, etc. L’idéologie enrichit. L’idéologie permet d’en rajouter au réel. Une partie des représentations est purement imaginaire. Tout ce que l’on perçoit n’est pas, et tout ce qui est n’est pas perçu. Ainsi, l’idéologie filtre les représentations acceptables et

celles que l’individu se refuse à considérer. L’on ne peut voir que ce que l’on est préparé à voir. Le syndrome
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

41

de Münchhausen par procuration n’est pas observé en France, car ce syndrome est méconnu. Du fait de l’incompatibilité avec la représentation que l’on se fait de la mère, les autorités refusent d’admettre que certaines mères soient capables de nuire à la santé de leur enfant pour que la médecine s’intéresse à elles. L’idéologie dominante considère que les mères du fait de leur amour ne peuvent être que des alliées privilégiées. La dévotion à la vierge Marie est un des élément de l’idéologie même inconscient. Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut voir. Les médecins français s’offusquent des méthodes américaines qui placent des caméras cachées dans les chambres, pour attester du phénomène. Ils préfèrent respecter leur déontologie et se rendre ainsi complices d’assassins d’enfants qu’ils ne sauraient voir. L’école et l’ensemble des diffusions d’informations tendent à homogénéiser les représentations. Les idéologies ainsi devenues dominantes vont écraser bon nombre de représentations alternatives. Combien de bévues, d’erreurs, d’injustices, etc. at-on commis en faisant des représentations des certitudes. Une grande majorité actuelle déplore le cas de GALILEE, mais dans le même temps font de même avec les représentations des autres. Ce genre d’erreur n’appartient pas qu’au passé, il est présent et sera futur. La sagesse voudrait que chacun soit largement ouvert aux représentations des autres. Tout système fermé, y compris de représentations, est voué à l’accroissement d’entropie. Ce qui ne veut pas dire que toute représentation est recevable. Mais aucune représentation ne doit être refusée avant d’être considérée, aucune ne doit être refusée sans être véritablement réfutée avec présomption de fidélité au réel. Il est toujours confortable de conserver ses idées, et d’avoir des idées que l’on pense majoritaire. L’obscurantisme a toujours écarté l’humain des solutions pour
INTRODUCTION

42

l’humanité. En période de peste, la représentation voulait que ce soit les chats qui en soient responsables, alors qu’ils étaient les prédateurs des rats véritablement porteurs des germes, comme on l’apprendra plus tard. Ce sont toujours des innocents que l’on assassine. La tristesse de la condition humaine repose aussi sur le fait que l’homme, pour résoudre ses problèmes, a tendance à adopter les solutions qui aggrave la situation. De ce fait, comme le remarque J. RUFFIE, les véritables solutions s’imposent, mais il s’agit de la famine, de l’épidémie et de la guerre. Dans au les réel, relations les humaines, KRISHNAMURTI sont faussées souligne et que les

relations sont entre images et comme l’image triche par rapport relations deviennent conflictuelles. Chacun se fait une image de lui-même de l’autre et de l’image que l’autre dresse de soi. En principe on projette sur l’autre ce que l’on aimerait qu’il soit. Face au chômage, il y a des représentations de droite et des représentations de gauche. L’Accent n’est pas mis sur les mêmes éléments. Il faut distinguer l’idéologie individuelle et l’idéologie

sociale.

13231 l’idéologie individuelle

L’idéologie correspond à tout ce que l’homme a mémorisé depuis sa conception et à la structuration de sa mémoire : émotions informations, expériences, savoirs, affects.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

43

Tout

cela

prépare

à

voir

entendre,

sentir,

etc.,

bref à

comprendre. Les images mentales sont préformées. Le cerveau est formaté à n’accepter que certains types de codes. Une censure élimine les images non compatibles. Ainsi des sélections s’opèrent. Une personne, par exemple, considérera plutôt l’esprit que le physique de la personne qu’elle a en face. Des priorités, des préférences, des pondérations, des valorisations, des différences, des amalgames, des préoccupations et des intérêts sont intégrés dans l’esprit sans pour autant en être pleinement conscient. Lorsqu’un Pourtant même le livre est est relu le quelques même, ce années qui a plus tard, le lecteur en retire un autre enseignement, une autre impression. contenu changé c’est l’idéologie, le contenu du cerveau, du lecteur. Certains savoirs acquis permettent de mieux comprendre certaines lectures. L'homme est un spectateur acteur comme W. HEISENBERG l'a montré à l'aide comme de la théorie Cela quantique. rejoint L'homme les est de acteur F.J. de la construction de l'image du réel, qu'il observe en même temps spectateur. travaux VARELA

Connaître.

13232 l’idéologie sociale

Les idéologies sociales sont celles qui résultent de formatages sociaux. Des idéologies selon individuelles, une procédure résulte une idéologie Des sociale

dominante,

complexe.

sous-idéologies

INTRODUCTION

44

sociales peuvent exister parallèlement. La force de toute idéologie est qu'elle représente la réalité. Toute idéologie véhicule une part de réalité. La réalité complexe est difficilement intelligible pour l'homme. Chaque idéologie n'est en fait qu'une détermination, a priori et subjective, de hiérarchie. La différence entre les idéologies réside donc dans le choix de ce qui est essentiel et de ce qui paraît secondaire. Elles sont donc vraies dans la mesure où elles parlent d'objets réels, fausses dans la mesure où il ne s'agit que de hiérarchies finalisées. C'est pour cela qu'elles se distinguent plus par le non-dit que par le dit. Elles disent toutes la réalité qu'elles cherchent à décrire, elles taisent leur pondération. Les idéologies sont d'autant plus opérantes que les masses

peuvent être facilement mystifiées. Est-il nécessaire de citer le cas Pearl Harbour, où le gouvernement américain prévenu a laissé détruire sa flotte pour renverser son opinion publique américaine et lui permettre de rentrer dans la guerre. Les pays de l'Europe de l'Est n'avouent-ils pas volontiers, maintenant, qu'ils sont dans l'erreur depuis quelques soixante dix ans. On a l’impression que l’idéologie n’est que pour les autres, puisque l’on parle d’idéologie dominante, et que l’on ne considère pas appartenir à la classe dominante. On a l’impression que l’on n’a pas d’idéologie. L’idéologie c’est le fait que notre cerveau a été formé. Education, information ne sont pas neutre quant à notre façon de percevoir et comprendre les choses. Mais l’idéologie jusque-là évoquée semble se référer à un courant religieux, politique ou philosophique. Or l’idéologie peut être plus générale, moins structurée, même si l’idéologie apparaît comme étant un dénominateur commun à un groupe de personnes.
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

45

L’idéologie est tout ce qui est engrammé dans le cerveau du fait de l’éducation et de l’instruction. L’idéologie devient un filtre social transformant les perceptions.

1324 Les caractéristiques des représentations

Les représentations sont plus ou moins fidèles au réel. JODELET D., Les représentations sociales, Sciences Humaines n° 27 avril 1993. P . 22 : « Une de représentation chose, sociale cet est objet toujours soit la représentation quelque que réel,

incertain ou fictif. » J.-F. DORTIER, Sciences humaines n° 91, Février 1999, énumère les propriétés suivantes. Les représentations sont relativement stables dans le temps et cohérentes dans le contenu. Elles sont permanentes et tenaces. On ne change pas d’idée facilement. Les représentations sont sociales, héritées de la société, elles concernent des phénomènes sociaux. Les représentations possèdent une organisation. Autour d’un

« noyau dur » gravitent des éléments périphériques plus souples qui protègent le centre. Les représentations sont réductionnistes. En économie, par

exemple, la représentation monétaire est privilégiée car elle est réductrice comme l’est également le langage. L’objet, caractérisé

INTRODUCTION

46

par une odeur, une couleur, un toucher, etc. est réduit à son nom.

1325 Le rôle des représentations

Le rôle des représentations est fondamental, car ce que l’on ne se représente pas n’existe pas. JODELET D., Les représentations sociales, Sciences Humaines n° 27 avril 1993. P . 22 : « Les représentations sociales décrivent expliquent et prescrivent. Elles fournissent un mode d’emploi pour interpréter la réalité, maîtriser notre environnement et nous conduire en société. Les représentations » constituent des références pour

sociales

permettre à chacun de s’adapter. La contrepartie est que les représentations permettent d’exclure ou de s’exclure. Les représentations, L’homme, du à fait la de leur plus de ou moins grande peut

adéquation au réel, apportent un jeu fonctionnel par rapport à la nécessité. différence l’animal, s’affranchir ainsi des nécessités. En tout cas les représentations motivent l’action. Mais l’action dépend donc des représentations. L’action a peu de chance d’être adéquate si la représentation est loin sont du donc réel. Les comportements, notamment économiques, profondément

tributaires des représentations. La difficulté consiste à avoir une représentation la plus fidèle possible de la réalité. Entre la réalité et sa représentation, il

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

47

y

a

la

perception,

son

analyse,

sa

dénomination

et

sa

communication. Toutes ces étapes sont plus ou moins faussées par la subjectivité de l'humain, c'est-à-dire par la plus ou moins grande dose d'affectivité qui marque son degré de maturité sur le plan individuel ou sa stratégie sur le plan social. Ainsi, les représentations sociales peuvent être instrumentalisées pour exclure en camouflant le réel. Le réel n'est donc pas perçu immédiatement et directement. Entre le réel et l'homme, se trouve le filtre de sa culture. Seules les représentations sont accessibles à l'homme.

1326 Les représentations affectives sont propices à la manipulation

13261 Les difficiles rapports de l'individu au réel

L'individu de par lui-même a des rapports difficiles au réel car ses perceptions conduisent à des représentations insuffisantes perturbées par son immaturité.

13262 L'invasion de l'affectif

J. GUEHENO : " Aujourd'hui on parle du cœur comme on parle du nez" L'immaturité se traduit par la prédominance, le maintien du lien affectif. L'affectif provient du refus de la réalité. La cruauté de la situation mène au désir de revenir vers des situations antérieures où l'individu se sentait entouré, protégé. A la limite, l'immature recherche le retour vers le ventre de sa mère où tout était gratuit, la fameuse nostalgie des origines de M. ELIADE. L'affectif, c'est une volonté de retour vers l'aéconomique. 48

INTRODUCTION

Il est compréhensible que ces propos choquent beaucoup de monde. Il y a en effet, deux catégories de raisons. L'affectif est la situation originelle, elle caractérise tout le monde à la naissance et donc ceux qui s'écartent le plus de cette situation, ce qui demande un effort, sont moins nombreux que les autres. Par ailleurs, tout le monde subit le conditionnement à l'affectif. L'affectif est valorisé et encouragé. Ceux qui le paraissent moins que les autres encourent critiques, jugements et passent pour des êtres quasi inhumains, sans cœur. Ce la conditionnement régression. sert tous ceux des qui ont compris que la du

meilleure façon d'exploiter les autres consiste à les pousser à L'exploitation tendances archaïques, moindre effort, du refus des connaissances rend les autres moins compétitifs, moins concurrentiels. Qui peut se déclarer prêt à accepter l'effort, la douleur, le travail, la difficulté. Au contraire, le repos, la facilité, la sécurité sont justifiés par l'utilisation de leur élévation au rang de besoins. Ce qui coupe court à toute discussion. La société est remplie de personnes qui font miroiter la

possibilité d'un avenir meilleur, d'une société de sécurité, de justice, de fraternité, de liberté, de solidarité, d'abondance. L'utopie Vouloir repose dans choses des sur le la pacification, des à la de collaboration, culturels. qui l'enfant l'intégration respect particularismes l'image

incompatibles,

répond "les deux", atteste de l'immaturité. L'affectivité est à la base du lien social. Or tout lien fait perdre à l'individu par plus des de degrés social plus le de est liberté. illusoire, domaine des La réponse plus solutions aux les se 49 problèmes contraintes car

augmentent,

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

restreint.

A

travers

la

perte

de

ses

capacités

d'adaptation,

caractéristique propre à l'humain, c'est la réalité de l'homme qui est niée.

13263 L'invasion de l'émotionnel

L'émotion conjuguée à toutes les sauces permet le maintien en situation affective. L'émotion écarte de la raison et de l'esprit critique. H. BROCH (op. cit. p. 205) :" On assiste à l'utilisation courante d'arguments émotifs et non rationnels dans des discours où la personne impliquée ne pèse plus le pour et le contre. L'habitude de l'erreur qui s'introduit ainsi sournoisement est très dangereuse ; amollir l'esprit critique, le sens du réel, c'est-àdire affermir une conception magique du monde, peut avoir de tragiques recouvre conséquences. souvent une De nombreux exemples La quotidiens raison est nous une montrent que, dans notre type de société, le vernis scientifique mentalité primitive. conquête fragile qui doit être défendue, si l'on ne veut pas qu'un tourbillon de déraison l'emporte." Le développement des émissions de télévisions (avis de recherche, Téléthon, etc.) témoignent d'un recours croissant à l'émotion. H. BROCH (op. cit. p. 174) : "En effet, en tant que moyen de communication, le symbole écrit (le livre, par exemple) permet, pour une information, l'analyse détaillée, construite, critique, et disponible sur un intervalle de temps conséquent, alors que les médias actuels font une place grandissante à l'image instantanée et aux stimuli qu'elle déclenche (la télévision pour redonner un exemple).

INTRODUCTION

50

Cette

substitution

symbole

écrit-analyse

étayée

par

image

visuelle-sensation immédiate (indépendamment du sujet traité) est essentiellement due au développement des médias électroniques. C'est-à-dire qu'elle est, en partie, le résultat du support de l'information et non point du contenu de cette même information ; raison pour laquelle ce remplacement fondamental passe relativement inaperçu. Ce problème du progressif et sournois remplacement de la raison par la sensation mériterait d'être largement pris en considération et étudié de manière globale." La recherche de l'éthique, de l'esthétique est encouragée car c'est faire entrer les autres dans un système de valeur, peu importe lequel, donc accepter le principe de la valorisation, écarter du coût alternatif.
13264 L'immaturité

L'immaturité d'ignorance. Les

est

un de

état

de

non-achèvement, sont la

de

dépendance, d'une

conséquences

l'immaturité

recherche

finalité, la quête de l'absolu, de beau, de fini, de bon, de sécurité, de lien, de découverte, la recherche de ce qui fait plaisir, de ce que l'on n’a pas, de propriété, de statut, de pouvoir, la recherche de l'autre, la recherche d'idées simples, de magie, d'extraordinaire. C'est aussi le refus de la réalité, avec laquelle on n'est pas encore en adéquation, qui constitue un mystère, un danger, un risque. La maturation s'effectue donc de façon inconsciente, malgré l'individu, par une force immanente et transcendante. C'est donc une succession d'états immatures.

13265 La manipulation

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

51

De façon générale, la manipulation consiste à donner de fausses représentations de la réalité. La manipulation conduit à échanger des valeurs sentimentales, psychologiques, figurées (rêve) contre des valeurs réelles, de l'immatériel gratuit contre du matériel coûteux. La définition du sentiment donnée par le petit Larousse, confirme bien cette affirmation manière : « connaissance ; plus ou moins claire donnée d'un immédiate sensation, impression,

manifestation d'une tendance, d'un penchant, disposition à être facilement ému, touché, manière de penser, d'apprécier. » C'est la raison pour laquelle le domaine de l'économique est singulièrement réduit. Le travail domestique des épouses ainsi que leur offre sexuelle ne sont-ils pas payés avec des sentiments ? En déplaçant l'attention des données matérielles vers des

représentations

spirituelles,

philosophiques,

éthiques,

humanistes et monétaires, il est possible de cacher les réalités. Tout ce qui permet de se complaire dans le beau, le doux, le touchant exploite celui qui s'y laisse prendre. La flatterie va dans le sens de conforter sur la plénitude, de l'individu, alors que, dans la réalité, il est incomplet, c'est le faire aller dans le sens du plaisir, pour l'exploiter. H. LABORIT (op. cit. p. 7) : "N'est-il pas indispensable de lui montrer combien aux yeux de la science peuvent paraître mesquins et ridicules les sentiments qu'on lui a appris à considérer souvent comme les plus nobles sans lui dire que c'est seulement parce qu'ils sont les plus utiles à la conservation des groupes et des classes sociales, alors que l'imagination créatrice, propriété fondamentale et caractéristique de son cerveau, n'est
INTRODUCTION

52

le plus souvent, c'est le moins qu'on puisse dire, absolument pas exigée pour faire un honnête homme et un bon citoyen." Une pratique de Ce manipulation procédé un robot. de l'information en la réside dans

l'amalgame. considéré

consiste Amalgamer,

généralisation, aussi cacher les

l'association forcée. Ainsi, l'homme mûr, sans sentiments est-il comme c'est différences relatives, c'est généraliser les cas particuliers. Un des processus de falsification des réalités consiste à "jeter le bébé avec l'eau du bain" comme disent les anglo-saxons. La manipulation n'est pas forcément volontaire, beaucoup ne

savent pas ce qu'ils font. Objets manipulés, ils diffusent à leur tour la manipulation. Simple ignorance.

1327 L’homme n’accède qu’à des représentations

La tristesse de la condition humaine provient de ce que l’homme est, en raison de sa nature, coupé de la réalité qui pourtant le fait vivre. Il est ainsi quasiment impossible de légitimer quelque représentation que ce soit.

133 La nécessité de l’épistémologie

L’écart

entre de

réel

et

représentation les

est

mortel, en se

ou

source le

d’exclusion, car c’est le réel qui fait vivre. Il apparaît donc nécessaire critiquer représentations posant

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

53

problème de leur origine, de leur transmission, de leur validité et validation.
1331 Il ne faut pas confondre réel et représentations

Il ne faut pas confondre réel et représentation. Aujourd’hui la confusion semble très fréquente. Cela résulte du fait que le mécanisme de traduction du réel abstrait en représentation concrète est inconscient. Il convient d'établir, en effet, une distinction entre ce qui est du domaine de la chose et ce qui est du domaine de son image. Il ne faut pas confondre réel et représentation. Dans un tableau, attribué à tort à Bill CLINTON, le peintre R. MAGRITTE, a écrit en dessous de sa peinture représentant une pipe : « ceci n’est pas une pipe ». Comme ses interlocuteurs semblaient perplexes, il a repris ses pinceaux et a peint une magnifique pomme, en inscrivant : « ceci n’est pas une pomme ». si Il c’est répliquait une pomme, aux ce incrédules n’est pas qui une insistaient : « mais

banane », mangez-là.

1332 La perte du réel

Depuis

la

nuit

des

temps,

le

fossé

se

creuse

entre

les

représentations et le réel. Ce processus de déréalisation est masqué par la médiatisation. Car, paradoxalement et par définition, plus on se représente les choses, plus on s’en écarte.

INTRODUCTION

54

Le

fossé

se à

creuse

car

plus Car

le

réel

s’éloigne, crée des

plus

il

est

difficile par la

accepter.

l’écart

potentialités en

d’exclusions. Ce qui enjoint beaucoup à sauver leur situation, diffusion d’informations fausses, c’est-à-dire accroissant le fossé. Le sentiment de cette perte apparaît à travers la recherche de sens et du sens, objet de nombreux ouvrages actuels. Le problème est atténué par la médiation offerte par le langage. Ainsi, le langage articulé, le propre de l’homme, crée, à la fois, force et faiblesse. n’est La psychanalyse car tout est indique, que pour le l’humain, langage. Les médiations laissent penser que la distance est moins grande qu’elle ne l’est en réalité. Ainsi, le développement des moyens de communication, les satellites par exemple, permettent de considérer que l’information diffusée par la presse, rend compte, aujourd’hui plus qu’hier, de tout ce qui se produit dans le monde entier, en temps réel. C’est oublier que l’information diffusée est le résultat d’une sélection. Par ailleurs, l’apparent déferlement de la pornographie, occulte le triste constat de T. ANATRELLA développé dans Le sexe oublié. rien simple, médiatisé par

1333 La connaissance est naturelle

Le caractère économique de la connaissance est affirmé par G. SIMMEL (op. cit. p. 122) : "Ainsi toute connaissance apparaît à l'origine comme un instrument dans la lutte pour l'existence ; en effet, il est d'une utilité incalculable pour la conservation et la poursuite de la vie de connaître le rapport réel qui existe entre les choses."

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

55

La connaissance elle-même est une abstraction, une représentation donc un symbole, une immatérialité. Elle peut être adéquate, ou fausse, et même mensongère. Si elle est adéquate, elle permet de tirer des avantages relatifs sur ceux qui en sont privés, forme passive d'exploitation. Dans le dernier cas, elle devient active. S.C. KOLM (op. cit. p. 55) : "Comme tout savoir sur le monde présent, exploiter la ou connaissance à appauvrir, économique à rendre peut être ou employée ignorant, à à misérable

massacrer, même." Les théories du linguiste N. CHOMSKY, cité par G. SORMAN Les

grands penseurs de notre temps p. 132 : "Un enfant sait cela sans qu'on le lui enseigne, parce que la capacité d'interpréter la réalité fait partie de notre patrimoine génétique." montrent le coté naturel de la connaissance.

1334 L'ignorance est socioculturelle

A l'image du nouveau né capable d'esquisser des pas les huit premiers jours de sa vie, et devant attendre ensuite une douzaine de mois pour retrouver cette aptitude, la connaissance essentielle à l'individu se perd. La culture est la cause de cette amnésie. G. MAUCO L'évolution de la psychopédagogie p. 131 : "Elever un enfant c'est détruire une personnalité". Toute l'éducation de l'enfant vise à en faire un être social. Elle rogne donc toutes les potentialités.

INTRODUCTION

56

Comme le fait remarquer H. LABORIT, l'oxygène passe pour être le symbole de la vie, mais l'oxydation est une combustion, donc une destruction. La respiration appartient au processus d'entropie. Cette remarque confirme l'importance du déterminisme. L'homme n'a que le choix entre accepter la vie et rester là où il est, comme il est, réduisant sa consommation d'oxygène, ou bouger, refuser le déterminisme et raccourcir sa vie en accroissant sa respiration. Fait grave, l'ignorance, par définition, engendre l'ignorance, ce qui aboutit au maintient des pouvoirs existants. Les plus défavorisés ont donc plus tendance à être les alliés, voire les défenseurs des systèmes qui les exploitent. (P. BOURDIEU) T. SZASZ (op. cité p. 11) : "De tous temps les Puissants ont accordé honneurs et récompenses à ceux qui se servaient du langage pour jeter la confusion dans l'esprit de l'Homme, tandis qu'ils poursuivaient ceux qui combattaient l'ignorance en faisant du même langage un instrument de clarté et de simplicité." La défense du pouvoir s'appuie sur l'obscurantisme de la masse. Une masse qui refuse à considérer son ignorance, encouragée qu'elle est par les prises à témoin du pouvoir. On ne crée pas de la démocratie, par la démocratie. Par la démocratie, on crée du pouvoir. L'opposition peuvent en à l'enrichissement plus intellectuel et que les consiste à faire sont

considérer aux personnes qu'elles en savent assez, qu'elles ne apprendre formations insuffisantes (car rien n'est tout à fait su, rien n'est tout à fait juste). MOLIERE dans les femmes savantes : "une femme en sait toujours assez lorsque la capacité de son esprit se hausse à connaître un
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

57

pourpoint d'avec un haut de chausse". Le bon sens populaire est aussi très souvent flatté. Avec lui est encouragé le cas particulier généralisé, la projection de ses vues sur les autres. Le savoir est quant à lui critiqué : il n'explique pas tout, les spécialistes se trompent, c'est ennuyeux de toujours réfléchir, il faut un peu de folie, de poésie, de rêve, les statistiques sont fausses, il ne faut pas enfermer les personnes dans des catégories, les intellectuels ne sont que des beaux parleurs. Pour gagner des sous, des voix, du pouvoir, il faut exploiter les tendances H. BROCH régressives, (op. plus cité pour : p. un il et l'état : d'immaturité comme l'a (ignorance, indiqué des que pour un un des déséquilibre). 206) "... gens psychologue malhonnêtes un triple canadien, bien des commettent actes

bénéfice jouit de

psychologique l'admiration

bénéfice matériel ; le mystificateur en paranormal retire, lui, bénéfice sociale croyants, il se sent supérieur à eux et enfin il peut s'enrichir financièrement." L'auteur poursuit : "La tolérance des pouvoirs publics pose, dans ce domaine, de sérieux problèmes. Un exemple parmi d'autres : le tribut prélevé sur la crédulité humaine par les fausses sciences dépasse, et de loin, le montant du budget de la recherche scientifique !"

1335 Vérité

L'idée de réel peut aussi se référer à ce qui est vrai par rapport à ce qui est faux. Cela amène à poser le problème de la relation entre le réel et la vérité. La philosophie se veut recherche de la vérité cf. M. CONCHE.

INTRODUCTION

58

Chacun aspire à la vérité. Mais ce sera toujours un vain espoir. La vérité n'est pas ce que l'on doit rechercher ; en chaque homme se trouve la connaissance. La difficulté est justement d'accepter ce que l'on sait, aussi, se lance t-on dans la recherche de la vérité qui n'est rien d'autre que l'envers du discours mystificateur d'un pouvoir. Car le savoir vrai appartient au pouvoir transcendant, comme la parabole d’Adam, Eve et la pomme, l’illustre. Le lot de l’humain est plutôt le mensonge. Le divin marquis DE SADE ne s’y est pas trompé, lui qui constate la prospérité du vice et les malheurs de la vertu. Le mensonge ne peut que dominer, car, comme le veut la logique, le produit d’une vérité par un mensonge est un mensonge. Le problème suivant permet de vérifier cette assertion. Un prisonnier est face à deux portes, une mène à la sortie, l’autre à l’échafaud. Devant chaque porte se trouve un surveillant, un ment, l’autre dit vrai. Le prisonnier qui ne sait pas lequel est menteur a droit à une seule question. Comment peut-il sauver sa vie ? La réponse est logique. Il demande a un surveillant, en désignant l’une des portes : est-ce que votre collègue me dira que c’est la bonne porte ? Il faut alors prendre le contre-pied de la réponse. Tout est mensonge, car l’individu comme l’institution mentent.
13351 Le mensonge individuel

La

psychanalyse,

qui

s’intéresse

à

l’inconscient

individuel,

montre que chacun, pour se protéger, ne donne que des alibis mensongers de ses attitudes et actes. CHARCOT en a fait l’expérience. Sous hypnose, il suggère à un individu que l’eau d’un verre est salée. Réveillant le sujet, il

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

59

l’invite à boire l’eau du verre en question, qui, bien entendu, est tout à fait naturelle. Le sujet s’y refuse. Questionné sur ses raisons, il n’indique jamais que c’est parce qu’elle est salée. L’étude des symptômes manifestant l’inconscient dévoile les

mensonges de la conscience.

13352 Le mensonge institutionnel

L’analyse menteuse.

institutionnelle, est à

qui

est montre

au

groupe

ce

que

la est

psychanalyse

l’individu,

que

l’institution

Car l’évolution d’une institution est de se rendre autonome et ainsi d’échapper au mouvement instituant. L’écart ente sa raison d’être, Les au service des individus, concilier le il le et les buts réellement et la Les leur poursuivis, au niveau de l’institution, la pousse au mensonge. institutions, autonome, se pour plus fait mouvement s’accroît. le instituant Mais comme ne l’autonomie de l’institué, ne peuvent que mentir. Plus l’institué devient mensonge transformation apparaître, responsables de graduellement, s’insinue considérant mensonge celle-ci peut

tellement

progressivement. comme

l’institution

produit, s’étant fortement investi ne peuvent se déjuger. Ils ne peuvent dénoncer le mensonge, même s’ils s’aperçoivent qu’ils sont dupés, tellement ils sont impliqués dans la réussite du projet. Pour les hommes politiques, on parle de langue de bois. La fameuse déclaration des droits de l’homme et du citoyen

atteste de ce mensonge. En effet, ce titre distingue l’homme et le citoyen, laissant penser que tout homme n’est pas citoyen, ce
INTRODUCTION

60

qui est contraire à l’article 1 qui énonce que les hommes sont égaux en droit. Le mensonge institutionnel est le résultat de la non-articulation entre l’individuel et le social. Il y a double langage.

1336 Les valeurs

Il est loisible de constater que les gens mettent sur un même plan leur ressentiment personnel et les approches scientifiques, notamment en économie. Les représentations économiques sont majoritairement du même

ordre que les rumeurs. Elles se propagent et s’amplifient sans qu’aucun fondement ne soit démontré. Comment faire valoir une représentation ? Face à la multitude de représentations, parfois incompatibles, il convient de pouvoir les sélectionner. Toutes les représentations ne se valent pas. Cela pose donc le problème du choix et donc celui des valeurs. Les valeurs ne servent donc que de justification à la sélection. Toute représentation est appréciée par rapport aux valeurs, par, ce que l’on appelle un jugement de valeur, mais, paradoxe, les jugements de valeurs sont refusés au nom de certaines valeurs.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

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Les jugements de valeur sont refusés, car justement, ils sont très subjectifs. Mais l’objectivité n’existe pas. Ce qui existe n’est pas souhaitable et ce qui est souhaitable n’existe pas. Laurent THEVENOT, Sciences Humaines n° 79, janvier 1998, p. 20. : « En situation de controverse, les personnes mettent à l’épreuve de grands principes afin de rendre leurs arguments acceptables par autrui. » THEVENOT L. distingue six grands principes d’argumentation (p. 22) auxquels les débatteurs font appel : la grandeur inspirée (intensité de l’expérience personnelle), la grandeur domestique (autorité), la grandeur de l’opinion (notoriété), la grandeur civique (intérêt général), la grandeur marchande (richesse), la grandeur industrielle (compétence). Le terme de grandeur est plus dynamique que celui de valeur. Mais attention, les valeurs ne sont aussi que des

représentations.
1344 Epistémologie et connaissance

Comment l’homme sait-il ? Comment le savoir est-il établi ? C’est précisément répondre. Les enseignants ne se posent pas suffisamment la question de la validité de leurs enseignements. Du moment que ce qu’ils enseignent se trouve dans des livres, leur enseignement paraît légitimé. Mais n’importe qui peut écrire n’importe quoi. Et ce d’autant mieux que les écrits viennent conforter une majorité dans ses idées reçues. Ainsi plus une idée est acceptable, plus à ces questions que l’épistémologie tente de

INTRODUCTION

62

elle est répandue et plus elle semble juste. Cercle vicieux de logique circulaire. Epistémologie, philosophie des sciences, histoire des sciences, sciences vocables cognitives, se retrouve sociologie la volonté des d’un sciences, sous divers méta-savoir, au-delà du

savoir, un savoir sur le savoir. Mais attention, sous peine de tomber dans le paradoxe, un savoir sur le savoir n’est pas un savoir de même complexité que les autres. Se contenter du savoir n’est pas suffisant, car alternativement, autre chose pourrait tout aussi bien être su à la place de ce que l’on sait. Pour rapprocher il les faut positions comprendre favorables comment et ces défavorables positions à

l’économie, acquises.

sont

Cette attitude conduit à critiquer des savoirs en se demandant ce qui les fonde. L’épistémologie répond à cette préoccupation. Souvent l’épistémologie peut être considérée comme une évaluation des sciences et/ou de la légitimité du label scientifique. Mais cette attitude est paradoxale car elle considère que la science est un fait. L’épistémologie de base cherche à trier ce qui est une assertion scientifique de ce qui est une assertion de sens commun. Ainsi, l’épistémologie apparaît très importante. A qui profite le crime demande–t-on pour rechercher l’assassin, parallèlement, peut-on s’interroger à qui profite le savoir ?
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

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Si en théorie, il est possible de s’attendre qu’il profite à tous, en réalité, force est de constater que ce n’est pas le cas. Le savoir est une ressource qui, comme chaque ressource, est inégalement répartie. Il faut apprendre à apprendre, tel est le mot d’ordre en matière de formation. Car, les projections montrent que tout individu qui rentre sur le marché du travail a en face de lui l’espérance de trois métiers différents à occuper dans sa vie laborieuse. Plutôt que de donner un poisson à quelqu’un, il vaut mieux lui apprendre à pécher, dit un proverbe asiatique. C’est un méta apprentissage qu’il faut accomplir. Mais cela oblige à se pencher sur les processus cognitifs. Le développement de la connaissance par exemple donne à l’homme l’impression que sa conscience se rapproche du réel inconnu. Mais la connaissance est un faire émerger comme le remarque F. J. VARELA. Beaucoup de problèmes sont liés à cette confusion entre le réel et sa représentation. Surtout que si l’on considère que le réel, c’est ce qui est alors une représentation devient une réalité. C’est ce bouclage sur le réel qui amène à dire que tout est réel. Il en résulte un grand nombre de confusions. Il faut donc se rappeler que le réel est ce qui est indépendamment de l’observateur. Il y a là une coupure entre l’homme et le réel. Ce qui écarte donc l’homme du réel c’est paradoxalement sa pensée qui pourtant lui permet d’avoir du recul par rapport au réel, à s’en dégager. L’homme est définitivement coupé du réel, il ne peut se contenter que qui de choisir, la parmi l’ensemble eu égard des au représentations, celle est moins fausse

problème qu’il se propose de résoudre.

INTRODUCTION

64

Un autre problème de boucle repose sur le fait que l’homme luimême est objet du réel. Il est donc coupé de lui-même, l’homme ne peut donc se connaître. Il ne s’appréhende lui-même que comme une représentation. Les efforts d’introspection n’aboutissent pas plus au réel de soi. Les psychanalystes disent que l’on est étranger à soi-même.

14

Les

conséquences

du

refus

de

l'économique

Le

refus

de

l'économique

entraîne

de

graves

conséquences.

L'irréalisme accroît les crises qui font redouter davantage le réalisme. Il s'agit donc d'un cercle vicieux.

Comme la science économique est fondamentale, l'ignorer aggrave les problèmes proprement économiques et, par voie de conséquence, les crises sociales et individuelles.

141 L'aggravation des problèmes économiques
L'omniprésence de l'économie rend hasardeuse toute entreprise qui l'ignore.

Le refus des réalités, c'est l'aggravation des problèmes, l'échec des solutions, la multiplication des paradoxes.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

65

L'aggravation des situations est le résultat des situations mal évaluées et des pratiques inadaptées. L'échec. Ainsi, de nombreux projets, très généreux dans

l'intention, sont grevés par l'économique qui finit toujours par s'imposer. G. SORMAN12 cite SWAMINATHAN, père de la révolution verte indienne : lorsqu'il observe que "la carte de la famine coïncide

exactement avec la diffusion des fausses idéologies. Bien des nations dont l'agriculture fut jadis prospère ont organisé ellesmêmes des politiques suicidaires. Exemples ? Le Ghana a détruit tous ses centres de recherche agronomique sous prétexte qu'ils étaient hérités de la colonisation ; il a ensuite remplacé les petites fermes du traditionnelles modèle par Le des exploitations a géantes son

inspirées

soviétique.

Nigéria

sacrifié

agriculture à l'exploitation du pétrole. La Tanzanie, fascinée par le maoïsme, s'est affamée toute seule en regroupant de force les paysans dans des villages collectifs." Il semble possible de généraliser en remarquant que la carte du chômage et de

l'inflation coïncide avec celle des fausses croyances.

Le

problème

majeur

de

l'époque

actuelle

est

un

problème

idéologique. La sophistication des processus sociaux écarte les hommes des réalités. Dans tous les domaines, les réalités sont

INTRODUCTION

66

bafouées, l'environnement, la santé, l'éducation, la justice etc. Ce qui dégrade davantage la situation.

Paradoxalement, l'avenir de

les

conceptions A force

humaines d'être

sont trop

contraires

à

l'humanité.

humain,

l'homme

achève l'humanité. Il semble quelque part, que l'homme est le seul à ne pas respecter les règles du jeu de l'univers. Il semble que l'homme contrarie l'évolution de l'univers. La majorité des politiques suivies ou des actions menées vont à l'encontre des objectifs recherchés.

Le

gaspillage

est Il la y

le a

résultat

de

la

non-prise dans ne le

en

compte

de la aux

l'économique. recherche de

inconsciemment, de ce

gaspillage, profiter

destruction

qui

peut

exclus. Cependant, le gaspillage est plus coûteux pour les plus démunis que pour les autres. Le gaspillage aggrave les inégalités initiales.

La lutte contre la maladie dans les pays pauvres, grâce aux techniques des pays riches, a réussi à endiguer les épidémies. Mais ce succès n'est qu'apparent, car l'espérance de vie accrue s'est trouvée confrontée au manque de subsistance. Le seul vrai résultat est donc que les pays riches ont choisi, eux, la façon

12

les grands penseurs de notre temps p. 290

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

67

dont devaient mourir ces populations. Au nom de qui ? Au nom de quoi ?

La

cause

essentielle

des

échecs,

des

déceptions

et

des

incompréhensions de l'économique provient de la restriction de son domaine. Les théories économiques évoluent, les politiques se succèdent et s'alternent, mais les problèmes, tel le chômage, demeurent. Il n'est possible de sortir de la crise que par une conception plus élargie de l'économique. dans son Les problèmes aux de la théorie anti-

économique

résident

opposition

idéologies

économiques.

142 le développement des crises sociales
L'aggravation des problèmes économiques retentit sur les

relations sociales. Les oppositions s'enveniment, les liens se déchirent. Délinquance, criminalité se développent. La société se fracture. Indifférence, exclusion se retrouvent dans tous les constats.

Les

uns

se

cristallisent

sur

leurs

positions,

défendent

jalousement leurs privilèges. Les autres ruminent dans leur coin leur rancœur. Les uns se battent, les autres capitulent.

INTRODUCTION

68

Personne ne semble savoir communiquer un élan porteur, une idée motivante ambiante. pour sortir de la morosité ou de la sinistrose

143 le développement des crises individuelles

L’homme se doit d’établir un rapport à son environnement et un rapport aux autres. L’enjeu économique constitue la toile de

fond, le cadre de l’établissement de ces relations. La non-prise en compte de la problématique économique ne peut que falsifier et déséquilibrer environnement. la situation de l’individu par rapport à son

L'engagement identitaire

dans

des La

idées

obsolètes

entraîne c'est

un

risque

énorme.

seule

solution,

d'évoluer

continûment. Le problème c'est que pour ne pas courir le risque identitaire les uns maintiennent leur diagnostic en faisant payer les autres, ce qui entraîne des pertes identitaires réelles.

Alors que pour les autres, c'est une perte identitaire symbolique puisqu'elle ne repose que sur des idées.

Divers problèmes individuels sont, aujourd’hui, évoqués : perte de désir, de sens, d'identité, de l'unité du moi, de l'idéal du moi, isolement, exclusion, insatisfaction, frustration, de lien, d'amour, de reconnaissance, maladie, dépendance, infantilisation et victimisation. Cf. P. BRUCKNER La tentation de l’innocence. T.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

69

ANATRELLA Non à la société dépressive.

Tous ces manques et ces divisions développent la souffrance de l'individu. Cette souffrance est liée à la séparation du corps et de l’esprit, de soi à l’autre, de ses représentations à la

réalité. La santé et les personnalités sont mises à mal. Le mal être s'oppose à la maturation et donc à l'adéquation aux

réalités, renforçant la crise individuelle et collective. Il en résulte névroses, psychoses et maladies somatiques.

15 L'économie doit être approchée autrement
La période actuelle qui accumule les bouleversements et les

crises marque le début d'une bifurcation. Voir à ce sujet E. LASZLO : La grande bifurcation. La crise économique sévit depuis de nombreuses années. La crise Les sociale s'étend. La crise

idéologique

est

profonde.

représentations

économiques,

politiques, sociales et philosophiques sont incapables d'offrir des solutions ou même des espoirs. La tentation des réflexes de régression intégrismes. est forte tel qu'en témoigne la montée des

Peut-être est-il possible de profiter d'une telle situation pour éviter de remplacer une idéologie par une autre tout aussi

rétrograde. Il est grandement temps de penser autrement.
INTRODUCTION

70

Le réalisme de l'économique offre une chance de saisir une telle opportunité. A condition que l'économique, lui-même, soit

considéré de façon réaliste.

Il importe donc de comprendre ce qu'est, au fond, l'économique. Devant la dégradation des situations, il convient de changer

d'approche comme certains tentent timidement de le faire, mais il faut aller plus loin.

151 Les approches nouvelles
Les choses changent. Plusieurs voies d'ouverture sont proposées.

Ainsi, certains économistes (tel P. d'IRIBARNE, La politique du

bonheur), dit de l'économie du bien-être, ont proposé, entre autres et par exemple, de remplacer l'agrégat fondamental de

produit national brut par celui de bonheur national brut. Ils souhaitent par là montrer que la sphère matérielle marchande

n'englobe pas toute la réalité des satisfactions. La qualité de la vie et de l'environnement doivent être prises en

considération. Cette démarche peut être apparentée à celle des écologistes.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

71

R.

PASSET,

l'économique

et

le

vivant,

met

en

relation

l'économique et la vie biologique montrant par là l'importance de l'écologie.

C. FAYAT (mais aussi LICHNEROWICZ M. et A., GEORGESCU-ROEGEN N.),

Economie et entropie, s'intéresse à la relation entre l'économie et l'entropie. Les lois sous-jacentes des systèmes

thermodynamiques animent en partie les systèmes économiques.

Une

autre

démarche (PESTIAU

consiste

à

s'intéresser

à A les

l'économie côté de

"underground" l'économie

L'économie prise en

souterraine). compte par

légale,

celle

pouvoirs

publics, existe une économie parallèle, inobservable, qui met en échec les théories économiques. Cette économie souterraine réside dans les productions "au noir", les revenus occultés et les

marchés parallèles.

Par

ailleurs,

M.

OBADIA

dans

l'économie

désargentée

oppose

l'économie matérielle à l'économie immatérielle de la relation. Il soutient que les relations humaines sont régies par des lois économiques et que ce sont ces relations qui peuvent constituer une alternative échappatoire aux problèmes de la matérialité.

INTRODUCTION

72

S.C. KOLM ouvre la voie d'une philosophie économique ou métaéconomique. Il remarque13 : "L'économique partout, est condition de vie et matrice du social. Dans le monde moderne, il devient l'obsession collective, l'activité dominatrice qui relègue aux rangs obscurs la religion et l'art, s'asservit la politique et la science, expulse les traditions et les sociétés naturelles."

G.

BECKER

et

l'école

de

Chicago

développent

des

théories

économiques dans des domaines considérés jusque-là, à moins de sacrilège, comme hors du champ de l'économique. L'économique de la famille, de la criminalité, en question, de la l'altruisme, conception entre étroite autres d'une

thèmes,

remettent

économique soumise et tolérée, en fait, par des pouvoirs antiéconomiques.

Cependant, ces tentatives sont encore trop timides. Pour vraiment cerner l'économique, il faut, paradoxalement, supprimer toutes les frontières et toutes les contraintes. L'économique, c'est la vie dans toutes ses dimensions, dans toutes ses approches.

L'économie touche à tout. Tout est économique, l'économique est partout. Il faut oser abattre tous les tabous.

152 Une approche plus fondamentale
13

op. cit. p. 7

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

73

C'est ce constat qui a amené, progressivement, à une approche différente de l'économique. La matière de cet enseignement est donc très originale à tel point que beaucoup se demandent s'il s'agit bien d'économie. Il n'y a aucun doute, la définition de l'économie est bien le centre de gravité, et de gravitation, de cette vaste synthèse. Cependant, une telle démarche suppose de se placer ailleurs, et de tout reconstruire.

Cette

approche

est

née

des

difficultés

rencontrées

dans

l'enseignement de l'économique, principalement vis-à-vis de ceux qui ont eu une formation de psychologie ou une démarche sociale.

L'obstacle tient à ce que l'économique a toujours été restreint à l'économie matérielle. De ce fait, les rapports entre le matériel et l'humain paraissent très une liés par Les qui une relation cruellement un

indestructible déterminisme ou

louche. fatalité

personnes s'exprime

ressentent des

par

pouvoirs

mystérieux qui poussent insidieusement l'homme à l'acte coupable ou lui font regretter de ne pas s'y abandonner.

L'objectif est, reprenant le titre de S. LECLAIRE, de démasquer le réel. Le psychanalyste est peut-être le plus familiarisé avec cette pratique, mais ce devrait être l'objectif de tout chercheur en sciences humaines et sociales.

INTRODUCTION

74

Ce réel est masqué par toutes les constructions sociales. Toute relation sociale a, finalement, toujours pour finalité d'écarter les autres du réel. Pour rendre acceptable cet objectif, il faut cacher la démarche. C'est l'affectivité des relations qui donne la forme acceptable et cachée. Il faut donc "déconstruire le social" comme en témoigne le titre d'un séminaire de Sorbonne animé par S. KARSZ.

La réalité peut être considérée comme un iceberg. que la partie immergée de ces blocs de glace

Chacun sait est la plus

importante. Restreindre le champ de l'économique correspond à ne considérer que la petite partie qui émerge de l'iceberg. La

réalité peut être envisagée à deux niveaux : le niveau conscient et le niveau inconscient.

Au-dessus du niveau de la mer se trouve, en effet, l'économie qui se voit, qu'il est impossible de nier, qui surgit, qui s'impose. Inflation, extérieur décrite, ne chômage, peuvent surproduction, être cachés. pénuries, déséquilibre sera donc Les

Cette

partie-là et

analysée,

disséquée,

expliquée

enseignée.

disciples de saint Thomas, qui ne croient que ce qu'ils voient, sont légions. Car c'est au conscient visible que les gens

adhèrent le plus volontiers. Les personnes sont convaincues, sont remplies de certitudes par la logique de la construction du 75

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

conscient.

Mais

par

définition,

la

conscience

est

construite

logiquement, c'est la rationalisation socialement acceptable des déterminants inconscients qui, de ce fait, apparaissent moins logiques. acceptable. Le Il conscient faut donc doit être convainquant la logique pour être du

comprendre

apparente

conscient pour le déconstruire et accéder à sa "cause".

Au-dessous, règne le cloaque, l'invisible, l'indescriptible, le complexe, l'essentiel qui seront tus, cachés, interdits,

refoulés. Il est difficile de connaître cette partie immergée, car la surface de l'eau ne renvoie que le reflet de la partie qui émerge. C'est le monde à l'envers. Cette partie correspond donc à l'inconscient, tant individuel que collectif, base de toutes les pulsions et impulsions. Pour vraiment comprendre l'économique, il faut appréhender l'invisible et l'inconscient.

L'invisible est souvent plus important que l'on ne croit car les perceptions de l'homme sont limitées. Ainsi, l'homme ne perçoit pas, sans appareil, les champs électriques ou magnétiques. La radiesthésie qui souhaite mettre en évidence les émissions des différents matériaux est très souvent mal considérée. Ni les

virus, tel le HIV, ni leurs porteurs ne se détectent à l'œil nu. Ils sont pourtant responsables de fléaux dont il est impossible encore de se débarrasser.

INTRODUCTION

76

Ce n'est pas ce qui est directement visible qui est important. Les non-événements dont parle CYRULNIK (sous le signe du lien) sont très importants pour la compréhension.

L'inconscient, apporte une grande partie de l'explication de ce qui parait au premier abord irrationnel. L'inconscient est logique, mais il obéit à une logique propre à chaque individu. L'absence de logique n'est apparente qu'aux

autres, car ils ne disposent pas de toute l'information et parce qu'ils sont extérieurs. Il faut accepter l'idée d'être régi par l'inconscient. Les

réflexes et l'instinct, inconscients sont biens considérés comme tel. L'inconscient est refusé par ses caractères asociaux, pour l'inconscient individuel, et a-individuels, pour l'inconscient

collectif. Mais l'existence de l'inconscient n'échappe pas aux contes de fée B. BETTELHEIM (Psychanalyse des contes de fées). L'identification de chacun à son moi, conscient, fait s'opposer à toute explication par l'inconscient. Il est par définition

impossible d'être conscient de son inconscient, il est tout au plus possible de le connaître.

Le contenu ne cherche pas à indiquer l'acquis scientifique de la science économique, une il se borne qui à présenter en indique l'économique, la à

constituer générale.

introduction,

philosophie

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

77

Cet exposé part d'une hypothèse et cherche à la pousser jusqu'au bout de sa logique. Cette hypothèse est que l'univers est régi par l'économique.

Il

ne

faut

pas

considérer

l'univers

dit

inanimé,

l'animal,

l'homme-soma, l'homme-psy et la société séparément. Ces éléments font partie d'un tout Plus : la réalité. d'opposer, L'approche il faut Cela est donc

pluridisciplinaire. chercher l'unité

que

rassembler, facilite la de

des

différentes toujours le

approches. croisement

compréhension.

C'est

combinatoire

multiples approches qui est fécond.

L'objectif de cet ouvrage est de faire réfléchir le plus grand nombre possible de personnes, quant à ce qu'est, effectivement, l'économie, et par là, leur vie de tous les jours. Il s'adresse à tous et cherche donc à rester simple et compréhensible. La

simplicité est aussi gage de progrès et de synthèse. S'il est vrai que la simplification s'oppose au caractère complexe de la réalité, il faut considérer cependant que décomposer le complexe n'exclut nullement la recomposition par les capacités

combinatoires et associatives de l'humain. P. VALERY : "Tout ce qui est simple Il est faux, à tout ce qui de ne la l'est façon pas la est plus

inutilisable".

cherche

expliquer,

économique, pris dans les deux sens du terme. Le pari, c'est de
INTRODUCTION

78

déterminer un minimum de clefs simples d'explication d'un maximum de phénomènes, au risque de n'être pas tout à fait exact, dans le détail.

Il ne fait souvent que formaliser, que structurer ce qui est déjà perçu, connu. Ainsi, beaucoup de passages peuvent recueillir une large adhésion. Cependant, l'expérience des enseignements montre que ces adhésions ne portent pas, pour tous, sur les mêmes idées.

Il

recherche

une

réconciliation

des

sciences

humaines

et

sociales, voire une intégration des sciences sociales avec celles de la nature, dans la ligne de J. de ROSNAY, E. MORIN ou de H. LABORIT et tant d'autres, bien que peu nombreux. C'est la seule démarche pour s'approcher des sciences de la complexité. Il est remarquable de constater d'ailleurs, que la problématique de cet ouvrage permet d'intégrer les travaux de philosophes, de

psychanalystes, de psychologues, de psychiatres, d'ethnologues, de sociologues, d'astrophysiciens, de biologistes, d'économistes, etc. Travaux qui, partant de préoccupations totalement

différentes, aboutissent, convergent vers les mêmes idées. Il s'agit bien d'intégrer et de relier, bref de systématiser.

Inclassable, cet essai ne tient pas à se placer au-dessus et à dicter ce qui devrait être. L'aspect normatif de ce livre, ne

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

79

provient

que

de

la

dénonciation

des

déséquilibres

et

des

conditionnements.

Il ne peut, ni ne veut, comme il sera montré par la suite, juger. Le seul vrai, et donc valable, jugement est apporté par la

réalité.

Les

moyens

retenus

consistent

à

avoir

une

approche

pluridisciplinaire avec un esprit critique qui ne connaît aucun tabou. H. LABORIT14 :"Chaque disciple d'une discipline particulière,

malgré sa conscience réfléchie, est le plus souvent inconscient du fait qu'une pulsion fort primitive, inscrite fort bas dans l'organisation hiérarchique de son système nerveux, l'oblige à vouloir dominer ses contemporains et pour cela à rejeter la

participation à une recherche commune des disciplines auxquelles il n'entend goutte du fait de sa formation spécialisée".

Pour progresser, il faut sortir de sa discipline. Car innover, c'est créer sans références, c'est prendre le risque d'être seul par rapport à la multitude qui défend la norme, c'est courir le risque de la critique. En revanche, avoir des références, c'est utiliser comme référence ceux qui ont déjà, eux-mêmes utilisé des références etc. Cela ne peut mener que jusqu'aux limites de la

INTRODUCTION

80

structure déjà contenues dans les prémices et ne permet pas d'en sortir.

Les

reproches,

justement

adressés

à

la

science

économique,

reposent sur l'ignorance des autres sciences et notamment des sciences sociales. Le progrès de la science économique passe par cette ouverture. S.C. KOLM15 : " ..., incorporer à l'économie les autres connaissances sur l'homme et la société, psychologiques, sociales, politiques, philosophiques. Alors cette science guide d'action pourra servir de base analytique à ce dont on a vraiment besoin pour trouver sa voie et tenir son cap dans ce monde

d'ignorances et d'émotions : une intuition du vrai, un sens du juste, un art pratique, une sagesse."

La pluridisciplinarité est aussi réclamée par la nécessité de synthèse. E. LASZLO16 : "L'ère de l'analyse a fait son temps, celle de la synthèse vient de s'ouvrir."

E.

LASZLO17

:

"Les

preuves

scientifiques

du

schéma

tracé

par

l'évolution dans l'univers physique, le monde du vivant et même le monde de l'histoire augmentent de jour en jour. Elles se condensent pour former des régularités de base qui se répètent et

14 15

op. cit. p. 6 op. cit. p. 43 16 La grande bifurcation, Tacor International, 1990.. p. 9 17 op. cit. p. 8

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

81

se

reproduisent.

Il

est

désormais

possible

de

rechercher

ces

régularités et d'entrevoir la nature fondamentale de l'évolution - celle du cosmos en son entier, ce qui comprend le monde du vivant et celui de l'histoire sociale."

Il faut donc se libérer du connu comme l'a écrit KRISHNAMURTI. Paradoxalement, ce n’est pas ce qui est ignoré qui handicape, c’est ce que l’on ne sait que trop.

Quelques exemples. Test des neuf points. Le jeu consiste à passer par les neuf points à l’aide d’une ligne brisée de 4 segments.

Les joueurs tracent des segments passant par les côtés, par les diagonales ou par les médianes ou médiatrices, sans y parvenir. Ils se servent des informations reçues à l’école sur le carré. Ils sont conditionnés par cette figure.

INTRODUCTION

82

Problème du nénuphar. Un nénuphar double sa surface tous les jours. Ainsi, en 100 jours, il couvre tout l'étang. Question : en combien de temps l'étang sera-t-il couvert, si on avait placé deux nénuphars au début ? Non, ce n'est pas 50. En répondant ainsi on utilise une fonction linéaire. Même si l'on ne connaît pas la définition d’une telle fonction, on l’applique

spontanément, car c'est la fonction mathématique la plus simple, que tout le monde apprend. La réponse exacte est 99. Car si en 100 jours, l'étang est couvert par un nénuphar, le 99 ème il en couvre la moitié, puisque il double de surface chaque jour. Donc, s'il y a deux nénuphars, chacun couvre sa moitié.

Ce n’est jamais la même eau qui coule sous le même pont. Où comme a dit HERACLITE, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Il faut être disponible à la situation actuelle pour être adéquat.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

83

Le problème vient de ce que se libérer du connu, de l’inconnu.

amène à la peur

Il ne faut rien tenir pour acquis, ne rien prendre pour argent comptant. Il faut utiliser l’esprit critique.

Wim WENDERS : « Ce n’est pas le monde qu’il faut changer, mais la représentation que l’on en a »

Se libérer du connu est une critique de tous ceux qui se basent sur un savoir pour exercer leur métier que ce soit l’enseignant, le médecin ou l’avocat, entre autres. Ils souhaitent enfermer les gens dans le connu, car leur connu les avantage, ils y ont leur différence par rapport aux autres et ils ont fait accepter aux autres ce critère comme critère de valeur. Le poids de

l’institution leur confère une importance personnelle. Ainsi, le connu est approprié.

Pour se libérer du connu, il faut sortir du cadre.

Mais le cadre des représentations familières est rassurant. Le hors cadre, l’inconnu est angoissant. Pourtant, la compréhension oblige à sortir des cadres de

représentations simples et simplistes.

INTRODUCTION

84

Sortir

du

cadre

c'est

changer,

mais

il

y

a

changement

et

changement. P. WATZLAWICK (WATZLAWICK Changements, Seuil, 1975.) distingue des changements de type I et des changements de type II. Les changements de type I ne changent rien, car ils remplacent simplement une chose par son contraire sans remettre en question le cadre. Les changements de types II sont paradoxaux, car ils sortent du bon sens caractéristique du cadre. Pour véritablement changer, il faut considérer que ce sont les solutions adoptées qui posent problème. Les changements de type II ne peuvent être entrepris par une autorité, car les pouvoirs se doivent de défendre le cadre qui les valorise.

Ainsi les logiques sociales ne sont pas compréhensibles tant que l’on reste dans le cadre des logiques individuelles.

Ce livre n’apporte pas la vérité. Il ne cherche pas la vérité, il s’intéresse au savoir. La recherche de la vérité est souvent le moyen de refuser le savoir.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

85

16 Les difficultés d'une telle approche
Une approche aussi radicalement différente est de nature à

susciter de nombreuses critiques, par ailleurs les preuves sont difficiles à apporter.

161 Les risques de critique
Tout ce qui est affirmé dans cet ouvrage ne manquera pas d'être critiqué, mais il porte en soi l'explication des critiques. Ce livre n'échappe pas à son contenu, il offre les éléments de sa critique.

Il s'attaque à des siècles de conditionnement et d'ignorance. Ce cours dérange l'individu, la société, dans son actualité.

Il

s'agit

donc, Rien

ici, n'est

d'essayer

de

pointer s'il le

ce

qui

déroge c'est

à

l'équilibre.

cautionné,

paraît,

que

c'est mal compris. Affirmer quelque chose, c'est déséquilibrer le savoir en le développant et en l'amputant à la fois. Peut-être est-ce pour cette raison que certains préfèrent se taire.

D'autres, en revanche, présentent une économie dépouillée de tout risque de contradiction.

INTRODUCTION

86

La simplicité des termes et des raisonnements ne doit pas servir de prétexte au dénigrement, car souvent, la considération vient, de l'habillage par le confus, d'un savoir restreint.

Un autre reproche peut être le manichéisme. Pour simplifier, il est parfois bon de n'indiquer que les limites, sachant que tous les états intermédiaires peuvent se produire.

Cet ouvrage est, bien entendu, réductionniste en chacun de ses passages. Car la réalité a plus de dimension que le langage ne peut en exprimer en un même temps. La connaissance habite les hommes par hasard. Les différentes idées, émanant de multiples sources, séjournent chez certains leur permettant des synthèses fructueuses et en délaissent d'autres. Nul n'en est responsable, nul n'en est propriétaire.

Ce qui est dit ne cherche à être vrai qu'en moyenne. Il est donc toujours possible de trouver des cas particuliers contraires. Quand on parle en moyenne, en général, on parle pour une

variable. Ici on parle sur une multitude de variables, c'est une moyenne multidimensionnelle. Il ne s'agit pas d'être exactement vrai, mais essentiellement vrai. La volonté d'établir une preuve absolue se heurte à l'infini. Car c'est impossible. Mais toute critique risque d'être basée sur la différence entre l'exact et l'essentiel.
M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

87

Un autre reproche peut porter sur le coté trop abstrait, trop théorique. S'il est vrai que la théorie ne se vérifie jamais en pratique, il ne faut pas pour autant la négliger. Il ne faut surtout pas l'ignorer dans ses actions. Toute action, toute

décision humaine doivent être guidées et respecter la théorie connue. Sous prétexte qu'une roue ne peut être un cercle parfait, il ne faut pas pour autant fabriquer des roues carrées.

Il faut s'attacher à trouver des points de contacts avec les représentations des autres. Cependant, la difficulté est grande lorsque les autres sont loin des réalités. Le manque de sens et l'artificiel sont de gros obstacles à la compréhension.

Cet écrit ne souhaite pas se rattacher à un ou plusieurs courants de pensée existants. et Il prend et rejette partout. tout Il est

politiquement

idéologiquement

inclassable,

classement

hâtif est vite remis en question et cède au doute. Le progrès ne peut résulter que du dépassement des contradictions internes à toute théorie, il ne résulte pas que de l'accumulation des connaissances. Le contre-pied systématique n'est en rien une nouveauté. La synthèse est, d'autre part, plus constructive que la critique ou la nuance. De plus, comme le montre S.C. KOLM18 les discours de WALRAS, MARX ou KEYNES, pères des trois courants de

INTRODUCTION

88

pensées économiques prévalant, sont peu éloignés au niveau de la théorie, Seules pensées recherche ils ne se distinguent changent. des qu'au La niveau de des la de la doctrine. de de

les

finalités résulte

diversité et de

courants volonté

plus

objectifs,

de

valorisation

par

originalité

que

conceptions

théoriques nouvelles et différentes.

Les ignorances sont si importantes, l'immaturité si répandue, que ce livre ne peut que soulever des tollés de protestations. Il faut pourtant prendre le risque d'être catalogué, d'abattre les tabous, si la progression est souhaitée. Chiche, que les démocrates acceptent la pluralité, que les

catholiques tendent l'autre joue et que les pouvoirs économiques l'exploitent.

Ces écrits donnent parfois une impression première de pessimisme, mais ils ne le sont pas. Savoir que la réalité est cruelle, ne fait certes pas disparaître la cruauté. revenir à Mais des la prise de Le

conscience

est

nécessaire

pour

équilibres.

réalisme marque une progression dans le sens de la connaissance et de la maturité. Au pessimisme du constat, il faut opposer l’optimisme de la démarche.

18

op. cit. pp. 164-206

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

89

S.C.

KOLM19

:

"Que

donc

s'y

rue

la

pensée

joyeuse,

nouveau

déploiement de l'esprit, en une aventure conquérante qui rendra l'homme plus conscient, plus libre, plus humain !" Le pessimisme est de rigueur si les caractères de l'homme sont méconnus. L'homme est menteur. Le triomphe du vice sur la vertu vient de ce que la vertu demande des efforts alors que le vice est facilité, comme en témoigne le titre du marquis de SADE : Les

prospérités du vice et les malheurs de la vertu.

De ce fait, les propos tenus dans cet ouvrage peuvent paraître difficilement acceptables, choquants, voire traumatisants. Ils

remettent en question l'individu dans son immaturité, sa propre construction de la personnalité et dans sa situation sociale, de dominant ou de dominé. En clair, lecteur, tu n'es pas fini, tu es un pantin manipulé, et parfois un affreux manipulateur. Il faut, cependant, affirmer haut et fort que personne n'est méprisé. Seule la petitesse est visée. Car personne n'est

vraiment responsable, ce sont les mécanismes inconscients qui agissent l'homme. Or, il est difficile d'accepter de reconnaître que les

manipulations réduisent la maîtrise de soi, que le libre-arbitre est réduit, que ses perceptions et connaissances ne soient

exhaustives. L'homme est ainsi fait, qu'il est beaucoup et rien à la
19

fois.

Que

personne

ne

se

sente

visée,

tout

le

monde

est

op. cit. p. 11

INTRODUCTION

90

attaqué. Si l'individu est très riche, il y a en lui une partie de pathologie, d'immaturité, d'incohérence, d'ignorance, de

résistance au changement, d'asocial, de faiblesse, de lâcheté qu'il faut reconnaître et accepter. C'est cette partie-là qu'il convient de combattre. Mais cette partie ne représente pas la réalité initiale de

l'individu, elle représente ce que les autres ont inculqué à l'individu. Elle se caractérise par l'a-économique et l'antiéconomique, aggravant les déséquilibres qui poussent à rejeter l'économique. composante L'éducation de a la progressivement personne par remplacé une la

individuelle

composante

sociale. Il est important de combattre cet autre qui est en chacun, car elle mène à une normalisation propre à créer une multiplication des crises d'identité. La difficulté est

d'atteindre l'autre sans toucher l'un.

L'investissement idéologique de nature affective complique toute action de formation. de certitude L'idéologie et répond en effet, au besoin à une

affectif

d'identité.

L'identification

idéologie fait considérer, à la personne, que toute critique de l'idéologie constitue une atteinte personnelle.

De

plus,

ces

propos

ne

visent

pas

à

culpabiliser,

mais

à

responsabiliser.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

91

Le dilemme réside dans le fait que le réalisme est difficile à admettre, mais, cacher la réalité est inadmissible. Or, par définition, les phénomènes sociaux ne sont opérants que s'ils sont non transparents.

Le

caractère

parfois

subversif

du

propos

ne

doit

pas

être

considéré comme une incitation au renversement de ce qui est. Aucune révolution n'a mis en défaut la continuité du contrôle social. Une révolution n'élimine élimine pas les le pouvoir, elle en change les les

détenteurs.

Elle

connaissances

sur

anciens

pouvoirs, c'est donc une perte d'information. Si d'aucun profitent d'une révolution, ils ne sont pas nombreux et ne peuvent donc la réussir qu'avec l'aide d'une partie de ceux qui y perdront. Ceux qui y gagnent sont ceux qui pourront faire adopter le système de valeurs qui les caractérise. S'il est révolutionnaire, c'est plus au niveau des idées que se situe le combat qu'à celui des faits. Les faits sont ce qu'ils sont, ils répondent à une logique implacable inaccessible. Les idées, elles, se doivent d'être transformées, elles ont perdu toute logique. L'écart entre faits et idées mérite toujours

d'être réduit. Ceux qui recherchent Plus que la la révolution révolution, finalisent, la prise ce de qui est

dangereux.

conscience

INTRODUCTION

92

individuelle,

sans

chercher

à

changer

quoi

que

ce

soit,

est

source de changement. Le choix, en fait, est de savoir s'il vaut mieux laisser

l'évolution se dérouler, ou s'il faut la précipiter.

Il s'agit plutôt d'une sorte d'humour résultant de l'acceptation de l'ignorance et de l'impuissance de l'homme dans sa quête de l'absolu. La sagesse pousse à penser que ce n'est qu'une lente maturation sociale qui permet de gravir quelques degrés de la distance existant entre ce qui est et ce qui semble souhaitable.

L'excès n'a pour seul objectif que de mettre au défi ceux qui se sentiront obligés de rejeter ces propositions. Que cette théorie soit suffisamment puissante pour que les contre-propositions

fassent reculer la seule chose condamnée ici : l'ignorance. De toute façon, chaque idée s'est révélée plus ou moins fausse tôt ou tard.

En apparence, les résistances au changement, appuyées sur les conditionnements réductionnistes, tendront à faire rejeter le

discours, comme contraire aux pensées actuelles. L'acceptation de ces écrits rend obsolète une grande partie des idées communément acceptées, ainsi qu'un grand nombre de comportements.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

93

Le refus des thèses de ce livre justifierait à lui seul son contenu. Son thème consistant à expliquer précisément le rejet de l'économique. L'expérience a pourtant montré que, dans le fond, chacun peut y trouver un renouveau et un progrès. Ainsi, chacun, quelle que soit sa philosophie, ses conceptions y trouvera un renforcement de ses convictions profondes tant il est vrai que l'intérêt de tous et de chacun est le même : une meilleure connaissance et qu'il y a une part de vrai dans chaque croyance. Les oppositions résultent, et sont renforcées, par l'ignorance.

162 La difficulté d'apporter des preuves
La démarche scientifique suppose la validation. Or, si

l'explication que la science donne, n'est qu'une représentation qui fait émerger la réalité sensée être étudiée, comment la

validation est-elle possible ?

Il est difficile de convaincre, car seul le réel, malheureusement inaccessible, permettrait de trancher et de juger entre deux

propositions symboliques, telles que deux idées.

Il faut donc avoir recours aux représentations.

INTRODUCTION

94

Les

représentations et

sont

constituées de données

d'ensembles numériques,

de

pensées

théoriques empiriques.

d'ensembles

observations

A ce sujet, le texte est enrichi de citation d'auteur, mais il convient de souligner que cette présentation ne donne qu'une

apparence de preuve, car d'autres citations contraires auraient pu être choisies, y compris dans le même ouvrage ou chez le même auteur.

D'autre part, la prolifération des écrits permet difficilement de pouvoir envisager une analyse exhaustive. Personne n'évalue

l'importance numérique de chaque idée.

Faire reposer une thèse sur des citations est une négation de l'analyse systémique, une phrase déforme, nie le système.

Quelques citations montrent cependant qu'elles sont les personnes qui s'intéressent au sujet.

Le

seul

moyen,

apparemment

direct,

est

le

recours

aux

statistiques. Mais comme les statistiques, aussi, ne sont que des représentations, elles sont sujettes à caution. Ou alors il faut accumuler des informations, est difficile, est ce car qui il y prend a un Il du temps. La

démonstration d'éléments,

nombre est

infini toujours 95

qu’il

impossible

d’énumérer.

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

possible de multiplier les exemples, mais à quoi bon ? Puisqu'il est impossible de les citer tous, l'incrédule les jugera donc toujours insuffisants.

Devant

la

difficulté

de

prouver

des

idées

nouvelles,

nécessairement marginales, les idées reçues sont donc dominantes. La compréhension passe par des affirmations difficilement

acceptables. Les ignorances d'hier font obstacles aux vérités d'aujourd'hui.

Les

discussions

sur

des

sujets

économiques

ne

peuvent

être

tranchées, car l'économie est de l'anti-pouvoir, aucun ne peut utiliser son pouvoir pour s'imposer.

Les

preuves

doivent

donc

être

recherchées

dans

la

cohérence

globale de la théorie, et dans l'adéquation à la réalité (et non aux représentations de la réalité). Deux remarques

contradictoires peuvent être formulées. Il y a dans chaque œuvre une part de réalité et une part de contradiction avec celle-ci.

La pluralité de croyances

Il y a toujours deux façons d'aborder les choses. Soit le point de départ est la situation présente, constat plus ou moins

réaliste, soit c'est ce qui est souhaité dans le futur, prévision

INTRODUCTION

96

plus ou moins idéaliste. Ou ce sont les objectifs qui guident, ou les moyens.

La mesure du degré de réalisme n'est cependant pas évidente, ce qui explique que les antagonismes durent, faute d'instrument pour départager.

L'ambivalence de toute chose offre la possibilité aux uns de voir une face de la réalité et aux autres d'en voir l'envers. Toutes ces représentations contradictoires ne permettent pas d'affirmer que certaines sont nécessairement fausses, c'est leur partialité qu'il faut contester. Que d'énergie perdue dans de stériles

querelles. Le progrès se situe dans leur dépassement. Comme rien n'est tout à fait vrai ou faux, il est toujours possible de réfuter toute affirmation, en utilisant l'autre aspect. Tout est question de nuance très marginale, de rapport d'importance dont l'évaluation est difficile. Rien n'est blanc ou noir tout est gris.

La

conception

de

l'économique,

que

cet

ouvrage

se

propose

d'établir, est une ardente défense de la tolérance.

Les progrès dans la connaissance sont difficiles. A la marge, les aspects esthétiques, émotionnels sont plus convaincants que la raison. Comme il est impossible de démontrer, c'est par la 97

M. MENOU / COURS D’ECONOMIE

séduction qu'il faut convaincre. Mais l'appel au sens affectif se paie par une différence par rapport à la raison. L'incohérence vient de ce que les informations proviennent de ces deux sources antagonistes. L'intégration est difficile.

S.C. KOLM20 : " Donc quelque chose de fondamental ne va pas dans le monde, et l'économique en est la clef."

Lecteur

!

Peux-tu

accepter

d'aller

ailleurs

?

Le

"monde

à

l'envers" comme l'exprima la réaction d'une étudiante ne te faitil pas peur ?

20

op. cit. p. 8

INTRODUCTION

98

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